I.P.C. (2008)
« I.P.C. est un générateur de villes fantômes qui transforme le n° IP des internautes en buildings monochromes, I.P.C. (Internet Protocol City) est davantage un archipel numérique qu’une cité. Les différentes visualisations d’I.P.C. correspondent aux 256 dernières connexions enregistrées. Grâce à l’identification des n° IP, I.P.C. devient l’illustration la plus littérale du village planétaire de Marshall Mc Luhan. Des internautes du monde entier cohabitent dans ce cyberterritoire sans le savoir. » (Carole Rinaldi)
Ville / Internet / Utopie / Cité idéale
La ville est l’“ossature matérielle” d’une société. Cette ossature peut être représentée sous forme de réseau : des chemins, des enclos, des frontières.
Mais ce réseau matériel ne détermine pas la manière suivant laquelle il est “utilisé” : les “règles du jeu”. Il est alors accompagné d’un autre réseau, celui-là immatériel.
“Si le réseau matériel de la ville est relativement immobile, peu ouvert aux changements, le réseau immatériel, celui des communications, est éminemment flexible.” (1)
Et c’est par ce biais que “I.P.C. (2)” va tenter de rendre visible cette immatérialité du réseau, des connexions, des flux, des déplacements vont être enregistrés, différents moyens de captations et d’enregistrements vont être mis en oeuvre : sous forme d’un site web (3D) mais aussi de photographie, de vidéo Haute Définition ou encore de sculpture.
Contrairement à ce que l’on entend souvent affirmer, l’Internet ne baigne pas dans le futur, mais dans le présent ; il n’annonce pas des jours meilleurs mais une clarté perpétuelle, polaire, révélant crûment la société à elle-même.
Dans ce mouvement perpétuel I.P.C. va permettre de capturer de saisir des instantanés de vies au delà des villes, I.P.C. va devenir la ville des villes… une “cité idéale” (3)
“Mais en même temps qu’ils semblent entériner l’épuisement définitif de l’utopie (4), les nouveaux réseaux d’information font ressurgir des attentes que l’on croyait mortes, le désir de redonner un sens à la vie individuelle et collective, des rêves de transparence et de communication universelle. Il y a très probablement de l’utopie à l’œuvre dans l’Internet. Cette utopie présente un caractère urbain. Elle tend à nous dire quelque chose sur les villes et sur leur devenir…” (5) comme l’affirme dans cette citation W.-J. Mitchell, le projet I.P.C. va mettre en lumière le lien inaltérable qu’entretien Internet et la ville.
Les réalisations plastiques issues de ce projet global vont permettre de voir cette réalité caché : le subtile maillage entre l’espace urbain et le cyberespace (6).
“Ce que l’on voit provient de ce qui n’est pas apparent.” Paul de Tarse
Réaliser une suite, « complément » au projet « IP Monochrome ».
I.P.C. va être connecté à IP MONOCHROME : un site web collectionnant des monochromes générés lors de la connection (visite) de chaque internaute.
L’adresse ip (Internet protocol (7)) est le numéro personnel attribué à chaque ordinateur qui se connecte à Internet. Celle-ci est récupérée lors de la visite de l’utilisateur sur le site et est traduite en code couleur html. La couleur alors générée est un monochrome qui viendra s’accumuler dans une base de donnée, une galerie archivée, une collection de connexion.
Ce projet conceptuel permet de générer des monochromes “uniques” puisque dépendant de l’adresse ip du visiteur. IP Monochrome est un projet participatif, génératif, évolutif, expansif…
A partir de ces “collections” d’IP. : une ville (8) va être générée : I.P.C. est cette cité.
I.P.C. va permettre des visualisations protéiformes (en 3D, en plan, en perspective : en monolithes colorés, en monolithes noirs, en filaire)
I.P.C. a pour but de rendre visible une ville utopique, virtuelle, globale, faite de connexions et en progression perpétuelle…
Le démarrage dans cette promenade “virtuelle” sera, pour le spectateur, son propre point vue (en mode « actif »), walk, fly, il aura la faculté de se déplacer dans cet “autre” espace urbain ; et un mode « passif » : il y aura un seul point de vue du type surveillance : control.
La ville aura un centre, une périphérie mais aussi une communauté grandissante…
1) in Utopies réalisable, Yona Friedman.
2) Internet Protocol City.
3) La Cité idéale est une aspiration à la perfection architecturale, sociale (morale) et politique. La réalisation d’une cité idéale est un des grands rêves des sociétés urbaines ou en voie d’urbanisation. Le terme pourrait sembler synonyme d’utopie si certaines de ces cités n’avaient été construites dans les faits. Il s’agit cependant de réalisations idéales au sens où, contrairement à la cité spontanée, qui se développe peu à peu selon les besoins en fonction de décisions multiples, et donc de façon organique et parfois anarchique, la cité idéale se conçoit avant de se construire, et sa fondation résulte d’une volonté unifiée.
4) L’utopie est une représentation d’une réalité idéale et sans défaut. Une utopie peut être un régime politique idéal (qui gouvernerait les hommes parfaitement), une société parfaite (sans injustice par exemple, comme la Callipolis de Socrate) ou aussi une communauté d’individus vivant heureux et en harmonie. Une utopie peut désigner également une réalité inaccessible et irréalisable : en ce sens qualifier quelque chose d’utopie consiste à le disqualifier et à le considérer comme un rêve impossible à concrétiser.
5) Cf. W.-J. Mitchell, City of bits. Space, place and the infobahn, Cambridge, Massachusetts, The M.I.T. Press, 1995 ; in Les utopies urbaines, entre crise et renouveau (Extrait d’un article paru dans La Revue des deux mondes, avril 2000, pp. 110-117.
6) cyberespace désigne, d’après le Petit Robert, un « ensemble de données numérisées constituant un univers d’information et un milieu de communication, lié à l’interconnexion mondiale des ordinateurs ».
7) IP (Internet Protocol, protocole Internet) Il existe deux versions d’IP actuellement utilisées : IPv4 et IPv6. La première est la plus utilisée sur Internet, mais, pour des raisons de disponibilité des adresses IP (grosso modo autour de 2564 soit environ 4 milliards de combinaisons possibles théoriques maximales avec IPv4), IPv6 émerge tout doucement. Il y avait déjà eu dès la fin des années 1980 une grave pénurie d’adresses de classe 2 (2 octets de numéro de réseau, et 2 octets de numéro d’adaptateur sur le réseau), dont on n’avait pu sortir qu’avec l’astuce de CIDR (Classless Internet Domain Routing) et en surchargeant les mémoires des routeurs.
8) Une ville est une unité urbaine étendue et fortement peuplée (par opposition aux villages) dans laquelle se concentrent la plupart des activités humaines : habitat, commerce, industrie, éducation, politique, culture. En France, l’INSEE délimite la ville selon la continuité de l’habitat.
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