Archive mensuelles: février 2008

Le révélateur du titre

Voilà que depuis quelque temps, j’avais envie de revoir « The Pervert Guide to Cinema » qui passait il y a quelques années sur Channel 4. J’ai finalement regardé le premier, à nouveau, hier. Et je sais maintenant pourquoi cette envie coïncidait avec les questions relatives à mes travaux récents.
Le lien se résume notamment dans cette phrase de Zizek à propos de « Matrix », qui ouvre le tout premier épisode :

« But the choice between the blue and the red pill is not a choice between illusion and reality. Of course Matrix is a machine for fiction, but these are fictions which already structure our reality. If you take away from our reality the symbolic fictions that regulate it, you loose reality itself…
I want a 3rd pill.
So what is the 3rd pill? Definitely not some kind of transcendental pill which enable a fake fast-food religious experience, but a pill that would enable me to perceive, not the reality behind the illusion but the reality in illusion itself.
If something gets too traumatic, too violent, even too filled with enjoyment, it shatters the coordinate of our reality, we have to fictionalized it. »

Et plus loin, en introduction de l’analyse de « The birds » :

« It is not enough to say that the birds are part of the natural set up of reality. It is rather as if a foreign dimension intrudes, that literally tears apart reality
We humans are not naturally born into reality. In order for us to act as normal people who interact with other people who live in the space of social reality, many things should happen, like we should be properly installed within the symbolic order and so on, when this / our proper dwelling within a symbolic space is disturbed, reality disintegrates. »

Ces 2 phrases, je crois, me donnent une clé sur la raison pour laquelle j’ai donné le titre « My Life is an Interactive Fiction » à l’expo qui va avoir lieu à la galerie Duplex.
Je me suis questionnée sur ce titre (au départ une sorte de blague à épisode avec Marie Daubert pour décrire notre vie sociale), qui m’est venu comme une intuition. Mais je savais que derrière cette intuition, il y avait quelque chose de très réel, que je n’arrivais pas à définir précisément.
Et depuis le début de la conception de cette exposition, le mot fiction – et son compagnon en ion – narration – me posaient problème. Car, malgré leur présence qui me semblait essentielle, je n’étais pas en présence d’une réflexion ou dans la construction d’une narration fictionnelle.
Oui, bien sur, ces travaux en cours parlent de la réalité contenue dans toute Å“uvre de fiction. Mais surtout, l’idée est plutôt de réfléchir à la connexion de ces deux modes de construction du récit, sans qu’ils deviennent des éléments constitutifs des propositions.

La lecture du catalogue « Just a Walk » et quelques discussions plus tard, je réussis à définir que ce principe d’extension, ces débordements de territoires présents dans les différents travaux que je suis en train de produire sont à la fois structures et principes révélateurs.
Ce sont soit des crossovers formels, des extensions de types référents comme dans « Still On » (références à, et extensions du travail d’un artiste – ici On Kawara – dans un autre médium et dans une autre réalité) ou encore des débordements d’espaces géographiques réels, comme dans « Sweet Dream ». Parfois aussi extensions entre postures sociales et réalité (les statuts dans facebook utilisés comme matériaux, dans « This Face of the Earth » un projet en développement : ).

Obstacles ?

Je participais ce samedi à la marche-performance « Bien entouré » (organisée par/pour « Au bout du plongeoir »/Alain Michard/Jocelyn Cottencin/Richard Louvet).
Cette marche (environ 10km) a été pour moi l’occasion de belles rencontres & discussions… Une marche à différents rythmes, où l’on peut apprivoiser chacun et le temps que l’on peut consacrer à ses propres pensées…

Ça a été aussi l’occasion, sur le chemin du retour (une bonne douzaine de km à nouveau), de repérer la trajectoire, la dérive de mon Iceberg sur la rivière…

tize1.jpg

tize3.jpg

tize5.jpg

tize2.jpg

Sur les bords de la Vilaine, la mal-nommée, au-delà des informations concrètes que j’ai pu accumuler (hauteur, largeur de l’iceberg à construire, etc.) j’ai vite pris conscience du fond performatif de ma promenade, que j’envisageais plutôt avant comme une « fabrique à images ». Effectivement, cette promenade ne serait pas tant un cheminement entre Tizé et le centre de Rennes, qu’une performance sur la longueur, un affrontement… À savoir : jusqu’où la rivière et ses obstacles me permettraient-ils d’aller ?
Je me suis aussi posée la question du détournement. Ai-je la possibilité de contourner ces obstacles ? Comment ? Jusqu’où pousser l’absurdité (un iceberg démontable ou modulable, un iceberg en plastique gonflable par exemple ?). Suis-je dans une situation vouée à un échec de navigation ? (Ça me plairait tout autant, aux vus du nombre de projets que j’ai pu bâtir sur cette base de perte de contrôle).
Mais surtout ai-je envie de contourner – sachant que contourner irait à l’encontre de cette idée qui anime le projet depuis le début : la dérive.

t1.jpgt2.jpgt3.jpgt4.jpg

Briant Summer Camp @ Economie0

economie0.jpg

Le lancement de la vente de T-shirts « Briant Summer Camp » (projet qui à pour but de financer l’achat d’outils pour la rénovation de l’atelier d’artistes à Briant – Bourgogne) aura lieu du 15 au 17 fév. à Economie 0, à la Ménagerie de verre.
Je serais sur place (sauf samedi de 8h à 19h) pour renseigner les personnes qui ont envie d’en savoir plus sur le projet ou qui, simplement, veulent soutenir le projet en achetant 1 des T-shirts (en tout, cinquante sont à vendre).

economie0briant.jpg

> Le PDF du projet, à imprimer au centre de doc d’économie 0.
> http://julie.incident.net/briant

Last Iceberg – All things move toward their end

Un lien envoyé en décembre par Claude Le Berre, que je n’avais pas eu le temps de mettre en ligne (Merci Claude ! ) : celui du site de Camille Seaman, dédié au projet « Last Iceberg ».

seaman.jpg

> http://www.camilleseaman.com/Artist.asp?ArtistID=3258&Akey=WX679BJN

Dans un tout autre domaine, il y a cette peinture sur la couverture de « The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket » d’Allan Poe, qui me faisait de l’Å“il depuis que j’en avais commencé la lecture… Peinture de Frederic Edwin Church, peintre paysagiste-pompier du 19ème… Les icebergs toujours fasciné, et il me semble que les diverses esthétiques engendrées, quels que soient les médiums utilisés, ont toujours eu un côté pompier…

church_frederick_edwin_iceb.jpg