Drapé (2003)
Le drapé est indissociablement technique et esthétique. C’est un sujet d’école, l’apprentissage d’un laborieux savoir-faire de la représentation, qui a ses règles, élaborées par des maîtres anciens. Le drapé structure l’oeil et la lumière. Il y a dans le drapé des questions d’ordre esthétique : la relation entre la nudité et l’habillé dans l’entre-deux du corps, l’abandon ensommeillé et la marche forcée, les courbes et les plissés, la fragilité et la fixité, les entrailles et l’épiderme, l’informe et l’étendue. Le drapé est fonction de la gravité. Il y a tant d’images, tant de corps. Le glorieux drapé grec, inquiet et mortuaire durant la Renaissance, devenu rebut, chiffon, détritus laissé à l’abandon, dont se revêtent les prostituées pendant la modernité. Il y a cette panne, c’est-à-dire cette pauvreté du drapé. Complexité formelle du drapé, matière, texture. Pathos des lignes par lesquelles l’intériorité et l’extériorité ne jouent plus le jeu du vide mais celui du pli et du repli. Le drapé chute et s’envole sans corps parfois, seule une trace reste.
The drape is inextricably technical and aesthetic. It is a training theme, the struggling acquisition of an expertise of representation, with rules ensued from ancient masters. The drape structures the eye and the light. It contains aesthetic issues; the relationship between nude and fabric, the drowsy abandon and the forced walk, the curves and the pleats, the fragility and steadiness, the shapeless and the sprawl. The drape is an act of gravity. There are so many images and bodies. From the glorious drapes of the Greeks to the macabre mortuary drapes of the Renaissance. To the cast-offs, rags in which prostitutes don themselves. Nowadays, there is this failure, this poorness of the drape. Complexity of the drape, fabric and texture. Pathos of the lines from where interior and exterior act not as a void but as pleats and twists. Drapes collapse or soar without any body, leaving only a trace.