Archive mensuelles: juillet 2010

Colorant & additif

Quelques photos de la promenade et du port de Neuchâtel où je vais intervenir dans le cadre de « Hyperactivity ». En plein milieu d’un espace très passant, dédié au loisir et au tourisme, les vitrines du port sont laissées à l’abandon, elles s’allument le soir et dispensent une lumière quand le lieu se vide (cet endroit de Neuchâtel est pratiquement mort le soir).

En arrivant, j’avais envie de travailler avec ces vitrines (d’abord avec du grillage, à utiliser comme grille pour du texte, puis je suis partie sur autre chose…) et de les utiliser de façon minimaliste et presque invisible, peut-être simplement avec de la couleur).

Hier en faisant quelques recherches sur l’hyperactivité, je suis tombée sur la liste des colorants et additifs alimentaires que l’on trouve principalement dans les bonbons, et qui sont censés augmenter l’hyperactivité et l’impulsivité des enfants, et favoriser les troubles de l’attention. Ces colorants sont listés par des numéros (E 110, etc..), et peuvent donc être traduit en code couleurs Pantone (j’avais envie d’utiliser des Pantones depuis le début, clin d’œil à la Suisse – pays du design ;-)
Demain, je fais quelques tests de couleur, ensuite je me rends au port pour faire des tests, puis course au magasin de peinture avec Julian, le technicien du CAN.

Arrivée

Après un court passage à Berne, me voici depuis ce matin au CAN à Neuchâtel sous un déluge de pluie hyperactive. Images de l’espace de travail, avant la discussion de midi avec les autres artistes. Cet après-midi, après la promenade pour aller voir le travail d’un des artistes, j’irai faire un repérage des lieux où monter mon projet.

Légendes

Ce matin avec Camille, nous avons réfléchi au dispositif scénique et à la dramaturgie pour le spectacle Speech qui aura lieu ce soir (on est en retard !). Nous avons mis en place le début et la fin de la représentation, mais il manque un lien… L’idée serait de travailler à partir d’un extrait de texte que j’avais écrit pour un article intitulé « je est un autre sur internet », car cet extrait traite de la légende, et depuis le début nous semblons tourner autour de cette idée sans vraiment la nommer.

De la légende
La légende, c’est une petite phrase courte, en tout petit, parfois en italique, en dessous d’une image, qui nous donne l’explication, la date ou le contexte de la-dite image.
Tout le monde le sais, une légende, (de l’adjectif legenda, «qui doit être lu»), c’est aussi « un récit mis par écrit pour être lu publiquement ».
Dans Facebook, les deux sens du mot légende se retrouvent mêlés: la petite phrase écrite en bas de l’image devient grande, elle acquière son autonomie, et l’anecdotique est livrée à une audience, au spectateur 2.0.

C’est donc par cette petite porte qu’aujourd’hui nous écrivons et décrivons nos vies (parfois en plus grand qu’elles ne sont ?). Nous avons besoin de fictionnaliser nos propres vies, nous avons besoin de les légender. C’est un mouvement naturel qui n’est pas dû à l’émergence du réseau : la fiction a toujours servie de régulateur de la réalité et toute famille, ou tout groupe d’individus, possèdent sa ou ses légendes, ses héros, ses traitres, ses challengers.. Ces récits qui participent au bon fonctionnement psychique et ont pour fonction de transmettre au groupe des éléments conscients et inconscients, bref de faire d’une chose individuelle une chose partagée, d’une chose commune une chose partagée.
Mais dans les réseaux sociaux, ce partage est étrange. C’est le flux qui y domine, les légendes s’empilent les unes sur les autres, les légendes se compilent les unes avec les autres. Parfois, les commentaires ralentissent les flux, parfois les compilations fédèrent des groupes…

Mais l’étrangeté et la nouveauté résident surtout dans le fait que l’histoire globale n’est la même pour personne. Personne n’a accès à la même légende : l’histoire est customisée, et le commun variable, chaque spectateur voit défiler une histoire différente.