Archive mensuelles: juillet 2007

東京 で

tokyo julie morel

Tokyo-Dé. À Tokyo, donc. Pour ne pas déroger au cliché exotique, j’écris tard et je n’ai pas assez dormi cette nuit, ni les nuits précédentes. Je baille sans arrêt, ma vision est trouble, mais ici le manque sommeil est un mode de vie.
Je connais, comme tout le monde, les images de ces milliers de gens qui, chaque jour, s’endorment en un clin d’œil dans le métro, dans le train… Mais après une semaine à Tokyo, je reconnais les positions les plus fréquentes des dormeurs.
Il y a d’abord, mais assez rarement, la tête en arrière, le nez relevé, la bouche ouverte et un léger souffle qui risque de virer au ronflement en cas de sommeil profond… Ensuite, c’est la tête de côté, la tête toujours elle qui penche dangereusement mais lentement sur le côté. Les muscles se relâchent et l’on finit sur l’épaule du voisin.
C’est sans doute la troisième qui comporte le moins de risque, la tête en avant, les cheveux, qui sur le visage jouent de rôle de rideaux, filtrent la lumière trop vive du wagon…. Ce soir, dans le métro pour Hakusan, pour la première fois, de la musique dans les oreilles, je somnole au côté de milliers de gens.

Ce week-end, atelier maquette

mariejulie_iceberg.jpg

Ce week-end, avant mon départ au Japon, je retrouve Marie à son bureau pour travailler sur notre « projet d’icebergs » (toujours pas de nom pour ce projet, on verra plus tard).
L’idée, c’est de faire une maquette en papier, puis de la filmer et ensuite insérer des images d’icebergs en 3D, en attendant de pouvoir prendre des images vidéos de paysages réels.
On passe une bonne heure à dessiner des plans possibles pour la maquette. J’essaye de me poser la question du décor, et de la perspective. Marie a une vision beaucoup plus cinématographique que moi : elle dessine naturellement les cadrages de la caméra…
Puis on se met au découpage. Du papier cartonné blanc, du scotch. c’est tout. On mixe des éléments plats et des éléments en volume. Taille finale de la maquette : environ 1m50 de largeur, pour 30cm max de hauteur.
Le lendemain, la maquette est montée sur une table. On éclaire l’espace avec des mandarines. C’est du bricolage à la Gondry, on essaye de pas trop y penser : )
On filme de longs plans séquences, le plus lentement et régulièrement possible. Marie m’envoie aujourd’hui une image fixe-test.
En regardant cette image, je me pose la question du fantôme, et de l’illusion : la différence de nature entre l’image 3D et l’image capturée de la maquette est à peine perceptible, est-ce parce que l’image modélisée se réfère elle-même à une identité/réalité qui n’existe pas (un décor en carton).
Dans notre expérimentation, la capture de l’image ne détermine pas son esthétique, elle fait partie du principe d’imitation… 2 manières d’être qui se répondent, 2 « models » (c’est logique que le mot anglais « Model » – maquette – ait la même racine que le mot modéliser – rendre/calculer une image 3D avec une machine – en français).
Est-ce que c’est le mot « modeler » que l’on interroge, ou les (images) fantômes qu’il peut engendrer ?

Une ébauche de projet

Je m’aperçois que je n’ai pas encore posté de texte explicatif sur le projet d’iceberg, alors que voila déjà deux petites semaines que Marie et moi travaillons dessus. Voici une ébauche qui nous servira de base pour notre travail.

Dans un premier temps, nous voulons nous poser la question de l’architecture de la montagne et de sa représentation, en particulier quand elle est modélisée sur un ordinateur.
Les icebergs sont classés en plusieurs catégories, selon leurs formes : Tabulaire, Non tabulaire, En dôme, Pointus, Biseauté, En bloc, Érodé. Ce qui constitue notre base de travail.
Nous avons pensé à la conception d’un programme informatique qui permettrait de générer des formes d’iceberg, d’après toutes les données contenues dans un ordinateur. La masse visible de l’iceberg étant générée d’après les données de l’ordinateur accessibles d’emblée (dossiers sur le bureau, logiciels, menus, etc.) alors que la partie immergée de l’iceberg reflétera les données « cachées » (tous les types de librairies, contenus …).
Chaque ordinateur posséderait donc sa propre visualisation (en 3 dimensions) d’une montagne de glace, avec ses propres spécificités, que ce soit au niveau de sa forme, de sa taille, de sa densité, de sa couleur, etc.

Dans un deuxième temps, ces visualisations de montagnes de glace sont intégrées dans de grandes projections vidéo. Dans ces images, nous voulons placer en situation les icebergs générés, à l’échelle, dans un milieu naturel tempéré. En opposition à l’esthétique virtuelle des modélisations, les paysages seront captés en vidéo. Tous ces tournages auront lieu en extérieur, probablement dans le centre de la France. Les plans naturels et les icebergs modélisés seront assemblés sur After effects, avec la volonté de laisser percevoir l’hétérogénéité du rendu visuel des deux sources. Néanmoins, on travaillera, au niveau du compositing, à donner l’illusion d’un espace unifié et réaliste.
Une impression de douceur et de vague étrangeté doit dominer. Comme les icebergs numériques n’ont pas à obéir réellement aux lois de la physique, ils ne seront pas obligatoirement immergés dans un milieu liquide. Rien ne nous empêche de les faire dériver sur un terrain vague, une prairie… Cependant, on prendra toujours le niveau du sol comme ligne de flottaison (les icebergs ne flottent pas dans l’air).
Il nous faut jouer avec l’idée que les icebergs, qui ne dérivent généralement pas au delà du 48ème parallèle, ont réussi à atteindre un autre territoire.

Enfin, le dernier volet de ce travail est un livre qui combinera plusieurs axes de lecture.
Une sélection d’icebergs virtuels sera mise en image dans des paysages en papier (pop-ups). Les techniques de photomontage seront très proches de celles utilisées pour les vidéos, mais cette fois on percevra une aberration de l’échelle, dans un esprit « maquette ».
On aura également des planches-séquences extraites des vidéos, accompagnées de la date et du lieu de prise de vue, ainsi que des schémas de type scientifique et des rapports d’observation. Ces rapports apporteront des précisions sur les singularités géographiques du lieu (géologie, flore, activités industrielles…)
Un certain nombre de pleines pages, ou une partie de chaque page, ou bien la tranche du livre sera en rupture éditoriale avec le reste du volume. Imprimés en noir sur fond sombre, des textes pourront reprendre les données « cachées » entrées dans le générateur pour définir la partie submergée des icebergs.
En écho à cette partie cachée de la montagne, toute une partie du livre sera réalisée en pop-up, où l’on découvrira ce qui se passe en dessous des paysages de la vidéo. La feuille jouant le rôle de la surface, les pop-ups de montagne pourront se déplier dans un sens ou un autre, offrant la possibilité de jouer avec un effet de miroir, l’échelle, la superposition, etc.