Archive annuelles: 2020

Edition, éditions !

Ce matin, dans ma boite aux lettres, j’ai trouvé deux raisons de me réjouir :

Après un peu de retard, j’ai reçu La reconnaissance des motifs, monographie consacrée à Guillaume Constantin, que j’avais commandée à Manuella éditions. Très contente de pouvoir lire les entretiens qui parsèment le livre et de regarder les très belles photos de son travail. C’est une opportunité de me pencher plus en avant sur la pratique de Guillaume, que j’ai invité à collaborer avec une autre artiste, Roxane Jean, pour une exposition à Esox Lucius en 2021. Titre provisoire : Asleep on the Raft. À suivre….
Et puis comme une bonne chose n’arrive jamais seule, j’y ai également trouvé un catalogue d’exposition de la collection de livres d’artistes de Jean-Paul Guy, édité par Tombolo presses. C’est Jean-Paul qui m’a envoyé cette surprise, suite à sa visite à mon atelier la semaine dernière, et l’acquisition de Ghost, une de mes éditions en risographie.

Coincidences éditoriales d’autant plus agréables que j’ai décidé de consacrer cette année mon « Atelier de recherches et créations » à l’EESAB (où j’enseigne) aux dispositifs éditoriaux :)

From Translation to Transcoding, exposition à la Société d’électricité, Bruxelles

Je présente une des pièces en céramique de la série « Sans titre (Boucle, A.F.K.) lors de l’exposition From Translation to Transcoding, à la Société d’électricité à Bruxelles.
Cette exposition, un peu écourtée pour cause de COVID, est néanmoins visible du 03 septembre au 1er novembre et regroupe : Cory Arcangel, Gert Aertsen, Carl Andre, Matthew Biederman, Otto Berchem, Jane Benson, Alec De Busschère, Detanico & Lain, Lars Fredrikson, Pierre-Philippe Hofmann, Farah Khelil, Takahiro Kudo, LAb[au], Le Corbusier & Iannis Xenakis, Matan Mittwoch, Julie Morel, Joachim Olender, Jacob Riddle, Thomas Ruff, Karin Sander, Yann Sérandour, Venetian Snares, VOID, Hannah Weiner, Wennig & Daubach.
Le dossier complet de l’expo est téléchargeable ici.

From Translation to Transcoding
The term « transcoding » originates from the field of computers and more precisely from the conversion of one digital format to another. However, this terminology appears more and more in the cultural context as a new paradigm beyond common media theories. It addresses the issue of correspondence of signs which one medium operates within another.

We now draw with algorithm, copy/paste in paintings, think resolution in photography or sculpt in 3D… All illustrate transcoding of these two spheres – the cultural and the technological one. This isologic approach has been addressed in Fluxus and concept art by the term of intermedia and now emerges in form of transmedia. The exhibition explores the trans-lation/coding of signs in between different forms of expression as a possible reading of actual artistic production.

– 485,4 ± 1,9

Je présente cet été le projet – 485,4 ± 1,9 durant la biennale de l’Art en chapelles. Quelques photos du montage et de l’installation que vous pouvez découvrir jusqu’en septembre à Chaffois (près de Pontarlier, Franche-Comté) !
Toutes les infos sur le site internet de la biennale. Bonne balade :)

« L’idée d’exposition comme traduction est tirée du Moyen-Âge, époque à laquelle le mot « translatio » désignait une coutume consistant à transporter des reliques religieuses d’une église à l’autre. Ce mot latin signifiant « déplacer » ou « transférer » est à l’origine du mot « traduction », mais aussi du terme « translate » qui, en anglais, veut dire « traduire ». Si un lieu de culte se trouvait délaissé par ses paroissiens et désirait rehausser sa popularité, on cherchait à acquérir le corps ou les os d’un saint. Une procession était organisée lors de laquelle les reliques étaient transportées à travers la campagne en grande pompe, passant devant une foule de curieux qui se pressaient alors à l’église pour voir de plus près ces nouvelles acquisitions. Un parallèle peut être établi avec nos expositions contemporaines  puisque la personne chargée de ce transport ou « translatio » était appelée le « curé », à l’origine du mot « curator ». »
Extrait de
Le curateur comme traducteur, Zoë Gray

 Les points de départ de cette installation à Chaffois, pour la biennale Art en chapelles, ont été les reliques présentes dans l’église ainsi les pierres de la carrière contenant des fossiles. J’avais envie de se faire télescoper, avec humour, les lieux que sont l’église et la carrière qui, voisines, présentent deux discours très différents sur l’origine de la vie. 
Suite à la lecture du texte Le curateur comme traducteur de Zoë Gray et du roman The Drowned World (Le monde englouti) de J.G. Ballard (dystopie écologique où la faune et la flore sont revenues à ce qu’elles étaient à l’époque de l’apparition de l’homme sur terre), j’ai décidé de jouer avec le double sens du mot « relique ». De l’acceptation religieuse j’ai retenu le côté formel tandis que pour le contenu de la proposition je me suis servie du sens admis en biologie : une espèce éteinte d’origine très ancienne qui ne se rencontre dans une aire limitée. 

Le résultat prend la forme d’une série représentant une faune proche de la période du Cambrien (-485,4 à 1,9 millions d’années) réalisée en tissage de cheveux humains figés dans des plaques de verre. Les cadres sont installés pour que l’on puisse voir une « strate » après l’autre, ou l’une à travers l’autre, et en dialogue avec la lumière et les couleurs de l’église de Chaffois.

Woman Reading Book, livre d’artiste

Depuis quelques années, je collecte des images de peintures et aquarelles de « liseuses » de bonnes qualités sur Internet. Il a quelques mois, j’ai commencé à les éditer pour créer trois livres d’artistes : le premier se compose d’un montage de femmes positionnées vers la gauche et qui, au fil des pages, lèvent la tête vers le lecteur que nous sommes, pour finalement le regarder frontalement. Le deuxième fait un montage de femmes positionnées vers la droite, et le dernier travaille le montage de femmes positionnées de face.
J’ai reçu ce matin les impressions de la dernière série !
Tirée à cinq exemplaires, 16 pages, images en noir et blanc + texte rouge, sur papier journal, dimensions : 37 x 29 cm.

Mourning Jewellery for Adaly – Aide à la création

Après deux semaines à la Nouvelle-Orléans, je suis actuellement à Kansas City (Missouri) grâce au financement de l’Aide à la création (DRAC Bourgogne – Franche-Comté) pour une recherche intitulée « Mourning Jewellery for Adaly ». Un voyage de presque 2800km A/R à travers la Louisiane, Mississippi, Arkansas et enfin le Missouri, pour visiter le Leila Hair Museum (Independence), une collection privée et inclassable qui propose plus de 2000 pièces anciennes (18-19e siècle) réalisées avec des cheveux, la plus ancienne remontant à 1680.
Ces deux jours de visites sur place ont été une opportunité de prendre un grand nombre de photos, notamment de gros plans de travaux de cheveux et travaux de deuils, qui me serviront dans la recherche que je suis en train de mener sur les tissages de matières organiques et les encres/matériaux conducteurs. J’ai pu voir et documenter de nombreux exemples de techniques, motifs, manières de tisser qui me seront précieuses une fois de retour à la Nouvelle-Orléans puis en France.

Kansas City, que je ne connaissais pas du tout, a été une révélation : ville relax qui possède une scène artistique et musicale incroyable. Durant ce séjour, j’ai pu visiter le Kemper Museum of Contemporary Art qui présente en ce moment des pièces de Summer Weat, me balader sur le magnifique campus de l’Art Institute (qui compte parmi ces anciens étudiants des artistes tels que Nick Cave, Robert Rauschenberg, Robert Morris, Christina McPhee !). Et puis visite également du Nelson-Atkins Musée of Art où, après avoir suivit le mur en pierres sèches de Andy Goldsworthy qui mène du jardin de sculpture vers l’entrée – vision étrange dans cet environnement – j’ai pu voir (parmi les 7 expositions temporaires !) une exposition de Gordon Parks sur ses photos de Mohamed Ali et passer un long moment les collections d’arts moderne et contemporain. Je regrette seulement de ne pas avoir eu le temps de visiter la collection d’objets amérindiens…

Peinture et détail de Summer Wheat

La semaine prochaine, retour en Nouvelle-Orléans, et RDVs avec Ben Hickey, commissaire, et Gisèle Trudel, artiste, pour travailler sur l’exposition de 2021 au Hilliard Museum, Lafayette.

Atmosphère-Atmosphère, atelier à l’EESAB #2

Après un voyage avec les étudiants de l’EESAB au CNES à Paris la semaine dernière pour rencontrer l’Observatoire de l’espace et des ballonniers de l’Aire sur l’Adour, la semaine prochaine sera consacrée à un nouvel atelier à l’EESAB : « L’odeur dans l’espace », avec Julie C. Fortier.

… Pour préfigurer cet atelier à venir, je regarde « Inert Gas Series/Helium, Neon, Argon, Krypton, Xenon/From a Measured Volume to Indefinite Expansion »  de Robert Barry (1969), qui me semble illustrer l’enjeu paradoxal d’odeurs dans la stratosphère où il n’y a (presque) pas d’eau…


« Testing the limits of materiality, Barry produced this poster for an exhibition that had neither a location nor a date. The address is a post-office box, and the telephone number for the gallery is an answering service with a recorded message describing the “work.” The work was the release, by the artist, of five measured volumes of odorless, colorless, noble gasses into the atmosphere in various locations surrounding Los Angeles, where they would diffuse and expand naturally into infinity.

While documentary photographs were taken of the action of the releases, the only physically tangible evidence of the work would remain the poster, published by the New York art dealer Seth Siegelaub, who stated, “He has done something and it’s definitely changing the world, however infinitesimally. He has put something into the world but you just can’t see it or measure it. Something real but imperceptible. » (sources : Moma).

Faune de l’Édiacarien

Je partage actuellement mon temps entre trois propositions dans trois lieux radicalement différents : une pièce pour l’Art en chapelles (Pontarlier, Franche-Comté), Dataffect, un série pour la galerie de l’Uqam (Montréal, Qc) et une exposition Forces of Nature pour le Hilliard Museum (Lafayette, USA).
Trois projets qui semblent a priori très différents, mais aujourd’hui alors je fais la liste des choses sur lesquelles je fais des recherches depuis quelques semaines : Méduses, vers marins, faune de l’Ediacarien, limnologie/disparition des lacs, cartes maritimes et plasticité des différents états de l’eau… je crois que je nage dans le grand bain :)

Reconfigurations des particules, Le bel ordinaire, Pau


La semaine dernière s’est ouverte, au Bel Ordinaire, l’exposition « Reconfiguration des particules », que j’ai co-commissarié avec Cécile Babiole, pour Le sans titre.
Nous y montrons des œuvres de Refik Anadol, David Blair, Sylvie Bonnot, Jean-Marie Boyer, Caroline Corbasson, Paul Destieu, Marie Fabre, Julie C. Fortier, Lia Giraud, Pierre Malphettes, Claire Malrieux, Stefan Shankland, Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin.
L’exposition est visible jusqu’au 21 mars !
> Le Bel ordinaire.

Pour concevoir cette exposition, nous sommes partie de l’observation de la Broyeuse de chocolat de Marcel Duchamp. Notre lecture de cette œuvre emblématique est qu’elle propose une approche contemporaine des choses (matérielles ou immatérielles) : elle permet de les concevoir et de les aborder comme un ensemble d’éléments discontinus. De l’invention du béton, au recyclage de matériaux, en passant par la cuisine ou les données numériques, la granularité est au centre de notre rapport à la matière, jusqu’à devenir un paradigme de la connaissance envisagée comme une vaste base de données constituée d’une masse de micrograins d’informations.

Cet état granulaire de la matière engage des processus spécifiques : fractionner, mixer et mettre en forme. Par exemple, on réduit du gypse en poudre et on obtient du plâtre, puis on le mixe avec de l’eau pour le mouler ou le façonner dans le but de produire une nouvelle forme solide. De même, l’information, réduite à des unités élémentaires exprimées en 0 et 1, est traitée par des programmes numériques afin de produire de nouvelles entités sous forme de textes, images ou sons.

L’exposition est pensée à partir de ces processus et présente une sélection d’œuvres très différentes (du dessin algorithmique à l’œuvre olfactive, en passant par des pièces en béton) qui possèdent toutes, d’une manière ou d’une autre, des propriétés granulaires.
Fidèle à notre manière d’envisager le commissariat comme une création artistique, nous avons crée une scénographie qui englobe l’ensemble des pièces sélectionnées et des espaces, introduit par une série de 32 sérigraphies du Sans titre.



Cartes maritimes et Rebbelibs

Glanées, sur Internet, ces cartes maritimes (Rebbelibs, Medosou ou Mattangs) sont issues de Polynésie et Micronésie (îles Marshalls). Elles sont faites de brindilles et coquillages, et liées avec de la fibre de palmiers. Elles servent à l’enseignement et à la mémorisation des îles, trajets et courants.
Bonne année, bonne navigation !

> https://fr.wikipedia.org/wiki/Carte_%C3%A0_b%C3%A2tonnets

> Articles avec des liens vers deux vidéos très intéressantes sur le sujet des cartes et la navigation dans cette région : https://doorofperception.com/2016/10/polynesian-wayfinders/