Archive mensuelles: janvier 2011

04-06-00 / Le virus s’appelait I Love You – Résidence au Bel Ordinaire

Le mois prochain, je commencerai ma résidence au Bel Ordinaire (l’espace d’art contemporain aux Abattoirs, Pau).

Pour cette résidence dans l’espace public, j’ai fait une proposition en volume dans le parc du château d’Idron. Cette production prendra la forme schématique d’un robot, d’environ 5 mètres de haut et de 2 mètres de large.
Ce qui frappe immédiatement le promeneur ou le spectateur, c’est la différence plastique entre les 2 matériaux utilisés pour celui-ci : du bois rugueux et brut pour la structure du Robot, et un néon, fragile, brillant sur le devant de celui-ci.
On peut aussi voir, sur l’un des pieds du robot, une petite inscription qui est probablement un n° de série, ou une date de fabrication : 04-06-2000. Sur le devant, on peut lire l’inscription en néon : LOVE.

La proposition, qui au premier abord peut être envisagée sous une simple forme poétique, est en réalité un déplacement de langage & de médium.
«I love you» est le nom d’un ver informatique apparu pour la première fois le 4 mai 2000. Il s’est répandu en quatre jours sur plus de 3,1 millions de machines dans le monde, et l’on estime les dommages liés à ce virus à plusieurs millions de dollars. Ce virus est ce que l’on appelle en langage informatique un «bot» (contraction de Robot). Un bot est un agent logiciel automatique ou semi-automatique, qui permet d’automatiser des tâches et de se reproduire rapidement. La proposition joue avec ce virus et le matérialise dans l’espace, ce qui en multiplie les interprétations possibles et brouille les pistes.
Le robot apparaît clairement comme un élément anachronique dans le parc du château : c’est un cheval de Troie – terme également utilisé dans le jargon des virus informatiques – sa fonction est d’introduire une porte dérobée entre un univers codé, & inconnu dans le lieu de son implantation.

Ce qui est intéressant pour moi, c’est à travers ce projet d’explorer un genre (le « Néon » – ce que j’avais commencé avec mon dernier projet : Partition), et une thématique de l’art contemporain souvent considéré comme mineur et banal : la relation amoureuse, et de la lier avec un autre genre considéré encore comme mineur (à tord ; ) : l’art numérique et le hacking.
Mon but n’est pas de faire un projet de hacking (ou alors si, mais sous forme low-tech & non technologique – un cheval de Troie dans un Manoir du 19ème siècle !) mais de voir comment ces deux vilains petits canards de l’art actuel peuvent procréer ; )…
A ce sujet, je m’étais mise à dessiner des robots très low-techs, très basiques : en carton, type Intergalactic. Mais je voulais un robot fille… Je suis tombée au fil des recherches sur ce phénomène au Japon : Danboard, d’Azuma Kiyohiko …


Et puis récemment, mon frère a imprimé un catalogue d’exposition lié à ce sujet : « Emporte-moi » au Mac Val que j’ai trouvé très belle : sans complications pour rajouter du sens, donc simple et droit au cÅ“ur. J’y ai trouvé de nombreuses de références, notamment dans la production de néon. Mais il y en a aussi beaucoup dans les livres consacrés à ce genre, et sur internet, les ressources sur les néons sont sans fins.

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Abramovitch et Ulay, une de mes performances préférées.


« You forgot to kiss my soul » Tracey Emin


« And if I don’t meet you no more in this world », Cerith Wyn Evans


« please… », Tim Etchells


« Please come Back », Claire Fontaine (à noter ce néon est interactif, il s’éteint quand on s’approche..)


« Néons avec programmation aléatoire poétique-géométrique », François Morellet


Christian Robert-Tissot, « Less playboy is more cowboy »


« I do not own snow white », Pierre Huyghe

Lacs, récifs, ravins

C’est armées de post-it et de crayons que Marie de Quatrebarbes et moi-même nous sommes attelées à la tâche d’adapter ses textes pour le livre cubique des éditions volumiques…

Sur la masse de textes écrits par Marie, nous en avons sélectionné plusieurs qui allaient dans la même direction : de part leur titre, par les images qu’ils créent à la lecture ils formaient un ensemble que nous avons d’abord appelé Limnologie, puis Limnographie (je ne savais pas si ce mot existait, mais il correspond bien au côté graphique du texte…).
À la fois très fragmentés et malgré cela dynamiques (comme si l’on était toujours propulsé vers l’avant), les phrases semblaient idéales pour la navigation à l’intérieur du livre labyrinthe. Cette navigation se décline maintenant en trois parties :
– Lac
– Ravins
– Récifs
Notre difficulté est bien sûr de combiner les phrases pour qu’elles continuent à avoir un sens quelques soient les pages que l’on ouvre en premier.
Un vrais casse tête ! (merci Étienne ; )

Graphiquement, j’ai commencé à travailler sur la typographie (toujours sur le même principe du nombre d’occurrences de lettres dans le texte), et j’ai repris le déplié de l’iceberg qui avait servit pour mon projet « dérives » comme motif de base.

C’est donc ce motif qui constitue les lettres et se répète en fonction du nombre de fois qu’une lettre apparait dans le texte.
Dans l’idée (très littérale, mais qui visuellement fonctionne bien), la couleur de la page s’assombrira au fur et à mesure que l’on avance dans les profondeurs de l’histoire, jusqu’à se confondre avec la couleur du texte (bleu très foncé), rendant l’histoire illisible.

Une image des tests, et celle d’une fausse manip, qui rend le dessin plus végétal…

Phosphorescente

Phosphorescente, c’est l’encre utilisée pour une grande sérigraphie produite par l’atelier la presse purée (Rennes) pour l’exposition Partition au Bon accueil. Cette sérigraphie en blanc sur blanc (car l’encre phosphorescente est blanche) ne peut se voir que dans l’obscurité. Des images et détails de ce que l’on voit lorsque l’on éteint la lumière.

Exposition « Partition » au Bon Accueil – Rennes, du 7 janvier au 27 février 2011

Vernissage le jeudi 6 janvier à partir de 18h30
Rencontre autour du travail le samedi 8 janvier à 17h
Exposition du 7 janvier au 27 février 2011

« Avec « Partition », le Bon Accueil initie une nouvelle série d’expositions intitulée «Le caractère fétiche de la musique » proposant de découvrir des artistes pour qui la musique, soit comme objet d’écoute, soit comme objet matériel, joue un rôle important dans leur travail.  La première exposition de cette série s’intéressera à la représentation de la musique.

Les œuvres proposées par Julie Morel sont le fruit de la découverte fortuite de partitions du 19ème siècle appartenant à un fonds d’archives. Après avoir opéré une sélection de douze chansons parlant de la séparation amoureuse, Julie Morel les a réinterprétées et créé des versions au goût électro-pop, et translittéré les titres de ces chansons en braille que l’on retrouve dans l’exposition sous forme de néons.
« Partition » s’appuie également sur la plurivocité du mot qui en français désigne à la fois la notation d’une composition musicale mais aussi le fait de diviser un disque dur en plusieurs parties. Le thème de la séparation amoureuse fait écho, non sans humour, à cette division, séparation en plusieurs « morceaux », d’un disque dur.
Une exposition à découvrir comme une mix-tape que n’aurait peut-être pas réfuté le héros de « Haute Fidélité » du romancier anglais Nick Hornby,  et surement destinée au « Sad Mac » du musicien  Stephan Mathieu ».
Damien Simon.

Merci à :
Damien Simon, Yuna Amand, ABnéon, Sylvain Lebeux, Stéphane Morel, ACDDP & DRAC Aquitaine.

LE BON ACCUEIL
74 canal st martin
35700 Rennes
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