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De retour à Périgueux, je lis. Quelques extraits de « L’œuvrette » de Yannick Liron (qui écrit en ce moment un texte pour l’édition « Partition » : )
Dans l’interprétation que j’en fais, ce livre, tout comme « Sans effet personnel », est proche du projet que je développe en ce moment. Ce sont deux livres de partitions amoureuses : instrument de lecture du discours amoureux, écriture de l’incapacité de deux pronoms à exister l’un par rapport à l’autre, où l’absence d’un texte sur l’autre est formellement assumés (l’un et l’autre livre fonctionnent ensemble – fonctionnant étant le mot le plus sec que l’on puisse utiliser pour cette relation qui lie les deux ouvrages).
Les textes posent la question du rapport entre travail et expérience intime. Quand le travail me sert, quand il devint un moyen de formuler correctement un sentiment ou un ressentis, quand d’un seul coup, le sentiment devient une idée, ainsi acceptable. Et qu’à ce moment là, la situation se retourne et je me retrouve à nouveau au service de mon travail et non l’inverse…

En voici quelques extraits. Je n’ai pas mis les textes dans l’ordre d’apparition du livre (ils sont tous tirés de « L’œuvrette ») mais dans l’ordre de mes préférences dans une lecture non-linéaire. J’ai gardé les retours de ligne, qui semblent importants, mais la police n’est pas respectée.

28  Le corps de la lettre. Unité nomade complète possédant ses membranes, présentant ses ouverture et ses orifices ; à brancher directement sur « en prise directe ».

2  Tout les sépare donc. Répéter trois syllabes et buter ;
il tout elle ne partagent pas avec nous. Point. Et pas
de fuite. Il a la largeur de deux lettres, elle de quatre.
La première version, dite « de la différence de quatre »
peut se fabriquer simplement : il diffère d’elle par un
« i », puis un « e », puis un « l » suivit d’un deuxième
« e ». Quand à la seconde, dire « de la différence de trois »,
elle peut se construire tout aussi simplement : il ne
ressemble pas à elle étant donné le « i » précédemment
cité, suivi des deux « e » également présents dans la
première version. Dans cette version, dite « de la
différence de trois », le « l » disparaît selon le principe
qu’un « l » répète un même « l », seulement déplacé et
reconduit. Cependant dans la typographie ici choisie
(du nom de Gill sans), on remarquera que le « i »
majuscule répète un « l ». D’où cette interrogation : ce
« il », comment le prononcer : « il »? ou bien « elle
elle »?

7  lltéralement stricto autobio.

8  El. le susceptible d’être ôté. Tout encore les sépare.
Et qu’écrire d’ile, ou depuis ile, ou de quel non-site
désormais?

11  Faudrait-il d’un pronom se soucier de ses dessous,
songeant aux moyens de les lui ôter?

17  Quelque soit l’énoncé, quelque soit ce qu’il dit,
quelque soit ce qui peut venir, voire, insoupçonné, se
maintenir en lui quelque soit ce qu’il peut saisir : inexprimé.

26  Les modèles collent. Comment se débarrasser de cette consistance, crever la bulle? Comment interroger ce soi-disant donné d’unité de mesure? Comment qui? Comment quoi? Comment quand? Comment où? Comment comment? Comment qu’il dit : « Cela arrive bien quelquefois dans les livres. » Comment qu’elle répond : « Eh bien, que cela arrive à quelqu’un d’autre. »

Dans son laconisme répétitif je t’embrasse est une image
surdéterminée par une profusion de renvois, volontaires
ou non, des permutations et des déplacements qui
affectent les figures qui l’habitent et rendent sa lecture
interminable.

Ces textes sont publiés chez Action Poétique.