02h40. Après la neige, les pelleteuses. Dans la nuit, je sors. La nuit est déserte, la rue est désertée. Les bruits et les lumières floues des pelleteuses. Au bout de la rue, c’est le règne des machines. Un ballet rythmé de bip-bip. De gros tracteurs CAT, aux formes de type science-fiction. Ils se succèdent très efficacement. Presque cyniquement, les machines repoussent la nature sur le bord de la route. Les paquets de neige sont stockés là , sur le trottoir. Les machines font de la place pour le passage des machines. Les piétons creusent leurs propres tranchées, étroites, en plusieurs passages, et la neige stockée devient une ligne de démarcation physique entre deux univers temporels. Celui de la lenteur obligée, et celui de l’impatiente.
Je marche jusqu’au complexe Méduse. Je ne croise personne. Je lève les yeux vers le ciel : la neige tombe toujours. Je ferme les yeux. Je les ré-ouvre : les bretelles d’autoroute se rejoignent toutes en ce point…. Elles ressemblent effectivement à une méduse avec sa tête, de long bras.