Je m’aperçois que je n’ai pas encore posté de texte explicatif sur le projet d’iceberg, alors que voila déjà deux petites semaines que Marie et moi travaillons dessus. Voici une ébauche qui nous servira de base pour notre travail.
Dans un premier temps, nous voulons nous poser la question de l’architecture de la montagne et de sa représentation, en particulier quand elle est modélisée sur un ordinateur.
Les icebergs sont classés en plusieurs catégories, selon leurs formes : Tabulaire, Non tabulaire, En dôme, Pointus, Biseauté, En bloc, Érodé. Ce qui constitue notre base de travail.
Nous avons pensé à la conception d’un programme informatique qui permettrait de générer des formes d’iceberg, d’après toutes les données contenues dans un ordinateur. La masse visible de l’iceberg étant générée d’après les données de l’ordinateur accessibles d’emblée (dossiers sur le bureau, logiciels, menus, etc.) alors que la partie immergée de l’iceberg reflétera les données « cachées » (tous les types de librairies, contenus …).
Chaque ordinateur posséderait donc sa propre visualisation (en 3 dimensions) d’une montagne de glace, avec ses propres spécificités, que ce soit au niveau de sa forme, de sa taille, de sa densité, de sa couleur, etc.
Dans un deuxième temps, ces visualisations de montagnes de glace sont intégrées dans de grandes projections vidéo. Dans ces images, nous voulons placer en situation les icebergs générés, à l’échelle, dans un milieu naturel tempéré. En opposition à l’esthétique virtuelle des modélisations, les paysages seront captés en vidéo. Tous ces tournages auront lieu en extérieur, probablement dans le centre de la France. Les plans naturels et les icebergs modélisés seront assemblés sur After effects, avec la volonté de laisser percevoir l’hétérogénéité du rendu visuel des deux sources. Néanmoins, on travaillera, au niveau du compositing, à donner l’illusion d’un espace unifié et réaliste.
Une impression de douceur et de vague étrangeté doit dominer. Comme les icebergs numériques n’ont pas à obéir réellement aux lois de la physique, ils ne seront pas obligatoirement immergés dans un milieu liquide. Rien ne nous empêche de les faire dériver sur un terrain vague, une prairie… Cependant, on prendra toujours le niveau du sol comme ligne de flottaison (les icebergs ne flottent pas dans l’air).
Il nous faut jouer avec l’idée que les icebergs, qui ne dérivent généralement pas au delà du 48ème parallèle, ont réussi à atteindre un autre territoire.
Enfin, le dernier volet de ce travail est un livre qui combinera plusieurs axes de lecture.
Une sélection d’icebergs virtuels sera mise en image dans des paysages en papier (pop-ups). Les techniques de photomontage seront très proches de celles utilisées pour les vidéos, mais cette fois on percevra une aberration de l’échelle, dans un esprit « maquette ».
On aura également des planches-séquences extraites des vidéos, accompagnées de la date et du lieu de prise de vue, ainsi que des schémas de type scientifique et des rapports d’observation. Ces rapports apporteront des précisions sur les singularités géographiques du lieu (géologie, flore, activités industrielles…)
Un certain nombre de pleines pages, ou une partie de chaque page, ou bien la tranche du livre sera en rupture éditoriale avec le reste du volume. Imprimés en noir sur fond sombre, des textes pourront reprendre les données « cachées » entrées dans le générateur pour définir la partie submergée des icebergs.
En écho à cette partie cachée de la montagne, toute une partie du livre sera réalisée en pop-up, où l’on découvrira ce qui se passe en dessous des paysages de la vidéo. La feuille jouant le rôle de la surface, les pop-ups de montagne pourront se déplier dans un sens ou un autre, offrant la possibilité de jouer avec un effet de miroir, l’échelle, la superposition, etc.