Archive mensuelles: février 2014

Magik mug

Reçue aujourd’hui, la magik mug commandée sur internet.
Une magik mug est une tasse customisée que l’on trouve sur les sites d’impression photo. La tasse, c’est un pur produit de la culture internet, c’est l’objet présent sur chaque table, à côté de l’ordinateur connecté.
Lamagik mug, de couleur noir au départ, révèle son image lorsqu’on verse un liquide chaud dedans.
C’est un test pour le projet AFK et je me demande si cela ne serait pas possiblement le seul objet présent dans l’espace d’exposition.. (comme test, j’ai fais faire une tasse avec un écran TV de Chris Burden).
On devine un peu l’image imprimé en monochrome noir sur le fond noir, et si au premier coup d’œil cela me dérangeait, après réflexion je me dis que ce pourrait être une contrainte de travail intéressante.
Le résultat lorsque l’on met un liquide est par contre vraiment impressionnant.

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Remake

Un superbe mémoire de DNSEP par Raphaële Bezin, étudiante à Cergy.

Extrait de la vidéo… Mon passage préféré car il tombe aux moments même de certains questionnements abordés par l’exposition « A.F.K », à venir – à savoir est-ce qu’une pratique post-internet art est un simple prolongement, une simple accélération du détournement/filiation ou bien est-ce que ce paradigme est complétement remis en cause par le flux et le caractère discret du numérique – ce que je crois finalement

« Claude Levi-Strauss : les artistes bricoleurs se retrouvent face à ensemble d’objets hétéroclites qu’ils interrogent pour comprendre et imaginer ce que chacun d’eux pourrait signifier. Chaque élément représente un ensemble de relations à la fois concrètes et virtuelles, ce sont des opérateurs. La particularité de ces objets est qu’ils ont déjà servis et les possibilités de leur ré-emploi demeurent toujours limitées par ce qui subsiste en eux de cette histoire passée. Leur usage originel fait d’eux des éléments pré-contraints et ouvrés ; ils ont donc été travaillés par un précédent auteur qui leur a attribué une signification précise et soumise à l’œuvre qu’il réalisait. Le second auteur s’affairera ainsi à démonter cet ensemble de signification afin d’en créer de nouvelles.
Yann Beauvais et J-M Bouhour confirment, les deux lois fondamentales de détournement sont :
– la perte d’importance allant jusqu’à la déperdition du sens premier de chaque élément autonome détourné,
et en même temps
– l’organisation d’un nouvel ensemble signifiant qui confère à chaque élément sa nouvelle portée. »

 

Notes pour A.F.K.

Away
From
Keyboard
Notes pour l’ensemble du projet en devenir, et pour l’exposition A.F.K.

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Prologue.

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En 1973, Chris Burden réalise une performance : Throught the Night Soflty, où il rampe sur une route scintillante d’éclats de verre. Cette performance est filmée et devient une œuvre vidéo. Dans la soirée du 5 novembre 1973, la vidéo est diffusée lors d’une pause publicitaire sur Channel 9 – Los Angeles, sous le nom TV Ad. Elle devient une œuvre-dispositif. Le 24 nov. 2008, « gaston2511 », utilisateur de YouTube, met en ligne une version de TV Ad commentée par Chris Burden, copie appartenant à la collection du Centre Pompidou. Le 5 novembre 2013, une carte postale, commande des éditions Ultra pour leur collection « Save the Date », contribue à la circulation de la première image de cette vidéo présente sur YouTube.

J’ai produit cette carte postale. Je suis née dans la soirée du 5 novembre 1973, quelques minutes après la diffusion de TV Ad.

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Dans le monde des Archives, on a coutume de laisser un morceau de papier à la place du document emprunté et monté en salle de lecture. Cette représentation de l’objet déplacé s’appelle un « fantôme ».

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AFK, acronyme de « Away From Keyboard » – loin du clavier – renvoie aux pratiques des jeux en ligne, et à ces moments où les participants s’éloignent de l’interface qui les relie aux autres. C’est un message textuel que l’on laisse pour signifier son absence.

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J’ai choisi le terme AFK comme titre pour une recherche en cours, à explorer plastiquement dans une série de propositions et d’expositions.
Dans ce contexte, AFK s’utilise et se comprend comme une analogie : entre ce message textuel que l’on laisse pour signifier son absence aux internautes et une condition des objets* produits dans le cadre d’une pratique artistique après l’émergence d’internet** .
Cette condition découle du fait qu’aujourd’hui un objet est dans la majorité des cas produit et réceptionné par le biais d’un ordinateur, et en conséquence appelé à générer plusieurs versions, cela dans différents supports et médiums.
Ces nouvelles versions, qui prolongent et/où remplacent l’objet précédent, sont créées par l’artiste lui-même, ou par d’autres artistes ; elles sont parfois reprises/transformées/diffusées par des non-artistes et plus tard à nouveau utilisées par des artistes, comme dans le cas des différentes versions et reprises de Through the Night Soflty.
En résumé : si la question de la filiation en art a toujours existé, un objet post-internet existe pratiquement toujours en flux entre ses multiples représentations.
Le flux annule la hiérarchie  et il semblerait qu’après internet la matrice d’un objet - l’original - n’ai pas plus d’importance que les versions qui la suivent. Cela présente des avantages et des inconvénients, qu’il faut garder à l’esprit… Comment envisager et façonner une pratique dans ces conditions ?

Si le flux rend l’objet fluctuant, « reprisé », on pourrait par contre postuler qu’une œuvre contient toujours une version inAbsentia*** d’un ou plusieurs objets produits précédemment, mais pourquoi pas aussi une version inAbsentia d’un ou plusieurs objets potentiellement à venir. Une sorte de « blue print » ou code source invisible contenus dans l’objet en cours, qui marquerait sa substance****.
A.FK. s’attache à explorer cette relation versions-flux-absence selon ces deux directions :
– Envisager une pratique avec tout un système de versions antécédentes : comment exposer le lien entre toutes les occurrences d’une même pièce/document (par exemple le pdf et sa lecture performée, le site internet et sa présentation dans l’espace sous la forme d’une installation, ou à l’inverse, la version d’une œuvre mise en ligne, etc..).
Une présence par l’absence même.
– Envisager une pratique liée à un système inexistant : œuvres potentielles encore non réalisées, à venir, mais aussi des œuvres inachevées, perdues, illisibles, où l’on ‘ »trouve dans la disparition une forme idéale ».
Une présence par l’inexistence même.

L’exposition en Mars à Bordeaux s’envisage donc plus comme le fait de révéler des « relations d’absences » que d’une mise en relation de différents éléments entre eux.
Les éléments que j’utilise peuvent être des objets récupérés ou façonnés, sites internet, livres, dessins, créations sonores…
Pour le moment, j’explore :
– les relations absentes entre internet, le web profond et le Darkweb,
– les passages du caractère discret***** de Photoshop au dessin à la main,
– les travaux de cheveux du 19ème et la typographie,
– la sélection (ou pas) de contenus en ligne à effectuer pour une publications à la demande,
– l’index d’une bibliothèque personnelle (playlist moderne faisant retour à une époque pré-révolutionnaire où les bibliothèques étaient des collections individuelles),
– une interview de Bruce Lee (sur les différents états de l’eau, le fameux « be water my friend »).

Pour la proposition suivante, j’aimerai une restitution sous plusieurs formes complémentaires : une exposition + une édition + site internet.
Quelques textes qui constituent des points de départ :
Les unités perdues, Henri Lefebvre
• Aux éditions Greyscale (http://greyscalepress.com/) :
Data Hammer, Kim Xupei
Report from the Desert, Anonymous
In conversations with Julian Assange, Hans-Ulrich Obrist
Artistes sans œuvre, I would prefer not too, Jean-Yves Jouannais
• Travail de traduction du texte Image-Objet Post-Internet, Artie Vierkant

 

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* J’utilise ici le mot objet pour toute production artistique, matérielle ou non.
** Condition qui fait écho au mouvement Post-internet Art, expression employée entre autre par Marisa Olson, Gene McHugh, Artie Virkant, ou encore Lev Manovitch pour expliquer les nouvelles conditions de pratiques artistiques à l’ère des digital natives.
*** « En l’absence (de la personne intéressée; de ce qui est concerné) ». Anton. in praesentia. In Absentia est principalement utilisé dans le contexte de la linguistique, pour marquer un rapport entre les mots qui existe virtuellement dans la tête du locuteur ou du lecteur : « Le rapport syntagmatique est in praesentia : il repose sur deux ou plusieurs termes également présents dans une série effective. Au contraire le rapport associatif unit des termes in absentia dans une série mnémonique virtuelle » (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 171).
**** La substance, dans le sens ontologique du terme, désigne ce qu’il y a « en dessous », ce qui est permanent dans les choses qui changent. Les substances peuvent être traitées comme ayant des attributs et des modes, ce qui aident à expliquer les transitions entre états : par exemple le lien qui perdure entre eau et glace. On pourrait citer cette matérialisation plastique dans la dernière exposition de Pierre Huyghe.***** Dans le sens mathématique du mot, soit : distinct, discontinu.

cheveux
clavier-dvorak