Archive mensuelles: novembre 2009

Partition #1

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« Les étoiles filantes » est la première partition du projet éponyme que je viens tout juste de commencer pour ma résidence aux Archives Départementales, après plusieurs de semaines de remise au lendemain…

Il s’agit de réactiver des chansons populaires du 19ème siècle. J’ai donc choisi plusieurs titres parmi le fond de partitions musicales que j’ai exploré en septembre à Périgueux. Il y en a huit pour le moment, mais j’aimerais bien atteindre la dizaine (on verra en fonction du nombre de casiers des vestiaires aux archives, endroit où je vais installer ces bandes-sons).

Ces archives sont aussi consultables en ligne :
http://pleade.cg24.fr/sdx/pl/search-s.xsp?base=fa&q=partitions&x=0&y=0

D’ici quelques jours, ce sera le lancement du projet et je convierai deux artistes/musiciens, David Bideau & Marie Heuln, à travailler avec moi sur ce premier morceau…

Exposition de Noël – au Magasin – CNAC Grenoble, à partir du 6 déc. 09

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Je présente « Oz » et « Feel Like my Heart Was Thrown into a Blender and Somebody Switched it on » – ainsi que trois autres dessins de la série « Organs » lors de l’ Exposition de Noël, au Magasin du 6 déc. 2009 au 3 jan. 2010.
Vernissage samedi 5 déc. 2009 à 18h.

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MAGASIN – Centre National d’Art Contemporain
Site Bouchayer-Viallet
155 cours Berriat
38000 Grenoble

Marks Blond Souvenirs

Je viens de recevoir des photos de la projection de « Entr’acte » et « Relâche » au Kino Kunstmuseum, et du dialogue avec Rosa Maino (Kino Kunstmuseum) et Daniel Suter (Marks Blond). En voici quelques unes…
Ces photos ont été prises par le photographe David Aebi, présent ce soir là. Merci ! : )

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Et puis une dernière pour la route, pas du tout prise par David, parce que bien plus tard le soir pour mon anniversaire chez Daniel & Radwina…

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Géographies Variables – Lauréats

Les résultats de l’appel à projet Géographies Variables, programme d’échanges croisés entre le Québec et la France dont je fais le commissariat et la coordination, sont en ligne !
> http://incident.net/geo/
Les dossiers ont été nombreux et de réels qualités. Les choix ont été difficiles mais souvent naturels : des compromis logiques et des contextes qui ont permis des sélections très sereines.
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Alternate Reality

« Vers onze heures, je finis par n’avoir strictement plus rien à faire ; J’avais fait tout ce que je pouvais faire. Je m’étais coupés les ongles, curé les oreilles, j’avais pris un bain, regardé les infos à la télé. J’avais également fait des pompes et des flexions-extensions, j’avais dîné, et terminé mon livre. Mais je n’avais pas sommeil. Je voulais examiner une fois de plus l’ascenseur du personnel, mais il était encore trop tôt pour ça. Il valait mieux attendre minuit, heure à laquelle plus personne ne l’utilisait.
Après avoir réfléchis à diverses possibilités, j’optai finalement pour le bar du 26ème étage. J’y bus un Martini en regardant par la fenêtre la vaste étendue obscure sur laquelle tomba la neige, en pensant aux égyptiens. Comment pouvaient-ils bien vivre les habitants de l’Égypte ancienne ? Quelle sorte de gens allait prendre des cours de natation ? La jet-set égyptienne la plus branché, certainement. C’est certainement pour eux qu’une partie du Nil avait été séparé du reste et aménagée en Bassin de natation. C’est là que de sympathiques maîtres nageurs, avec le physique de mon ami devenu acteur de cinéma, leur enseignait la dernière nage branchée. Je le voyais s’adresser d’un air imperturbable à ces gens de la haute société égyptienne : « Parfait, seigneur. Oserais-je cependant vous conseiller d’allonger davantage votre dextre quand vous nager le crawl ? »
J’imaginais la scène. L’eau du Nil d’un bleu épais comme de l’encre, l’éclat aveuglant du soleil (évidemment, il devait il avoir au-dessus du bassin un toit de chaume ou quelque chose de ce genre en guise de protection), des soldats armés de perches pour chasser les crocodiles ou les manants. Les fils du Pharaon s’entrainaient dans le bassin. Et ses filles alors ? Je me demandai si les princesses égyptiennes apprenaient ou non à nager. Cléopâtre, par exemple ? Une Cléopâtre toute jeune, avec un petit air de Jody Foster. Elle aussi, si elle avait eu mon ami comme maître nageur, serait-elle tombée folle amoureuse de lui. Oui, sans doute, puisqu’elles tombaient toutes amoureuses de lui, il était né pour ça.
Ça ferait un bon scénario, me dis-je. Si ce film existait, j’irais le voir.
Ce maître nageur n’est pas un homme de basse naissance. C’est le fils d’un roi d’Israël ou d’Assyrie ou quelque chose comme ça, mais comme son pays a été vaincu il a été emmené en Égypte en esclavage. Mais, en devenant esclave, il n’a pas perdu une once de son élégance naturelle (c’est là qu’il diffère de Charlton Heston ou de Kirk Douglas). Il sourit en montrant ses belles dents blanches, il pisse avec distinction. Il pourrait même chanter debout sur le bord du Nil, en s’accompagnant au Ukulélé. Il n’y a que lui qui pourrait tenir ce rôle.
Un jour le Pharaon et son escorte passent devant lui, alors qu’il est en train de couper de joncs au bord du Nil. Juste à ce moment là le fleuve renverse la barque pharaonique. Sans la moindre hésitation, il plonge, nage jusqu’à la barque d’un crawl d’enfer, et revient sur la rive avec une petite fille dans les bras, tout en se battant avec les crocodiles. Le tout avec beaucoup d’élégance. Avec la même élégance que quand il allumait pour les filles les becs Bunsen des travaux pratiques de sciences. Le pharaon, qui a vu la scène, admire le jeune homme et décide de faire de lui le professeur de natation de ses fils. Il n’aimait pas la façon de parler du maître nageur précédent et vient juste de le faire jeter dans un puits une semaine plus tôt. Mon ancien condisciple devient ainsi professeur de l’école pharaonique de natation. Mais là, comme il est sympathique, il se met à faire des ravages. Les dames d’honneur du palais attendent la nuit pour oindre leur corps de parfums et se glisser dans son lit. Mêmes les princes et les princesses l’adorent. Là, on pourrait introduire un petit spectacle du genre Le Roi et Moi et La Princesse en maillot de bain réunis. Lui et les princes et princesses se livreraient à un ballet de nage synchronisée pour célébrer l’anniversaire du pharaon, ou quelque chose dans ce goût là. Le pharaon, fort réjoui, le fait encore monter en grade. Mais tout ça ne monte pas à la tête de notre héros. Il reste modeste. Il sourit toujours avec des dents blanches, et pisse avec distinction. Quand les dames du palais se glissent dans son lit, il passe à peu près une heure en préliminaires, les fait jouir, et quand c’est fini, leur caresse les cheveux en disant : « C’était super. »  Il est vraiment gentil.
Comment ca devait être, de coucher avec des dames d’honneur égyptiennes ? Je fis un effort d’imagination, mais aucune image concrète ne me venait. J’avais beau faire des efforts, les seules images qui me venaient étaient celle de l’horrible Cléopâtre tournée par la 20th Century Fox, avec Elisabeth Taylor, Richard Burton, et Rex Harison. Cet exotisme façon Hollywood, avec des filles noires à longues jambes qui éventent Elizabeth Taylor avec des éventails à franges. Elles prennent donc des poses audacieuses pour plaire au maître nageur. Les Égyptiennes excellent à ce genre d’exercice.
Et évidemment Jody Cléopâtre tombe folle amoureuse de notre héros. Ce n’est peut-être pas très original comme idée, mais sinon, il n’y a pas de film.
Donc lui aussi est amoureux de Jody Cléopâtre. 
Mais il n’est pas le seul. Un prince d’Abyssinie, à la peau noir d’ébène, brûle également d’amour pour la belle. Il l’aime tellement que chaque fois qu’il pense à elle, il se met inconsciemment à danser. Pour ce rôle là, il faudrait Michael Jackson et personne d’autre. Par amour, il traverse les désert d’Abyssinie jusqu’en Égypte. En dansant et chantant Billy Jean, un tambourin à la main, devant les feux de bivouac de sa caravane. Ses yeux brillent d’un éclat surnaturel sous la lumière des étoiles. La discorde naît évidemment entre le maître nageur et Michael Jackson, rivaux en amour.
À ce moment là, le barman vint vers moi et m’annonça que avec un air désolé que le bar allait fermer. Je regardai ma montre : il était déjà minuit et quart. Il ne restait plus que moi comme client, et le barman avait presque fini de ranger la salle. Je me demandai comment j’avais fait pour penser si longtemps à des choses aussi stupides. Absurde, ridicule ! Je dois avoir quelque chose qui ne tourne pas rond. Je signai ma note, bus le fond de mon verre de Martini, me levai et quittai le bar. Puis, les deux mains dans les poches, j’attendis l’arrivée de l’ascenseur.
Mais, me dis-je, la loi pharaonique exige que Jody Cléopâtre épouse son frère cadet. Je n’arrivai plus à chasser se scénario imaginaire de mon esprit, les scènes se présentaient les unes après les autres. Qui pourrait jouer le rôle du frère dégénéré ? Woody Allen ? Non, impossible. Le film tournerait à la comédie. Il déclamerait des plaisanteries stupides dans le palais, se taperait la tête avec un marteau en plastique. Non pas lui, ça ne marcherait pas.
Je réfléchirai au rôle du frère plus tard. Le pharaon, en tout cas, ce serait Laurence Olivier. Toujours en proie à de violentes migraines, il appuie les index sur ses tempes pour les calmer. Ils jettent les gens qui ne lui plaisent pas au fond de puits insondables ou bien leur fait faire la course avec les crocodiles du Nil.
J’en étais là quand la porte de l’ascenseur s’ouvrit. Sans le moindre bruit. J’entrai et j’appuyai sur le 16. Ensuite je pensais à la suite du film. Je n’avais plus envie d’y penser, mais je ne pouvais pas m’arrêter.
La scène change, et se situe maintenant dans le désert. Un oracle exilé par le pharaon vit dans une grotte au fin fond de ce désert aride, oublié du reste du monde. On lui a tranché les paupières, mais il a miraculeusement réussi à traverser le désert et à survivre. Il s’est mis une peau de mouton sur le dos pour éviter l’éclat trop fort du soleil, et vit dans la pénombre. Il mange des insectes, mâche des herbes. Ayant acquis la vision intérieure, il prédit l’avenir : la chute des pharaons, le crépuscule de l’Égypte, les changements du monde antique.
L’homme-mouton, me dis-je soudain. Qu’est ce que l’homme-mouton vient faire dans cette histoire ?
La porte s’ouvrit à nouveau sans un bruit. Je sortis distraitement, tout à mes réflexions. L’homme mouton. Il existerait donc depuis l’Égypte ancienne ? Ou tout cela n’était-il qu’affabulations de mon propre esprit ? Les mains dans les poches, je réfléchissais à tout cela dans le noir.
Dans le noir ? !
Je m’aperçus soudain que l’obscurité régnait autour de moi. Pas la moindre petite lueur. La porte de l’ascenseur se referma dernière moi et les ténèbres parurent s’épaissir encore. Je ne voyais pas ma propre main. Je n’entendais plus de musique. Plus d’amour est bleu, ni d’amour un soir d’été. Les ténèbres étaient totales, et ça sentait le moisi.
Je restai figé sur place dans le noir. »

Haruki Murakami. « Danse danse danse » (Chapître 9).

Marks Blond 2010

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Quelques photos de Berne où je me suis rendue cette semaine pour présenter ma vidéo « Relâche » au Kino KunstMuseum…

Juste à côté, la galerie Marks Blond où je vais faire une exposition en 2010. Cet espace est dirigé par Daniel Suter, Yves Ackermann & Radwina Saga, qui sont respectivement, curateur, artiste-graphiste et pédagogue, un trio complémentaire qui met en question les aspects philosophiques, sociaux-politiques des pratiques visuelles contemporaines.
L’espace d’exposition est envisagé comme une vitrine, il ouvre une vue à l’extérieur comme à l’intérieur et place l’art dans un contexte social. Les artistes ou les collectifs d’artistes y exposent des projets qui sont conçus ou développés pour cet espace même, et mettent leur travail dans une discussion publique.

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De la solitude

Cette année, j’avais décidé de ne pas faire de projet anniversaire. Puis finalement, je me suis dit que la vidéo « Relâche », dans le cadre de la commande Marks Blond / Kino Kunstmuseum de Berne pourrait être le projet anniversaire. A présent, me voila décidée : le projet anniversaire sera de ne pas faire de projet anniversaire. Relâche donc, mais pour vrai. Parce que parfois, il ne faut rien faire.

« Cependant.

Qu’il soit rituel ou qu’on lui préfère l’occasion subite et la fête qui définie la marche forcée du monde, l’anniversaire est bien le point de surgissement de la question du temps. Sa pointe émergente. D’ordinaire dans le cours des choses du monde-comme-il-va, le temps est souvent évoqué : l’âge, l’époque, les jeunes, les vieux, qu’en faire, et il faut prendre son temps. Cependant il ne se fait aigu qu’à ce moment précis où l’on fête sa propre naissance, qu’elle soit la répétition d’un évènement passé où l’attente de sa propre arrivée.
Et que fête-t-on alors ? Un certain ordre du monde qui est le fait du temps, son rythme : tambour et flûte. Et, tandis que pour la fête l’ordre se fait désordre, bruit, éclats, impromptu, divers, persiste en arrière plan le souvenir des individus que je n’ai pas été, les anniversaires qui ne sont pas les miens, l’étrange mélange de temps des mondes alternés situés quelque part en dehors de l’univers.
Les stoïciens pensaient le temps comme un feu pur, quand il embrase le monde, mettant fin au cycle passé : l’univers advient de nouveau, comme un présent qui se saisit lui même en tant que présent. Le présent dans sa jeunesse, une étincelle parmi les cendres, qui explose et c’est la fête. D’un jour, d’une heure, d’un seul instant. Dans la répétition dite éternelle et qui défie le temps lui-même. »

Anne Cauquelin, dans « Esse n°67 ».

Nachbilder – Musée des Beaux-arts de Berne, 4 nov. 09, 19h

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Le 4 novembre 2009, à 19h, je présente ma vidéo « relâche » dans le cadre de « Nachbilder« , au Musée des Beaux-arts de Berne.

Sur une invitation de la Galerie Marks Blond – Kino Kunstmuseum Bern.
> Programme

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Extrait du dossier de presse :

La vidéo « Relâche (une vidéo ascenseur) » est une relecture de « Entr’acte » de René Clair, créée sur un mode d’associations libres à partir des images et des sons originaux. Le résultat diffère cependant radicalement de sa matrice dans son traitement audio-visuel.
Cette vidéo, sous-titrée ironiquement « vidéo d’ascenseur » (comme on parle de musique d’ascenseur), nous présente un plan pris près du sol, qui laisse apercevoir par intermittence, les sandales d’une danseuse qui martèlent le sol jusqu’à le faire trembler légèrement. Ici tout nous parle d’échec : la lourdeur inséparable du désir d’élévation  présente à chaque seconde, la cadence saccadée du mouvement qui ne saurait être fluide, le son amplifié et ralenti à l’extrême, qui frise parfois le grotesque, la répétition d’une seule et même action, ou la trace sombre laissée par l’impulsion.
Les signes qui pourraient exprimer la gaité et l’allégresse sont présents mais inefficaces : les chaussures à paillettes, dignes de celle de Dorothy dans le magicien d’Oz, se rapproche plus d’une vision à la Pipilotti Rist. Le fait de sautiller, reconnaissable mais déformé, est freiné, littéralement.

Les connexions au film de René Clair sont à chercher dans le titre « relâche » (Entracte avait été produit pour un ballet portant ce nom), dans la référence à la danseuse présente à plusieurs moments du film, dans les sautillements de Marcel Duchamp et Picabia, dans les bonds réalisés par la personne prenant part à la procession qui suit le corbillard, dans tous ces mouvements d’élévations qui sont tournés en dérision.

Colin Lyons

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Aujourd’hui, expo BGL à la Parisian Galerie (très beau lieu), tour des galeries Montréalaises, et surtout visite du centre d’art Skoll où est présentée une pièce sublime de Colin Lyons : « Fitzgerald Rig ». Cette installation se compose d’estampes aux murs (les kits/dépliés des éléments) et d’une machine de forage pétrolier, référence à la machine du même nom qui se trouve dans la ville natale de l’artiste. Les différents éléments sont fabriqués avec des estampes, ce qui leur donne un côté maquette, qui pourrait rappeler les décors d’Encyclopedia pictura. Le mécanisme de la machine peut être actionné par la réaction chimique produite lorsque les plaques à graver (qui servent à la production des estampes) sont trempées dans un bain acide.

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