Archives de mots clés: A.F.K.

Cartographier A.F.K.

J’ai, jusqu’à présent, omis (consciemment) de produire une forme qui montrerait/expliquerait les différentes productions du projet A.F.K.,ainsi que les liens qui existent entres-elles. En effet, je me demandais si montrer tous les liens (plastiques, de causes à effets, thématiques/ problématiques, etc.) ne fermerait pas les propositions. Suite à ma rencontre et discussion avec Sibylle Friche à Chicago au printemps, je me rendue compte qu’un projet qui comportent autant d’occurrences (dans l’espace, sur Internet) et de versions est difficilement accessible pour quelqu’un qui aimerait en envisager la globalité, et qu’il serait intéressant d’avoir un regard qui permettrait de situer une production par rapport à une autre.
Dans le cadre de ma bourse du CNC où je créé un livre, je me suis donc lancée dans des brouillons d’un possible schémas. En voila un.
Je ne suis pas sûre que ce dessin rende le projet A.F.K. moins obscur pour quelqu’un qui ne le connait pas… mais il pourrait servir comme boussole, lors d’une exposition, pour ceux qui ne connaissent pas le projet. Il a également l’avantage « d’activer » mon esprit quand aux interactions entre les différentes propositions.
À ce jour j’ai produit une quinzaine de propositions reliées entre-elles. Chacune étant elle-même déclinée en une ou plusieurs versions.

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Julieta Aranda, James Fuentes et Bitforms

Quelques photos de Temporary Highs, l’exposition en cours chez Bitforms, quelques belles pièces assemblées par Lindsay Howard, notamment Daisy, de Pascual Sisto, une vidéo de utilisant des images trouvées sur internet (souvent superposées à du harware), qui oscillent entre onirisme et images cliniques de type « photo library » trouvées sur Internet. La vidéo nous montre une relation à la technologie et à ses objets plutôt « humaine » : entre fascination et anthropomorphise, mais la facture et le rythme, eux, sont mécaniques.

btf3 btf4 btf5 btf1Daisy, Pascual Sisto :bft2Mais de toutes les galeries visitées la semaine dernière à New York, l’exposition « Swimming in Rivers of Glue (an exercise in counterintuitive empathy)« , de Julieta Aranda, à la galerie James Fuentes a probablement été la plus intéressante que j’ai vue. (Il est bien sur toujours plus difficile de faire une exposition de groupe plus intéressante et plus en profondeur qu’une exposition solo bien sur, et la majorité des expositions que j’ai pu voir étaient de groupe).

L’exposition de Juliera Arand est donc une exposition personnelle qui présente un ensemble de pièces qui entrent en relation les unes avec les autres de façons cohérentes. Elles se questionnent et répondent les unes les autres, jouent sur différents formats et plans (horizontaux, verticaux), avec notamment les petits éléments en céramiques moulés (sur un modèle de formes développées pour empêcher les sans-abris de s’assoir et de se coucher, à Londres) qui sont installés de façon à ce que la navigation dans l’espace (une seule grande salle) soient fluides – ce qui n’empêche pas d’être « dirigé ».
De même, chaque pièce peut être à la fois envisagée, seule, pour ce qu’elle est, mais aussi en relation avec celles qui l’entourent . Dans ce cas là, le détournement de plusieurs standards de formes (les piques utilisés sur le haut d’un mur pour empêcher les pigeons de se poser, des tessons de bouteilles, forme artisanale mais dont la fonction est là même – pour des humains, etc.), prolongé par des éléments plus technologiques, rend le message et la dystopie annoncée assez clairs.

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(couleurs de certaines photos non-contractuelles – la galerie étant dans une dominante de couleur !)

Post-Internet clothes (Manus X Machina)

Cette exposition au MET, présente une sélection de pièces (du 2Oe siècle ou très contemporaines) de couturiers où la technique de la main ou de la machine participent de la création.

– Givenchy (Riccardo Tisci) :
g1 g2– Iris Van Herpen :
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– Hussein Chalayan :
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– Christopher Kane :
c3  – Comme des garçons (Junya Watanabe) :
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– Miyake Design Studio :

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– Nina Ricci :
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– Gareth Pugh :
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– Paul Poiret :
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– Thom Browne :
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– Threeasfour :
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Sculptures « photoshopées »

Photos des essais réalisés en céramique, avec l’expertise et l’aide d’Odile Landry (artiste et enseignante en céramique à l’Eesab).
Mon idée première était de pouvoir reproduire une perruque en cheveux bouclés noirs (celle qui avait servit pour mon exposition A.F.K.) et d’en offrir une nouvelle version en céramique. Je voulais que l’aspect extérieur (noir) et intérieur (blanc) donnent deux points de vue différents : d’un côté quelque chose de naturel, à l’aspect plutôt souple, et de l’autre quelque chose d’artificiel et de plus figé.
Techniquement, reproduire la finesse des cheveux en porcelaine est quasi impossible, mais nous avons décidé que nous devrions essayer, expérimenter et nous adapter au matériau, ses possibilités et ses limites.
Après avoir mis au point les émaux qui me satisfaisaient en terme de couleurs (noir, avec un ton très légèrement chaud, mat, par trop métallique, couvrant et qui laissait la terre en dessous bien blanche…), nous avons travaillé par couches successives : une barbotine est projetée au pistolet sur la perruque, on laisse sécher et l’on recommence jusqu’à avoir une couche suffisamment épaisse (pour supporter la cuisson). On applique ensuite l’émail au pistolet et l’on cuit.
Les premiers tests m’ont très rapidement portés dans une autre direction, car si la question de l’artificiel y persistait, la forme produite, elle, s’éloignait de mon intention de départ. En revanche cette forme me paraissait plus proche de certaines questions que je me pose avec le projet A.FK, notamment la transformation d’un fichier (d’une image) sur un ordinateur, et dans le cas de ce que j’avais sous les yeux, une ressemblance frappante à une image transformée par un filtre photoshop.
Les filtres photoshop sont l’image de la platitude, le mauvais genre de la photo. L’effet. Que ce soit l’ « anti-aliasing », l’effet « solarisation », le « contour lumineux », la mauvaise utilisation du lasso de sélection, etc, le résultat est souvent tout de suite reconnaissable comme étant produit par un filtre. Une image facile, autant séduisante que repoussante.
Mes premiers tests m’ont fait penser aux filtres photoshop, transformant immédiatement un objet en trois dimensions en une image connotée.
J’ai décidée de suivre cette piste et de produire une « sculpture-image ».

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Villa Médicis Hors les murs / Fulbright

2016. Nouvelle année, bonnes nouvelles.
Je suis lauréate, pour mon projet A.F.K., du programme de l’institut français la Villa Médicis Hors les Murs, et je partirai donc à New-York, Chicago et la Nouvelle-Orléans en milieu d’année.

Je suis également lauréate de la bourse américaine Fulbright, « Scholar in Residence » qui me permettra de passer ensuite une année à faire des recherches pour A.F.K. et enseigner les pratiques éditoriales à Loyola University à la Nouvelle-Orléans.

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See you there! :)

A.F.K. au Quartier centre d’art

Photos de l’exposition A.F.K., au Quartier Centre d’art (Quimper), du 17 avril au 17 mai 2015.
Cette exposition a été accompagnée d’une conversation, le 7 mai 2015, dans l’espace d’exposition, avec Karine Lebrun, et d’une programmation « vidéo-hacking » durant la nuit des musées.

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Crédits photos : Dieter Kik, Mathieu Roquet et Julie Morel.

Liste des pièces.

Murs de droite à gauche

Mur 1
• Empty your Mind (2014).
Vidéo de 40mn environ. D’après un extrait de 2mn36 de The Lost Interview (9 décembre 1971). Vidéo ajoutée le 30 mai 2014 par Jodorowsky’s Dune.
• Conversation, version papier (2014).
Impressions A4 en couleur, montages/recadrages d’images. D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh.

Mur 2
• Conversation, version papier (2014) – suite.
Impressions A4 en couleur et montages/recadrages d’images. D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh. http://tchatchhh.com
• Dessin électrique #1 – TOR (2015).
Dessin à l’encre conductrice argent, LEDs, système électrique. Dimensions : 65 x 50 cm.

Porte
• Fantôme #2 (2014).
Impression jet d’encre sur papier dos bleu. Dimensions : 9 x 50 cm. D’après la photo d’une perruque en cheveux naturels noirs, posée sur une table de l’exposition A.F.K. #1
(Bordeaux, avril 2014).

Mur 3
• Dessin electrique #1 – A.F.K. (2015).
Dessin à l’encre conductrice argent, LEDs, système électrique. Dimensions : 65 x 50 cm.

Mur 4
• DarkNet (Alphabay), DarkNet (blackBank), DarkNet (Evolution), DarkNet (Majestic), DarkNet (Middle Earth) – (2015).
Série de 5 filets synthétiques pour perruques. Dimensions : 9 x 50 cm. Visualisations des statistiques de connexion de cinq des plus grands sites de marché noir en ligne à la date du 1er janvier 2015, entre 15 et 16 heures.

Dans l’espace
• Manifeste (2014-15).
Cheveux humains sur papier bristol. Caisse américaine. Dimensions : 65 x 45 cm.

Table (dimensions 120 x 60 x 80 cm)  et angle du mur
• Fantôme #3 – L’image-objet Post-Internet, une version (2014).
Impressions sur papier blanc. (50 ex.). Traduction du texte anglais The Image Object Post-Internet d’Artie Vierkant.
• Empty your Mind (2014).
Un poster N&B, format A2 (tirage original 500 ex.).
• Crawling Through the Night Sotfly (My Burden) (2013).
Une carte postale (tirage original 500 ex.). Éditée dans la collection Save the Date, Ultra Éditions (Brest).
• Con/vers(at)ion, (2014).
Impressions A4 en couleur. (50 ex.). D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh.
• A.F.K., entretien (2014).
Un dépliant 30 x 30 cm. (tirage original 100 ex.).
Entretien entre Julie Morel et Camille de Singly, Rodolf Delcros, Elodie Goux, Léna Peynard et Elsa Prudent, réalisé les 26 et 27 mars 2014.
• Version papier (2015).
Journal de 16 pages couleurs (tirage original 50 ex.).

Bandes sons
• Empty your Mind (2014). Durée 40mn.
Bande son de la vidéo Empty your Mind (2014).
• Rio (2014-2015). Durée variable.
Version par David Bideau, d’après la playlist GotaloNia Songtrack et la bande son de la vidéo Empty your Mind.

Off-Shore (bureau situé au dessus de l’espace d’exposition.
• Void (2010). Dessin à l’encre noir, issu de la série Organ. Dimensions : 82 x 45 cm (encadré).

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A.F.K., exposition au Quartier centre d’art, Quimper

Exposition du 18 avril au 17 mai 2015, Project room du Quartier.
Vernissage : vendredi 17 avril à 18h30

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Commencée en 2013, cette recherche plastique s’attache à explorer les conditions de production d’objets artistiques produits à l’époque du post-internet, celle de la prolifération du réseau.
A.F.K., acronyme de Away From Keyboard – loin du clavier – renvoie à ces moments où les internautes sont loin de l’écran et laissent un message pour marquer leur absence aux autres. Choisir ce titre, c’est s’attacher à explorer les conditions d’une pratique artistique à l’époque du post-Internet : envisager les œuvres d’art sous des modalités de versions plutôt que de séries, de flux plutôt que d’œuvres matrices et d’occurrences se référant à celles-ci, d’absence plutôt que de matérialités systématiques.
Développée tour à tour dans divers lieux (galeries, internet) et supports (électroniques, éditions papier, dessins, dispositifs et installations), cette investigation se figera le temps d’une exposition dans l’espace du Project Room du Quartier avant de réintégrer un état non-formalisé.

http://www.le-quartier.net/Julie-Morel

A.F.K., test pour un manifeste

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Tests rapides de lettres/mots écrits avec des cheveux, qui serviront pour le manifeste que je suis en train d’écrire pour le projet A.F.K.
Les supports définitifs seront blancs. Je suis en train de faire différents essais (papier type bristol, carton plume autocollant, chromolux, verre, …) pour voir ce qui conviendra le mieux. La difficulté principale étant que tous ces supports s’usent et se tâchent très vite quand on travaille avec de la colle.
Et puis quelques schémas pour l’organisation potentiel de l’exposition à venir.
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Et hypermoderne, un texte de Julien Prévieux, que j’affectionne particulièrement, et copié depuis son site.

Hypermoderne
Julien Prévieux
The Chessroom, Editions Montgolfier, 2013
Le débutant
Le mat du débutant est le mat le plus rapide du jeu d’échec. Il suffit d’un peu moins de trois coups pour l’accomplir : cinq demi-coups et la partie est terminée. On peut le réaliser du côté des blancs, comme du côté des noirs. La partie débute avec les blancs qui jouent un pion en e4 pour prendre possession du centre de l’échiquier. Les noirs répliquent avec le déplacement d’un pion de la position f7 à la case f5. Ils libèrent la diagonale du roi qui n’est plus protégé. On l’aura compris, dans cette partie, ce sont les noirs qui jouent le rôle du débutant. Ensuite, c’est très simple et tout va très vite, les blancs jouent un second pion en d4. Il s’agit d’un exemple, ce coup n’a pas vraiment d’importance. On aurait tout aussi bien pu jouer le cavalier en c3 ou placer notre fou en e3. Il faut simplement faire attention à ne pas interrompre la diagonale croisant celle libérée par le premier pion noir. C’est au tour des noirs de jouer, ils déplacent un pion en g5 laissant leur roi totalement à découvert. Il ne reste plus alors qu’à placer notre dame blanche en h5 pour attaquer le roi noir. Sa seule possibilité de fuite est f7, mais le coup est impossible puisqu’il serait à nouveau mis en échec par la reine. Le cavalier et le fou noirs ne peuvent pas s’interposer. Echec et mat.

La partie du siècle
New York, octobre 1956 : le tournoi d’échec du Rosenwald Memorial rassemble quelques-uns des meilleurs joueurs des Etats-Unis. Un jeune adolescent du nom de Robert James Fischer est invité à concourir. Cette même année, Robert a remporté le championnat junior des Etats-Unis mais il est loin d’attirer l’attention dans ce tournoi : ses premiers résultats sont médiocres, il n’a encore gagné aucune partie et, avec son t-shirt rayé et sa coupe en brosse, il a vraiment l’air d’un enfant.
A la 8ème ronde, Robert est opposé à Donald Byrne, l’un des meilleurs joueurs américains de l’époque. Byrne est un maître international de vingt-cinq  ans portant costume sombre, lunettes et cheveux noirs. Il fume beaucoup. Son style de jeu très agressif lui a notamment valu une belle victoire dans l’US Open. Robert a étudié les parties de Byrne dans les magazines et il choisit d’entamer le jeu en déployant une ouverture inhabituelle, la « défense Grünfeld ». Robert en maîtrise les grandes lignes mais il est loin d’en connaître toutes les subtilités, et il est rapidement contraint d’improviser. Il se ronge les ongles, se frotte le front, il hésite beaucoup. Byrne est confiant, il vient tout juste de l’emporter face à Samuel Reshevsky, le grand maître le plus renommé de cette compétition. Au dixième coup, le jeu de Byrne est bien développé et il contrôle parfaitement le centre de l’échiquier. Au onzième, Robert tente le sacrifice de son cavalier pour reprendre l’avantage. Les commentateurs ne comprennent pas ce mouvement inattendu mais Byrne voit clair dans la stratégie de son adversaire. Cette pièce offerte est un piège qui le conduirait à perdre du terrain si ce n’est la partie. Au coup suivant, Robert tente à nouveau cette stratégie mais Byrne décline à nouveau. La partie est tendue, la rumeur de l’audace des derniers coups de Fischer fait le tour de la salle. Les deux joueurs sont maintenant au centre de l’attention et le dix-septième coup va rendre la partie légendaire. Robert envisage la possibilité singulière de l’emporter en sacrifiant sa reine déjà en danger. Ce choix va à l’encontre de toutes les stratégies habituelles. La reine est une pièce à sauvegarder le plus longtemps possible car jouer sans elle est souvent synonyme de défaite. Au lieu de la protéger coûte que coûte, Robert prend le risque de la perdre en contre-attaquant avec un fou, pour mieux redistribuer les positions. Byrne la prend. Les autres pièces de Robert vont agir de concert dans les mouvements qui suivent : le cavalier vient protéger la tour qui va sécuriser le fou tout en forçant la dame de Byrne à prendre un pion par gourmandise. Sa dame est désormais très mal placée, loin de son roi, à l’opposé de l’échiquier. Robert, quant à lui, vient de prendre une tour, deux fous et un pion. Il a pris le dessus. Les spectateurs commencent à saisir ce qui se déroule sous leurs yeux : aussi fou que cela puisse paraître, Donald Byrne est en train de perdre face à un inconnu de treize ans. Robert met à nu le roi blanc et provoque une série d’échecs qui aboutissent à un échec et mat sans appel. Il est minuit, l’arbitre et les spectateurs sont médusés. C’est le début de l’histoire du mythique et très controversé champion, Bobby Fischer.

Bleu profond
Les informaticiens se sont intéressés à la programmation d’ordinateurs jouant aux échecs dès le début des années 50. Au milieu des années 80, Feng-Hsiung Hsu, étudiant de troisième cycle à l’Université Carnegie Mellon, débute une thèse sur le sujet. Avec un certain Murray Campbell, il conçoit une machine à jouer intitulée Chip Test. En 1989, les deux jeunes diplômés sont embauchés par IBM pour poursuivre leurs expériences avec l’aide d’une équipe de programmeurs. Le projet porte le nom de code Deep Thought puis Deep Blue. Une première rencontre entre leur machine et le champion du monde Garry Kasparov est organisée en 1996. Kasparov remporte facilement le match en six parties avec un résultat sans appel : 4-2. Kasparov accepte une revanche l’année suivante mais le nouveau challenge sera une toute autre histoire.
Au début de la première partie contre un nouveau Deep Blue plus rapide et perfectionné, Kasparov développe immédiatement une stratégie consistant à empêcher la machine de faire appel à sa fabuleuse mémoire pour l’emmener hors des sentiers battus, loin de l’approche statistique dans laquelle elle excelle. Les ordinateurs ont été pendant longtemps médiocres lors de l’ouverture, la première phase de jeu. Les capacités de calcul les plus phénoménales ne servent pas à grand-chose quand la situation est vierge et totalement ouverte. Les joueurs humains font appel à leur expérience et commencent par un coup généralement admis comme l’un des meilleurs possibles. Logiquement, les programmeurs d’IBM ont doté Deep Blue d’une base de données contenant des centaines de milliers de partie d’échecs pour combler ces lacunes à l’ouverture. Ils ont étudié le nombre de fois que ces séquences ont été jouées, quel était le classement du joueur, combien de fois ces déplacements avaient abouti à des victoires, des défaites, des matchs nuls… En 1997, et selon les dires d’IBM : « Kasparov ne joue plus seulement contre un super-ordinateur mais contre les fantômes des grands maîtres du passé ».
Kasparov ouvre la partie avec son cavalier mais de manière inattendue, il ne le déplace pas quand Deep Blue vient le menacer. En trois coups, Kasparov vient de rendre l’énorme base de données inutile, et Deep Blue doit penser par lui-même. La partie évolue sans grande surprise, l’ordinateur ne commet pas d’erreur flagrante mais ses coups sont mécaniques, attendus et sans aucune vision stratégique. L’avantage des ordinateurs est leur vitesse de calcul : en milieu de partie, lorsque les pièces sont déployées sur l’échiquier, analyser l’ensemble des possibilités des trois coups suivants revient à traiter des milliards de possibilités. Un travail d’une vingtaine de secondes pour Deep Blue et de plus de quarante ans pour Kasparov… Mais si les programmes de jeu d’échec nous surpassent dans l’approche tactique, en prévoyant très bien les quelques coups à venir, ils ont d’énormes difficultés à envisager la dimension stratégique du jeu. Ils ne disposent pas d’une vision d’ensemble de la partie et ont du mal à saisir les conséquences profondes de certains coups contre-intuitifs comme le sacrifice d’une pièce. Dans la première partie, lorsque Kasparov offre une tour à Deep Blue en l’échange d’un fou, Deep Blue s’engouffre dans la brèche et la prend machinalement. L’ordinateur vient tout simplement de comparer les valeurs des pièces en présence sans prendre en compte la position des simples pions de Kasparov qui menacent son roi mal protégé. Treize coups plus tard, Deep Blue perd cette partie en demi-teinte, mais le final réserve une étonnante surprise qui va définitivement perturber Kasparov pour la suite du match et bouleverser l’histoire.
Lorsqu’arrive la fin de partie, Deep Blue fait un choix très étrange. Pour le 44ème coup, il positionne sa tour dans la première ligne des blancs plutôt que dans une position conventionnelle qui aurait mis Kasparov en position d’échec. Les commentateurs s’interrogent, que s’est-il passé dans le programme ? Le mouvement de Deep Blue est un non-sens complet au moment où il est assailli de toute part, Deep Blue choisit littéralement de passer son tour et permet à Kasparov d’avancer un pion dans la deuxième ligne adverse, le rapprochant encore un peu plus de la possibilité de récupérer sa reine. Encore plus incompréhensible, Deep Blue se retire brusquement du jeu le tour suivant en s’avouant vaincu. Comment un ordinateur peut-il commettre un tel abandon ? La partie se déroulait mal pour la machine mais la possibilité d’un match nul n’était pas écartée. Le soir-même, dans sa chambre du Plaza Hotel, Kasparov et son expert en informatique décortiquent la partie. A l’aide d’un programme de jeu d’échec, ils vont rejouer tous les coups et poursuivre le jeu au-delà du renoncement inexpliqué de l’ordinateur. Ils découvrent que l’hypothèse du déplacement de la tour pour mettre en échec Kasparov était un choix sans suite, l’ordinateur aurait été échec et mat de toute façon. Seulement cette défaite ne se serait concrétisée que vingt coups plus tard, et c’est là que réside tout le problème. Cet ordinateur, dont les capacités de prédiction sont annoncées comme limitées à six ou huit coups, peut donc « voir » beaucoup plus loin. Cette explication rationnelle n’est guère réjouissante pour Kasparov et la suite du match : Deep Blue serait tellement puissant qu’il pourrait prévoir au moins vingt coups d’avance. Calculer aussi loin dans un jeu complexe comme les échecs relève d’une prouesse qu’aucune stratégie humaine ne peut parer. Kasparov en conclut que ce coup est le signe d’une immense clairvoyance plutôt que d’une maladresse. Il ne gagnera plus aucune des parties suivantes et finira par perdre le match. La défaite retransmise dans le monde entier est hautement symbolique : pour la première fois, le plus haut représentant humain de la discipline s’avoue vaincu face à un ordinateur.
En 2012, l’ingénieur Murray Campbell, revient sur cette partie dans un entretien avec Nate Silver (The signal and the Noise, Nate Silver, The Penguin Press) : « Il y avait quelques problèmes dans le programme de Deep Blue mais il était, pour nous, de plus en plus difficile de les détecter. Dans les premiers stades de la mise au point du programme, on se rendait facilement compte quand il faisait un choix inhabituel. Puis Deep Blue est devenu bien meilleurs que nous et quand il déplaçait une pièce par erreur, nous ne pouvions pas réellement nous en rendre compte.» Et de continuer sur la partie proprement dite : «  Au 44ème coup, un bug s’est produit dans le programme, un bug que nous connaissions et que nous pensions avoir résolu. Incapable de sélectionner le coup suivant par ses algorithmes habituels, Deep Blue a fait appel à une procédure de secours dans laquelle il a choisi un coup complètement au hasard. C’était ça le mouvement inattendu de la tour. Le bug a été sans conséquence pour l’ensemble du match, la première partie était déjà mal engagée et nous l’avons réparé dès le lendemain mais il a largement transformé la perception que Kasparov avait des capacités de notre machine… »
On parle souvent de l’anxiété du champion du monde dans la suite du match et de son abandon un peu trop hâtif lors de la deuxième partie. Il raconte lui-même avoir été très impressionné par la profondeur du jeu développé par Deep Blue lors de son renoncement. Pour Deep Blue, ce bug n’était donc pas une simple erreur de parcours, il est même fort probable qu’il lui ait permis de battre l’homme en exploitant, sans le savoir et par accident, une faille psychologique.

Fort comme un turc mécanique
Vous savez, pour vous mettre au travail sans que vous le sachiez, il y avait des solutions très simples. ReCAPTCHA par exemple : on aidait Google à digitaliser le contenu de livres scannés en retapant une suite de caractères affichés à l’écran. C’était un jeu d’enfant. On l’avait tous fait ou presque, on était plus de 750 millions d’utilisateurs à avoir retranscrit au moins un mot avec ce système. Quand on ouvrait le compte d’une boîte mail, ou qu’on postait un commentaire sur un site, on devait confirmer au programme qu’on était bien un être humain et pas un robot, c’était ça les Captcha. Certains disaient que c’était comme participer au grand tout de l’intelligence collective, la ruche, les abeilles et la somme des parties… La sagesse globale, quoi. Quand on entendait ce genre d’histoires, d’habitude certains se méfiaient mais là, rien. On avait déjà intégré tout ça sans avoir besoin des discours, sans même le besoin d’y croire vu qu’on croyait faire autre chose. Bon, pour ceux qui voulaient quand même être payés, il y avait ce service d’Amazon appelé Mechanical Turk, le turc mécanique, en référence à un automate du XVIIIe siècle censé savoir jouer aux échecs mais en fait actionné par un humain dissimulé à l’intérieur. Grâce à ce service, on pouvait accomplir depuis chez soi une tâche contre un peu d’argent. On pouvait avoir à retranscrire quelques minutes d’enregistrement audio, à traduire quelques paragraphes d’un texte, à aimer des livres ou des sites web, ou encore à analyser des images. Ces tâches n’étaient rémunérées que quelques centimes et il n’était pas rare que ça nous prenne une heure pour les réaliser. Ce genre de marchés était devenu la norme, on utilisait Mechanical Turk pour nous faire travailler à bas prix et des dizaines d’activités pénibles avaient été transformées en jeu pour qu’on travaille sans le savoir. Tout le monde allait dans le même sens de toute façon, en écrivant des articles pour rien qui profitaient à d’autres, ou en distribuant gracieusement des améliorations pour des produits qu’on avait achetés. Là c’est certain, il se tramait quelque chose de très bizarre.

A.F.K., tests de « dessins électriques »

Hier, c’était un peu Noël dans ma boite aux lettres. Une chouette-athénienne et un deuxième paquet d’outils venus du Texas…

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Aujourd’hui, suite des tests pour les dessins à l’encre conductive pour mon projet A.F.K.
Quelques croquis rapides. Tests des différents composants, des LEDs en série et des résistances. Tests avec quelques LEDs dont j’ai coupé les pattes et intégrés aux dessins rapides à l’encre conductrice. Une préférence pour les connexions avec matériaux humains (les doigts!) et des LEDs simples achetées dans un magasins du coin).
Si le stylo que j’utilise a été pensé pour rendre la création de circuits électriques plus simple, il n’en reste pas moins un outil de dessin… autant l’utiliser au maximum de ses deux champs d’actions !
Tests conclusifs, je m’apprête donc à avancer sur les dessins eux-mêmes. Ils tenteront de rendre sensible toutes les info que j’ai pu accumuler pour une critique du post-internet…

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There are many good things in Texas

Ce matin dans ma boite à lettres, le stylo qui va me servir à faire des tests pour les dessins que je présenterai durant mon exposition A.F.K. qui aura lieu au Quartier Centre d’art en avril-mai.

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Je ne suis pas encore décidée entre la possibilité d’utiliser un stylo ou de la sérigraphie avec de l’encre conductrice. Réponses dans les prochains jours, après quelques tests.
En tout cas, la petite expérimentation rapide de l’encre est convaincante et ouvre plein de possibles !

Croisement

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Ce matin, je me suis rendue une nouvelle fois au musée de The Historic New Orleans Collection, un des partenaires qui m’aide à mettre en place le projet Neutral Ground. Ce musée retrace l’histoire de la Nouvelle-Orléans, avec des pièces historiques incroyables. Mais cette fois ci, mon attention a été retenue par un objet que je n’avais pas vu la première fois : un travail de cheveux. Ici l’appellation est autre et vient du français : une immortelle, un mot qui met l’emphase sur la symbolique du résultat plus que sur le labeur lié au matériau. (je confirme que travailler des cheveux n’a rien de facile, mais j’aime néanmoins cette appellation qui pourrait être organique, presque un nom de fleur).

Depuis mon exposition à Bordeaux en début d’année, je fais des recherches sur ces objets. Je veux en effet mettre en Å“uvre un travail de cheveux de grand format pour le second volet de cette exposition (A.F.K.), qui aura lieu au printemps au Quartier centre d’art, Quimper.
Cette éruption d’un projet dans l’autre m’a fait plaisir, un clin d’Å“il à une recherche que j’ai du mettre entre parenthèse un temps, et qui ressurgit à un endroit où je ne m’y attendais pas.

Ici deux immortelles étaient exposés, l’un dans un cadre en verre traditionnel de ces travaux (ovale), et l’un, un peu plus grand, dans un cadre carré. Mais la Collection historique de NOLA en possède un dizaine, que j’irai consulter dès demain.

immortelle1« Ici repose mon père », 1800 -  Human hair on glass

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St. Cyr and Lacoste Family immortelle, 1836 – Human hair, paint on ivory, wood

Conversation

Cette semaine, je corresponds avec Karine Lebrun par le biais de son site internet, pour prolonger la recherche A.F.K. dont l’exposition éponyme à lieu à Bordeaux.
La conversation commence par ce billet :

Conversation avec Julie Morel du 14 au 30 avril 2014
Par karine, dimanche 13 avril 2014 à 14:41 :: Julie Morel

Ton exposition A.F.K (Away From Keyboard) a lieu en ce moment à Bordeaux.
Tu m’as dit qu’elle n’était qu’une étape. Qu’elle faisait partie d’un ensemble que tu projetais de mettre en Å“uvre en vue de matérialiser tes recherches en cours.
Même si une exposition peut se déployer en plusieurs temps, s’inscrivant dans une série, elle présente généralement des Å“uvres achevées. Ton projet semble différent et ouvrir l’espace d’exposition au processus de recherche dans sa dimension la plus incomplète, sans pour autant négliger la mise en forme de tes idées que tu livres ainsi au public de la galerie, mais en risquant aussi de décevoir un certain nombre de visiteurs.
La forme de ton projet résulte de l’observation qu’un objet, artistique ou non, fluctuant et/ou même flottant entre ces deux statuts, génère aujourd’hui plusieurs versions produites, diffusées et réceptionnées par toute la panoplie de l’appareillage numérique. Ce que tu expliques ici : http://incident.net/users/julie/wordpress/?p=6466
Je t’invite donc à partager et à poursuivre cette réflexion le temps de ton exposition.

A.F.K. – Photos de l’exposition

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1er espace, grand espace sur la rue :

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2e espace, petite salle côté cour :

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Entrée :

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Cette exposition n’aurait pas été possible sans l’aide et les discussions avec :
Camille De Singly & Elodie Goux, Étienne Cliquet, Keren Detton, Cécile Babiole, Karine Lebrun, Manuel Schmalstieg & Greyscale Press, Rodolphe Delcros, Ann Guillaume, Brigitte Mahon. Ainsi que : David Bideau pour sa version sonore de « Rio », Anne Gendrin pour son aide sur la traduction de « L’image-objet Post-Internet », ainsi que Léna Peyrard et Elsa Prudent – assistantes sur l’exposition.
Merci !

A.F.K., suite

En vrac, pour mémoire, quelques photos de la semaine à Bordeaux. La galerie, repérage des lieux, quelques essais, et la conférence, et puis quelques croquis/images de ce qui vient. L’exposition s’assume de plus en plus comme une étape de travail. Un moment d’une réflexion en cours, matérialisé dans l’espace de la galerie.
Elle s’envisage plus comme le fait de révéler des « relations d’absences » que la mise en relation de différents éléments entre eux.
Les objets (ex)posés fonctionneront comme le fantôme dans le monde des archives*. Ils représentent les œuvres absentes, déplacées, et leurs formes traduisent littéralement le caractère de ces relations d’absences : obscures, en surimpression. Ils convoquent (à l’inverse d’une citation qui renverrait vers l’original), invitent à entrevoir les multiples versions, manquantes, auxquels ils sont déjà liés ou seront liés.
Des copies de ces fantômes, stockées dans le petit espace contigu à l’espace principal, seront destinées à être emportées, déplacées, à nouveau, hors de l’espace d’exposition.
La somme de toutes ces copies mises à disposition pourraient constituer une pièce en tant que telle. Une pièce inachevée, à prolonger devant son ordinateur, par des recherches sur Internet.

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* Fantôme
Dans le monde des Archives, on a coutume de laisser un morceau de papier à la place du document emprunté et monté en salle de lecture. Cette représentation de l’objet déplacé s’appelle un « fantôme ».

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Magik mug

Reçue aujourd’hui, la magik mug commandée sur internet.
Une magik mug est une tasse customisée que l’on trouve sur les sites d’impression photo. La tasse, c’est un pur produit de la culture internet, c’est l’objet présent sur chaque table, à côté de l’ordinateur connecté.
Lamagik mug, de couleur noir au départ, révèle son image lorsqu’on verse un liquide chaud dedans.
C’est un test pour le projet AFK et je me demande si cela ne serait pas possiblement le seul objet présent dans l’espace d’exposition.. (comme test, j’ai fais faire une tasse avec un écran TV de Chris Burden).
On devine un peu l’image imprimé en monochrome noir sur le fond noir, et si au premier coup d’Å“il cela me dérangeait, après réflexion je me dis que ce pourrait être une contrainte de travail intéressante.
Le résultat lorsque l’on met un liquide est par contre vraiment impressionnant.

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Remake

Un superbe mémoire de DNSEP par Raphaële Bezin, étudiante à Cergy.

Extrait de la vidéo… Mon passage préféré car il tombe aux moments même de certains questionnements abordés par l’exposition « A.F.K », à venir – à savoir est-ce qu’une pratique post-internet art est un simple prolongement, une simple accélération du détournement/filiation ou bien est-ce que ce paradigme est complétement remis en cause par le flux et le caractère discret du numérique – ce que je crois finalement

« Claude Levi-Strauss : les artistes bricoleurs se retrouvent face à ensemble d’objets hétéroclites qu’ils interrogent pour comprendre et imaginer ce que chacun d’eux pourrait signifier. Chaque élément représente un ensemble de relations à la fois concrètes et virtuelles, ce sont des opérateurs. La particularité de ces objets est qu’ils ont déjà servis et les possibilités de leur ré-emploi demeurent toujours limitées par ce qui subsiste en eux de cette histoire passée. Leur usage originel fait d’eux des éléments pré-contraints et ouvrés ; ils ont donc été travaillés par un précédent auteur qui leur a attribué une signification précise et soumise à l’Å“uvre qu’il réalisait. Le second auteur s’affairera ainsi à démonter cet ensemble de signification afin d’en créer de nouvelles.
Yann Beauvais et J-M Bouhour confirment, les deux lois fondamentales de détournement sont :
– la perte d’importance allant jusqu’à la déperdition du sens premier de chaque élément autonome détourné,
et en même temps
– l’organisation d’un nouvel ensemble signifiant qui confère à chaque élément sa nouvelle portée. »

 

AFK. Des catalogues raisonnés de l’absence

 

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Extrait des Unités perdues :
 » To S.A. », initiales d’un nom perdu, en dédicace de The Seven Pillars of Wisdom, de T.E. Lawrence –

et aussi :
 » Dorothy Parker a été incinérée en 1967 (l’épitaphe suggérée par Dottie « pardon pour la poussière ») ; l’urne est restée aux pompes funèbres jusqu’en 1973, date à laquelle elle atterrit chez le notaire qui la remisa dans un tiroir, où on l’oublia jusqu’en 1988 – Après vingt esquisses, Pablo Picasso renonce à faire le portrait d’Helena Rubinstein – Le récit érotique Histoire d’une fille de Vienne racontée par elle-même (1906) est signé du pseudonyme Josefine Mutzenbacher ; l’hypothèse fut avancée qu’il s’agissait de l’auteur de Bambi (1929), mais les preuves manquent – Jules Verne détruit toutes ses archives personnelles avant de mourir ; il craignait, semble-t-il, que soient révélés après sa mort, ses penchants homosexuels et anarchistes – Le père d’Egon Schiele, chef de gare à Tulln, mit le feu, un jour de colère, à tous les dessins de son fils représentant des voitures de chemin de fer – Pendant la crise de 1929, Howard Fast s’installe dans le Sud des États-Unis ; de cette expérience il tire six romans, en détruit cinq, publie le sixième à moins de 19 ans, Two Valleys – En 1940 la Gestapo met à sac l’appartement parisien de Saint-John Perse et détruit ses manuscrits – Chemin de Sèvres de Corot, disparu du Louvre en 1998, n’a jamais été retrouvé – En 1945 le photographe japonais Koji Inoué, sourd, perd ses négatifs dans un bombardement qu’il n’a pas entendu – James Joyce et John Milton ont écrit leurs chefs-d’œuvre en perdant la vue, Finnegan’s wake et Paradise Lost – La première Nana de Niki de Saint Phalle ; introuvable depuis sa mise en dépôt au Centre Georges-Pompidou, détruite sans doute par inadvertance »…

sans

Le premier chapître D’artistes sans Å“uvres s’appelle : « Publier ou non son cerveau »…