Mon voyage à Kyoto prend fin (demain je pars pour l’île de Manabe-Jima), et j’aurai passé le plus clair de mon temps à Fushimi-Inari à produire des images pour la maquette du projet « Inarigraphie »… Je dis bien produire car c’est ce qui ressort de ce temps sans réflexion, deux appareils photos et une caméra dans mon sac, constamment l’un d’entre eux à la main, ou à jongler de l’un à l’autre, sans prendre le temps de regarder réellement.
Pourtant, la sérénité du lieu m’a parfois rattrapé et j’ai pu retrouver ce que j’avais pratiqué dans ces couloirs sans fin, lors de ma première visite, il y a 12 ans… Ce sentiment d’exploration qui sans cesse se réactive, assez proche d’une addiction. J’ai parcouru les 8 kilomètres du temple 5 fois cette semaine et je suis toujours étonnée de voir la richesse et la versatilité du lieu.
Ce qui se dégage du pèlerinage, c’est l’équilibre dans la ponctuation des déplacements : le parcours commence par des couloirs de Torii très serrés, où l’on ne distingue la forêt que très légèrement, jusqu’au moment où on débouche sur la première plate-forme où se situe le premier sanctuaire. Puis on a à nouveau le choix entre plusieurs galeries, et ainsi de suite. Durant toute la promenade, la marche est ponctuée de ces sanctuaires.
En observant un pèlerin, et en le croisant d’étape en étape, je me suis rendu compte du rythme imposé par Fushimi-Inari :
Au temps spirituel, et donc dans le lieu qui lui est dédié – le sanctuaire, c’est l’action physique qui prime (les inflexions, se laver les mains dans les fontaines, sonner les cloches, soulever les pierres prévues à cet effet).
Ce « système » est ensuite inversé lors du temps de la marche qui agit, lui, comme une action de réflexion dans l’action physique.
Les deux moments, les deux vitesses, les deux dynamiques se répondent,efficacement, sans que l’on se fatigue vraiment… Ils permettent une certaine légèreté de l’esprit et du corps.