Archive mensuelles: mars 2008

« Oz », un projet pour la revue du 104 d’Aubervilliers

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Sur l’invitation de Camille Louis, rédactrice de la revue du 104, je fais des recherches pour produire un projet spécifiquement pour internet, pour le premier numéro de la revue, qui focalise sur Aby Warburg, et l’ouverture de sa recherche.

Le champ d’action et d’exploration de mon projet prendra, dans la lignée de cette transversalité, la forme d’une extension. Celle du projet interactif « Sweet Dream (Toulouse-Paris) » que je suis en train de développer pour mon exposition à Duplex « My Life is an Interactive Fiction » (qui aura lieu en Mai à Toulouse & Paris), et dont voici le résumé :

« Toulouse. Sur un des murs de la galerie Duplex, se trouvent les deux petites touches noires aux textes blancs “Sleep” et “Wake up”, d’un clavier classique d’ordinateur. Ces deux touches, à hauteur de la main, sortent du mur, et l’on peut appuyer dessus. C’est tout. Enfin, c’est tout à Toulouse, car ces deux touches sont reliées à ma lampe de chevet, à Paris. Ainsi, pendant toute la durée de l’exposition, soit 1 mois, les visiteurs auront tout loisir de contrôler l’allumage et l’arrêt de ma lampe, de jour comme de nuit. »

Ce projet interactif interroge deux espaces concrets comme éléments narratifs – un espace public : la galerie Duplex, et un espace privé : ma chambre – et par là même, deux espaces symboliques liés :
la réalité et la fiction.

Dans ce projet, je retourne la conception classique et romantique d’un dialogue entre un artiste et un public, qui voudrait que l’artiste « touche » son public lorsque celui-ci voit/expérimente son Å“uvre. Ici, en effet, le projet, de manière assez radicale, ne donne jamais accès à l’un et à l’autre simultanément : pour le visiteur n’y a pas d’image retour, « compte-rendu » de ce qui se passe dans la chambre au moment où il appuie sur l’un des boutons, et l’habitant de l’appartement, l’artiste, n’a pas non plus accès à l’autre côté : il subit les conséquences des gestes de l’utilisateur, et ne peut ni voir, ni prévoir à quel moment son espace va être envahi…

Pour le visiteur, l’utilisateur, ce principe est bien sur déceptif (une référence au « principe de réalité » en psychologie) puisqu’il se trouve devant un vide.
Ce vide, laissé entre le bouton et la lampe, entre le visiteur et l’artiste : c’est internet (c’est en effet par ce biais que la commande de l’allumage et l’arrêt de la lampe se fait). Pour le projet de la revue du 104, j’aimerais – non pas rendre visible ce vide, cet interstice – mais l’affecter.
Et comme point de départ, il est intéressant de noter que le mot « affecter », tire sa racine du mot latin « affectare », soit « rechercher », « poursuivre ». Il s’agit donc de poursuivre et rechercher les histoires potentielles qui relient ces deux espaces…

Une note sur le titre…
OZ, le titre donné au projet, vient de ON (une référence au projet Still On), mot constitué de ces mêmes lettres qui, lorsqu’elles ont subies une rotation à -90°, nous transportent dans un autre univers.

Avec ce fonctionnement, je ne suis pas très loin d’Alice (dont j’avais déjà exploré l’univers déformé). Mais c’est bien sûr aussi un rappel du magicien d’Oz, et le rapport particulier que ce film entretient avec la question de la fiction.
Au delà des diverses interprétations historiques, le magicien d’Oz est l’histoire d’une découverte paradoxale : celle que l’illusion, la croyance est nécessaire à la fiction (pour que le spectateur « embrasse » l’histoire, il faut qu’il y croit, qu’elle lui apparaisse comme étant réelle – il n’y a rien de pire par exemple que de regarder un film et d’en « sortir » – signe que l’illusion ne fonctionne pas), mais que le pouvoir émotionnel de cet espace fictionnel réside dans la démystification même de cette illusion.
Pour que je sois affectée par un film, il faut à la fois que je sois dans le film, tout en sachant qu’il n’est pas la réalité.

Tampa Landscape

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Je suis à Tampa, en Floride, depuis une semaine. Une longue succession de routes, de supermarchés, de starbucks, de voitures et de poteaux électriques.
C’est donc le paysage artistique qui retient mon attention ici. Par le biais de l’université, j’ai rencontré un tas de gens intéressants. Parmi eux, entre autre, Julie Weitz, Robert Lawrence, Anat Pollack, Cameron Gainer, Allan W. Moore, Gregory Perkins …
Le programme des cours dispensés a été assez chargé et intense : un cours de débutants en médias électroniques, un cours de Master en e-médias, un cours de Master en photos, des suivis de projets avec des étudiants de Master, une conférence et une discussion sur les collectifs artistiques pendant un cours d’histoire de l’art contemporain, cours pendant lequel j’ai retrouvé une vieille connaissance : Scott Rigby !

Total success


Hier, Alexis Chazard était ici, en transit entre Valence et Bruxelles, pour travailler sur la production du projet « Sweet Dream (Toulouse-Paris) ».
Ça a été une séance de travail particulièrement intéressante pour moi, j’y ai appris pleins de choses.
On a d’abord procédé à divers petits tests sur l’interface Arduino, d’après le tutorial accessible sur le site internet des Beaux-Arts d’Aix. Tutorial clair et très bien conçu.
Puis nous avons relié l’interface Arduino à un relais 220v que nous avons patché à l’interrupteur de ma lampe de chevet (qui je crois, ne survivra pas à ce projet…).
Enfin Alexis a fini le patch Max/Msp qui récupère les informations on/off envoyées par internet, et vers 3h du matin environ, il y a eu ce moment magique où le projet une fois fini, il a fallu le tester pour savoir s’il marchait réellement.
Nous nous attendions tous les deux je crois à ce que ça ne marche pas du premier coup, qu’il y ait de petits ajustements à faire…. Mais non. Du premier coup, Alexis a pu contrôler depuis son ordinateur si la lampe était éteinte ou allumée ! Ce qui veut dire que cela est maintenant possible de partout dans le monde, à condition d’avoir le patch sur son ordinateur.
La magie résidait surtout dans le fait de voir fonctionner le projet, dans cette action d’allumer la lampe par le biais d’internet, et cela malgré la littéralité désarmante du projet même. Qu’y a-t-il de plus littéral et anodin que d’appuyer sur un bouton pour allumer ou éteindre une lampe ?
Pour moi, faire l’expérience de ce projet, c’est faire l’expérience d’un vide, d’un interstice, de l’investir : ce vide c’est internet comme moyen de communication entre 2 machines, comme espace réel (un réseau de câbles, machines, serveurs, etc.). Sweet Dream !

Artiste invitée & enseignement à l’USF (University of South Florida) – USA

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Je pars vendredi pour 10 jours, pour une conférence sur mon travail, pour enseigner et mettre en place des échanges avec l’Université de Floride du Sud, à Tampa, Floride.

I am leaving Friday for Tampa – Florida, for 10 days, where I am going to be presenting my work, teaching and setting up exchanges in collaboration with Julie Weitz..

My Life is a Interactive Fiction – Texte de présentation de l’expo

« My Life is an Interactive Fiction » est une exposition dont la construction repose sur le principe de « lâcher prise » : l’acceptation d’une zone d’ombre, d’un hors champ, d’un espace caché ou inatteignable physiquement.
Les différentes pièces présentées constituent une trame visuelle, médiatique et conceptuelle à plusieurs entrées et offrent aux spectateurs la possibilité d’explorer des extensions de la réalité dans différents territoires : physiques, virtuels, fictionnels.

Cette exposition ne se présente pourtant jamais comme une errance ou un flottement, et il n’y a aucun doute sur la fonction et l’issue du « lâcher prise », qui agit comme renoncement et fonde l’établissement d’un mode relationnel entre le spectateur et l’artiste.
Si l’exploration des différents territoires repose à première vue sur un procédé déceptif – puisque pauvre, minimal et reposant sur l’absence de retour – elle permet en revanche l’affectation, l’investissement de la part du spectateur dans la construction du récit, et de l’exposition elle-même.

Still On / Nature morte à l’électricité

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Je dois produire ce W-E un texte et une explication pour le montage de mon expo à la galerie Duplex. Je me pose donc concrètement la question : quelles pièces montrer et comment. Une de celle qui me pose le plus question est « Still On ». Je veux la montrer, pas de questions là-dessus, mais je me demande quelle(s) partie(s) de ce projet exposer, et lesquelles laisser. Ai-je besoin de tout montrer ? Quelle relation va-t-il entretenir, ou vais-je établir, avec l’installation principale (Sweet Dream, Toulouse-Paris) ?

À ce jour, Still On est composé plusieurs pièces :
– L’appli en ligne, qui donne la date du jour
– 3 impressions sur canevas (Still On – le titre, 1 Janv. 1970 – un bug lors de la programmation, et 5 nov. 2006 – Date du début de projet, et de mes 33 ans)
– Divers images/papiers issus de la recherche de modèles de rédaction de testaments en ligne.

Ma première idée était d’installer les 3 impressions, et sur un quatrième canevas à fond blanc, de projeter l’application. Mais je trouve cela redondant.
Je me suis ensuite dit que je ne montrerais que l’appli, sur un écran, le reste tant presque superficiel : l’appli se suffit à elle-même.
Aujourd’hui, je trouve cela dommage de laisser de côté l’impression qui comporte le titre.
Surtout à cause du « On » qu’il comporte. Parce que ce « On » permet une liaison avec  » Sweet Dream (Toulouse- Paris) », ou le on/off constitue le principe de fonctionnement. Le « Still On » serait comme une image subliminale, un indice laissé au spectateur. Et si on est un peu binaire comme spectateur (c’est mon cas ; ), on peut aussi se demander où est le off…

J’aime aussi le mot « Still », qui fait référence à la nature morte (Still Life) en anglais… Cette nature morte, c’est celle, visuellement très classique, qui se produit à Paris dans ma chambre lorsque ma lampe de chevet est allumée, dès qu’un visiteur appuie sur le bouton Wake Up à Toulouse… J’aime beaucoup l’idée paradoxale qu’une action (celle d’appuyer sur un bouton) donne lieu, à la création concrète et immédiate d’une nature morte.