Archives de mots clés: Résidence

Fulbright à Loyola University, Nouvelle-Orléans

Je suis, grâce à la Fondation Fulbright, un « Scholar in Residence » à l’Université Loyola à la Nouvelle-Orléans. Arrivée depuis 3 semaines, j’y resterai durant un an et y enseignerai deux cours : en design expérimental et sur les formes d’éditorialisations contemporaines (livres, sites internet, publications en ligne, dans l’espace d’exposition). Je poursuivrai également mes recherches et travaux artistiques, notamment celles commencées lors de la résidence Hors les murs à New York et Chicago.

Je posterai ici quelques articles de mon expérience à la Nouvelle-Orléans.
Une première carte postale, vue de mon bureau/atelier.
See you soon !
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Antoine Catala

Je suis contente d’avoir rencontré Antoine Catala, artiste français originaire de Toulouse qui réside aux États-Unis depuis environ dix ans. Son studio est situé à Brooklyn, sur Park Avenue (près du Métro Flushing Avenue). Comme il est en train de déménager et que son studio est donc vide (une grande pièce froide dans un immense bâtiment labyrinthique plein d’ateliers – d’artistes ou non), nous nous posons dans un café non loin de là pour discuter et regarder les images qu’il a sélectionné. Cette discussion porte sur son travail et le plaisir personnel dans la réalisation artistique, le post-Internet. Lors de cette discussion, comme le monde est petit, et malgré l’éloignement, nous nous découvrons aussi des amis artistes communs.
Je lui demande de me parler de l’exposition « New feelings » (en 2014 à 47 Canal Gallery -NYC), de « Jardin synthétique à l’isolement » (en 2015 au MAC à Lyon) et de « Distant Feel » 2015, Carnegie Museum of art). Dans les deux premières expositions, le langage est le point de départ et la structure des propositions, une position qui m’intéresse. Dans Distant feel, c’est le processus d’un travail confié à un tiers qui m’intéresse.
Le travail d’Antoine me surprend car il présente pour moi un paradoxe : au premier abord, il ne semble pas évident esthétiquement, mais après avoir passer du temps à le regarder et l’appréhender, j’aime ce que j’y vois : un équilibre entre conceptualisme et récit qui joue avec l’esthétique Post-Internet. Ces œuvres sont quasi toujours en mouvement, une place importante est donné aux mots (clés, indexations, paroles poétiques, blagues, définitions…) et la façon dont, grâce à eux, nous formulons une idée ou émotion. À un niveau esthétique, son travail entre (pour moi) dans une esthétique du Post-Internet*. Pourtant je n’y ressens à aucun moment le cynisme, la référence ou la citation que j’ai repérées dans bien des travaux de ce mouvement, travaux que j’ai pu voir « en vrais »‘ durant mon séjour. Ses expositions vont bien au delà d’un commentaire d’Internet et des ses effets sur notre société contemporaine, et sont plutôt des états de recherches en cours que de propositions esthétiquement résolues. Et dans son cas, il semblerait que ce soit une force, un moyen à disposition pour envisager les différentes pistes et potentiels sensibles qui pourraient résoudre un problème formel ou narratif ou autres.

Images/texte relatifs à ce dont nous avons parlé.

– New Feelings (texte du communiqué de presse):
I don’t feel the same anymore.
I feel new. I don’t know how to describe the sensation.
Do you?
Can you feel how I feel?
Is really the sole purpose of emotions the survival of a gene pool? The ultimate bonding gel.
Through the screen, can you tell how I feel? My voice, do I sound nervous or happy?
Can one learn new feelings? A new type of anger, with a hint of pride, a new breed of painless joy.
Can you teach me how to feel, because I lost touch?
It’s like something recently severed, and emotions are drifting inside of me.
When I was a little boy, I put myself in other’s shoes. I would mimic people around me, copy the way they walked, the way they sat or spoke. It would open a window into their minds.
Empathic machines are coming, like children, learning.
Will I be able to outsource my feelings to emobots one day. I wouldn’t have to deal with shitty
emotions anymore. Let the emobots process my crappy moods and re-infuse my body with good vibes.
Fleeting.
If emotionomics is to become a reality, would I ever be able to purchase a meal with the sensation of freedom that permeates through me today? Pay with a confused transactional smile.
This is personal, and it’s not.
It’s all transparent. Let’s put our feelings on the table.

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– Pour Jardin synthétique à l’isolement il met en scène un jardin « composé de plantes artificielles, d’écrans, de roches, de signes et de sons, créé en collaboration avec des personnes qui travaillent avec des enfants non-verbaux et des non-verbaux eux-mêmes. Les signes de communication que certains de ces enfants utilisent y sont présentés en tant que sculptures, tandis que la voix numérique de la machine les énonce. Le Jardin synthétique à l’isolement illustre la joie de communiquer via une machine en parlant des problèmes de communication, mais aussi de la connexion au monde via ce langage spécifique ».
Un extrait du catalogue avec une texte d’Antoine Catala est disponible .

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– « Distant Feel », où Antoine confie à une agence de publicité la tâche de repréenter comment on représente aujourd’hui une émotion via Internet mais aussi physiquement
Le projet prend de multiples formes (sculpture, photographie, vidéo) dont un site internet : http://www.distantfeel.com/Catala-install-42

Document Gallery et Hyde Park Art Center

Derniers jours à Chicago et rencontre avec Sibylle Friche, commissaire de la très chouette Document Space, où j’ai pu voir l’exposition Happy Sunny Jade, de Elizabeth Atterbury. Je me suis sentie très proche du travail montré ainsi que de la philosophie de la Galerie. J’ai apprécié les lignes directrices de cette galerie mais aussi le fait qu’une galerie commerciale soit le fait d’un artiste (Aron Gent, qui la possède, et dont j’ai découvert, à cette occasion les Ink Studies) et dirigée par une curatrice (Sibylle).

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(Photos Document Gallery)

Sur les conseils de Sibylle, je suis ensuite allée voir la très belle exposition de Michael Rakowitz : The Flesh Is Yours, The Bones Are Ours, à Rohna Hoffman Gallery.

Puis le lendemain, direction Hyde Park Art Center, pour le vernissage et une discussion avec Paul Mpagi Sepuya and Tina Tahir et les « Open Studios », où j’ai pu parler plus d’une heure avec les artistes en résidence et voir l’exposition de l’un d’entre eux : Rodrigo Lara Zendejas: La Paz (Le titre de l’exposition portant le nom de la ville du Mexique où je suis allée prendre le bateau pour Clipperton…).

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(pas de noms pour ces deux dernières images, malheureusement la photo que j’avais pris du titre des œuvres n’ont pas voulu s’ouvrir !

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Paul Mpagi Sepuya en train de parler de son travail :

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J’ai hâte de revenir à Chicago ! : )

Visite du Dorchester Project et Rebuild Foundation, Chicago

Visite à Stony Island, dans le South Side Chicago, avec Kate Hadley-Toftness, de la Rebuild Foundation et du Dorchester Project – un projet de l’artiste Theaster Gates.
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Cet ensemble de bâtiments a été acquis par l’artiste au fur et à mesure de sa carrière et constitue à présent un véritable projet artistique géré par une fondation privée. Tout a commencé lorsque Theaster a été embauché comme enseignant à l’Art Institute et qu’il a acheté sa première maison dans ce quartier défavorisé au Sud de la ville. Cette maison est rapidement devenue un lieu de rencontres, d’échanges (repas, musique, cérémonie de thé), entre lieu de vie, studio et bibliothèque.
Aujourd’hui, cette maison est devenue un des lieux gérés par la fondation et est devenue l’un des lieux de résidences d’artistes. Juste à côté se trouve une deuxième bibliothèque et salle pour la cérémonie du thé, en face des logements pour , à une rue de là, une centre d’art – logement sociaux et logements pour artistes, et enfin un peu plus loin, la fondation qui abrite une troisième bibliothèque.
Le projet est controversé

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artbank(Photo : Tommy Harris)
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Larry Lee, Beverly Art Center – Chicago

À côté de la maison de Maura et Eric, qui m’accueillent pour cette semaine à Chicago (Morgan Park dans la proche banlieue), jolie exposition au Berverly Art Center de Larry Lee : « The Reports of My Death Are Greatly Exaggerated » (commissariat de Susannah Papish). Avec ses installations et objets, Larry Lee se joue des clichés de ses origines et de « l’orientalisation d’une culture » dans un discours public ou privé.

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Je copie ici son artist statement :
« My work remakes high/low culture as multimedia “orientalia”, stylized reproductions of cultural objects, images and actions that fit a stereotype, perspective or aesthetic often associated with anything Asian which explores how the production of culture and its byproducts constructs and typecasts the discourse of Self versus Other by reinventing or reinterpreting what is accepted cultural capital as private/public record with tongue firmly planted in cheek.
So far, this approach vacillates between video installations usually of the multiple-channel variety, conceptual projects and sculptural objects. The video works play with autobiographical moments decontextualized and isolated as solitary exercises of specific physical movements that become ritualized as the result of repeated performance affecting the formal properties related to the spatial and temporal to humorous effect whereas the conceptual projects tend to question the nature and definition of the artistic process itself, the primacy of the autonomous individual and related issues pertaining to validations of what is authentic or original utilizing curatorial practice as a strategy of alternative display through community and collaboration within the politics of the room.
A sardonic appreciation of chinoiserie informs the three-dimensional objects and installations which typically explore ethnic-specific and cultural issues of voicing the other through the basic sculptural questions of form, material and space regurgitated oftentimes as minimalist design. Such recognizably Asian things function to embrace Western notions of beauty and form that affect how the relationship of design and culture intersect, the juncture gridlocked by the gravitational forces of modernism and its cultural imperative to universalize its nature and pigeonhole its style or perception ».

 

Time Square Art

Sur les conseils de Dorothée Charles, précieuse aide lors de ce séjour à New York, je rencontre aujourd’hui Antonio Muntadas (!) puis Sherry Dobin, curatrice du projet Midnight Moment, une sorte de high-jacking (très officiel) des écrans de Time Square tous les soirs, pour 5 minutes avant minuit… Une sorte de Cendrillon à l’envers en quelques sortes ! De supers artistes (Rafaël Rozendaal, Ryoji Ikeda, Lorna Mills, Andy Worhol, Bjork, Tracy Emin, Laurie Anderson…) à découvrir en très grand, pour une toute petite parenthèse la nuit. Dans la foulée, j’irai voir la projections de l’artiste de ce mois : Saya Woolfalk, dont j’ai découvert le travail au Brooklyn Museum.

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(Laurie Anderson, Heart of a Dog, photo du site TSA).

Boston-Cambridge

Quelques photos glanées lors du week-end chez mon amie Joëlle Bitton, à Boston et Cambridge. Longue séance au musée de Harvard, une collection magnifique à faire tourner la tête, puis à la Collection of Blaschka Glass Models of Plants au musée d’histoire naturelle, étrangeté et virtuosité de maîtres verriers au service de la botanique.

Le lendemain, visite décevante au musée d’art contemporain de Boston, mais la vue sur la baie de Boston Harbor fait spectacle, au centre de consultation et à l’extérieur, le vent en plus.
Le lundi tourner et retourner autour du bâtiment du Carpenter Center for visual Art (Le Corbusier) juste à côté du musée, mais fermé, puis visite inutile au musée du MIT (où des gens très intelligents montrent/parlent de manière pas intelligente de leur travail) – si ce n’est pour les pièces d’Arthur Ganson, à la poésie entre Tinguely et « Joseph Cornnell » mais qui, extrêmement mal montrées, passent pour anecdotiques – la honte.

Cambridge est un endroit étrange, une ville-village belle et propre, peuplée d’étudiants en pyjama, paradoxale de la vision autoritaire de l’enseignement qui s’étale sur les façades des bâtiments, gravée en lettres majuscules.
Effectivement, This is Not a Time for Dreaming.

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> Power of Death, William Holbroock Beard

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> The Infant Moses (détail), Gustave Moreau

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> Leander’s, Sanford Robinson Gilford Tower on the Bosporus

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> Harriet Leavens, Ammi Philips

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> Still Life with Medlars and Gooseberries, Adriaen Coorte
mk> Wall Hanging, Margarete Köhler

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> A18, Làzlo Moholy-Nagy

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> Housing Development, Werner Jackson, Walter Gropius

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> Ed Ruscha.

Kalma Latifolia, le long du Carpenter Center for visual Art …

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… Blaschka Glass Models of Plants, avec des Kalma Latifolia en verre :
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Julieta Aranda, James Fuentes et Bitforms

Quelques photos de Temporary Highs, l’exposition en cours chez Bitforms, quelques belles pièces assemblées par Lindsay Howard, notamment Daisy, de Pascual Sisto, une vidéo de utilisant des images trouvées sur internet (souvent superposées à du harware), qui oscillent entre onirisme et images cliniques de type « photo library » trouvées sur Internet. La vidéo nous montre une relation à la technologie et à ses objets plutôt « humaine » : entre fascination et anthropomorphise, mais la facture et le rythme, eux, sont mécaniques.

btf3 btf4 btf5 btf1Daisy, Pascual Sisto :bft2Mais de toutes les galeries visitées la semaine dernière à New York, l’exposition « Swimming in Rivers of Glue (an exercise in counterintuitive empathy)« , de Julieta Aranda, à la galerie James Fuentes a probablement été la plus intéressante que j’ai vue. (Il est bien sur toujours plus difficile de faire une exposition de groupe plus intéressante et plus en profondeur qu’une exposition solo bien sur, et la majorité des expositions que j’ai pu voir étaient de groupe).

L’exposition de Juliera Arand est donc une exposition personnelle qui présente un ensemble de pièces qui entrent en relation les unes avec les autres de façons cohérentes. Elles se questionnent et répondent les unes les autres, jouent sur différents formats et plans (horizontaux, verticaux), avec notamment les petits éléments en céramiques moulés (sur un modèle de formes développées pour empêcher les sans-abris de s’assoir et de se coucher, à Londres) qui sont installés de façon à ce que la navigation dans l’espace (une seule grande salle) soient fluides – ce qui n’empêche pas d’être « dirigé ».
De même, chaque pièce peut être à la fois envisagée, seule, pour ce qu’elle est, mais aussi en relation avec celles qui l’entourent . Dans ce cas là, le détournement de plusieurs standards de formes (les piques utilisés sur le haut d’un mur pour empêcher les pigeons de se poser, des tessons de bouteilles, forme artisanale mais dont la fonction est là même – pour des humains, etc.), prolongé par des éléments plus technologiques, rend le message et la dystopie annoncée assez clairs.

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(couleurs de certaines photos non-contractuelles – la galerie étant dans une dominante de couleur !)

Post-Internet, articles en ligne

Je liste ici une sélection des différents articles afférant au Post-Internet que j’ai retenus au grès de mes différentes lectures cette semaine.

Comme point de départ, le texte d’Artie Vierkant, que j’avais traduit en français en 2014, comme point de départ du projet A.F.K. et celui de Marisa Olson.com :
https://rhizome.org/editorial/2013/nov/01/postinternet/
http://www.marisaolson.com/texts/POSTINTERNET_FOAM.pdf

Le très bon article de Brian Droitcour, que je n’arrive malheureusement pas à contacter !
https://culturetwo.wordpress.com/2014/03/31/why-i-hate-post-internet-art/

Le site de Michael Mandiberg, avec qui je suis en contact et que je dois voir à son retour de Berlin où il montre Print Wikipedia :
http://www.mandiberg.com/

Le site de Tyler Coburn, dont j’aime beaucoup le travail, avec qui je suis en contact et que je dois rencontrer à mon prochain passage à NY en octobre..
http://www.tylercoburn.com/

Un article sur le livre et interview de Omar Kholeif :
http://thecreatorsproject.vice.com/en_uk/blog/new-book-digs-into-what-art-will-look-like-after-the-internet

Et un post sur « artaftertheinternet » qui listent un certains nombres d’articles (bons ou mauvais) et d’ouvrages sur le sujet :
https://artaftertheinternet.wordpress.com/resources/bibliography/art-criticism-history-and-theory/

Un projet éditorial que j’aime particulièrement :
http://katjanovi.net/postinternetsurvivalguide.html

Et le bon vieux wikipedia :
https://en.wikipedia.org/wiki/Postinternet

Post-Internet clothes (Manus X Machina)

Cette exposition au MET, présente une sélection de pièces (du 2Oe siècle ou très contemporaines) de couturiers où la technique de la main ou de la machine participent de la création.

– Givenchy (Riccardo Tisci) :
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– Hussein Chalayan :
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– Christopher Kane :
c3  – Comme des garçons (Junya Watanabe) :
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– Miyake Design Studio :

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– Nina Ricci :
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– Gareth Pugh :
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– Paul Poiret :
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– Thom Browne :
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– Threeasfour :
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Conférence Géographies variables à l’EESAB Rennes, mardi 19 mars à 17h30

Conférence de Julie Morel et des artistes invités en résidence pour « Géographies variables »
EESAB site de Rennes, Mardi 19 mars 2013 – 17h30 (Amphi)

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(Image : Kora Karola, Marie Bette, artiste en résidence).
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Abstract :

Pratiquer le dispositif d’une résidence c’est expérimenter une hétérochronie, c’est-à-dire faire l’expérience d’un temps en rupture par rapport au temps traditionnel. L’hétérochronie est une expression limitrophe au concept foucaldien d’hétérotopies : un seul lieu réel qui a le pouvoir de juxtaposer plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles. Si la résidence est une hétérotopie, elle est aussi l’occasion d’une double mutation : celle des personnes qui la pratiquent, et celle du territoire /milieu qui l’accueille. Pour l’artiste, elle modifie une façon de voir les choses en l’obligeant à réagir et à s’interroger de façon inhabituelle, contextuellement. Pour le milieu dans lequel elle s’insère, elle opère un processus de redéfinition par divers procédés : description, détournement, déconstruction, prolongement, reconstitution…
La ligne de recherche Géographies variables tente d’activer ces questions en s’articulant autour de la forte connexion d’expériences vécues par les artistes invités, la direction scientifique et les commissaires, critiques et philosophes intervenants. Plusieurs des artistes invités ont en effet à leur actif des résidences de recherche et création hors normes : in situ, dans des environnements extrêmes, variables, souvent en marge du monde de l’art, ou le collectif prend une place importante. Ainsi tous ont produit des dispositifs et /ou stratégies artistiques interrogeant à la fois la pratique de l’art en résidence et son ancrage dans un lieu et un contexte précis. Ils partiront de leurs précédentes expériences pour interroger la résidence sous l’angle d’une hétérotopie. La recherche portera donc autant sur l’exploration d’une résidence artistique, sur son statut, que sur son territoire de déploiement (physique, humain, sociologique).
Cette connaissance pragmatique par les artistes sera complétée par d’importantes interventions de critiques ou curateurs spécialisés dans ces questions de création dans des environnements hors-normes. Ces intervenants viendront interroger et théoriser les productions artistiques en cours. Cette recherche convoquera naturellement différents médiums et champs artistiques : espace de l’installation, performance, écritures (critique, littérature), vidéo, nouvelles technologies et espace virtuel. Ouverte, elle se place à la croisée d’autres champs disciplinaires : architecture, histoire, sociologie, géographie, philosophie. Mise en place à l’occasion des résidences, la recherche se poursuivra pendant une année avec une réflexion de fond menée par l’équipe complète et prendra la forme de rendez-vous mensuels, rencontres, séminaires et construction d’un objet éditorial et d’une restitution sous la forme d’une exposition.

– Artistes : Catherine Rannou, collectif Héhé, Laurent Tixador, Marie Bette, Nicolas floc’h, Nicolas Momein, Valentin Ferré
– Commissaires & chercheurs : Mélanie Bouteloup, Annick Bureaud, Florent Perrier
– Direction scientifique : Julie Morel

À suivre, deux journées plus importantes de présentations et débats, à l’EESAB site Lorient, les 2 et 3 avril 2013 :

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Appel à projet pour la ligne de recherche de l’EESAB,

Appel à projet EESAB Géographies variables

Voila trois ans que je développe des projets de recherches au sein de l’EESAB où j’enseigne. Malgré le fait que le mot recherche est soudainement été appliqué, sans filtre, sans définition et de manière brutale au monde des écoles d’art, je me suis engagée dans cette direction, y voyant une opportunité de dialogues entre les écoles et le monde de l’art et sa réalité, quelque chose à détourner de façon positive. En cela le premier projet de recherche « de l’auto-archivage comme œuvre » a été un vrais succès : une collaboration avec pleins d’artistes, critiques et d’étudiants. Le deuxième ligne de recherche commencera début 2103. Elle découle d’une certaine manière de pratiquer, que j’ai expérimentée ces dernières années : la résidence. Et notamment des résidences dans des milieux non artistiques, parfois même dans des milieux extrêmes, voir hostiles. Et cela sur des périodes parfois assez importantes (entre 1 mois et 1 an).
La résidence s’est imposée à moi comme un moyen cohérent de produire de l’art, parfois matérialisé par des œuvres, parfois non. La résidence m’est apparu comme un possible quand j’ai compris que la pratique d’atelier ne me poussait pas forcément vers une recherche de fond (qui ne demande pas de lieu, mais bien une quotidienneté de celle-ci), voir qu’elle figeait ma pratique, jusqu’à la rendre confortable – dans le mauvais sens du terme..
J’ai donc abandonné mon atelier et travaille contextuellement depuis 5 ans. J’ai aussi créé le programme de résidences Géographies variables dans le même but : donner la possibilité à d’autres de confronter leur pratique artistique à la réalité d’un lieu, d’un contexte, d’une population ou d’un autre artiste, in situ.
Aujourd’hui donc je commence, à l’EESAB, une nouvelle version de Géographies variables (sans abandonner la précédente, qui continue entre le Québec et la France) qui prendra des aspects pédagogiques, de commissariat et bien sur de production d’œuvres. La question principale de cette recherche sera : qu’est-ce qu’une résidence? Voici de possibles éléments de réponse, que j’introduis dans l’appel à projet :

Pratiquer le dispositif d’une résidence c’est expérimenter une hétérochronie, c’est à dire faire l’expérience d’un temps en rupture par rapport au temps traditionnel. L’hétérochronie est une expression limitrophe au concept foucaldien d’hétérotopies : un seul lieu réel qui a le pouvoir de juxtaposer plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles [1].

La résidence est une hétérotopie. Elle est aussi l’occasion d’une double mutation : celle des personnes qui la pratiquent, et celle du territoire/milieux qui l’accueille. Pour l’artiste, elle modifie une façon de voir les choses en l’obligeant à réagir et à s’interroger de façon inhabituelle, contextuellement. Pour le milieu dans lequel elle s’insert, elle opère un processus de redéfinition par divers procédés : description, détournement, déconstruction, prolongement, reconstitution…

La ligne de recherche Géographies variables va questionner cela en s’articulant autour de la forte connexion d’expériences vécues par les artistes invités et la direction scientifique. Ces artistes ont en effet à leur actif des résidences de recherche et création hors-normes : inSitu, dans des environnements extrêmes, variables, souvent non spécifiques à l’art. On peut citer : la mission Tara ou des missions sur les îles Tristan da Cunha ou Clipperton, des résidences sur les îles Kerguelen, ou encore des projets développés sous terre… Ainsi tous ont produit des dispositifs et/ou stratégies artistiques interrogeant à la fois la pratique de l’art en résidence et son encrage dans un lieu et un contexte précis.
Ils partiront de ces expériences antécédentes pour interroger la résidence sous l’angle d’une hétérotopie. La recherche portera donc autant sur l’exploration d’une résidence artistique, sur son statut, que sur son territoire de déploiement (physique, humain, sociologique).
Cette connaissance pragmatique par les artistes sera complétée par d’importantes interventions de critiques ou curateurs spécialisés dans ses questions de création dans des environnements hors-normes. Ces intervenants viendront interroger et théoriser les productions artistiques en cours.
Cette recherche convoquera naturellement différents médiums et champs artistiques : espace de l’installation, performance, écritures (critique, littérature), vidéo, nouvelles technologies et espace virtuel.
Ouverte, elle tendra se placer à la croisée d’autres champs disciplinaires : architecture, histoire, sociologie, géographies, philosophies.

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Ci dessous, l’appel à projet pour sélectionner 3 jeunes artistes pour le programme de recherche, qui sera diffusé dans quelques jours..

 

Appel à projet EESAB Géographies variables

Appel à projet EESAB Géographies variables

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[1] « Mais ce qui m’intéresse, ce sont, parmi tous ces emplacements, certains d’entre eux qui ont la curieuse propriété d’être en rapport avec tous les autres emplacements, mais sur un mode tel qu’ils suspendent, neutralisent ou inversent l’ensemble des rapports qui se trouvent, par eux, désignés, reflétés ou réfléchis. Ces espaces, en quelque sorte, qui sont en liaison avec tous les autres, qui contredisent pourtant tous les autres emplacements, sont de deux grands types.
Il y a d’abord les utopies. (…) C’est la société elle-même perfectionnée ou c’est l’envers de a société, mais, de toute façon, ces utopies sont des espaces qui sont fondamentalement essentiellement irréels.
Il y a également, et ceci probablement dans toute culture, dans toute civilisation, des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui sont dessinés dans l’institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d’utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l’on peut trouver à l’intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables.» Michel Foucault « Des espaces autres », dans Architecture, Mouvement, Continuité (1984).

Hello world – bonjour bazaar

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Julie Morel, Rheum Nobile

Je suis en train de travailler avec Catherine Lenoble sur l’édition Rheum Nobile qui regroupe sous une forme racontée un an de résidence à la maison populaire et le voyage au Népal que nous avons fait Catherine et moi en avril 2012. Je viens de finir le petit texte d’introduction qui viendra ouvrir l’édition. Le voici, avec quelques planches de la maquette.

Rheum Nobile
Le nom d’une fleur, donné à un temps de recherche à la Maison populaire : une résidence sous la forme d’un voyage exploratoire, une hétérochronie d’un an. Un moment pour cheminer librement dans des territoires réels et fictionnels, seule ou à plusieurs.
Un ensemble de propositions artistiques à pratiquer dans l’espace public montreuillois et au sein de deux lieux culturels : la Maison populaire et les Instants chavirés. Un petit réseau qui interroge nos mécanismes de perception des espaces et la façon dont la lumière peut influer sur la préhension des lieux que nous pratiquons quotidiennement.
Une expédition sur une île déserte – télescopage hasardeux qui change la donne – et directement après un voyage / vertige dans le Langtang à la recherche du déclencheur du projet, le Rheum Nobile.
Un site internet pour lister les différentes pistes suivies.
Un livre – extension du projet initial . Un objet qui déplie des espaces analogiques, horizontaux et verticaux, vécus ou rêvés, qui rend compte de temporalités superposées : où quand la nouvelle année népalaise 2062 commence le 13 avril 2012.
Bienvenue dans un futur simultané.

Bonjour Bazaar
Le titre donné à une fiction de Catherine Lenoble. Un état d’écriture en marche, de 9 jours et 9 nuits, dans l’Himalaya, à la recherche du Rheum Nobile.
Une exp-édition.

Julie Morel _ Edition de la résidence Rheum Nobile

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence à la Maison populaire

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Une présentation du projet et la lecture du texte de Catherine : RDV mardi 19 juin à 19h à l’atelier Alain Lebras, à Nantes.

Annapurna ou Everest?

Aujourd’hui, départ pour le Népal, pour clore la résidence d’un an à la Maison populaire (Montreuil).
Dans notre quête du Rheum Nobile – fleur qui a donné son nom à cette résidence – il semblerait que nous partirons finalement dans le Langtang, Près du lac sacré de Gosaikunda.
… Première étape, Kathmandou.

See you there! : ) 

 

 

 

 

 

 

 

Chroniques Martiennes

Ma résidence à la maison populaire (Montreuil) et le projet que je suis en train d’y mener (Rheum Nobile) partent d’une recherche nocturne, une nuit entière sur internet où j’ai découvert, à la lumière de mon écran, une plante aux propriétés extra-ordinaires (celle de retenir les utra-violets mais laissant passer la lumière) que l’on ne trouve qu’en très haute altitude (+ 4000m) au Népal ou au Bhoutan.
Cette plante (j’avais écrit planet !) est devenue un prétexte. L’idée s’est imposée de travailler en amont, par potentialité, sur un événement qui est fondateur d’un projet, mais qui arrive au tout dernier moment (un voyage dans l’Himalaya d’environ 3 semaines pour voir cette plante, 2 semaines avant l’expo de restitution de la résidence en Avril).
J’imagine le voyage comme la pierre d’angle de la publication liée au projet, un espèce de carnet de voyage – non pas vraiment du voyage au Népal, mais dans l’anticipation en tant qu’espace finalement vécu. J’oscille donc à la fois entre le fait de devoir me renseigner dans quoi je m’embarque et ne pas rechercher d’images relatives à ce que je vais y trouver, de façon à garder un projet le plus ouvert possible, jusqu’au dernier moment)
J’ai donc pensé partir avec quelqu’un qui aurait déjà une expérience des montagnes du Népal, histoire de pouvoir me reposer sur quelqu’un pour ce qui est du côté pratique de la chose. Mais pas n’importe qui : partir avec quelqu’un c’est surtout un moyen de partager et parler du projet au moment où il est en train de se vivre, de confronter des visions et expériences en temps réel. J’ai donc demandé à Catherine Lenoble, auteur de Petit Bain, qui a déjà une expérience de la haute montagne Népalaise, si cela la tentait.
Je lis ses textes comme des aventures fictionnnelles, des potentialités de situations, des dispositions à la limite du réel, quand l’esprit est à la fois engourdi et lucide…

Enfin ces derniers temps, le projet Rheum Nobile m’a tiré vers une littérature que je connaissais peu et me voila plongée dans pas mal de récits de science-fiction et d’anticipation (Les vides-greniers de l’été sont une source intarissable de ce genre de littérature !).
Après Philipe K. Dick (dont les traductions françaises sont à pleurer), Asimov (que j’ai trouvé parfois timoré, mais est-ce là aussi la traduction ?) me voici dans Ray Bradbury (en anglais). Je suis en train de lire The martians Chronicles, dont j’aime beaucoup l’articulation entre les différents fragments et l’histoire globale, qui est fluide et bien menée, à la fois douce et violente.
En revanche les couvertures des différentes éditions françaises sont pour la plupart déprimantes (ça m’a donné envie de proposer à mes étudiants de s’amuser un peu la dessus, avec un sujet autour de ce livre).


Enfin, j’ai découvert que Ray Bradbury avait son show télévisé… On est loin de Fahrenheit 451 ; )

The Clipperton project, collecte et navigation

Ca y’est ! Je suis en train de définir ce je vais réaliser dans le cadre de ma participation au projet Clipperton.
Quelles notes, comme elles viennent…
The Clipperton Project réunit une dizaine de chercheurs et environ six artistes, qui partiront à l’automne 2011 sur 2 voiliers, depuis Acapulco à destination de l’île de la Passion (plus connue sous sa dénomination anglaise « Clipperton » – du nom du corsaire qui y séjourna).
Les chercheurs se concentreront sur des questions relatives au changement climatique (ayant un impact très important sur cet atoll d’eau douce) notamment parce que c’est une zone de formation cyclonique et la biosphère de son environnement.
Les artistes participants produiront un travail se basant sur le passé historique de l’atoll, son histoire écologique, géologique et humaine, dans le but de dresser un portrait interculturel de cette île unique au milieu de Pacifique. Les travaux seront exposés dans certains espaces internationaux entre 2011 et 2014, entre autres the Institute of the Americas (Londres), Glagow Sculpture Studios (Glasgow) et Universum (Mexico City), etc.

Pour moi l’enjeu du projet est à la fois double, et la proposition que j’ai soumise tourne plutôt autour de la mission que de l’île elle-même :
– parler de cette collaboration entre artistes et scientifiques (auquel à priori je ne crois pas – car je la crois fondée sur des interprétations différentes du mot recherche). Je vais donc me concentrer dans un premier temps sur les idées et le vocabulaire communs aux deux champs de recherche (art, science). J’aimerai ensuite faire une proposition, sur internet, en me servant des données relevées par les scientifiques sur l’île.
Je vais aussi partir sur deux notions communes au vocabulaire de la mission et au vocabulaire d’internet : « collecte et navigation ».
– parler de ce qui semble être l’exploration d’une sorte d’hétérotopie* : un espace concret qui héberge l’imaginaire, à la fois réel et fantasmé au même moment, et qui fonctionne dans des conditions non-homogénique (j’en ai déjà un tout petit peu parlé avec Alex, coordinatrice du projet…).

Et puis dans les idées un peu plus saugrenues, pourquoi pas ne pas travailler autour de la création de timbre poste, d’un projet de mail art, puisque cette île inhabitée possède un code postal (98799 – Je vais essayer de connaître sa fonction).
… Si vous avez du courrier à poster cette automne pour l’île de la Passion, vous pouvez me le confier.

Et ce soir, je me plonge dans l’atlas des îles abandonnées.

 

 

« Le virus s’appelait I love you », vernissage

Vernissage à Idron de la pièce « Le virus s’appelait I Love you ».
J’ai choisi d’implanter la pièce près de l’entrée du château, qui est utilisé pendant toute la période où la pièce sera visible (5 mois) pour des mariages.
Le néon sur le devant du robot s’éteint lorsqu’on passe tout près, ou lorsqu’une personne monte les escaliers du château – qui sert donc pour les réceptions…
Il faut donc se tenir tranquille pour que le néon soit allumé.
À l’occasion du vernissage, la détection a été inversé, car il y avait trop de monde allant-venant et le néon aurait été éteint tout le temps.

En chantier (2)

Suite du chantier « Le virus s’appelait I Love You » : aujourd’hui plan de montage du néon sur le devant du robot, avec test et une petite frayeur car le néon ne voulait plus marcher (avant de découvrir qu’une des diodes était mal connectée…). Je n’ai pas encore eu le temps de choisir la hauteur des taquets (pour le moment ils sont au maximum, donc la lumière est assez diffuse et je me demande si ce ne serait pas mieux plus près de la planche : un autre essais une fois qu’elle sera peinte en noir). Pendant ce temps, Bruno et Fred commencent à monter les jambes sur les pieds, ce qui n’est pas une mince affaire.
Et pour finir, une image des cartons d’invitations partis cette semaine : rdv vendredi prochain pour le vernissage, avec au menu : cookies & spam : )

Rheum Nobile – Résidence à la maison populaire, Montreuil

Dans le prolongement de mon exposition au Bon accueil à Rennes où je montrais des néons et un dispositif liés à la lumière, me voici maintenant (j’en ai eu la confirmation pas Jocelyne Quélo la semaine dernière : ) en résidence in Situ à la Maison Populaire pour 1 an…
J’y développerai un projet en trois volets, intitulé Rheum Nobile.
« Rheum nobile » est un principe de travail qui permettra d’expérimenter un ensemble de dispositifs interactifs qui interrogent la matérialité du réseau, par le biais de la lumière artificielle. Si pour Marshall McLuhan la lumière artificielle est un médium qui ne dit rien mais qui est « capable de créer un environnement par sa seule présence », elle est aussi, pour peu qu’on l’éteigne un instant, révélatrice de l’absence liée à la pratique du réseau.

Lors de cette résidence de recherche, qui sera dans un premier temps très expérimentale, trois installations principales seront développées, qui interrogeront nos mécanismes de perception et la façon dont la lumière peut influencer l’appréhension des lieux que nous pratiquons. Ces installations couvriront divers territoires :

– une proposition dans l’espace public : Rheum Nobile, des photos de cette plante éponyme et des expérimentations plastiques dans des sucettes JC Decaux… Sachant que cette plante ne pousse qu’à plus de 4000m d’altitude et dans certaines conditions, je suis en train de me renseigner sur la meilleure période pour aller au Népal !
– une proposition dans un espace d’exposition : où je voudrais me lancer dans la production d’images en encre phosphorescente grand format ou directement à même le mur de la salle d’exposition. Et qui utiliserait un dispositif lumineux on/off (que j’avais voulu mettre ne place au Bon accueil, mais le temps nous a manqué). Cette installation devrait s’appeler « Light my Fire » – parce que j’ai horreur des Doors ; )
– la dernière dans un espace privé : probablement une réactivation de mon projet « Sweet Dream« , et là tout est encore à construire.
Le projet s’accompagnera aussi d’une extension sous forme de site internet et d’une publication, qui viendront vers la fin de la résidence (au printemps 2012).

Hyperpropre / Performance au CAN

Hyperpropre, au CAN, Neuchâtel.
Ces derniers jours, mon projet de couleurs hyperactives a glissé d’un projet d’installation assez formel vers une proposition plus performative. J’étais partie sur la traduction des couleurs des additifs alimentaires qui sont censés rendre hyperactif, et je voulais installer ces couleurs dans les vitrines du port.
Ces vitrines ont été abandonnées puis utilisées pour nombres de performances d’artistes cette semaine et sont dans un sale état. La chose logique était donc de les nettoyer pour pouvoir installer mon projet. Et puis ces derniers jours, réfléchissant à l’absurdité de nettoyer systématiquement un lieu pour installer une proposition artistique (de plus), je me suis mise à réfléchir – assez superficiellement – au nettoyage en général, et au nettoyage en particulier dans l’histoire de l’art. J’ai bien sûr pensé en premiers lieux aux conneries racistes du président français, aux côtés policés des choses dans la vie occidentale, à la campagne de publicité pour se laver les mains contre le H1N1, et aussi à cette ville si propre qu’est Neuchâtel (à tel point que ces vitrines seraient le dernier bastion d’un abandon « urbain »), au côté territorial du nettoyage ou du souillage.
Je me suis mise au travail, d’abord avec l’aspirateur (un boucan pas habituel dans ce port tranquille) ce qui m’a laissé le temps de penser, en vrac, à l’inutilité de l’effort (Francis Alÿs) et à ses barenderros, et aussi à sa phrase toute bête “Sometimes doing something poetic can become political and sometimes doing something political can become poetic”, au nettoyage à l’envers, et au nettoyage d’os de Marina Abramovitch.
Aujourd’hui 3ème jour de nettoyage, je me suis rendue sur place avec un seau d’eau savonneuse et des éponges. Au fur et à mesure que je nettoyais, c’est la dimension plastique du matériau qui a commencé à ressortir. Et cette nuit, quand j’ai allumé la lumière, le projet a, à nouveau, glissé vers un domaine plus formel, plus plastique.
Suite demain…

Légendes

Ce matin avec Camille, nous avons réfléchi au dispositif scénique et à la dramaturgie pour le spectacle Speech qui aura lieu ce soir (on est en retard !). Nous avons mis en place le début et la fin de la représentation, mais il manque un lien… L’idée serait de travailler à partir d’un extrait de texte que j’avais écrit pour un article intitulé « je est un autre sur internet », car cet extrait traite de la légende, et depuis le début nous semblons tourner autour de cette idée sans vraiment la nommer.

De la légende
La légende, c’est une petite phrase courte, en tout petit, parfois en italique, en dessous d’une image, qui nous donne l’explication, la date ou le contexte de la-dite image.
Tout le monde le sais, une légende, (de l’adjectif legenda, «qui doit être lu»), c’est aussi « un récit mis par écrit pour être lu publiquement ».
Dans Facebook, les deux sens du mot légende se retrouvent mêlés: la petite phrase écrite en bas de l’image devient grande, elle acquière son autonomie, et l’anecdotique est livrée à une audience, au spectateur 2.0.

C’est donc par cette petite porte qu’aujourd’hui nous écrivons et décrivons nos vies (parfois en plus grand qu’elles ne sont ?). Nous avons besoin de fictionnaliser nos propres vies, nous avons besoin de les légender. C’est un mouvement naturel qui n’est pas dû à l’émergence du réseau : la fiction a toujours servie de régulateur de la réalité et toute famille, ou tout groupe d’individus, possèdent sa ou ses légendes, ses héros, ses traitres, ses challengers.. Ces récits qui participent au bon fonctionnement psychique et ont pour fonction de transmettre au groupe des éléments conscients et inconscients, bref de faire d’une chose individuelle une chose partagée, d’une chose commune une chose partagée.
Mais dans les réseaux sociaux, ce partage est étrange. C’est le flux qui y domine, les légendes s’empilent les unes sur les autres, les légendes se compilent les unes avec les autres. Parfois, les commentaires ralentissent les flux, parfois les compilations fédèrent des groupes…

Mais l’étrangeté et la nouveauté résident surtout dans le fait que l’histoire globale n’est la même pour personne. Personne n’a accès à la même légende : l’histoire est customisée, et le commun variable, chaque spectateur voit défiler une histoire différente.

Archives

Je suis en résidence aux Archives départementales de la Dordogne, dans le cadre des Résidences de l‘Art en Dordogne, du 1er au 29 septembre. J’y retournerai en février puis en mai, pour développer un projet sur le naufrage.
Une première exposition, où je présenterai une dizaine de pièces déjà réalisées, mais réactivées pour le lieu, s’y tiendra à partir du 28 septembre 09.

See you there!

Chavirés

J’ai appris la semaine dernière que j’étais lauréate pour la « résidence de l’art en Dordogne » 2009-2010, aux Archives départementales de la Dordogne !
Je pars donc la semaine prochaine à Périgueux pour finaliser la convention qui me permettra, pendant 3 mois l’année prochaine, de travailler aux archives départementales pour produire une série de travaux, notamment sur le web (mais j’espère bien pouvoir ramifier et créer d’autres extensions via d’autres médiums).
J’aime bien ce temps d’a-préhension qui précède le départ d’un projet, où les choses vont assez lentement et où les idées sont encore ouvertes et floues, ce moment qui permet de fantasmer un projet, un lieu, un mode travail. Un temps assez subjectif aussi, où la réalité n’a pas encore appliquée son principe. Et donc aujourd’hui, j’ai déjà décidé d’une direction que prendrait le travail en lui donnant pour titre la seule anagramme du mot archives.
Me voila donc partie pour travailler sur le naufrage.

: )

Komposter Œdipe de Sénèque

Dans quelques jours, je pars à Berlin pour prendre part à l’aventure « Kompost », résidence autour d’une tentative de relecture d’Œdipe mis en place par Camille Louis et Laurie Bellanca. Pour l’occasion, je revisite sous forme de vidéo un passage du texte avec la typo « Organs ».
J’ai dessinée cette typo suite à des échanges avec Jocelyn Cottencin. Nous nous sommes en effet aperçus que nous avions une production très similaire de dessins. La difficulté commune que nous avions avec ces dessins est celle d’un élément structurant. Je lui ai donc proposé de travailler autour d’une typo.
Pour ce projet sur œdipe, cela tombe sous le sens, vu le contenu…
Quelques écrans…






… et le texte en question :
« MANTO. – O mon père! Quel est ce phénomène?
Au lieu de palpiter doucement, comme d’ordinaire, elles bondissent violemment sous la main qui les touche, et un sang nouveau ruisselle par les veines. Le cœur blessé s’affaisse et reste enfoncé dans la poitrine; les veines sont livides, et une grande partie des fibres a disparu; le foie corrompu écume d’un fiel noir; et (ce qui est un présage toujours fatal aux monarchies) il présente deux têtes pareilles. Une membrane légère, et qui ne peut cacher longtemps les secrets qu’elle nous dérobe encore, enveloppe ces deux tètes. La partie hostile des entrailles se gonfle avec violence, et les sept veines sont tendues. Une ligne oblique les coupe toutes par derrière et les empêche de se rejoindre. L’ordre naturel est troublé; rien n’est à sa place, tout est interverti. Le poumon, plein de sang, au lieu de l’air qui devrait le remplir, n’est point à droite; le cœur n’est point à gauche; la membrane des intestins ne les enveloppe point d’un tissu moelleux. Dans la génisse, la nature est renversée; toutes les lois sont violées. Tâchons de savoir d’où vient ce gonflement extraordinaire des entrailles. O prodige épouvantable! La génisse a conçu, et le fruit qu’elle porte n’est point à sa place. Il remue ses membres en gémissant, et ses articulations débiles cherchent à s’affranchir. Un sang livide a noirci les fibres. La victime horriblement mutilée fait effort pour marcher. Ce fantôme se dresse pour frapper de ses cornes les ministres sacrés. Les entrailles s’échappent de leurs mains. Cette voix que vous entendez, ô mon père, n’est point la forte voix des bêtes mugissantes, ni le cri des troupeaux effrayés: c’est la flamme qui gronde sur l’autel, c’est le brasier qui pétille.
« 

Incident.res – Une résidence incident à Briant, Bourgogne

Très prochainement, je vais me mettre à plancher sur le projet de résidence incident.net à Briant, qui s’appellera INCIDENT.RES… C’est la suite logique du Summer Camp, et de la volonté d’incident d’avoir un lieu de rencontre et de production.
C’est un peu en avance sur le planning par rapport à ce que j’avais prévu au départ, je ne pensais pas commencer les résidences en art plastique avant 2010 ! Mais la nécessité de faire émerger le projet plus rapidement s’est présentée lorsqu’en manque de résidences françaises pour le projet d’échanges « Géographies Variables » entre la France et le Québec (où les choses sont beaucoup moins immobilistes malgré des financements moins importants – volonté politique, différence de systèmes, positivisme nord américain ? – je ne sais pas…), je me suis décidée à précipiter les choses.
Dans les prochains jours, je dois décider de la ligne éditoriale du projet, faire le budget, produire le site internet pour les diffuser les infos, commencer les dossiers de subvention, etc. Tout ça va aller très vite, et c’est excitant, mais j’aimerais prendre un peu de temps pour partager ces idées, discuter de mes envies avec les membres d’incident, les participants du Summer Camp (ils ont leurs mots à dire & ils connaissent le contexte mieux que les autres !) et mes amis proches… Avec les utilisateurs potentiels de la résidence.
> N’hésitez pas à poster des commentaires et venir en discuter.

Back to Québec

CHAMBRE BLANCHE

Fraîchement débarquée à Québec, de retour à la Chambre Blanche, le temps d’effectuer une mission pour le Consulat Général de France à Québec, pour développer plus avant le projet « Géographies Variables » (que je vais présenter à la commission permanente en avril 2009). Le but de ce voyage est de travailler avec François Vallée, de la Chambre Blanche, sur la partie Québécoise du projet et de finaliser le dossier sur les centres d’arts partenaires.
Pour le moment, c’est un week-end (lundi est férié ici), et je rattrape mon sommeil. C’est étrange d’être de retour à Québec (de surcroit, alors qu’il fait chaud, et qu’il y a des feuilles aux arbres, une situation que je n’ai jamais connue). Encore plus de me retrouver dans le décor de « Chambre horaire », assise au bureau où j’ai composé tous les textes « matrices » du générateur blanc… Une familiarité immédiatement retrouvée. Ici, dans cette chambre, je me sens un peu chez moi.

Géographies variables

chambre.jpg

Mon voyage à Québec touche à sa fin. J’y étais venue pour travailler, avec Sylvie Tossah (du Consulat général de France au Québec) sur un projet de commissariat : « Géographies variables », un programme de résidences croisées entre artistes Français et Québecois. Ce projet devrait voir le jour en 2009, après acceptation du financement par le Consulat. Incident y aura la Chambre Blanche pour partenaire… Le dossier relatif à ce projet sera mis en ligne début 2008…
En attendant, ma visite à la Chambre Blanche m’a replongée dans les souvenirs de la résidence que j’ai effectuée au printemps 2007. Malgré les travaux, l’endroit reste fondamentalement le même : un lieu de production artistique, chaleureux et calme, où il fait bon travailler. J’envie les artistes qui viendront ici travailler sur « Géographies variables » !