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What Happens in Halifax Stays in Halifax

En 1969 Robert Barry, invité au Nova Scotia College of Art and Design d’Halifaxen, propose aux étudiants un projet conceptuel basé sur le partage d’une idée, et sur le secret de ce que cette idée peut être et peut produire. Le projet n’existe donc qu’au sein d’un groupe d’étudiants, et ne doit pas être mis à jour sous peine de perdre sa raison d’être : «‘The piece will remain in existence as long as the idea remains in the confines of the group.’”».
En 2004, Mario Garcia Torres mène une enquête et rencontre les étudiants qui ont participé à cet atelier. Il leur demande s’ils ont gardé le projet caché, avec quelles difficultés et si cela leur a paru une expérience importante, et de quelle manière ce projet a eu un impact sur eux.
Il tire de cette enquête un diaporama N&B d’une cinquantaine d’images +bande son + d’interviews de 9 des anciens étudiants : on y voit défiler lentement images d’archives, photos des différents lieux, monuments/témoins d’un moment important de l’art conceptuel, mais dont on ne sait finalement rien. A la vision de ce diaporama, on prend toute la portée du paradoxe entre valeur de l’expérience liée à un projet conceptuel, et l’absence de diffusion au public de celui-ci. Et ce qui semble au centre de tout : le déplacement du projet initial car on peut se demander : qu’est ce qui fait projet? Le projet que les étudiants et Barry ont mis en place ensemble, réalisé et gardé secret, ou le projet global qui est le protocole de départ (un projet qui doit rester au sein d’un groupe, et dont l’existence dépend de ce protocole)? On pourrait même se demander s’il y a eu véritablement production, si cela aurait eu une importante..
J’aime autant l’idée de Robert Barry que sa « restitution » par Mario Garcia Torres (finalement assez romantique) mais qui ajoute une couche de sens au projet initial : il se sert du travail de Barry pour faire un projet comme Barry se sert du travail de ces étudiants pour faire un projet). Un méta-projet donc, ou comment raconter l’art conceptuel : entre son immatérialité et son impact sur l’histoire de l’art.

Behind Memory (2005)

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> Générateur de textes + images:

Ce projet a bénéficié de l’aide au projet Hidrazone (Angleterre).

Un Générateur d’histoires, textes et d’images en ligne d’après « De l’autre côté du miroir », Lewis Carroll.

Le point de départ de Behind Memory est une réflexion simple : dans un ordinateur, les images existent et l’on peut y accéder grâce à leur index, un mot qui les définit. Il est donc vrai de dire que derrière la plupart des mots de mon ordinateur se cache une image. Si le développement de mon projet précédent, Random Access Memory, s’interrogeait sur la transmission d’un texte et ses conditions de lecture, Behind Memory se penche sur la relation texte/image ou gen-narration (génération+narration).
Le but de Behind Memory est de découvrir les images cachées derrière les mots, en particulier ceux qui composent le livre “de l’autre côté du miroir ».

> http://www.incident.net/works/behindmemory/

Take a Way (2000)

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> Installation d’après les photos du projet « Extrait » :

Le mois de novembre 2001 approche et la galerie Paris Project Room me contacte pour faire une exposition.
J’accepte et je fixe la date d’une courte exposition-performance de trois jours, du 5 au 7 novembre.
Je demande à un pâtissier d’imprimer ces douze photos sur du papier de riz comestible et de les présenter sur douze gâteaux d’anniversaire, véritables bijoux de crème pâtissière. Je commande aussi un gâteau avec mon acte de naissance.
Les gâteaux sont exposés pendant deux jours, ainsi qu’un couteau à disposition dont personne n’osera se servir pendant les deux premiers jours. Le troisième et dernier jour les gâteaux sont digérés par environ 80 personnes.
Cette exposition a vu le jour en collaboration et grâce aux discussions avec Ileana Gonzalez.

Générique (2000)

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La scénarisation et la fictionnalisation de l’intime effacent l’ampleur de la vie. Ma vie n’est pas un film mais un générique. Ce générique, cette définition énumérative de ce qu’est ma vie intérieure est le produit d’une génération incessante d’énergie : j’émets de la chaleur, je me consume, j’implose à chaque seconde, il n’en restera bientôt plus rien. Je saisis la lumière et je la dis. Et cette énergie, je la canalise quand je travaille sur mon ordinateur.
Bien que de racines différentes, « générique » et « générer » me paraissent deux mots intimement liés. Leur proximité sonore m’a permis de les rapprocher et de leur trouver un point commun : les mots.

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