Nu (2005)
Le nu est un exercice bien connu dans l’enseignement artistique, permettant l’apprentissage de la relation entre le trait, particulier à chaque artiste, et l’anatomie, qui est une norme scientifique.
Le statut de la nudité a évolué au cours des âges mais a souvent été le symptôme de notre ambivalence par rapport aux images; entre la pureté d’un corps d’avant la chute et la déchéance d’un corps se couvrant de feuilles ou de lambeaux d’étoffes.
Que voile le nu? Entre « L’Origine du monde » (Courbet, 1866) et « Etant donnés : 1. La chute d’eau, 2. Le gaz d’éclairage » (Duchamp, 1946-1966), il y a l’écart entre ce qu’il y a à voir et ce qu’on ne peut pas voir. L’iris comme aveuglement, l’obscurité comme possibilité même du regard, fente où le monde trouve son origine et sa sexualité.
La sensualité du nu est l’esthétique même du regard, qui ne peut être touché qu’à distance; un oeil touché par un corps devient aveugle.
Il pourrait sembler au premier abord que notre époque est celle de la nudité standardisée et que l’obscénité est à présent celle d’autres corps, féminins, entièrement voilés de haut en bas, murés derrière l’aveuglement du regard masculin.
Si la création artistique est une mise à nu, un dévoilement et un voilement dans un seul et même geste, où se trouve aujourd’hui notre nudité? Que devient le nu lorsque le corps peut être industriellement clôné et que les nano-technologies investissent notre chair? Quelle est la relation entre la nudité généralisée et cette autre forme de mise à nu à laquelle l’expérience esthétique nous convie ?
The Nude is a well-known exercise of the artistic process. It helps the studend built a relationship between various styles of strokes and the human anatomy, the scientific norm.
Although nudity has evolved over the ages, it will always be a symptom of our ambivalent relation to images, halfway between the purity of the body and the downfall of it, whether this downfall be tattered canvas or in the ground.
But what is the nude hiding? What lies between what can and can’t be seen? For example in works such as: « The Origin of the World » (Courbet, 1866) and « Etant donnes: 1. La chute d’eau, 2. Le gaz d’eclairage » (Duchamp, 1946-1966), we find an interstice, a fissure where the world finds its origin, its sexuality.
The sensuality of the nude is an esthetical concern, which can only be grasped from a distance. An eye touched by a body becomes blind.
At first sight, it seems that in this age we have standardised nudity, however, obscenity is still present in female bodies. Clothed and hidden they forbid men’s blind gazes.
If art is to lay bare one’s body and soul, if its role is both to veil and unveil in a single gesture, where is our nudity today? What is a nude when a body can be cloned and nano-technologies penetrate our flesh? And what relates a generalised nudity and the other form of bareness, which is dictated by the aesthetic?