Archive mensuelles: septembre 2011

Béquilles

Un été à la campagne. Pas d’internet, pas de « réflexions en cours via le blog » mais du soleil et de la tranquillité. À mon retour, envie de me replonger dans les projets sans enjeux, les projets anniversaires.
Quelques notes, en vrac, sans queue ni tête pour le moment, mais un début de recherche pour le prochain projet anniversaire du 5 novembre.

Vie d’artiste. Construire des robots (immobiles mais amoureux), une machine célibataire (in-memoriam), prendre le train tard et somnoler, prévoir un voyage en mer, très loin, reprendre ces questions de on/off, d’activation d’archives, de vie connectée .
Pourrait-on comparer le « faire de l’art » à la chironomie ? Si la chironomie c’est l’action qui consiste à mettre de l’ordre dans le mouvement mélodique, par un geste de la main, alors on s’en approche… Ou alors, ce serait plutôt de célébrer le désordre de la vie (le mouvement mélodique) par un geste de la main.

Un site internet un peu étrange, d’un label un peu étrange aussi…

une valise…

Et Theremin

Organologie

« La musique invente, construit, fait des corps. Nos corps, mais qu’il nous reste à lire et relire.
Ce sont non seulement des corps techniques – ces prothèses, ces artefacts que forment les instruments –, mais aussi des corps vivant d’une vie étrange, fantomatique et survivante : aussi inouïs qu’une main avec plus de cinq doigts, que des pieds qui respirent tels des poumons, qu’un toucher à distance et sans contact.
L’Organologie, cette respectable discipline qui recense les corps sonores, est ici interrogée et quelque peu malmenée dans son corpus séculaire, pour qu’elle livre ce qu’elle recèle et préfère généralement cacher : des organes inédits, des hybridations et des greffes sorties d’une fiction agissante, des monstres et des chimères qui guettent l’occasion pour prendre corps, en effet(s).
Au-delà de ces corps singuliers que la musique compose et dépose, ce sont enfin des figures d’un corps collectif, “social ”, qui surgissent au milieu d’un appareillage d’innervations à distance, télépathiques. »
Peter Szendy

Se tendre

La Carte de Tendre est la carte d’un pays imaginaire appelé « Tendre » imaginé au XVIIe siècle et inspiré par Clélie, Histoire romaine de Madeleine de Scudéry, par différentes personnalités dont Catherine de Rambouillet. On retrouve tracées, sous forme de villages et de chemins, dans cette « représentation topographique et allégorique », les différentes étapes de la vie amoureuse selon les Précieuses de l’époque. On attribue à François Chauveau[2] la gravure de cette carte figurant en illustration dans la première partie de Clélie, Histoire romaine.

Tendre est le nom du pays ainsi que de ses trois villes capitales. Tendre a un fleuve, Inclination, rejoint à son embouchure par deux rivières, Estime et Reconnaissance. Les trois villes de Tendre, Tendre-sur-Inclination, Tendre-sur-Estime et Tendre-sur-Reconnaissance sont situées sur ces trois cours d’eau différents. Pour aller de Nouvelle-Amitié à Tendre-sur-Estime, il faut passer par le lieu de Grand-Esprit auquel succèdent les agréables villages de Jolis-vers, Billet-galant et Billet-doux. Dans cette sorte de géographie amoureuse, le fleuve Inclination coule tranquillement car il est domestiqué tandis que la Mer est dangereuse car elle représente les passions. La seule Passion positive est celle qui est la source de nobles sentiments que l’homme peut éprouver. Le lac d’Indifférence représente l’ennui.
Source : Wikipédia.

« Vous vous souvenez sans doute bien, madame, qu’Herminius avait prié Clélie de luy enseigner par où l’on pouvoit aller de Nouvelle-Amitié à Tendre : de sorte qu’il faut commencer par cette première ville qui est au bas de cette Carte, pour aller aux autres ; car afin que vous compreniez mieux le dessein de Clélie, vous verrez qu’elle a imaginé qu’on peut avoir de la tendresse pour trois causes différentes ; ou par une grande estime, ou par reconnoissance, ou par inclination ; et c’est ce qui l’a obligée d’establir ces trois Villes de Tendre, sur trois rivières qui portent ces trois noms, et de faire aussi trois routes différentes pour y aller. Si bien que comme on dit Cumes sur la Mer d’Ionie, et Cumes sur la Mer Tyrrhène, elle fait qu’on dit Tendre sur Inclination, Tendre sur Estime, et Tendre sur Reconnoissance. Cependant comme elle a présupposé que la tendresse qui naist par inclination, n’a besoin de rien autre chose pour estre ce qu’elle est, Clélie, comme vous le voyez, Madame, n’a mis nul village le long des bords de cette rivière, qui va si vite, qu’on n’a que faire de logement le long de ses rives, pour aller de Nouvelle Amitié à Tendre. Mais, pour aller à Tendre sur Estime, il n’en est pas de mesme : car Clélie a ingénieusement mis autant de villages qu’il y a de petites et de grandes choses, qui peuvent contribuer à faire naistre par estime, cette tendresse dont elle entend parler. En effet vous voyez que de Nouvelle Amitié on passe à un lieu qu’on appelle Grand Esprit, parce que c’est ce qui commence ordinairement l’estime ; ensuite vous voyez ces agréables Villages de Jolis Vers, de Billet galant, et de Billet doux, qui sont les opérations les plus ordinaires du grand esprit dans les commencements d’une amitié. Ensuite pour faire un plus grand progrès dans cette route, vous voyez Sincérité, Grand Cœur, Probité, Générosité, Respect, Exactitude, et Bonté, qui est tout contre Tendre : pour faire connoistre qu’il ne peut y avoir de véritable estime sans bonté : et qu’on ne peut arriver à Tendre de ce costé là, sans avoir cette précieuse qualité. Après cela, Madame, il faut s’il vous plaist retourner à Nouvelle Amitié, pour voir par quelle route on va de là à Tendre sur Reconnoissance. Voyez donc je vous en prie, comment il faut d’abord aller de Nouvelle Amitié à Complaisance : ensuite à ce petit Village qui se nomme Soumission ; et qui en touche un autre fort agréable, qui s’appelle Petits Soins. Voyez, dis-je, que de là, il faut passer par Assiduité, pour faire entendre que ce n’est pas assez d’avoir durant quelques jours tous ces petits soins obligeans, qui donnent tant de reconnoissance, si on ne les a assidûment. Ensuite vous voyez qu’il faut passer à un autre village qui s’appelle Empressement : et ne faire pas comme certaines gens tranquiles, qui ne se hastent pas d’un moment, quelque prière qu’on leur face : et qui sont incapables d’avoir cet empressement qui oblige quelques fois si fort. Après cela vous voyez qu’il faut passer à Grands Services : et que pour marquer qu’il y a peu de gens qui en rendent de tels, ce village est plus petit que les autres. Ensuite, il faut passer à Sensibilité, pour faire connoistre qu’il faut sentir jusques aux plus petites douleurs de ceux qu’on aime. Après il faut, pour arriver à Tendre, passer par Tendresse, car l’amitié attire l’amitié. Ensuite il faut aller à Obéïssance : n’y ayant presques rien qui engage plus le cœur de ceux à qui on obéit, que de le faire aveuglément : et, pour arriver enfin où l’on veut aller, il faut passer à Constante Amitié, qui est sans doute le chemin le plus seur, pour arriver à Tendre sur Reconnoissance. Mais, Madame, comme il n’y a point de chemins où l’on ne se puisse esgarer, Clélie a fait, comme vous le pouvez voir, que ceux qui sont à Nouvelle Amitié, prenoient un peu plus à droit, ou un peu plus à gauche, ils s’esgareroient aussi ; car si au partir du Grand Esprit, on alloit à Négligence, que vous voyez tout contre sur cette Carte ; qu’ensuite continuant cet esgarement, on allast à Inesgalité ; de là à Tiédeur ; à Légèreté ; et à Oubly ; au lieu de se trouver à Tendre sur Estime, on se trouveroit au Lac d’Indifférence que vous voyez marqué sur cette Carte ; et qui par ses eaux tranquiles représente, sans doute fort juste, la chose dont il porte le nom en cet endroit. De l’autre costé, si au partir de Nouvelle Amitié, on prenoit un peu trop à gauche et qu’on allast à Indiscrétion, à Perfidie, à Orgueil, à Médisance, ou à Meschanceté ; au lieu de se trouver à Tendre sur Reconnoissance, on se trouveroit à la Mer d’Inimitié, où tous les vaisseaux font naufrage ; et qui par l’agitation de ses vagues, convient sans doute fort juste avec cette impétueuse passion, que Clélie veut représenter. Ainsi elle fait voir par ces routes différentes, qu’il faut avoir mille bonnes qualitez pour l’obliger à avoir une amitié tendre ; et que ceux qui en ont de mauvaises, ne peuvent avoir part qu’à sa haine, ou à son indifférence. Aussi cette sage fille voulant faire connoistre sur cette Carte qu’elle n’avait jamais eu d’amour, qu’elle n’auroit jamais dans le cœur que de la tendresse, fait que la Rivière d’Inclination se jette dans une mer qu’on appelle la Mer Dangereuse ; parce qu’il est assez dangereux à une femme, d’aller un peu au delà des dernières bornes de l’Amitié ; et elle fait ensuite qu’au delà de cette Mer, c’est ce que nous appelons Terres Inconnuës, parce qu’en effet nous ne sçavons point ce qu’il y a, et que nous ne croyons pas que personne ait esté plus loin qu’Hercule ; de sorte que de cette façon elle a trouvé lieu de faire une agréable morale d’amitié, par un simple jeu de son esprit ; et de faire entendre d’une manière assez particulière, qu’elle n’a point eu d’amour, et qu’elle n’en peut avoir. »
Madeleine de Scudéry

La version plus contemporaine de La carte de Tendre (Bernard Villers)

 

Se rendre

L’édition « se rendre », Jocelyn Cottencin (2011), 228 pages, 12×15 cm
Édition Apogée & Lieuxcommuns, Production Au bout du plongeoir

9 chemins pour se rendre à Tizé par :
Marcel Dinahet, Les Frères Ripoulain, Cécile Gardoin & Alexandre Favé, Damien Marchal, Charles Mazé, Alain Michard, Julie Morel, Mathieu Renard.

 

Ending the hours

Dear Leonard
To look life in the face
Always to look life
in the face
And to know it for what it is
At last, to know it
To love it for what it is
and then to put it away

Leonard
Always the years between us
Always the years
Always
the love
Always
the hours.