Archives de mots clés: Organs

Croisement

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Ce matin, je me suis rendue une nouvelle fois au musée de The Historic New Orleans Collection, un des partenaires qui m’aide à mettre en place le projet Neutral Ground. Ce musée retrace l’histoire de la Nouvelle-Orléans, avec des pièces historiques incroyables. Mais cette fois ci, mon attention a été retenue par un objet que je n’avais pas vu la première fois : un travail de cheveux. Ici l’appellation est autre et vient du français : une immortelle, un mot qui met l’emphase sur la symbolique du résultat plus que sur le labeur lié au matériau. (je confirme que travailler des cheveux n’a rien de facile, mais j’aime néanmoins cette appellation qui pourrait être organique, presque un nom de fleur).

Depuis mon exposition à Bordeaux en début d’année, je fais des recherches sur ces objets. Je veux en effet mettre en œuvre un travail de cheveux de grand format pour le second volet de cette exposition (A.F.K.), qui aura lieu au printemps au Quartier centre d’art, Quimper.
Cette éruption d’un projet dans l’autre m’a fait plaisir, un clin d’œil à une recherche que j’ai du mettre entre parenthèse un temps, et qui ressurgit à un endroit où je ne m’y attendais pas.

Ici deux immortelles étaient exposés, l’un dans un cadre en verre traditionnel de ces travaux (ovale), et l’un, un peu plus grand, dans un cadre carré. Mais la Collection historique de NOLA en possède un dizaine, que j’irai consulter dès demain.

immortelle1« Ici repose mon père », 1800 –  Human hair on glass

immortelle2
St. Cyr and Lacoste Family immortelle, 1836 – Human hair, paint on ivory, wood

Organologie

« La musique invente, construit, fait des corps. Nos corps, mais qu’il nous reste à lire et relire.
Ce sont non seulement des corps techniques – ces prothèses, ces artefacts que forment les instruments –, mais aussi des corps vivant d’une vie étrange, fantomatique et survivante : aussi inouïs qu’une main avec plus de cinq doigts, que des pieds qui respirent tels des poumons, qu’un toucher à distance et sans contact.
L’Organologie, cette respectable discipline qui recense les corps sonores, est ici interrogée et quelque peu malmenée dans son corpus séculaire, pour qu’elle livre ce qu’elle recèle et préfère généralement cacher : des organes inédits, des hybridations et des greffes sorties d’une fiction agissante, des monstres et des chimères qui guettent l’occasion pour prendre corps, en effet(s).
Au-delà de ces corps singuliers que la musique compose et dépose, ce sont enfin des figures d’un corps collectif, “social ”, qui surgissent au milieu d’un appareillage d’innervations à distance, télépathiques. »
Peter Szendy

Exposition de Noël – au Magasin – CNAC Grenoble, à partir du 6 déc. 09

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Je présente « Oz » et « Feel Like my Heart Was Thrown into a Blender and Somebody Switched it on » – ainsi que trois autres dessins de la série « Organs » lors de l’ Exposition de Noël, au Magasin du 6 déc. 2009 au 3 jan. 2010.
Vernissage samedi 5 déc. 2009 à 18h.

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MAGASIN – Centre National d’Art Contemporain
Site Bouchayer-Viallet
155 cours Berriat
38000 Grenoble

Organs – Galerie Duplex / Graphéine, du 30 oct. au 10 déc.

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Je présente les dessins de la série « Organs », série développée en 2008-2009, et désormais terminée, à la galerie Duplex, dans le cadre de Graphéine – Pinkpong – Second Round – Réseau d’Art Contemporain de l’Agglomération Toulousaine. Cette exposition accueillera aussi France Dubois & Angela Murr.

« Organs, typographie dessinée, est une déclinaison de mots proches de l’environnement professionnel ou personnel de l’artiste. Cette première forme est le modèle de ce que sera une réelle typographie dans un projet multimédia que Julie Morel mettra en œuvre en 2010. Pour l’instant elle nous offre un rapport, une échelle, un graphisme, loin de toutes définitions de cet art. Et pourtant Organs est bel et bien une typographie dans le sens de l’assemblage ; écrire un roman sous cette forme serait comparable à l’écriture de « La Disparition » de G. Perec (éd.Gallimard). Nous sommes dans le commencement et l’effacement de la lettre, du mot, de la phrase, de la narration. Nous sommes dans une appréhension nouvelle du texte. La lecture en est ainsi rendue fascinante. »

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En série

Depuis quelque temps, je poste moins d’articles sur ce blog. Ce n’est pas faute d’avoir envie… mais au delà du temps qui me manque, c’est surtout de la matière « en cours » dont je manque, car cet espace est d’abord dédié à cela, pas à un flot d’annonces qui m’ennuient. Alors quand je regarde mes derniers articles, je ne vois que des infos, des annonces…
Voila plusieurs mois que je suis submergée par un grand nombre de choses, et si ma production se trouve ralentie, j’ai quand même des projets en cours (il suffirait que je prenne le temps de faire des photos, ou encore des poster les choses ! : )
J’ai donc fouillé dans mes cartons.
Voici la série du mois dernier, engagée à la suite de la série « Organs », et que je vais reprendre cette semaine. Pour le moment j’ai 5 dessins, qui ne comportent qu’un mot (alone, nothing, whatever, bloodbank…).

Le tout dernier dessin que j’ai commencé comporte plusieurs mots (« Lick my fingers » – un morceau de phrase d’un des claviers modifiés produit pour l’exposition My Life is an Interactive Fiction à Duplex l’année dernière). J’aimerais bien comprendre pourquoi cette phrase est revenue pour ces dessins. Au départ, la phrase du clavier, « Lick my finger, suck my brain », parlait de mon rapport au clavier même. Comment via cette interface, je me faisais aspirer par l’ordinateur. Comment ma mémoire réflexive, celle de mes doigts, était possédés par la machine.
Je ne sais pas si cette phrase en dit long sur mon rapport au dessin…

Komposter Œdipe de Sénèque

Dans quelques jours, je pars à Berlin pour prendre part à l’aventure « Kompost », résidence autour d’une tentative de relecture d’Œdipe mis en place par Camille Louis et Laurie Bellanca. Pour l’occasion, je revisite sous forme de vidéo un passage du texte avec la typo « Organs ».
J’ai dessinée cette typo suite à des échanges avec Jocelyn Cottencin. Nous nous sommes en effet aperçus que nous avions une production très similaire de dessins. La difficulté commune que nous avions avec ces dessins est celle d’un élément structurant. Je lui ai donc proposé de travailler autour d’une typo.
Pour ce projet sur œdipe, cela tombe sous le sens, vu le contenu…
Quelques écrans…






… et le texte en question :
« MANTO. – O mon père! Quel est ce phénomène?
Au lieu de palpiter doucement, comme d’ordinaire, elles bondissent violemment sous la main qui les touche, et un sang nouveau ruisselle par les veines. Le cœur blessé s’affaisse et reste enfoncé dans la poitrine; les veines sont livides, et une grande partie des fibres a disparu; le foie corrompu écume d’un fiel noir; et (ce qui est un présage toujours fatal aux monarchies) il présente deux têtes pareilles. Une membrane légère, et qui ne peut cacher longtemps les secrets qu’elle nous dérobe encore, enveloppe ces deux tètes. La partie hostile des entrailles se gonfle avec violence, et les sept veines sont tendues. Une ligne oblique les coupe toutes par derrière et les empêche de se rejoindre. L’ordre naturel est troublé; rien n’est à sa place, tout est interverti. Le poumon, plein de sang, au lieu de l’air qui devrait le remplir, n’est point à droite; le cœur n’est point à gauche; la membrane des intestins ne les enveloppe point d’un tissu moelleux. Dans la génisse, la nature est renversée; toutes les lois sont violées. Tâchons de savoir d’où vient ce gonflement extraordinaire des entrailles. O prodige épouvantable! La génisse a conçu, et le fruit qu’elle porte n’est point à sa place. Il remue ses membres en gémissant, et ses articulations débiles cherchent à s’affranchir. Un sang livide a noirci les fibres. La victime horriblement mutilée fait effort pour marcher. Ce fantôme se dresse pour frapper de ses cornes les ministres sacrés. Les entrailles s’échappent de leurs mains. Cette voix que vous entendez, ô mon père, n’est point la forte voix des bêtes mugissantes, ni le cri des troupeaux effrayés: c’est la flamme qui gronde sur l’autel, c’est le brasier qui pétille.
«