On Oz

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J’ai regardé hier soir à nouveau Le magicien d’Oz. Ma première réflexion est : comme film est proche d’Alice ! Notamment dans la chute, le moment qui permet la transition entre Wonderland/Oz.
Justement, la chute est ce qui m’a particulièrement intéressée. Dans ce passage du film, Dorothy fuit l’ouragan, et, assommée par une fenêtre qui s’envole, tombe en Oz, si je peux dire.
Tout tourbillonne autour d’elle et lorsqu’elle se réveille, elle se lève et regarde par la fenêtre : elle se trouve très clairement devant un écran de cinéma. Elle est spectatrice, et la métaphore qui va se développer tout au long du fil devient très claire : Oz, c’est la magie du cinéma, le film, la fiction où l’on voit la réalité déformée (un peu comme Alice à nouveau). Où l’on voit clairement les gens que l’on connaît dans la réalité (des archétypes) sous des traits déguisés : une sorte de révélateur donc.
Pour sceller les choses, Dorothy, une fois sortie de la maison, ayant jeté un coup d’œil émerveillé autour d’elle, dit : « Toto, I have the feeling we’re not in Kansas anymore », qui se traduit directement par le constat : Toto, nous ne sommes plus dans la réalité.

La magie du cinéma (et par extension celle de la fiction en général), comme nous l’explique Le magicien d’Oz, c’est de nous transporter dans une narration où les personnes peuvent être ce qu’elles ne sont pas ou obtenir ce qu’elles n’ont pas (par exemple, pour le lion être courageux, pour l’homme en fer avoir un cœur, etc). C’est une vision très classique du cinéma, mais je pense que cela va un peu plus loin : ce monde nous permet d’aller chercher ce que l’on n’est pas, mais il nous donne surtout un accès à nos fantasmes et à ceux des autres, et ainsi il permet de codifier, réguler (comme le dit si bien Zizek) notre réalité.
Alors, pour en revenir à internet, autre espace que j’investis par la fiction, je me demande donc si, et comment il régule notre réalité. C’est une question que je ne me suis jamais posée précisément…
Comment la fiction et la narration sur internet, avec ces protocoles spécifiques, peut-elle me donner accès à mes fantasmes, et m’aider à faire percevoir la réalité, la réguler, voir la transformer.

Une autre chose aussi qui m’est apparue claire dans le magicien d’Oz : la volonté du film de démystifier le cinéaste… A la fin du film, le puissant magicien (= le cinéaste, donc) qui règne sur Oz est dévoilé et se trouve n’être qu’un homme ordinaire. Cet homme a les mêmes traits que le saltimbanque du début du film, celui – et ce n’est pas anodin – qui fait semblant de lire dans une boule de cristal.
Cet homme ordinaire, comme le saltimbanque, a à sa disposition un outil qui est : l’illusion engendrée par des mécaniques (la fumée, les bruitages, la projection d’images, etc.).
La fin du magicien d’Oz est ambivalente : elle fait paraître une réalité étriquée (« there is nothing like home »), mais elle assure que la fonction du cinéma, grâce à la narration et ses personnages, a été remplie : « they sent me home ».