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Leurs lumières

Leurs lumières

Julie Morel - Exposition "Leurs lumières"

« Leurs lumières » :
Exposition du samedi 13 octobre au dimanche 16 décembre 2012 à l’Abbaye de Saint-Riquier – Abbeville, Baie de Somme.
Vernissage le vendredi 12 octobre 2012 à 18 heures.
Plus d’informations ici.

J’y présenterai « Light my Fire », une pièce réalisée dans le cadre d’une résidence à la Maison populaire (2011-12).
Light my Fire  est une installation qui s’appréhende tour à tour dans la lumière et dans la pénombre. Le spectateur est en présence d’un texte inscrit en caractères phosphorescents sur le mur. Presque invisible et illisible en pleine lumière, il se révèle cycliquement lorsque la lumière s’éteint, le temps qu’il s’efface lentement dans le noir. Cette version du texte augmente et rejoue un extrait de La Part maudite de Georges Bataille (1949). Elle propose la description tautologique d’une phrase en train de s’écrire, prend le caractère d’un énoncé performatif et met en évidence la difficulté de sa lecture et les efforts nécessaires pour la saisir. Cette augmentation performative est rédigée en minuscules alors que la phrase originale, « Le principe même de la matière vivante veut que les opérations chimiques de la vie qui ont demandé une dépense d’énergie soient bénéficiaires, créatrices d’excédents », se détache furtivement en majuscules.

À venir – Exposition « Leurs lumières » à l’Abbaye de St Ruquier

Light my Fire, Julie Morel 2012

Je présenterai une nouvelle fois « Light My Fire » (pièce que j’avais produite lors de la résidence à la Maison populaire et montrée aux Instants Chavirés), pendant l’exposition : « Leurs lumières ». Du samedi 13 octobre au dimanche 16 décembre 2012 à l’Abbaye de Saint-Riquier – Abbeville, Baie de Somme.

Avec :
Donald Abad, Marie-julie Bourgeois, Félicie d’Estienne d’Orves, Jakob Gautel et Jason Karaindros, Tomek Jarolim, Julie Morel, Mayumi Okura, Michael Sellam, Marion Tampon-Lajariette.
Reprenant sans transition l’espace des cimaises construites pour l’hommage à Alfred Manessier, « Le tragique et la lumière », dix jeunes artistes répondent avec « Leurs lumières » à l’invitation de Jean-Louis Boissier, chercheur en esthétique des nouveaux médias. Résolument actuels, leurs environnements lumineux, leurs films, leurs dispositifs partagés de l’illumination comme de l’aveuglement, sont autant d’expériences ludiques et poétiques, troublantes et critiques.
L’exposition « Leurs lumières » s’accompagne d’une salle multimédia de documentation et d’échanges, de publications, de journées d’étude.

Exposition conçue et réalisée en coopération avec l’Université Paris 8 (laboratoire Arts des images et art contemporain) et l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsadLab).

Hello world – bonjour bazaar

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Julie Morel, Rheum Nobile

Je suis en train de travailler avec Catherine Lenoble sur l’édition Rheum Nobile qui regroupe sous une forme racontée un an de résidence à la maison populaire et le voyage au Népal que nous avons fait Catherine et moi en avril 2012. Je viens de finir le petit texte d’introduction qui viendra ouvrir l’édition. Le voici, avec quelques planches de la maquette.

Rheum Nobile
Le nom d’une fleur, donné à un temps de recherche à la Maison populaire : une résidence sous la forme d’un voyage exploratoire, une hétérochronie d’un an. Un moment pour cheminer librement dans des territoires réels et fictionnels, seule ou à plusieurs.
Un ensemble de propositions artistiques à pratiquer dans l’espace public montreuillois et au sein de deux lieux culturels : la Maison populaire et les Instants chavirés. Un petit réseau qui interroge nos mécanismes de perception des espaces et la façon dont la lumière peut influer sur la préhension des lieux que nous pratiquons quotidiennement.
Une expédition sur une île déserte – télescopage hasardeux qui change la donne – et directement après un voyage / vertige dans le Langtang à la recherche du déclencheur du projet, le Rheum Nobile.
Un site internet pour lister les différentes pistes suivies.
Un livre – extension du projet initial . Un objet qui déplie des espaces analogiques, horizontaux et verticaux, vécus ou rêvés, qui rend compte de temporalités superposées : où quand la nouvelle année népalaise 2062 commence le 13 avril 2012.
Bienvenue dans un futur simultané.

Bonjour Bazaar
Le titre donné à une fiction de Catherine Lenoble. Un état d’écriture en marche, de 9 jours et 9 nuits, dans l’Himalaya, à la recherche du Rheum Nobile.
Une exp-édition.

Julie Morel _ Edition de la résidence Rheum Nobile

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence à la Maison populaire

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Julie Morel - Rheum Nobile, édition de la résidence

Une présentation du projet et la lecture du texte de Catherine : RDV mardi 19 juin à 19h à l’atelier Alain Lebras, à Nantes.

Rheum Nobile

Julie Morel, Résidence à la Maison populaire

/// Vernissage le lundi 30 avril à 18h, à la Maison populaire.
/// Expositions à la Maison populaire, aux Instants chavirés, et dans les rues de Montreuil (affichage public)
/// Promenades commentées les 12 et 16 mars à 17h, départ des Instants chavirés. Upgrade! le 12 mars à 19h en fin de parcours à la Maison populaire.

La résidence Rheum Nobile a été une de recherche expérimentale, décomplexée, bienvenue cette année – moment ou ma pratique n’a été qu’un enchainement de productions. Le cadre offert par la Maison populaire (la confiance et l’énergie de Jocelyne) m’ont permis de réaliser plusieurs pièces, de (dé)couvrir des territoires auxquels je ne m’étais jamais confrontés.
Rheum Nobile et ses 2 expositions débuteront par le vernissage à la Maison Populaire le lundi 30 avril, avec ce qui fait ville. Un moment important aura lieu le 12 mai avec une session Upgrade! (présentation du travail de François Ronsiaux et lecture de Catherine Lenoble), ainsi qu’un parcours entre les Instants chavirés, qui présente l’installation « Light my Fire », et la Maison populaire qui abrite quand a elle « Sweet Dream ». Entre les deux lieux, 8 affiches sérigraphiées sont disséminées dans la ville, dans des sucettes Décaux. Ces affiches présentent en extérieur le processus en marche, la partie « in Progress » du projet : la méthodologie, les réflexions et inspirations/références inhérentes, les pistes suivies ou abandonnées, en un mot les interrogations qui m’ont habitées pendant ce temps de résidence..
La résidence touche à sa fin : elle s’est clôturée par un voyage au Népal, à la recherche du Rheum Nobile, fleur étrange dont les propriétés et capacités de survie ont dicté les principes de travail de la résidence.
Si le voyage était un retour au point de départ de la résidence, il ouvre aussi sur une dernière production, synthétique : une édition à paraitre en fin d’année.

Julie Morel, Rheum Nobile

Julie Morel / énoncé performatif

Julie Morel, projet artistique Rheum Nobile - la maison populaire 2012

Annapurna ou Everest?

Aujourd’hui, départ pour le Népal, pour clore la résidence d’un an à la Maison populaire (Montreuil).
Dans notre quête du Rheum Nobile – fleur qui a donné son nom à cette résidence – il semblerait que nous partirons finalement dans le Langtang, Près du lac sacré de Gosaikunda.
… Première étape, Kathmandou.

See you there! : ) 

 

 

 

 

 

 

 

Énoncé performatif : je t’aime

À Montreuil, aujourd’hui, je suis passée devant certains des affichages Decaux qui vont servir pour la proposition Rheum Nobile, que je finalise en ce moment.
10 affiches dans ces sucettes Decaux baliseront le parcours entre la maison pop et un autre lieu (Fonderie de l’image ou Instants chavirés). Ces affiches, je ne les vois que comme des supports pour des actes de langage, et chacune découlera, sera la matérialisation d’un énoncé performatif qui ponctuera le chemin entre les deux lieux d’exposition.

Un acte de langage est un moyen mis en œuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots. Développée et théorisée par John L. Austin dans « How to do Things with Words », l’idée d’acte de langage insiste sur le fait qu’outre le contenu sémantique d’une assertion (sa signification logique, indépendante du contexte réel), un individu peut s’adresser à un autre dans l’idée de faire quelque chose (par opposition à dire quelque chose). Pour être plus précis, faire un acte de langage, c’est transformer, par les mots, la représentation des choses ou intentions/buts d’autrui, bref la réalité : on parle alors d’un énoncé performatif, par contraste avec un énoncé uniquement constatif.
Un énoncé performatif, c’est un énoncé qui dit ce qu’il fait, par exemple quand je dis : « je te demande pardon », je fais ce que je dis…
Et ce qui différencie ces deux énoncés, c’est aussi la direction d’ajustement : dans le constatif, on s’ajuste au réel, par la parole (ex : il pleut). Dans le performatif, en agissant par la parole, on modifie le réel : (c’est le réel qui s’ajuste à l’énoncé, ex : Je ne serai pas à l’heure).
C’est assez beau cette idée d’énoncé performatif… Ça pourrait même être pris au pied de la lettre, donner lieu à une performance justement.

L’installation que j’ai conçue pour la Fonderie de l’image (texte sérigraphié à l’encre phosphorescente sur du papier-peint) est en écho avec ces affiches.
D’une phrase tirée de « La part maudite » de Bataille, j’opère une mutation, un parasitage : je l’augmente en lui ajoutant des énoncés performatifs (exemple : « cette histoire a déjà commencée », « le texte serait ajourné, remis à plus tard, congédié, mais réapparaitrait irrémédiablement étendu, augmenté, commenté, toujours plus long et sa lecture toujours plus difficile »… ).
En rajoutant cette couche, je me l’approprie, je fais une conversion. Ma propre dépense d’énergie, par le biais d’énoncés performatifs, se transforme, et transforme le sens premier du texte original, qui apparait en majuscule, alors que le reste du texte est en minuscule.

Il y a quelques jours en lisant un passage de « Je suis vivant et vous êtes mort », j’ai confondu les mots « conversation » et « conversion ». Pas vraiment un hasard vu les recherches que je mène en ce moment…

> Introduction à la philosophie du langage
> La théorie du langage performatif de JL Austin
> Victor Burgin
> Christophe Fiat (Du performatif à la performance)

« Je-t-aime est sans nuances. Il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules. D’une certaine manière − paradoxe exorbitant du langage −, dire je t-aime, c’est faire comme s’il n’y avait aucun théâtre de la parole, et ce mot est toujours vrai (il n’a d’autre référent que sa profération : c’est un performatif) ».
R. Barthes, Fragments d’un discours amoureux, p. 176

Conversation

J’aime beaucoup ce texte, extrait de la biographie de Philip K. Dick d’Emmanuel Carrère.
La première fois que je l’ai lu, j’avais lu « conversation »….

« Le propre de la conversion est de changer celui qu’elle élit. Elle le retourne comme un gant. Il ne pense plus ce qu’il pensait, il n’agit plus comme il agissait, et souvent une ironie de la grâce le fait agir et penser d’une façon qui ne lui était pas seulement indifférente, mais lui répugnait. De ces transformations, dont la seule idée aurait été odieuse au vieil homme qui l’a dépouillé, il s’enchante. Elles garantissent l’authenticité de son expérience, le fait qu’un autre parle en lui. Pour un peu, il en rajouterait. L’intellectuel sceptique et railleur qui se fait catholique donnera volontiers dans les formes populaires de sa foi : petite dévotion, médailles miraculeuses. Fin lettré, connaisseur de peinture, il trouvera à aimer désormais Gilbert Cesbron ou des naïfs yougoslaves la joie subtile de qui s’arrache à un déterminisme et conquiert sa liberté. Aller contre sa pente naturelle, c’est très littéralement ce qu’on appelle se repentir.
Rebelle, mauvais con, ennemi de l’autorité sous toutes ses formes, Dick n’aurait de lui-même jamais pensé à appeler le FBI, à se mettre sous sa protection, à le renseigner. Si, quelques semaines avant l’arrivée de la photocopie du Daily World, on le lui avait prédit, il aurait réagi comme un pieux musulman à qui on annonce qu’il mourra d’une indigestion de boudin. Un type qui a grandi à Berkeley ne fricotera jamais avec les flics et, s’il le fait, cela ne prouve qu’une chose : ce n’est plus lui ; on l’a remplacé, ou bien manipulé, un autre que lui agit à sa place.
Exactement, pensait Dick, avec un gloussement d’allégresse.
C’est exactement ça qui m’est arrivé.
Et le plus fort, c’est que je m’en réjouis.
Et que je suis certain d’avoir raison de m’en réjouir.

Voici deux exemples de conversion.
Saül, jeune juif pieux et, à ce titre, persécuteur passionné de la secte chrétienne, subit sur le chemin de Damas une étrange expérience, au sortir de laquelle il devient l’apôtre Paul et s’en va répétant, avec la contagieuse ferveur que l’on sait : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi ».
Le héros du roman d’Orwell 1984 trouve peu à peu le courage de s’opposer à la tyrannie de Big Brother. Mais il est arrêté, soumis à la torture et à des manipulations mentales si efficaces qu’à la fin du livre, loin de lui manifester une allégeance factice, « il aime Big Brother ».
Il y a plusieurs différences entre ces histoires. D’abord celle qui sépare la torture de l’illumination, bien que dans les deux cas on ait affaire au viol d’une conscience humaine. Ensuite, Orwell et ses lecteurs s’accordent à trouver le héros de 1984 magnifiquement lucide avant son arrestation, tragiquement aliéné ensuite, tandis que l’auteur des Actes de des Apôtres et sans doute la majorité de ses lecteurs partagent la certitude qu’a saint Paul d’avoir gagné au change. Reste ce fait troublant que la même certitude anime le converti et la victime d’un lavage de cerveau : c’est maintenant, aimant le Christ ou Big Brother, qu’ils sont dans le vrai ; avant, ils se trompaient : la preuve, ils en craignaient rien tant que de voir advenir qui leur est advenu et qui est en fait le plus grand des biens. Cette rupture rend le commerce entre le converti et son entourage à peu près aussi difficile qu’entre Dracula et le docteur Van Helsing dans les films de vampires : si les hommes ont si peur d’être mordus par les morts vivants, c’est parce qu’ils devinent qu’une fois contaminés ils s’en réjouiront. Le plus effrayant, vu d’avant, c’est qu’après il ne reste de soi que ce qui se réjouit de n’être plus soi. Avant, c’est soi qui a peur ; après, c’est un autre qui triomphe. »

« Je suis vivant et vous êtes mort – Philip K. Dick », Emmanuel Carrère

Tarantism


« Time of Hashsashins »

 


« From the Travel of Jonathan Harker »

Je reviens de la Biennale et autres manifestations en cours à Lyon. Ce qui m’a le plus marquée ne fait pas partie de la biennale : elle a lieu à l’IAC (Villeurbanne), il s’agit d’une exposition conséquente de Joachim Koester, « Of Spirits and Empty Spaces », incroyable par sa densité et la précision des travaux présentés.
Les premières salles/pièces permettent une immersion dans l’univers de Koester :
La première, enchevêtrement de doigts sur enchevêtrement de planches, dont le titre (Variations of Incomplete Open) situe la « famille » artistique tout en posant certains principes que l’on retrouve tout au long dans l’exposition (déplacement, transposition, transe, chorégraphie, paradoxe conceptuel-sensible..).
La deuxième salle est comme un sas, une lampe marocaine nous y accueille et éclaire la photo d’un escalier menant à un château en ruine? ..Le texte justement, fait référence à la manière dont est accueilli le narrateur d’une histoire potentielle.
Dans la troisième salle on se retrouve face à une photo ancienne (imprimée en grand format) d’un intérieur bourgeois, qui ressemble à une bibliothèque ou un fumoir. Lorsqu’on passe devant le projecteur 16mn situé à l’opposé, se déclenche sur la photo, comme par magie (en fait grâce à un capteur de présence, le même que j’ai utilisé pour « le virus s’appelait.. » – je l’ai vite repéré ; ) une projection de ce qui pourrait être des feuilles de haschich ou encore des vampires/chauves-souris en train de s’envoler. Le titre « The Hashish Club« , donne raison à la première version, alors que la salle suivante, des photos intitulées « From the Travel of Jonathan Harker » nous replonge immédiatement dans la deuxième hypothèse.
Pour accéder à la 4ème salle, on repasse devant « The Hashish Club« , et l’on prend conscience de ce jeu de va-et vient entre différentes interprétations, hypnotisant va-et-vient, sur lequel joue Koester et qui, de salle en salle, nous emmènera très loin – sans que l’on s’en aperçoive – dans des transpositions entre documentaire et fiction, entre expérience intellectuelle et expérience sensible. On se laisse guider, comme si l’on marchait éveillé (et éveillé il faut pourtant l’être pour appréhender toutes les subtilités des différentes propositions), jusqu’à se retrouver à nouveau dans des salles très (trop) éclairées, comme si l’on émergeait d’un état second.


« Tantrisme » Un extrait de « Tantrism » sur youtube.

Bref, j’ai énormément apprécié cette exposition, elle va me hanter longtemps ; ) ..J’en ai d’autant plus tirée du plaisir qu’elle flirte avec des choses que je suis en train de voir/lire pour le projet Rheum Nobile : des lectures de Lovecraft aux  déplacements de sens entre faits scientifiques réels et construction d’une narration dans le but d’interroger justement cette réalité, « abolition volontaire des frontières entre approche conceptuelle et empirisme », ou encore la réactivation de légendes populaires entre expérimental et conceptuel.

JOACHIM KOESTER à l’Institut d’art contemporain from Institut d’art contemporain on Vimeo.

 

Rheum Nobile – Recherches pour sérigraphie

En cours d’écriture du texte qui sera sérigraphié sur papier peint pour l’installation à la Fonderie de l’image.
Ce texte se construit sur une phrase tirée du livre « La part maudite » (en majuscule) et à pour système :
– l’ajournement des mots utilisés,
– la description de la narration en train de s’écrire,
– la référence au réseau tenant à la fois à de la description et d’un embryon de narration.
Sa lecture, en résonance avec le dispositif lumineux mis en place pour activer l’encre phosphorescente, dure environ 1mn.

« LE PRINCIPE ou le commencement de ce récit ne se fait pas attendre, peut-être MÊME avait-il déjà débuté :
les mots, DE LA MATIÈRE VIVANTE malléable pour qui VEUT QUE LES calculs prennent forme, s’échappaient, hémophiles, de l’immense base de données, en une visualisation dynamique proche de celle que l’on utiliserait pour des expérimentations ou OPÉRATIONS CHIMIQUES complexes – tout venait et tout passait, tous les moments DE LA VIE filaient et défilaient à grande vitesse, sans qu’on en puisse concevoir l’importance – ceux QUI avaient peine à saisir ONT DEMANDÉ à ralentir le flux, se doutant bien que le texte serait ajourné, remis à plus tard, congédié, mais réapparaîtrait irrémédiablement étendu, augmenté, commenté, toujours plus long et sa lecture toujours plus difficile : UNE trop grande DÉPENSE D’ÉNERGIE, des efforts à fournir trop importants, et si l’ajout de règles visaient la garantie pour les utilisateurs les plus lents qu’ils SOIENT BÉNÉFICIAIRES d’un temps en plus, que leur relecture devienne CRÉATRICE d’un nouveau sens, elles conduisaient la narration à de nouvelles parenthèses, de nouvelles digressions, de nouveaux EXCÉDENTS. »

> Light my Fire

Installation aux instants Chavirés : Références et recherches.
L’installation à la fonderie se fera en avril 2012, et commencera le samedi dans le cadre des puces typographiques.

> Un cube en contreplaqué construit pour l’occasion, d’environ 3m x 3m de côté. On y pénètre par un côté et il y fait entièrement noir. Une lumière intermittente (toutes les 1mn environ) nous donne accès au texte sérigraphié à l’encre phosphorescente sur les murs. Ce texte est un ajournement d’une phrase tirée de « La part maudite » de G. Batailles.
J’entends par ajournement, un ajout de mots à l’intérieur de la phrase originale, qui la remet à plus tard (postpone en anglais serait un terme qui définirait assez bien l’intention à l’œuvre).
Bien sur la phrase de départ est transformée et elle persiste dans la nouvelle interprétation, mais elle la repousse dans le temps de la lecture, d’où ce terme d' »ajournement ».
La phrase choisie, c’est celle-ci:
« Le principe même de la matière vivante veut que les opérations chimiques de la vie, qui ont demandé une dépense d’énergie, soient bénéficiaires, créatrices d’excédents ».

 

> Je relis le texte « un romancier français » de Russel Fergusson, qui parle très justement du travail de Rodney Graham dans le catalogue monographique publié lors de son exposition à la Whitechapel.. C’est un livre vers lequel je reviens régulièrement, tant par les travaux de Graham que par les écrits qui lui sont consacrés.

> Je ne peux pas ne pas citer « comment j’ai écrit certain de mes livres« .

> Cette proposition me rappelle une pièce de Douglas Gordon « 30 seconds text ».

30 seconds text présente un dispositif qui nous donne à réfléchir sur une expérience macabre et subjective du temps, de la durée :
dans une pièce noire, on trouve une simple ampoule qui s’allume et s’éteint par intermittence, toutes les 30 secondes. Cette ampoule est placée devant un texte imprimé à même le mur, de façon à en faciliter la lecture. 30 secondes est approximativement le temps de lecture de ce texte qui relate une expérience scientifique menée au début du 20 siècle par un scientifique français. L’expérience est une tentative de communication avec un criminel dont la tête vient d’être coupée par la guillotine. Pendant environ 30 secondes le scientifique appel le mort par son nom. Les yeux du mort émettent un mouvement à l’appel de son nom, avant de s’éteindre pour de bon.

Pour l’installation « Light my Fire » à la fonderie de l’image (qui risque fort de prendre un autre nom d’ici avril – je déteste la musique des Doors et ai pris ce titre pour rire), je m’éloigne de la plante qui m’a lancé sur cette recherche.
Je ne sais pas si je dois chercher un lien entre celle-ci et l’installation. Pour le moment, je me concentre plutôt sur la phrase de départ, c’est peut être elle qui me donnera une piste pour le titre, ou alors l’idée d’ajourner justement….
Je rappelle néanmoins quelques propriétés du Rheum nobile, que j’irai chasser en Mai au Népal avec l’aide de Catherine Lenoble :

Rappel du Rheum Nobile:

– Distribution :

Asie himalayenne (nord de l’Inde, Pakistan, Afghanistan, nord de la Birmanie, Bhoutan, Nepal, Chine : sud Xizang). Pelouses, rocailles, entre 4000 et 4800 m. Floraison : Mai-Juin.

– Description :

Vivace (haut : 120 cm). Feuilles ovales à orbiculaires (long : 20-30 cm), subcoriaces, à la base subcordée, aux marges entières, à l’apex aigu, au pétiole glabrescent (long : 5-15 cm), à l’ochréa membraneuse. Fleurs aux pétales elliptiques, vert jaunâtre (long : 2 mm), groupées en panicule terminal.

Fruits ovoides (long : 6-7 mm).

Etapes : 199


Julie Morel, voir l’article dans le magazine Étapes.

Le nouveau Étapes : est sorti, et j’ai le plaisir d’y figurer, pour répondre à une interview de Caroline Bouige. Ce numéro est consacré à la lumière, partagé en 3 parties :
– Le fond & la forme
– L’écran
– Le mapping
« De la fonction éclairante au médium de communication, l’utilisation de la lumière s’élargit au vingtième siècle grâce à la diversification des techniques. Les studios et les créateurs proposent aujourd’hui une grande variété d’approche du médium ».

Avec : Superbien, Trafik, Julie Morel, LAb [au] , 1024 Archi, UVA, GRL, AntiVJ, Creators Project, Yann Kersale.

 

 

Rheum Nobile

Les larges feuilles du Rheum Nobile, qui filtrent les ultra-violets mais laissent passer la lumière, permettent parfois à un microcosme de se développer, à certaines plantes de pousser à l’abri en dessous.. Le projet de résidence « Rheum Nobile » a lui aussi un effet de serre et devient de plus en plus un incubateur, avec des pistes diverses : lectures, discussions, voyages, production d’images.

Quelques images, glanées sur internet.

A ta place

Quelle place de la technique dans l’art ?

Samedi 22 octobre 2011 à 11 h 30.
A la Maison Populaire, dans le cadre de la résidence Rheum Nobile.
Avec Julie Morel, artiste, et Claire Grino, philosophe, université Laval (Québec)

Des rapports étroits sont entretenus entre l’art et les technologies. Dans des pratiques artistiques qui utilisent les matières et les matériaux technologiques, qu’il s’agisse alors des questions suscitées par les biotechnologies, ou du débat entre les techno-prophètes et les technophobes, ces rapports laissent entrevoir des possibilités d’expression radicalement nouvelles, mettant directement en question le rapport entre la biologie des corps et les représentations sociales qui construisent et structurent ce rapport.
> Le site de la maison pop

A ta place (en cours d’écriture)

Dans le cadre de ma résidence à la maison populaire, j’ai convié Claire Grino, philosophe et enseignante à l’université Laval (Québec), à venir échanger autour de la notion de technique en philosophie.

La rencontre aura lieu le 22 octobre à 11h, à la Maison populaire, à l’occasion d’un « brunch numérique« .
Je suis contente que cette rencontre prenne cette forme, celle d’un petit déjeuner tardif…

J’ai rencontré Claire à Québec lors d’un vernissage. Nous avons sympathisé et décidé de nous retrouver le dimanche suivant autour d’un brunch justement. Ce moment a vite tourné à l’échange sur nos deux pratiques, elle la philosophie, moi les arts visuels. Elle me parlait de ce qu’elle connaissait ou cherchait, et je pouvais tracer des parallèles, comparer, trouver des points communs ou des divergences, dans ma pratique, lui en faire part – et inversement.
Cette manière de confronter deux univers, qui parfois se superposent, parfois s’opposent, a été enrichissante pour moi : problématiser certaines notions, en apprendre plus sur le féminisme (son domaine de prédilection) ou sur Foucault (ce qui a plus tard mené au projet de recherche sur l’auto-archivage immédiat…), voir une pensée en train de se faire lors de discussions, ou encore digresser vers des sujets que l’on n’attend pas…
Ces rencontres matinales hebdomadaires ont duré quelques semaines (le temps de ma résidence à Québec) puis se sont réitérées lorsque l’une ou l’autre visitait la France ou le Québec.
Pour cette session à la maison pop, j’espère que nous retrouverons ce contexte propice à la discussion, et à la découverte de l’autre par le biais d’une pratique. J’espère aussi que les personnes qui viendront partager ce moment prendront part à la discussion, et que nous pourrons avancer ensemble. : )

A ta place.
La place de la technique dans l’art : si j’ai proposé ce thème, c’est que j’avais envie d’éclaircir la question de la technique (que j’envisage comme un ensemble constitué d’outils/appareils/instruments et de méthodes), elle qui m’accompagne tous les jours dans mon travail sans jamais être interrogée.
Quel est le rapport entre technique et technologie. Y-a-t-il plus de techné dans ta techno que dans les autres domaines du travail artistique, de quelle nature ? Quel est la place de la technique dans une pratique artistique ?
Je ne sais pas, j’en sais assez peu finalement. Et j’essaye de faire le point.

Mon premier réflexe a été d’aller sur Wikipedia pour avoir une définition générale. À la lecture de certains articles,  il semblerait qu’il existe un véritable enjeux politique et économique dans les notions de technique et de savoir-faire.
J’ai été réellement surprise de la grande part de subjectivité, de morale et même de propagande contenues dans certains articles relatifs à ces questions sur Wikipédia. Très souvent, la question n’est abordée que du point de vue économique… C’est une question intéressante à traiter (pourquoi cet angle de vision ?), mais c’est un peu tôt pour une digression, je me suis donc désintéressée de cette source d’information et de cette question (pour le moment), pour repartir sur ce que je connaissais et faire le point (article à venir).

Pour structurer la rencontre, je me suis dit qu’il faudrait partir de quelques chose de tangible : une proposition déjà existante. J’ai donc choisi « Partition » car il y existe quelques embryons de choses que je cherche à développer dans Rhéum Nobile. L’idée est donc de partir de notions présentes dans Partition, et de les interroger pour tracer un chemin possible vers la grande inconnue qu’est Rhéum Nobile.

Quelques mots clés, en amont de notre rencontre :

– Outils & instruments
– Tournant machinique la sensibilté
– Obsolescence (programmée ou pas, objective ou subjective)
– Nature & artifice
– Artifice & technique

 

Chroniques Martiennes

Ma résidence à la maison populaire (Montreuil) et le projet que je suis en train d’y mener (Rheum Nobile) partent d’une recherche nocturne, une nuit entière sur internet où j’ai découvert, à la lumière de mon écran, une plante aux propriétés extra-ordinaires (celle de retenir les utra-violets mais laissant passer la lumière) que l’on ne trouve qu’en très haute altitude (+ 4000m) au Népal ou au Bhoutan.
Cette plante (j’avais écrit planet !) est devenue un prétexte. L’idée s’est imposée de travailler en amont, par potentialité, sur un événement qui est fondateur d’un projet, mais qui arrive au tout dernier moment (un voyage dans l’Himalaya d’environ 3 semaines pour voir cette plante, 2 semaines avant l’expo de restitution de la résidence en Avril).
J’imagine le voyage comme la pierre d’angle de la publication liée au projet, un espèce de carnet de voyage – non pas vraiment du voyage au Népal, mais dans l’anticipation en tant qu’espace finalement vécu. J’oscille donc à la fois entre le fait de devoir me renseigner dans quoi je m’embarque et ne pas rechercher d’images relatives à ce que je vais y trouver, de façon à garder un projet le plus ouvert possible, jusqu’au dernier moment)
J’ai donc pensé partir avec quelqu’un qui aurait déjà une expérience des montagnes du Népal, histoire de pouvoir me reposer sur quelqu’un pour ce qui est du côté pratique de la chose. Mais pas n’importe qui : partir avec quelqu’un c’est surtout un moyen de partager et parler du projet au moment où il est en train de se vivre, de confronter des visions et expériences en temps réel. J’ai donc demandé à Catherine Lenoble, auteur de Petit Bain, qui a déjà une expérience de la haute montagne Népalaise, si cela la tentait.
Je lis ses textes comme des aventures fictionnnelles, des potentialités de situations, des dispositions à la limite du réel, quand l’esprit est à la fois engourdi et lucide…

Enfin ces derniers temps, le projet Rheum Nobile m’a tiré vers une littérature que je connaissais peu et me voila plongée dans pas mal de récits de science-fiction et d’anticipation (Les vides-greniers de l’été sont une source intarissable de ce genre de littérature !).
Après Philipe K. Dick (dont les traductions françaises sont à pleurer), Asimov (que j’ai trouvé parfois timoré, mais est-ce là aussi la traduction ?) me voici dans Ray Bradbury (en anglais). Je suis en train de lire The martians Chronicles, dont j’aime beaucoup l’articulation entre les différents fragments et l’histoire globale, qui est fluide et bien menée, à la fois douce et violente.
En revanche les couvertures des différentes éditions françaises sont pour la plupart déprimantes (ça m’a donné envie de proposer à mes étudiants de s’amuser un peu la dessus, avec un sujet autour de ce livre).


Enfin, j’ai découvert que Ray Bradbury avait son show télévisé… On est loin de Fahrenheit 451 ; )

Rheum Nobile – Résidence à la maison populaire, Montreuil

Dans le prolongement de mon exposition au Bon accueil à Rennes où je montrais des néons et un dispositif liés à la lumière, me voici maintenant (j’en ai eu la confirmation pas Jocelyne Quélo la semaine dernière : ) en résidence in Situ à la Maison Populaire pour 1 an…
J’y développerai un projet en trois volets, intitulé Rheum Nobile.
« Rheum nobile » est un principe de travail qui permettra d’expérimenter un ensemble de dispositifs interactifs qui interrogent la matérialité du réseau, par le biais de la lumière artificielle. Si pour Marshall McLuhan la lumière artificielle est un médium qui ne dit rien mais qui est « capable de créer un environnement par sa seule présence », elle est aussi, pour peu qu’on l’éteigne un instant, révélatrice de l’absence liée à la pratique du réseau.

Lors de cette résidence de recherche, qui sera dans un premier temps très expérimentale, trois installations principales seront développées, qui interrogeront nos mécanismes de perception et la façon dont la lumière peut influencer l’appréhension des lieux que nous pratiquons. Ces installations couvriront divers territoires :

– une proposition dans l’espace public : Rheum Nobile, des photos de cette plante éponyme et des expérimentations plastiques dans des sucettes JC Decaux… Sachant que cette plante ne pousse qu’à plus de 4000m d’altitude et dans certaines conditions, je suis en train de me renseigner sur la meilleure période pour aller au Népal !
– une proposition dans un espace d’exposition : où je voudrais me lancer dans la production d’images en encre phosphorescente grand format ou directement à même le mur de la salle d’exposition. Et qui utiliserait un dispositif lumineux on/off (que j’avais voulu mettre ne place au Bon accueil, mais le temps nous a manqué). Cette installation devrait s’appeler « Light my Fire » – parce que j’ai horreur des Doors ; )
– la dernière dans un espace privé : probablement une réactivation de mon projet « Sweet Dream« , et là tout est encore à construire.
Le projet s’accompagnera aussi d’une extension sous forme de site internet et d’une publication, qui viendront vers la fin de la résidence (au printemps 2012).