Archive annuelles: 2015

Affiche pour le séminaire de Catherine Rannou (École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Val de Seine)

Quelques posters réalisés pour Catherine Rannou, artistes et architecte, avec qui j’avais déjà collaborée : elle était venue en résidence Géographies variables à Lorient en 2012, et nous avions aussi organisé un atelier au Seamen’s Club, sur le port de Lorient en 2014.
Catherine enseigne à présent à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Val de Seine et propose un séminaire intitulé hypersitutation. Ces posters donnent la philosophie de ce séminaire, qui est attaché à un projet réel : Transrural Lab qui situe son terrain de recherche dans une ancienne exploitation agricole dans le centre de la Bretagne.hypersituation hypersituation2 hypersituation3
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3D

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Structure en bois d’un bâtiment en construction dans le Tremé, après un déjeuner à Willy Mae’s (un déjeuner présidentiel puisque le président Obama a choisi de s’y arrêter à ce moment là !).
Nouvelle-Orléans, 27 août 2015.

Briant

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Bonne nouvelle pour Incident.res qui a reçu l’aide pour « l’allocation de l’atelier » de la Drac Bourgogne ! Cette bourse va permettre de finir l’atelier à Briant (refaire 2 murs, changer deux fenêtres, et mettre un chauffage permanent) et d’accueillir les futurs résidents dans de meilleures conditions.

À Briant pour l’été, see you there!

NOLA

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Un hôtel à Mamou, une échoppe à Eunice, une cabine à New Aberia et un arbre à la Nouvelle Orléans.
Avril-mai 2015.

A.F.K. au Quartier centre d’art

Photos de l’exposition A.F.K., au Quartier Centre d’art (Quimper), du 17 avril au 17 mai 2015.
Cette exposition a été accompagnée d’une conversation, le 7 mai 2015, dans l’espace d’exposition, avec Karine Lebrun, et d’une programmation « vidéo-hacking » durant la nuit des musées.

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Crédits photos : Dieter Kik, Mathieu Roquet et Julie Morel.

Liste des pièces.

Murs de droite à gauche

Mur 1
• Empty your Mind (2014).
Vidéo de 40mn environ. D’après un extrait de 2mn36 de The Lost Interview (9 décembre 1971). Vidéo ajoutée le 30 mai 2014 par Jodorowsky’s Dune.
• Conversation, version papier (2014).
Impressions A4 en couleur, montages/recadrages d’images. D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh.

Mur 2
• Conversation, version papier (2014) – suite.
Impressions A4 en couleur et montages/recadrages d’images. D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh. http://tchatchhh.com
• Dessin électrique #1 – TOR (2015).
Dessin à l’encre conductrice argent, LEDs, système électrique. Dimensions : 65 x 50 cm.

Porte
• Fantôme #2 (2014).
Impression jet d’encre sur papier dos bleu. Dimensions : 9 x 50 cm. D’après la photo d’une perruque en cheveux naturels noirs, posée sur une table de l’exposition A.F.K. #1
(Bordeaux, avril 2014).

Mur 3
• Dessin electrique #1 – A.F.K. (2015).
Dessin à l’encre conductrice argent, LEDs, système électrique. Dimensions : 65 x 50 cm.

Mur 4
• DarkNet (Alphabay), DarkNet (blackBank), DarkNet (Evolution), DarkNet (Majestic), DarkNet (Middle Earth) – (2015).
Série de 5 filets synthétiques pour perruques. Dimensions : 9 x 50 cm. Visualisations des statistiques de connexion de cinq des plus grands sites de marché noir en ligne à la date du 1er janvier 2015, entre 15 et 16 heures.

Dans l’espace
• Manifeste (2014-15).
Cheveux humains sur papier bristol. Caisse américaine. Dimensions : 65 x 45 cm.

Table (dimensions 120 x 60 x 80 cm)  et angle du mur
• Fantôme #3 – L’image-objet Post-Internet, une version (2014).
Impressions sur papier blanc. (50 ex.). Traduction du texte anglais The Image Object Post-Internet d’Artie Vierkant.
• Empty your Mind (2014).
Un poster N&B, format A2 (tirage original 500 ex.).
• Crawling Through the Night Sotfly (My Burden) (2013).
Une carte postale (tirage original 500 ex.). Éditée dans la collection Save the Date, Ultra Éditions (Brest).
• Con/vers(at)ion, (2014).
Impressions A4 en couleur. (50 ex.). D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh.
• A.F.K., entretien (2014).
Un dépliant 30 x 30 cm. (tirage original 100 ex.).
Entretien entre Julie Morel et Camille de Singly, Rodolf Delcros, Elodie Goux, Léna Peynard et Elsa Prudent, réalisé les 26 et 27 mars 2014.
• Version papier (2015).
Journal de 16 pages couleurs (tirage original 50 ex.).

Bandes sons
• Empty your Mind (2014). Durée 40mn.
Bande son de la vidéo Empty your Mind (2014).
• Rio (2014-2015). Durée variable.
Version par David Bideau, d’après la playlist GotaloNia Songtrack et la bande son de la vidéo Empty your Mind.

Off-Shore (bureau situé au dessus de l’espace d’exposition.
• Void (2010). Dessin à l’encre noir, issu de la série Organ. Dimensions : 82 x 45 cm (encadré).

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Présentation de Géographies variables à ELIA

Je participe à / I’m going to participate to ELIA’s 7th Teachers’ Academy.
10-12 May 2015, location: Fontys School of Fine and Performing Arts. Tilburg (Holland).

Perspectives in Learning: Presentations
In A Manner Of Speaking – First Language presentations, Karin Arink
Willem de Kooning Academie Hogeschool Rotterdam

• Variable Geographies, Julie Morel
École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne (EESAB)
In the French art schools system, research and teaching are two separated streams when really they are two sides of the same entity, or should at least benefit one another. 
Through the Géographies variables project – a 3 years project which includes art productions, residence programs, field trips, exhibitions, workshops, demos, talks and resource exchanges – this presentation aims to share and discuss how a research project within an art school can be at the center of pedagogy.

Cultural Spaces and Design – Reflections on Design Education, Anka Falk
Fachhochschule Nordwestschweiz – Hochschule für Gestaltung und Kunst – Institut HyperWerk

 

A.F.K., exposition au Quartier centre d’art, Quimper

Exposition du 18 avril au 17 mai 2015, Project room du Quartier.
Vernissage : vendredi 17 avril à 18h30

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Commencée en 2013, cette recherche plastique s’attache à explorer les conditions de production d’objets artistiques produits à l’époque du post-internet, celle de la prolifération du réseau.
A.F.K., acronyme de Away From Keyboard – loin du clavier – renvoie à ces moments où les internautes sont loin de l’écran et laissent un message pour marquer leur absence aux autres. Choisir ce titre, c’est s’attacher à explorer les conditions d’une pratique artistique à l’époque du post-Internet : envisager les œuvres d’art sous des modalités de versions plutôt que de séries, de flux plutôt que d’œuvres matrices et d’occurrences se référant à celles-ci, d’absence plutôt que de matérialités systématiques.
Développée tour à tour dans divers lieux (galeries, internet) et supports (électroniques, éditions papier, dessins, dispositifs et installations), cette investigation se figera le temps d’une exposition dans l’espace du Project Room du Quartier avant de réintégrer un état non-formalisé.

http://www.le-quartier.net/Julie-Morel

Sculpture Question

Sculpture Question. In Reponse to Eco-political Landscape, Galerie de l’EESAB – Site de Lorient
Vernissage le mardi 10 mars à 18h / Exposition du 10 au 17 mars 2015

Galerie ouverte du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 20h, et le samedi de 14h à 18h
1 avenue de Kergroise, 56100 Lorient
Tel : 02 97 35 31 70 – http://eesab.lorient.fr

Commissaires de l’exposition : Julie Morel, Marion Bailly-Salin
Image : Beacon series (Groix) – Julie Morel

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Evolution

Statistiques de fréquentation, sur une heure de 5 des plus grands sites de marché noir sur le Darkweb.

Alphabay
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Evolution
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Middle Earth
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Majestic Market
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BlackBank
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Tentatives de visualisation de ces statistiques avec les filets qui contenaient les cheveux reçus la semaine dernière.
(légère impression de m’amuser avec le carton d’emballage plutôt qu’avec le cadeau).
Les grilles et attaches seront fixées directement au mur de la Project Room.
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A.F.K., test pour un manifeste

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Tests rapides de lettres/mots écrits avec des cheveux, qui serviront pour le manifeste que je suis en train d’écrire pour le projet A.F.K.
Les supports définitifs seront blancs. Je suis en train de faire différents essais (papier type bristol, carton plume autocollant, chromolux, verre, …) pour voir ce qui conviendra le mieux. La difficulté principale étant que tous ces supports s’usent et se tâchent très vite quand on travaille avec de la colle.
Et puis quelques schémas pour l’organisation potentiel de l’exposition à venir.
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Et hypermoderne, un texte de Julien Prévieux, que j’affectionne particulièrement, et copié depuis son site.

Hypermoderne
Julien Prévieux
The Chessroom, Editions Montgolfier, 2013
Le débutant
Le mat du débutant est le mat le plus rapide du jeu d’échec. Il suffit d’un peu moins de trois coups pour l’accomplir : cinq demi-coups et la partie est terminée. On peut le réaliser du côté des blancs, comme du côté des noirs. La partie débute avec les blancs qui jouent un pion en e4 pour prendre possession du centre de l’échiquier. Les noirs répliquent avec le déplacement d’un pion de la position f7 à la case f5. Ils libèrent la diagonale du roi qui n’est plus protégé. On l’aura compris, dans cette partie, ce sont les noirs qui jouent le rôle du débutant. Ensuite, c’est très simple et tout va très vite, les blancs jouent un second pion en d4. Il s’agit d’un exemple, ce coup n’a pas vraiment d’importance. On aurait tout aussi bien pu jouer le cavalier en c3 ou placer notre fou en e3. Il faut simplement faire attention à ne pas interrompre la diagonale croisant celle libérée par le premier pion noir. C’est au tour des noirs de jouer, ils déplacent un pion en g5 laissant leur roi totalement à découvert. Il ne reste plus alors qu’à placer notre dame blanche en h5 pour attaquer le roi noir. Sa seule possibilité de fuite est f7, mais le coup est impossible puisqu’il serait à nouveau mis en échec par la reine. Le cavalier et le fou noirs ne peuvent pas s’interposer. Echec et mat.

La partie du siècle
New York, octobre 1956 : le tournoi d’échec du Rosenwald Memorial rassemble quelques-uns des meilleurs joueurs des Etats-Unis. Un jeune adolescent du nom de Robert James Fischer est invité à concourir. Cette même année, Robert a remporté le championnat junior des Etats-Unis mais il est loin d’attirer l’attention dans ce tournoi : ses premiers résultats sont médiocres, il n’a encore gagné aucune partie et, avec son t-shirt rayé et sa coupe en brosse, il a vraiment l’air d’un enfant.
A la 8ème ronde, Robert est opposé à Donald Byrne, l’un des meilleurs joueurs américains de l’époque. Byrne est un maître international de vingt-cinq  ans portant costume sombre, lunettes et cheveux noirs. Il fume beaucoup. Son style de jeu très agressif lui a notamment valu une belle victoire dans l’US Open. Robert a étudié les parties de Byrne dans les magazines et il choisit d’entamer le jeu en déployant une ouverture inhabituelle, la « défense Grünfeld ». Robert en maîtrise les grandes lignes mais il est loin d’en connaître toutes les subtilités, et il est rapidement contraint d’improviser. Il se ronge les ongles, se frotte le front, il hésite beaucoup. Byrne est confiant, il vient tout juste de l’emporter face à Samuel Reshevsky, le grand maître le plus renommé de cette compétition. Au dixième coup, le jeu de Byrne est bien développé et il contrôle parfaitement le centre de l’échiquier. Au onzième, Robert tente le sacrifice de son cavalier pour reprendre l’avantage. Les commentateurs ne comprennent pas ce mouvement inattendu mais Byrne voit clair dans la stratégie de son adversaire. Cette pièce offerte est un piège qui le conduirait à perdre du terrain si ce n’est la partie. Au coup suivant, Robert tente à nouveau cette stratégie mais Byrne décline à nouveau. La partie est tendue, la rumeur de l’audace des derniers coups de Fischer fait le tour de la salle. Les deux joueurs sont maintenant au centre de l’attention et le dix-septième coup va rendre la partie légendaire. Robert envisage la possibilité singulière de l’emporter en sacrifiant sa reine déjà en danger. Ce choix va à l’encontre de toutes les stratégies habituelles. La reine est une pièce à sauvegarder le plus longtemps possible car jouer sans elle est souvent synonyme de défaite. Au lieu de la protéger coûte que coûte, Robert prend le risque de la perdre en contre-attaquant avec un fou, pour mieux redistribuer les positions. Byrne la prend. Les autres pièces de Robert vont agir de concert dans les mouvements qui suivent : le cavalier vient protéger la tour qui va sécuriser le fou tout en forçant la dame de Byrne à prendre un pion par gourmandise. Sa dame est désormais très mal placée, loin de son roi, à l’opposé de l’échiquier. Robert, quant à lui, vient de prendre une tour, deux fous et un pion. Il a pris le dessus. Les spectateurs commencent à saisir ce qui se déroule sous leurs yeux : aussi fou que cela puisse paraître, Donald Byrne est en train de perdre face à un inconnu de treize ans. Robert met à nu le roi blanc et provoque une série d’échecs qui aboutissent à un échec et mat sans appel. Il est minuit, l’arbitre et les spectateurs sont médusés. C’est le début de l’histoire du mythique et très controversé champion, Bobby Fischer.

Bleu profond
Les informaticiens se sont intéressés à la programmation d’ordinateurs jouant aux échecs dès le début des années 50. Au milieu des années 80, Feng-Hsiung Hsu, étudiant de troisième cycle à l’Université Carnegie Mellon, débute une thèse sur le sujet. Avec un certain Murray Campbell, il conçoit une machine à jouer intitulée Chip Test. En 1989, les deux jeunes diplômés sont embauchés par IBM pour poursuivre leurs expériences avec l’aide d’une équipe de programmeurs. Le projet porte le nom de code Deep Thought puis Deep Blue. Une première rencontre entre leur machine et le champion du monde Garry Kasparov est organisée en 1996. Kasparov remporte facilement le match en six parties avec un résultat sans appel : 4-2. Kasparov accepte une revanche l’année suivante mais le nouveau challenge sera une toute autre histoire.
Au début de la première partie contre un nouveau Deep Blue plus rapide et perfectionné, Kasparov développe immédiatement une stratégie consistant à empêcher la machine de faire appel à sa fabuleuse mémoire pour l’emmener hors des sentiers battus, loin de l’approche statistique dans laquelle elle excelle. Les ordinateurs ont été pendant longtemps médiocres lors de l’ouverture, la première phase de jeu. Les capacités de calcul les plus phénoménales ne servent pas à grand-chose quand la situation est vierge et totalement ouverte. Les joueurs humains font appel à leur expérience et commencent par un coup généralement admis comme l’un des meilleurs possibles. Logiquement, les programmeurs d’IBM ont doté Deep Blue d’une base de données contenant des centaines de milliers de partie d’échecs pour combler ces lacunes à l’ouverture. Ils ont étudié le nombre de fois que ces séquences ont été jouées, quel était le classement du joueur, combien de fois ces déplacements avaient abouti à des victoires, des défaites, des matchs nuls… En 1997, et selon les dires d’IBM : « Kasparov ne joue plus seulement contre un super-ordinateur mais contre les fantômes des grands maîtres du passé ».
Kasparov ouvre la partie avec son cavalier mais de manière inattendue, il ne le déplace pas quand Deep Blue vient le menacer. En trois coups, Kasparov vient de rendre l’énorme base de données inutile, et Deep Blue doit penser par lui-même. La partie évolue sans grande surprise, l’ordinateur ne commet pas d’erreur flagrante mais ses coups sont mécaniques, attendus et sans aucune vision stratégique. L’avantage des ordinateurs est leur vitesse de calcul : en milieu de partie, lorsque les pièces sont déployées sur l’échiquier, analyser l’ensemble des possibilités des trois coups suivants revient à traiter des milliards de possibilités. Un travail d’une vingtaine de secondes pour Deep Blue et de plus de quarante ans pour Kasparov… Mais si les programmes de jeu d’échec nous surpassent dans l’approche tactique, en prévoyant très bien les quelques coups à venir, ils ont d’énormes difficultés à envisager la dimension stratégique du jeu. Ils ne disposent pas d’une vision d’ensemble de la partie et ont du mal à saisir les conséquences profondes de certains coups contre-intuitifs comme le sacrifice d’une pièce. Dans la première partie, lorsque Kasparov offre une tour à Deep Blue en l’échange d’un fou, Deep Blue s’engouffre dans la brèche et la prend machinalement. L’ordinateur vient tout simplement de comparer les valeurs des pièces en présence sans prendre en compte la position des simples pions de Kasparov qui menacent son roi mal protégé. Treize coups plus tard, Deep Blue perd cette partie en demi-teinte, mais le final réserve une étonnante surprise qui va définitivement perturber Kasparov pour la suite du match et bouleverser l’histoire.
Lorsqu’arrive la fin de partie, Deep Blue fait un choix très étrange. Pour le 44ème coup, il positionne sa tour dans la première ligne des blancs plutôt que dans une position conventionnelle qui aurait mis Kasparov en position d’échec. Les commentateurs s’interrogent, que s’est-il passé dans le programme ? Le mouvement de Deep Blue est un non-sens complet au moment où il est assailli de toute part, Deep Blue choisit littéralement de passer son tour et permet à Kasparov d’avancer un pion dans la deuxième ligne adverse, le rapprochant encore un peu plus de la possibilité de récupérer sa reine. Encore plus incompréhensible, Deep Blue se retire brusquement du jeu le tour suivant en s’avouant vaincu. Comment un ordinateur peut-il commettre un tel abandon ? La partie se déroulait mal pour la machine mais la possibilité d’un match nul n’était pas écartée. Le soir-même, dans sa chambre du Plaza Hotel, Kasparov et son expert en informatique décortiquent la partie. A l’aide d’un programme de jeu d’échec, ils vont rejouer tous les coups et poursuivre le jeu au-delà du renoncement inexpliqué de l’ordinateur. Ils découvrent que l’hypothèse du déplacement de la tour pour mettre en échec Kasparov était un choix sans suite, l’ordinateur aurait été échec et mat de toute façon. Seulement cette défaite ne se serait concrétisée que vingt coups plus tard, et c’est là que réside tout le problème. Cet ordinateur, dont les capacités de prédiction sont annoncées comme limitées à six ou huit coups, peut donc « voir » beaucoup plus loin. Cette explication rationnelle n’est guère réjouissante pour Kasparov et la suite du match : Deep Blue serait tellement puissant qu’il pourrait prévoir au moins vingt coups d’avance. Calculer aussi loin dans un jeu complexe comme les échecs relève d’une prouesse qu’aucune stratégie humaine ne peut parer. Kasparov en conclut que ce coup est le signe d’une immense clairvoyance plutôt que d’une maladresse. Il ne gagnera plus aucune des parties suivantes et finira par perdre le match. La défaite retransmise dans le monde entier est hautement symbolique : pour la première fois, le plus haut représentant humain de la discipline s’avoue vaincu face à un ordinateur.
En 2012, l’ingénieur Murray Campbell, revient sur cette partie dans un entretien avec Nate Silver (The signal and the Noise, Nate Silver, The Penguin Press) : « Il y avait quelques problèmes dans le programme de Deep Blue mais il était, pour nous, de plus en plus difficile de les détecter. Dans les premiers stades de la mise au point du programme, on se rendait facilement compte quand il faisait un choix inhabituel. Puis Deep Blue est devenu bien meilleurs que nous et quand il déplaçait une pièce par erreur, nous ne pouvions pas réellement nous en rendre compte.» Et de continuer sur la partie proprement dite : «  Au 44ème coup, un bug s’est produit dans le programme, un bug que nous connaissions et que nous pensions avoir résolu. Incapable de sélectionner le coup suivant par ses algorithmes habituels, Deep Blue a fait appel à une procédure de secours dans laquelle il a choisi un coup complètement au hasard. C’était ça le mouvement inattendu de la tour. Le bug a été sans conséquence pour l’ensemble du match, la première partie était déjà mal engagée et nous l’avons réparé dès le lendemain mais il a largement transformé la perception que Kasparov avait des capacités de notre machine… »
On parle souvent de l’anxiété du champion du monde dans la suite du match et de son abandon un peu trop hâtif lors de la deuxième partie. Il raconte lui-même avoir été très impressionné par la profondeur du jeu développé par Deep Blue lors de son renoncement. Pour Deep Blue, ce bug n’était donc pas une simple erreur de parcours, il est même fort probable qu’il lui ait permis de battre l’homme en exploitant, sans le savoir et par accident, une faille psychologique.

Fort comme un turc mécanique
Vous savez, pour vous mettre au travail sans que vous le sachiez, il y avait des solutions très simples. ReCAPTCHA par exemple : on aidait Google à digitaliser le contenu de livres scannés en retapant une suite de caractères affichés à l’écran. C’était un jeu d’enfant. On l’avait tous fait ou presque, on était plus de 750 millions d’utilisateurs à avoir retranscrit au moins un mot avec ce système. Quand on ouvrait le compte d’une boîte mail, ou qu’on postait un commentaire sur un site, on devait confirmer au programme qu’on était bien un être humain et pas un robot, c’était ça les Captcha. Certains disaient que c’était comme participer au grand tout de l’intelligence collective, la ruche, les abeilles et la somme des parties… La sagesse globale, quoi. Quand on entendait ce genre d’histoires, d’habitude certains se méfiaient mais là, rien. On avait déjà intégré tout ça sans avoir besoin des discours, sans même le besoin d’y croire vu qu’on croyait faire autre chose. Bon, pour ceux qui voulaient quand même être payés, il y avait ce service d’Amazon appelé Mechanical Turk, le turc mécanique, en référence à un automate du XVIIIe siècle censé savoir jouer aux échecs mais en fait actionné par un humain dissimulé à l’intérieur. Grâce à ce service, on pouvait accomplir depuis chez soi une tâche contre un peu d’argent. On pouvait avoir à retranscrire quelques minutes d’enregistrement audio, à traduire quelques paragraphes d’un texte, à aimer des livres ou des sites web, ou encore à analyser des images. Ces tâches n’étaient rémunérées que quelques centimes et il n’était pas rare que ça nous prenne une heure pour les réaliser. Ce genre de marchés était devenu la norme, on utilisait Mechanical Turk pour nous faire travailler à bas prix et des dizaines d’activités pénibles avaient été transformées en jeu pour qu’on travaille sans le savoir. Tout le monde allait dans le même sens de toute façon, en écrivant des articles pour rien qui profitaient à d’autres, ou en distribuant gracieusement des améliorations pour des produits qu’on avait achetés. Là c’est certain, il se tramait quelque chose de très bizarre.

Year of the Goat

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Prise à la hâte en fin de soirée, photos de la fête de lancement de l’année de la Chèvre, en musique et avec huîtres, nems et écrevisses…
On pourrait y appliquer la phrase de Pierre Dac, légèrement modifiée :
« Je songe souvent à la quantité de bœuf qu’il faudrait pour faire du bouillon avec le lac de Genève » deviendrait alors « Je songe ici à la quantité d’écrevisses qu’il faudrait pour faire du bouillon avec le lac Pontchartrain« .

20 février 2014, Mary Queen of Vietnam, près du Village de l’Est – NOLA

La vie de quartier

« Pourquoi ne pas privilégier la dispersion ? Au lieu de vivre dans un lieu unique, en cherchant vainement à s’y rassembler, pourquoi n’aurait-on pas, éparpillé dans Paris cinq ou six chambres ? J’irais dormir à Denfer, j’écrirais place Voltaire, j’écouterais de la musique place Clichy, je ferais l’amour à la poterne des peupliers, je mangerais rue de la Tombe-Issoire, je lirais près du parc monceau, etc. Est-ce plus stupide, en fin de compte, que de mettre tous les marchands de meubles faubourg Saint-Aontoine, tous les marchands de verrerie rue du Paradis, tous les tailleurs rue du Sentier, tous les juifs rue des Rosiers, tous les étudiants au quartier Latin, tous les éditeurs à Saint-Sulpice, tous les médecins dans Harley Street, tous les noirs à Haarlem ? »
Georges Perec (La vie de quartier, Espèces d’espaces).

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Lincoln Beach, 18 fev. 2015

Je vis à Paris
J’enseigne à Lorient
J’expose à Quimper
Je vois mes amis à Lyon
J’aime à la Nouvelle Orléans
Je me retrouve à Briant

La vie est belle quand elle se disperse.

A.F.K., tests de « dessins électriques »

Hier, c’était un peu Noël dans ma boite aux lettres. Une chouette-athénienne et un deuxième paquet d’outils venus du Texas…

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Aujourd’hui, suite des tests pour les dessins à l’encre conductive pour mon projet A.F.K.
Quelques croquis rapides. Tests des différents composants, des LEDs en série et des résistances. Tests avec quelques LEDs dont j’ai coupé les pattes et intégrés aux dessins rapides à l’encre conductrice. Une préférence pour les connexions avec matériaux humains (les doigts!) et des LEDs simples achetées dans un magasins du coin).
Si le stylo que j’utilise a été pensé pour rendre la création de circuits électriques plus simple, il n’en reste pas moins un outil de dessin… autant l’utiliser au maximum de ses deux champs d’actions !
Tests conclusifs, je m’apprête donc à avancer sur les dessins eux-mêmes. Ils tenteront de rendre sensible toutes les info que j’ai pu accumuler pour une critique du post-internet…

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Journée d’étude Géograhies variables à l’EESAB

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Journée d’études le mercredi 4 février 2015 à 9h30

Conférences et présentations
►9h30 – 12h30 :

> Marion Bailly-Salin et Nicolas Desverronières, anciens étudiants, artistes : présentations des propositions finales suite au voyage à la Nouvelle Orléans.

Marion Bailly-Salin  s’intéresse au rapport à l’autre. Rencontrer quelqu’un c’est rencontrer des pensées, une histoire, des expériences. Comment les donner à voir ? Mettre en scène l’autre, révéler des questions, dessiner son rapport à celui-ci et tenter d’effectuer des portraits, parfois même des autoportraits  sont les questions qui traversent son travail.

Nicolas Desverronières produit des fictions à partir des normes et standards de la vie quotidienne fictions. Gratter le vernis, déraciner la moquette, écorcher le plancher et labourer le panneau de particules, constituent divers moyens de produire des fictions : autant de sabotages ludiques réactivant un rapport physique à un monde s’affirmant comme tactile et paradoxalement de moins en moins palpable, de plus en plus lisse.

>Julie Morel, artiste et enseignante à l’EESAB-Lorient : Retour sur le contexte des arts visuels à la Nouvelle Orléans, présentation du projet « Neutral Ground »

« Julie Morel se définit volontiers comme une artiste du net, appréhendé à la fois comme l’espace, l’objet et le média de ses créations. Elle y développe et y ancre le récit de son œuvre, qui se tisse au jour le jour dans les ramifications de ses multiples projets de recherche, de création et de commissariat. »
Transversale, sa pratique est alimentée par une volonté d’interroger les relations quotidiennes qu’entretient l’homme avec la technologie, notamment au travers du langage.
Elle expose régulièrement son travail en France ou à l’étranger, dans des institutions ou des structures indépendantes.
Elle enseigne aujourd’hui à l’EESAB où elle dirige le programme de recherche Géographies variables.

> Karen Dermineur, commissaire d’exposition : Désert numérique , contexte, enjeux et transmission d’un festival en milieux rural

Karen Dermineur est artiste, curatrice d’expositions multimédia, organisatrice d’événements culturels et artistiques, curieuse des relations interpersonnelles via l’interface technologique (entre désir, art et technologies). Elle enregistre les lignes, les couleurs et les sons, conférences, promeut les logiciels libres et réalise des sites Web culturels. Elle a créé le noeud « Upgrade!Dakar » sur l’état de la création numérique en Afrique, et a rejoint Maria Luisa Angulo dans Trias Culture pour promouvoir la création numérique en Afrique. Elle vit et travaille à Dakar (Sénégal). Elle est agelement à l’initiative du festival « Déserts numériques« , qui tous les ans rassemble quarante artistes internationaux dans le contexte unique du village de Saint-Nazaire-le-Désert en Drôme provençale, autour des pratiques artistiques contemporaines et numériques.

 

►14h00 – 16h30 :

> Florent Perrier, chercheur en esthétique et théorie des arts : « Rose X – lignes de l’entrelacement passionnel en Harmonie », présentation sur le paysage autour du phalanstère

Florent Perrier, Docteur de l’Université Paris I, est chercheur associé à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine et aux Archives Walter Benjamin de Berlin. Outre sa thèse sur les rapports entre l’art, l’utopie et le politique à paraître aux éditions Payot dans la collection « Critique de la politique », il prépare un ouvrage consacré aux regards politique et esthétique de W. Benjamin sur l’œuvre de Charles Fourier.

> Cécile Babiole, artiste : présentation du travail de l’artiste

Cécile Babiole est une artiste active dès les années 80, dans le champ musical d’abord, puis dans les arts électroniques et numériques. Elle associe dans ses créations arts visuels et sonores à travers des installations et des performances qui interrogent avec singularité et ironie les médias. De dispositifs performatifs aux dispositifs impliquant le public, elle questionne de plus en plus les technologies et tente d’en transposer de façon détournée les usages normés dans le champ de la création. Cécile Babiole s’approprie un registre machinique et une culture de masse pour en tirer une confrontation entre créativité et déterminisme, usages passés et présents, techniques obsolètes et contemporaines. Son travail a été exposé internationalement : Centre Pompidou Paris, Mutek – Elektra Montréal, Fact Liverpool, MAL Lima, NAMOC Beijing … et distingué par de nombreux prix et bourses.

> Donald Abad, artiste : présentation du travail de l’artiste.

Diplômé et post-diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Donald Abad mène de front, depuis 2003, projets artistiques, résidences d’artistes et enseignements à l’École supérieure d’art et de design d’Amiens, aux Ateliers du Carrousel du Louvre, à l’Académie Charpentier et à l’Université Paris 8.
« Donald Abald explore dans son travail la dualité technologie/nature, deux notions fortes englobant les concepts des nouvelles technologies nomades (GPS, autonomie, temps réel/temps différé, nouveaux territoires de l’information et de la communication), de la performance (au sens artistique et sportif du terme) et du land-art.
C’est un artiste néo-romantique multimédia dans le sens où son exploration des nouveaux média et des technologies nomades n’est jamais le résultat présenté mais le moyen de créer de nouveaux scénarii à raconter sous forme de récits d’aventures vidéo. Ses expériences nourrissent une interrogation sur la place de l’individu face à son environnement ». Texte de Céline Bodin, Catalogue NATURE(S) (2012)

Alchemy

Hier je suis allée écoutée Suzanne Treister à la Gaité Lyrique, lors d’un séminaire organisé par Média-Médium.
Très contente de pouvoir entendre parler Suzanne (avec qui j’ai eu la chance de diner ensuite!). J’ai pensé à Frédéric Bruly Boibré (un art de la cosmogonie), Ad Reinhardt (avec How to look at). Je me suis retrouvée dans ses paroles. En substance : « mon travail ne parle que du réseau, même si formellement il ne se développe plus uniquement dans cet espace ». Je me suis aussi retrouvée dans son plaisir à entretenir son site internet, à y revenir, le façonner petit à petit.
Et puis j’ai pu réellement voir la porté de ce travail immense, tant dans la réflexion sur le monde du « post-surveillance art » (un terme drôle qu’elle a inventer, en réaction au post-Internet, et qu’elle emploie pour décrire son travail : ), que dans la masse de données auquel il donne accès.
Quelques images, de la série Alchemy et Hexen 2 issues de son site internet.

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There are many good things in Texas

Ce matin dans ma boite à lettres, le stylo qui va me servir à faire des tests pour les dessins que je présenterai durant mon exposition A.F.K. qui aura lieu au Quartier Centre d’art en avril-mai.

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Je ne suis pas encore décidée entre la possibilité d’utiliser un stylo ou de la sérigraphie avec de l’encre conductrice. Réponses dans les prochains jours, après quelques tests.
En tout cas, la petite expérimentation rapide de l’encre est convaincante et ouvre plein de possibles !

Athènes

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À Athènes, Kalimera tous les jours – mais quatre jours c’est trop court.
À Athènes, les retrouvailles avec Kat, autour d’un lapin et de dolma, une fois rentrée je continuerai à penser à boubouka.
À Athènes, touristes mais retour tout triste.

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L’art racine

Je participe aujourd’hui à la journée L’art racine, organisée par Yves Chadouët et Sophie Kaplan, dans le cadre de « Battre la campagne » à la Criée centre d’art, Rennes.

La Criée propose deux journées d’études portées par Yves Chaudouët, artiste associé à la saison 2014-2015 Battre la Campagne du centre d’art contemporain. Croisant les champs des arts et des sciences, favorisant des échanges ouverts, elles inscrivent l’art et la recherche à la racine de leurs observations.

Le titre de ces journées, L’Art racine, est inspiré par Barnett Newman, qui écrit : « Il n’y a jamais eu de style classique dans l’histoire. Ceux qui croient en la possibilité du classicisme sont les mêmes pour qui l’art est la fleur de la société plutôt que sa racine* ».
Plasticien, écrivain, metteur en scène et jardinier, Yves Chaudouët partage avec Newman cette approche politique qui ne place pas l’art à la frange décorative ou distractive de la société, mais bien au cœur de ses processus. À ses côtés, chercheurs et artistes interrogent cette forme d’utopie et filent les analogies entre art et vie, entre nature et culture, mais aussi entre recherche scientifique et création artistique.

La possibilité d’un art à la racine de la société existe-elle  ? Placer l’art dès la racine, est-ce de fait affirmer une utopie en conflit avec une autre, où le statut et le rôle de l’art et de la culture ne seraient que divertissement, propagande, chiffres  ?

Quelles sont les questions soulevées si l’on considère la création artistique par le prisme de la nature, si l’on envisage la « culture » par celui de la permaculture, par exemple  ? Quels sont les coïncidences, les problématiques communes, les rapprochements à faire, les enseignements, les perspectives à dénicher  ? Faut-il préserver une « beaudiversité » supposée  ? Quelles sont les conditions de la liberté pour le vivant et la création contemporaine, qu’elle soit scientifique ou artistique  ?

La première journée d’études s’intéressera aux liens entre biodiversité et « beaudiversité », la seconde interrogera l’art et la recherche comme jachères actives.

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Yves Chaudouët, « Vers la terre, vers le ciel », 2005.
Encre sur papier. Courtesy de l’artiste.

Je parlerai lors de ces conférences du contexte artistique expérimenté à la Nouvelle Orléans, qui semble aller dans le sens de « l’art racine », et je présenterai les installations que j’y ai effectué…

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