Archive mensuelles: septembre 2012

Leurs lumières

Leurs lumières

Julie Morel - Exposition "Leurs lumières"

« Leurs lumières » :
Exposition du samedi 13 octobre au dimanche 16 décembre 2012 à l’Abbaye de Saint-Riquier – Abbeville, Baie de Somme.
Vernissage le vendredi 12 octobre 2012 à 18 heures.
Plus d’informations ici.

J’y présenterai « Light my Fire », une pièce réalisée dans le cadre d’une résidence à la Maison populaire (2011-12).
Light my Fire  est une installation qui s’appréhende tour à tour dans la lumière et dans la pénombre. Le spectateur est en présence d’un texte inscrit en caractères phosphorescents sur le mur. Presque invisible et illisible en pleine lumière, il se révèle cycliquement lorsque la lumière s’éteint, le temps qu’il s’efface lentement dans le noir. Cette version du texte augmente et rejoue un extrait de La Part maudite de Georges Bataille (1949). Elle propose la description tautologique d’une phrase en train de s’écrire, prend le caractère d’un énoncé performatif et met en évidence la difficulté de sa lecture et les efforts nécessaires pour la saisir. Cette augmentation performative est rédigée en minuscules alors que la phrase originale, « Le principe même de la matière vivante veut que les opérations chimiques de la vie qui ont demandé une dépense d’énergie soient bénéficiaires, créatrices d’excédents », se détache furtivement en majuscules.

Protocoles / énnoncés – A Pyrrhic Victory

Suite à la production et l’exposition de ma pièce « A Pyrrhic Victory » au BBB, Cécile Poblon et moi-même nous sommes posées la question de la mise en place d’un protocole pour la vente et/ou reproduction de celle-ci. La question du protocole (ou énoncé), notamment dans ce que l’art conceptuel a pu mettre en place, m’a toujours attirée et posée question : à la fois outil, Å“uvre, parfois les deux, constitués de mots, le protocole interroge via une description la possibilité d’une production, ou d’une reproduction.
Il s’agirait donc de la description d’un ensemble de règles* qu’un artiste ou collectif définit pour réaliser une Å“uvre ; et ses descriptions ont un côté réflexif, affirmatif (elles définissent une sorte de manifeste appliquée à une Å“uvre – le mot « statement » en anglais porte bien plus ce sens que le mot français « Ã©noncé ») et un côté pratique (permettre à l’artiste, s’il le désire, de faire exécuter ou reproduire son Å“uvre par un autre).**
Définir un protocole ou un énoncé pour A Pyrrhic Victory représente une ré-interrogation de la pièce elle-même, dans ses limites et frontières notamment, qui sont une partie intrinsèque de cette pièce qui parle avant tout de territoire et de stratégie des espaces (du nom de l’exposition du BBB, pour laquelle elle fût originellement produite).
Dans un premier temps, j’ai décidé de m’en tenir aux faits : quelques sont les composantes formelles de l’Å“uvre (matériaux, dimensions, couleurs), le contexte « minimum » dans lequel elle doit s’inscrire, quelles sont les règles qui définissent précisément la pièce sans la figer?


A Pyhrric Victory :

1. Le protocole s’accompagne du texte original, ainsi que d’un pantonier, d’un plan de découpe en fichier vectoriel, d’une image « suggestion de présentation » au format .jpg (on peut aussi penser à l’impression HD de l’image et du plan).
Tout protocole ne comprenant pas ces 4 éléments est rendu caduque.

2. Description générale de la pièce :
La pièce est constituée d’une moquette (bleue claire) recouvrant le sol de l’espace exposition, et d’une découpe laser de 2 morceaux de moquette imbriqués (l’un jaune et l’autre clair) représentant le plan de l’île de Clipperton.
Cette pièce a pour but de transformer un espace et l’appréhension qu’on peut en avoir : c’est l’insertion, dans un espace, du plan de Clipperton (petite surface « furtive ») qui détermine la disposition de immense applat de moquette bleue. (formulation à revoir, je n’en suis pas trop contente).

3. Condition de réalisation de la pièce :
– Le fichier illustrator permet la découpe laser des moquettes jaunes et grises. La taille de l’île est fixée par le fichier illustrator, soit 70cm x 1m environ.
– Couleur de la moquette : bleu, jaune, gris (Ref. Pantone) . Nous recommandons les moquettes suivantes (ref. des moquettes et fournisseurs).
– Taille minimum des laies de moquette : 5m.

4. Condition de démonstration de la pièce :
– Condition minimal de réalisation :
• On entend par espace d’exposition tout lieux public ou privé.
• La surface minimale de l’espace d’exposition pour la pièce est de 35m2. Il n’y a pas de surface maximale.
• La moquette bleue doit recouvrir toute la surface de l’espace où elle est exposée. La moquette et tous les murs sont bord-à-bord.
• Aucune autre Å“uvre ne peut être disposée sur la moquette. (Dans le cas d’une acquisition privée, les meubles peuvent être disposés sur la moquette).
• Une distance d’au moins 6m doit être comprise entre la découpe de l’île et toute Å“uvre au mur. Les Å“uvres au mur ne peuvent pas toucher la moquette (distance minimum 30cm).
• Position de la découpe de l’ile : l’île ne doit pas être située à moins de 3m d’un mur ou d’un meuble.
– Selon le budget de production, la découpe de l’île peut être intégrée à la moquette bleue, ou bien collée dessus la moquette bleue.
– La pièce reproduite est accompagnée du texte original.

 


Avant la rédaction du protocole A Pyrrhic Victory, j’ai listé quelques exemples de protocoles/énoncés que j’aime particulièrement…
– Laszlo Moholy-Nagy (Telephone Paintings, 1924) commande par téléphone à un fabricant d’enseignes, des peintures en se servant de référence standardisées de couleurs. Ces peintures auront pour titres des numéros, en référence à des numéros de fabrication.
– Sol Lewitt (Wall Drawing, 1970) donne le droit à l’acquéreur d’une Å“uvre (une notice et un certificat) d’exécuter « Des lignes droites de différentes longueurs, dessinées au hasard, en utilisant quatre couleurs uniformes se dispersant avec une densité maximale recouvrant la surface entière du mur ».
A propos d’un énoncé de travail, Sol Lewitt écrit : « Quand un artiste utilise une forme conceptuelle d’art, cela signifie que tout est prévu et décidé au préalable et que l’exécution est affaire de routine. L’idée devient une machine qui fait l’art. Ce genre d’art n’est pas théorique; il est à base d’intuition, il est lié à toutes sortes de processus mentaux et ne poursuit aucun objectif. Il ne dépend généralement pas de l’habileté manuelle de l’artiste ».
J’aime bcp cet article baptisé Do-it Yourself Sol Lewitt Wall Drawings.

– Vito Acconci (Following Piece, 1969) est un type de protocole plutôt classique (ou l’artiste définie le protocole et l’applique lui-même) ou il choisit un passant au hasard et suit cette personne jusqu’à qu’elle entre dans un espace privé.
– Lawrence Weiner (Blocked Off With, 1979) n°465 du catalogue des énoncés.
Cette pièce actualisée selon l’une des trois propositions fondant le principe du travail et sa relation au contexte d’exposition :
1. L’artiste peut construire le travail
2. Le travail peut être fabriqué
3. Le travail peut ne pas être réalisé
Chaque proposition étant égale et en accord avec l’intention de l’artiste, le choix d’une des conditions de présentation relève du récepteur à l’occasion de la réception.
Cette formulation que l’on trouve dans le Specific and General Works de Lawrence Weiner distingue nettement la « construction » de l’œuvre, qui relève de l’artiste, la « fabrication », qui est une possibilité offerte au « récepteur à l’occasion de la réception », et enfin la « non-réalisation » : cette troisième proposition est en réalité la plus simple, paradoxalement, à « réaliser » puisqu’au « travail », c’est-à-dire au référent que décrit l’énoncé, elle permet de substituer l’énoncé lui-même, qui est alors peint directement sur le mur, avec une police de caractères et une couleur définies initialement par Lawrence Weiner.
> voir l’article du Frac Bourgogne, très bien écrit sur cette pièce.
> Le numéro de la revue Pratiques, autour des énoncés et de leur réactivation lors d’un atelier à l’EESAB-Rennes.
– stanley brouwn, (casier en métal, 1000 fiches, 1974), propose des « marches programmées » ou l’espace est déterminer par la mesure, sous forme de segments de pas (distances de marche et les mesures de distance). Les fiches contenues dans le casier sont utilise comme support qui donne une lisibilité optimale des distances grâce à leur caractère standardisé et systématique.


Sol Lewitt – Wall Drawings

Sol Lewitt - Wall Painting 1975
Sol Lewitt – Wall Drawing 273 (lines to points on a grid) –

*La semaine dernière, lors d’une promenade en forêt, très « rousséene », avec Claire Grino (philosophe) nous avons discuté de la fracture qui existe entre sciences molles et sciences dures depuis l’époque des lumières, et des conséquences très contemporaines notamment cette (mauvaise) habitude de certaines institutions de l’art de se référer aux sciences dures dès qu’il s’agit de recherche appliquées ou tangibles. J’ai donc pris le temps à l’écriture de cet article sur le protocole – une pratique plutôt conceptuelle – de me pencher sur sa définition scientifique ; )
En science, la méthode expérimentale est une démarche « qui consiste à tester par des expériences répétées la validité d’une hypothèse en obtenant des données nouvelles, qualitatives ou quantitatives, conformes ou non à l’hypothèse initiale » et le protocole expérimental la « description précise des conditions et du déroulement d’une expérience qui permet d’aboutir à des résultats exploitables ». C’est donc un acte pratique, qui découle d’expérimentations, parfois empirique.

** Scénario, partition, récits autorisés sont aussi des termes employés, avec des nuances car ils impliquent aussi un autre point de vu..

Walden

Panorama

Je participe au projet de Laurent Tixador « Dans les bois », lors de « Panoramas, le parc des coteaux en biennale » 2012 au parc de l’Ermitage. Il sera question d’un bivouac d’environ un mois près de Bordeaux.
Pas d’internet pdt toute cette période… mais je tiendrai un blog : villagedanslebosquet
see you soon! :)

Panorama