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« You’ve Been Chosen as an Extra in a Movie Adaptation of the Sequel to your Life »

Titles for ever. Les titres à nouveau. En anglais à nouveau. Parce que c’est sûrement plus cool ; ) …ou plus certainement parce que la langue anglaise à fait partie de ma vie pendant longtemps, et qu’elle revient me hanter épisodiquement dans ce qu’elle produit immédiatement de la fiction.

Retour en arrière :
La semaine dernière, Daniel Suter, commissaire & créateur de l’espace Marks Blond m’a demandé de penser une exposition pour avril. Le délai est court, sachant que la seule chose réellement imposée est que la proposition raisonne au niveau de l’espace public, dans cette rue passante à la croisée du Kino Kunstmuseum, galeries commerciales d’art contemporain et du centre d’assistance social….

Mais d’emblée, puisque c’est la façade qui est mise en avant, c’est les titres qui me prennent d’assaut. Mais quelle est la/les fonctions d’un titre ? Le titre, façade d’un projet ? Non, pas la façade : le titre = le projet. Mais en façade tout de même, puisque j’ai décidé d’en faire un rempart à ce que l’on voit à l’intérieur de la galerie. Le titre : une chose qui se dresse entre moi et la proposition, jusqu’à en devenir la proposition elle-même.

Il faut donc imaginer comment les phrases déterminées à partir du titre principal « You’ve Been Chosen as an Extra in a Movie Adaptation of the Sequel to your Life » peuvent être mise en place pour occuper les 2 vitrines de la galerie, et comment elles nomment la problématique développée : celle de la citation.

– « You’ve Been Chosen as an Extra in a Movie Adaptation of the Sequel to your Life ».
Ceci est une ex-pro-position-post-moderne.
Ceci est une proposition qui ne fait que façade, littéralement.
Ceci est une proposition qui ne fait que citer.
Cité, le titre tiré d’une chanson du groupe Pavement, parce qu’il se reforme cette année,
Cité, parce qu’il se réfère et répond à My Life is an Interactive Fiction.
Citée, l’intention, celle de montrer le fait d’éprouver un ravissement religieux à l’idée de notre propre existence, Peter Sloterdijk.
Citée, la forme, celui du papier, de la lettre, du mot, de la police de caractère choisie.
Citer, c’est faire une proposition mais à basse résolution, avec perte de qualité, parce que ce ravissement de la vie ne peut que s’accompagner de ce soupçon que peut-être ce ravissement est artificiel.

Matériaux : Lettres découpées en styrofoam (bleu clair ou jaune), hauteur et largeur variables, épaisseur 20cm.

M_BlondTitle

Keyboards

Cette année pendant Slick, à l’initiative d’Oliver Belhomme, en plus des dessins « Organs », j’ai présenté une des pièces d’un projet que j’avais un peu mis en veille : celui des claviers modifiés. Il s’agit d’un projet tout simple qui a été de changer les lettres de claviers normaux pour que ces interfaces délivrent des messages à mi-chemin entre affects et technologie. Le clavier est déplacé du plan de la table vers le mur, il est présenté en temps qu’objet. Il n’est relié à rien. Sa fonction n’est plus celle d’une interface qui permet la communication vers une machine, mais juste la délivrance d’un message à sens unique, vers un spectateur. J’ai eu de très bons retours sur cette pièce et pleins de questions soulevées qui m’ont fait envisager la possibilité de reprendre ce projet, que j’avais laissé de côté depuis presque 2 ans. Je suis donc en train de réfléchir à une exposition avec de nombreux claviers, et ils y auraient la place principale. Il s’agirait donc de développer une narration avec ces éléments, toujours avec l’idée qu’une partie de la narration se trouverait à distance. Peut être aussi avec un clavier activé, qui permettrait une interaction textuelle, à la fois dans l’espace d’exposition, et en ligne…

Keyboard_traces

Magnetic people

Depuis la fin décembre, le site Magnetic-room, créé par Marie de Quatrebarbes et Maël Gesdon, est en ligne.
En Août 2008, Maël et Marie étaient venus passer quelques jours à Briant pour m’interviewer. Je les avais bien sur embauchés pour quelques séances de travaux de rénovation, et ça a été l’occasion de les connaitre un peu plus et d’échanger, au fil de la pose du carrelage, des coups de marteaux, et des goûters de fin d’après-midi (ils sont aussi gourmands que moi !), sur ce qu’étaient leurs envies pour magnetic-room.
Voici ce qu’ils en disent :
« Magnetic Room est né, au début du printemps 2008, du désir d’interviewer des artistes dont nous aimons le travail et d’interroger leurs moyens d’expression (net art, musique, cinéma, vidéo…). Nos choix n’ont d’autres critères que nos envies et les rencontres. Au fur et à mesure de l’élaboration du site, nous nous demandions si, outre nos préférences et nos goûts, se dégagerait une cohérence globale de l’ensemble des interviews. Cet ensemble reste ouvert et en mutation : il se développera avec de nouveaux entretiens à venir. Aujourd’hui, le thème du « numérique », de la création liée au numérique, s’impose comme un leitmotiv de tous les entretiens. »
Avec pour interviews :
Etienne Cliquet, Reynald Drouhin, Jérôme Lefdup, Sonia Marquez, Etienne Mineur, Joseph Morder, Julie Morel, Richard Pinhas, Antoine Schmitt, Clump of trees, Electric Indigo, Clara Moto, Danielle de Picciotto et Scanner.

I’ve missed talking to you every day

En vrac, une sélection de quelques lettres, mails et mots, reçus pendant cette semaine de « Without Interfaces »…

Un coucher de soleil à Appart’ Hôtel, sur la frontière Suisse de Stéphane.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une carte de Zoé, reçu le premier jour de « Without interfaces ».

Un mot de Maja & Zoé, malchanceuses, qui sont passées quand je n’étais pas là.

 

Un CD de Beethoven, cadeau de Maël & Marie DQ, interprété par Rudolf Serkin, qui a souvent accompagné mes oreilles durant cette semaine.

Une pédale d’effets pour ma guitare, cadeau de Marie D. et Zoé, après une journée passée à faire de l’enduit dans l’appartement de la goutte d’or.

Et puis deux mails d’Alex, l’un drôle sur le fait de penser à écrire une fois par jour, et l’un avec une pièce jointe + un lien vers la Radio Suisse Romande:
http://www.rsr.ch/espace-2/dare-dare/selectedDate/31/10/2008

…Sans parler des quelques huit cartes reçues par fragments, d’Angleterre. Et enfin une carte avec une machine à écrire dessus, mais non signée. Ceux qui me l’ont envoyé, dites moi qui vous êtes???

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But mainly, i’ve missed talking to you everyday.

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One week

La semaine a été à la fois longue et courte. Difficile et étrangement agréable. Remplie par les allées & venues, les RDVs, le matin les cartes dans ma boîte aux lettres, le soir les papiers glissés dans l’embrasure de ma porte laissés par les visiteurs manqués…
Une semaine, à parler directement, à communiquer sans interfaces.
Et voila que ce soir, à quelques minutes de la semaine écoulée, je regarde ma lampe qui s’est allumée, par intermittence, tous les jours, témoignant que quelqu’un m’envoyait un signal « Sleep » ou « Wake up » depuis l’exposition au Centre de l’image Contemporaine à Genève… Je l’avais oubliée.
Un cheval de Troie en quelques sortes.
D’un seul coup, mon projet « without Interfaces » devient « Without Interfaces but one ».

Je reprends demain, le 12 novembre, par la participation à une discussion avec Karine Lebrun sur tchatchhh.
Puis à minuit, pour la reprise générale.

Without interfaces

Ce soir, je suis rentrée de la soirée que j’ai passée avec Zoé, et j’ai envoyé un mail pour prévenir tout le monde de mon petit projet qui porte désormais le simple titre de « Without Interfaces ».

Un peu avant minuit, facebook, ichat, skype se sont affolés : tout le monde s’est mis à m’envoyer des messages, comme pour me souhaiter bon voyage. C’était assez beau, la frénésie de ces derniers messages envoyés dans l’urgence.

J’ai lu les 3 derniers mails reçus. Pendant ce temps, Zoé est réapparue sur skype, m’a raconté une blague qui m’a fait rire, a failli me faire de louper le coche et a ralenti mes réponses aux derniers mails.

J’ai reçu un sms, et j’y ai répondu.

Puis à minuit moins trois, Zoé a fait le décompte : > 3 > 2 > 1 ….et j’ai fermé Skype, ichat, mon mail. J’ai laissé mon tel ouvert (pour qu’il garde les messages en mémoire), mais je ne le consulterais pas. Il est dans mon placard.

Il est 00:23, pas de bruit, mon appartement est calme, et moi aussi.

For one week, my life will not be an interactive fiction & conversation.

Tous les ans, pour mon anniversaire, je produis un petit travail, pour mon propre plaisir. C’est une sorte de cadeau que je me fais, sous la forme d’un projet. Je grappille un peu de temps, je m’investis dans quelque chose qui n’a parfois de cohérence que pour moi.

Dans cette optique, je me suis rendue au Centre Pompidou hier pour re-visionner les vidéos de Chris Burden, qui est un des artistes qui m’a toujours fasciné, et dont le travail m’émeut à chaque fois, parce que bizarrement, je le trouve très doux.
Ce sont les vidéos issues de ses performances, qu’il commente lui-même, peu sûr de lui, la voix tremblante, en cherchant parfois ses mots. Cette livraison de ses commentaires est touchante et sincère.
J’ai revu entre autre « Shot », « Bed Piece », « Through the Night Softly », et « TV Ad » qui est une de mes préférées.
Ce que j’ai vu dans le générique de « TV Ad » et qui m’a fait plaisir (un cadeau presque), c’est que la première diffusion de cette publicité sur la télévision américaine s’est faite le 5 novembre 1973, le jour de ma naissance.

Cela m’amène à mon projet d’anniversaire. Je ne sais pas encore pourquoi il y a un lien entre les vidéos de Burden et ce projet, mais il y en a un (peut être dans la livraison qu’il fait de son temps aux autres – la galerie, les spectateurs – dans une pièce comme Bed Piece…), je vais chercher.

Le projet n’a pour le moment pas de titre

Il est simple : il consiste à éviter pendant une semaine les conversations que j’ai quotidiennement par le biais d’interfaces, pour ne privilégier que des conversations directes. Donc, demain à minuit, j’éteindrai mon tel pendant 1 semaine. Plus de mail, de Skype, ichat, de facebook non plus.
J’ai dû planifier quelques rencontres pour que cette semaine, pour qu’elle ne soit pas différente des autres, pour continuer à interagir avec mes amis, les gens qui me sont proches. De même, d’ici demain, je posterai ici les jours et horaires où je suis chez moi. Tout le monde pourra donc passer me voir, à l’improviste, pour parler.
Au bout d’une semaine, je reprendrais ma vie interfacée, entre autre, par une conversation de deux semaines, sur internet, avec Karine Lebrun.

Éteinte

Il y a quelques jours, s’est terminée l’exposition à la Galerie Duplex.

Depuis, j’ai démonté le dispositif placé dans ma chambre, les câbles n’encombrent plus le salon et la chambre… La LED verte de l’interface Arduino ne me dérange plus la nuit, et je ne m’étonne plus de voir la lampe allumée ou s’allumer alors que je suis absorbée dans mes activités de la journée.
Ce que je réalise rétrospectivement, c’est à quel point, sur mes derniers travaux, de « Dérives » à « Sweet Dream« , mon espace s’est trouvé systématiquement envahi… Entre les cargaisons de T-shirts pour le Briant Summer Camp trainant partout, les intrusions et l’absence de lumière ou encore la situation extrêmement chaotique de l’iceberg occupant tout une pièce, m’empêchant de circuler, les bouts de polyesters collés partout…
Aujourd’hui, mon espace est à nouveau vide mais la question de l’intrusion de mon espace intime reste.

Voici encore quelques photos de mon côté de l’exposition « My Life is an Interactive Fiction », prises tout au long de ce mois.


L’installation « My Life… » continue néanmoins d’être exposé au sous-sol de la galerie Duplex sous le titre « Prolongation », cela jusqu’au 2 août. Donc si vous passez vos vacances à Toulouse, allez y faire un tour.
Pour ce qui est de Sweet Dream, sa prochaine destination, c’est Genève en octobre… À suivre.

La traduction de ma vie est une fiction interactive

Un petit article dans Makezine sur Sweet-Dream (Paris-Toulouse) a été écrit par Jonah Brucker-Cohen …

> Sweet dream @ Makezine

Je suis doublement contente, d’abord puisque j’adore Makezine, mais aussi parce que l’article fait un lien sur la traduction anglaise de mon blog par Google. C’est vrais que je ne regarde jamais mes/les sites français dans leurs traductions (approximatives) googleliennes, mais là, en relisant mon blog en anglais, j’ai vraiment eu l’impression que j’avais basculé dans une autre réalité : celle où effectivement, my life REALLY is an interactive fiction… : )
Et puis je me suis dit que cela pourrait être drôle de prendre les choses à l’envers : réécrire mon poste dans un français hybride, qui permettrait une traduction parfaite du traducteur automatique… Je m’y mets dès mon retour de Toulouse.

Oz

OZ, a internet piece for “La Revue du 104”

For a long time now, my work has questioned text in its written form, as well as translation between various languages, translatory movements, written text in general and more particularly, the moment, and conditions of its becoming an image.

When invited by Camille Louis, I was offered the possibility to create a work specifically designed for internet, the context being the first issue of “La Revue du 104”, which focused on Aby Warburg’s work and research.

When I read the 104 journal project, I immediately decided to take one of my artworks as a starting point and case study. The work in question is an interactive installation called « Sweet Dream (Toulouse-Paris) ». I selected this work for two main reasons: first, because it was a work in progress, and second, because I was using the Internet both as a link and as an interstice.

« Sweet Dream (Toulouse-Paris) » – A summary.
The installation is displayed in two different geographical spaces simultaneously:
– “Duplex Gallery” in Toulouse – France.
Two common keys from a computer keyboard are embedded in one of the walls of the gallery. These keys bear the words “Wake up” and “Sleep”. Visitors can press any of these keys at anytime.


– My apartment in Paris – France.
My bedside table lamp is switched on and off whenever a visitor presses the “Wake up” or the “Sleep” button.
For the duration of the exhibition, the installation allows visitors to control the lamp, through a computer application and a signal sent via the network.
The installation questions two different physical spaces as narrative components of reality and fiction. One is public (the gallery), one is private (my bedroom).
Even though the info card gives the audience enough clues to what is at stake (the title, the list of the various elements of the installation, and their locations), the challenge of such an installation is that there is no immediate proof that the two spaces are connected, and that there is a consequence in pushing a button.
So this piece relies on the visitor’s belief that is, for him to engage in the work, he needs to believe in it. And of course, this in itself is a hurdle, since the minimal aspect of the installation is off-putting, and it is an immaterial, empty space (the internet) that connects him or her to the other side of the installation.

OZ.
For “La revue du 104”, I really wanted to work on this empty space, but didn’t want to make this interstice visible as such. Instead, my intention was to infuse it with something new, in order to reveal it.
Searching how to affect the interstice was deliberately paved with detours, digressions, intervals, and drifts.

In his work, Aby Warburg speaks about the iconology of the in-between, where the in-between gap is a kind of revelation, and is essential to an iconology which aim is not to explain, resolve a problem or a complexity, but to exhibit it, to show it in a new light and through a new production of signs (a montage).
This way of dealing with iconology was very familiar to me, so I consciously took on this method.

Firstly, I observed the two images produced on each side of my installation.
In Toulouse, I saw a very minimal image: a white wall with two black keys. In Paris, a very classical Still Life appeared each time my lamp was switched on.
I liked the fact that the simple act of pressing a button could produce a real Still Life. And while observing this, I realized how much I favoured the “On” in the process. I told myself that the pressing of a button (ON) was producing an alternative to the usual, a kind of variation of reality, something nearly magical (OZ).
Very naturally, this led me to the “Wizard of Oz”, a film in which the concept of belief is essential. When viewing this film again, still questioning the interval, I focused on the transition between the real world and the world of OZ.
In that particular segment, Dorothy is running away from the tornado and takes shelter in the house. Knocked out by a flying window, she passes out (she falls in Oz if I may say). When she comes to, she gets up, stands by the window and looks outside. The layout of this scene is pretty obvious: she stands in front of a cinema screen, she’s become a spectator. From then on the film metaphor appears clearly: Oz is the magic of cinema, it’s the land of fiction, where reality is twisted and becomes an alternate space where illusion is more real than reality itself.
When Dorothy eventually comes out of the house, she looks around her, puzzled, and says: « Toto, I have the feeling we’re not in Kansas anymore », which can literally translated into: Toto, I have the feeling we’re not in reality anymore. From then on, the metaphor of an alternate space will unfold, telling us how much staged machinery can fascinate, how much we can believe in it, even though we know it isn’t reality.
The end of the movie holds the resolving of the magical mystery, thus speaking about the main and ambivalent belief in cinema:
When the powerful wizard appears solely as a common man, he actually has the same features as the illusionist that Dorothy met at the start of the movie, the same person that was faking reading in a crystal ball…

With these concepts in mind, I worked on my proposition for the 104. I tried to synthesize them and show how the internet could integrate them all at once.
I also realised that there was a connection between the word “ON” and the word “OZ”. That is, they were formed by the same signs. And finally that, by rotating one, you would end up with the other.
The end piece uses this relationship metaphorically, and tries with very minimal formal means such as typography, rotating movement, sound piece, and velocity implied by the users’ connection speed, to express the singular relation one has with reality when on the internet, and especially when one practices fiction on the internet.
It shows how a simple repetitive movement can take you from one universe to another.

Détruire dit-elle

J’adore les titres. Ceux des livres, ceux des chansons, ceux des films, ceux des œuvres d’art.

Il y a les titres aux noms abrégés, que j’aime particulièrement : Le ravissement de Lol V. Stein, W ou le souvenir d’enfance. Et il y a ceux avec une temporalité d’années ou de saison, ceux avec des espaces, des lieux, ou les deux : 1984, 10 heures et demi du soir en été, Printemps, Wuthering Heights, Amrita, SolarisL’année dernière à Marienbad.
Il y a les titres d’une longueur extrême, et ceux difficile à retenir, gratifiant même pour la mémoire : The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, And then Nothing Turned Itself Inside out, A Confederacy of Dunces, In Cold Blood: a True Account of a Multiple Murder and Its Consequences, Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, What Happens in Halifax Stays in Halifax, And if I don’t meet you no more in this world Then I’ll meet you in the next one And don’t be late, don’t be late

Il y a les titres qui donnent les indications, et ceux qui sont opaques, qui gardent le mystère, ceux qui évoquent en un instant toute l’aventure de la lecture faite : La douleur, Ask the Dust, After Dolores, Fin de partie, Suspensions of Perception, Étant donné, Sa majesté des mouches.

Il y a ceux qui me font aimer les livres que je n’ai pas aimés (l’Aleph), et aimer encore plus ceux que j’avais aimés (L’invention de Morel).

Marguerite Duras surpasse tous les autres, avec Son nom de Venise dans Calcutta désert, et Détruire dit-elle.
Deux titres qui dirigent vers un ailleurs qui ne peut pas être formulé, un ailleurs sans personne, sans images en quelques sortes. Même Renais avec Je t’aime, je t’aime (un seul je t’aime aurait été tellement plat, la redondance me projettent directement dans le principe de boucle du film et à l’intérieur de la scène de la plage…).

J’aime les sans titres, j’aime les sans titres avec titres ou avec dates. J’aime les sans titres avec sous-titres, ou avec parenthèses explicatives.
J’aime le titre Date Painting.
J’aime aussi donner des titres à mes projets, à la fois parce que cela coïncide avec la fin ou la naissance assumée d’un projet, et aussi car c’est un moyen de désigner, de marquer : My Life is an Interactive Fiction, Sweet Dream (Paris-Toulouse), Chambre-horaire. Autour de moi, les gens semblent partager ce plaisir des mots qui marquent, cachent ou révèlent : N’aître (Grégory), Rom.mor (Reynald), My Mind is a Primary Forest (Jocelyn), Plakatieren verboten (Joelle), NoGo Voyages (Stephane & Gwenola)…

Bien sûr, le moment où je donne un titre à un billet sur mon blog est toujours un exercice plaisant. J’aime aussi le mot titre, parce que dans mon dictionnaire il est coincé entre les mots titiller et tituber.

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« What Happens in Halifax Stays in Halifax » (Mario García Torres, d’après Robert Barry)

My Life is a Interactive Fiction – Texte de présentation de l’expo

« My Life is an Interactive Fiction » est une exposition dont la construction repose sur le principe de « lâcher prise » : l’acceptation d’une zone d’ombre, d’un hors champ, d’un espace caché ou inatteignable physiquement.
Les différentes pièces présentées constituent une trame visuelle, médiatique et conceptuelle à plusieurs entrées et offrent aux spectateurs la possibilité d’explorer des extensions de la réalité dans différents territoires : physiques, virtuels, fictionnels.

Cette exposition ne se présente pourtant jamais comme une errance ou un flottement, et il n’y a aucun doute sur la fonction et l’issue du « lâcher prise », qui agit comme renoncement et fonde l’établissement d’un mode relationnel entre le spectateur et l’artiste.
Si l’exploration des différents territoires repose à première vue sur un procédé déceptif – puisque pauvre, minimal et reposant sur l’absence de retour – elle permet en revanche l’affectation, l’investissement de la part du spectateur dans la construction du récit, et de l’exposition elle-même.