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Nicolas Schöffer
HeHe
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Upgrade! Paris # 17
Mercredi 21 mai 2008
à l'atelier de Nicolas Schöffer
de 18h à 20h, entrée libre.
Chez Eléonore de Lavandeyra Schöffer
Upgrade @ Festival Mal au Pixel 2008
Deux sessions Upgrade! à l'atelier de Nicolas Schöffer, deux discussions consécutives sur les recherches de Nicolas Schöffer (1912-1992) et sur la récente réalisation du duo HeHe (Helen Evans, Heiko Hansen) dans le ciel d'Helsinki.
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programme:
de 18h à 19h:
L'oeuvre de Nicolas Schöffer dans l'espace public,
avec Eléonore de Lavandeyra Schöffer, Maude Ligier, Guillaume Richard.
médiateur : Jean-Noël Montagné

Tour Lumière Cybernétique, de Nicolas Schöffer
de 19h à 20h:
Présentation de Nuage Vert, du collectif HeHe
avec Helen Evans, Heiko Hansen (HeHe)
médiateur : Dominique Moulon

Nuage Vert, de HeHe
Nuage Vert utilise les émissions de vapeur qui s'élèvent d'une centrale thermique, comme support d'illumination. Un laser projette sur le nuage de vapeur son contour fluctuant, et sa forme et sa taille s'ajustent en temps réel en fonction des niveaux de consommation d'énergie des habitants du quartier. Au cours de la semaine, les habitants étaient invités à réduire leur consommation d'électricité afin de nourrir le nuage vert et le faire s'agrandir. La cheminée et les émissions de vapeur deviennent ainsi, à la fois une sculpture environnementale et un outil de mesure à l'échelle d'une communauté, mais il y a là une véritable ironie : tout en faisant appel à l'attention critique du spectateur, Nuage Vert esthétise un symbole de la pollution industrielle. La première édition de Nuage Vert a été produite en février 2008 à Helsinki avec le festival Pixelache. http://nuagevert.org
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intervenants :
Eléonore de Lavandeyra Schöffer. Epouse et plus proche collaboratrice de NS. Assure la vie de l'oeuvre dans l'atelier (visites, accueil des chercheurs, mise à disposition des archives, organisation de débats et invitation d'artistes) et collabore régulièrement aux manifestations nationales ou internationales consacrées à Nicolas Schöffer (expositions personnelles, collectives, cinéma expérimental, conférences, éditions etc.).
Maude Ligier est doctorante en histoire de l'art contemporain à l'université de Paris IV, sous la direction de Serge Lemoine et occupe un poste d'A.T.E.R. à l'Université de Technologie de Belfort-Montbéliard. Elle mène ses recherches sur les liens entre art et technologie à travers l'Ã
âuvre de Nicolas Schöffer.
Guillaume Richard, plasticien, infographiste et maquettiste, a mis son talent au service de la restitution virtuelle de 3 grand projets architecturaux inédits de Nicolas SCHOFFER: la Maison Luminodynamique, le concours Beaubourg, le Centre de Loisirs Sexuels.
Jean-Noël Montagné est plasticien, fondateur de l'association Art Sensitif http://www.artsens.org et du Centre de Ressources Art Sensitif à Mains d'Oeuvres, Saint Ouen. http://www.craslab.org
Helen Evans (Angleterre 1972) et Heiko Hansen (Allemagne 1970) forment le duo HeHe, qui vit et travaille à Paris. Le design et l'interprétation de l'espace urbain, ainsi que la relation entre l'individu et son environnement architectural et urbain, sont au coeur du travail de HeHe. http://hehe.org.free.fr
Dominique Moulon, écrit sur les arts numériques et enseigne les nouveaux médias. http://www.moulon.net/
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A propos de Nicolas Schöffer:
Nicolas Schöffer est un artiste Français d'origine Hongroise né en 1912 à Kalocsa, Hongrie. Après des études aux Beaux Arts de Budapest et un doctorat en Droit, il vient s'installer à Paris en 1936. Ses peintures et sculptures traversent d'abord les courants de l'art figuratif, surréaliste et abstrait, avant une profonde rupture en 1948 à l'émergence des travaux de Norbert Wiener sur la cybernétique.
Nicolas Schöffer développe alors une nouvelle approche artistique, le Spatiodynamisme, qui se veut une intégration dynamique de l'espace dans l'Ã
âuvre . Cette recherche débute ses travaux de réflexion sur la nécessité de relier profondément l'art et la société, d'inscrire l'art comme un élément fondamental du progrès, devant pénétrer l'ensemble des activités humaines, notamment au travers de l'urbanisme, de l'éducation, de l'architecture.
Dès 1954, il décrit puis construit des sculptures manipulant le temps, l'espace, la couleur et le son. Il y intègre des "homéostats" ( électronique cybernétique pré-informatique) reliés à divers capteurs de température, son, mouvement et lumière.
En 1955, il réalise la première sculpture interactive au monde, en extérieur, un ensemble de 50 mètres de haut, la Tour Spatiodynamique Cybernétique, dans le parc de Saint Cloud à Paris, dont la structure et l'électronique sont financés par Philips. Cette sculpture plastique et sonore mixe en temps réel des boucles sonores réalisés par le jeune Pierre Henry, grâce à un ensemble de capteurs et une électronique analogique associée. Des dizaines de milliers de spectateurs interagiront avec cette sculpture pendant les deux mois de son exposition, sous les sarcasmes ou l'admiration de la presse, des critiques et des milieux artistiques plutôt interloqués par autant de nouveauté.
Sur cette lancée, il crée en 1956, avec les ingénieurs que Philips lui accorde, la première sculpture robotisée, autonome, destinée à la scène et aux espaces publics, réagissant en temps réel grâce à ses capteurs et son cerveau électronique. Cette sculpture nommée CYSP1 (pour Cybernétique Spatiodynamique 1) se déplace, tourne, danse, anime ses disques colorés en fonction des sollicitations de l'espace, de la lumière, de la foule ou des danseurs.
C'est Maurice Béjart et sa jeune troupe, fréquentant déjà l'atelier Schöffer depuis quelques années pour se confronter à cet art nouveau, qui auront l'honneur en août 1956 de faire le premier spectacle au monde où des danseurs sont confrontés à un être artificiel, sur une musique de Pierre Schaeffer, au festival d'avant garde de Marseille, sur le tout nouvel immeuble révolutionnaire du Corbusier.
Après avoir construit divers ensembles interactifs publics comme à Liège en Belgique (1961), il conçoit en 1963 une tour de 324 mètres de haut pour le site de la Défense, qui permettra de mettre en Ã
âuvre l'ensemble de ses théories sur l'art, l'architecture et l'urbanisme. La Tour Lumière Cybernétique (TLC) réagira en temps réel à des centaines de paramètres aussi variés que le niveau sonore à l'Assemblée Nationale, l'arrivée des trains dans les gares de Paris ou la turbidité de la Seine, grâce à des réseaux de capteurs. De 1963 à 1973, les équipes d'ingénieurs, d'architectes et de financiers s'agglomèrent autour de ce projet, et les premiers travaux de terrassement commencent, jusqu'à la mort de Pompidou, la crise pétrolière qui se dévoile, deux événements qui provoqueront le retrait des financiers de l'opération.
Nicolas Schöffer développera ensuite de nombreuses Ã
âuvres et de nombreux projets artistiques, éducatifs, urbanistiques et architecturaux, jusqu'à sa mort à Paris à l'âge de 80 ans, en 1992. Ses Ã
âuvres sont présentes dans de très nombreux musées dans le monde, et sont régulièrement exposées à l'étranger. Eléonore de Lavandeyra Schöffer, son épouse, entretient et dynamise avec talent l'ensemble de l'Ã
âuvre matérielle et immatérielle de Schöffer, entourée de nombreux artistes, notamment les jeunes générations qui découvrent avec d'autres mots, 50 ans plus tard, les techniques interactives et multimédia que Nicolas Schöffer fût le premier à utiliser.
Une grande partie de la collection Schöffer et la célèbre sculpture CYSP1 se trouvent toujours à Paris à la Villa des Arts, un ensemble d'ateliers centenaire. L'Ã
âuvre de Schöffer y remplissait deux ateliers jusqu'à ces derniers mois, peu avant l'expulsion du deuxième local dans une vente à la découpe, et dont le contenu a été généreusement accueilli et stocké à Belfort. Depuis quelques semaines, tous les ateliers du rez-de-chaussée de la Villa des Arts, à côté de l'atelier Schöffer, y compris l'ex-deuxième atelier, sont à nouveau vides. La ville ne manifestant pas le souhait de s'investir dans de nouveaux musées, l'occasion ne doit cependant pas être manquée d'exposer l'ensemble de l'Ã
âuvre et des 60 ans d'archives Schöffer dans un cadre idéal. Il reste à trouver une fondation désirant s'occuper d'un précurseur mondial et d'un artiste visionnaire dont on n'a pas fini de découvrir les contributions à l'histoire de l'art et de la civilisation.
Jean-Noël Montagné
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voir aussi:
http://www.olats.org/schoffer/
http://www.artsens.org/ns.html |