12h20. dehors le soleil brille. Je regarde la température de loin, je regarde la température sur l’ordinateur. -2 degrés. Je suis sortie ce matin, pour la première fois sans gants. Les rues étaient sèchent comme du papier de verre, pleines de gravillons laissés là par les ruisseaux d’eau qui ont quadrillés la ville pendant un temps. Les rues qui mènent au port, sous les bretelles d’autoroute, sentaient presque le printemps.
Le port était encore en hiver, avec les neiges fondues, les eaux qui charrient leurs tonnes de glace, le bruit du Ferry qui crisse et casse, et concasse la glace à chaque passage. Mais petit à petit, le fleuve semble reprendre le dessus sur la glace venant du nord. Il malmène les blocs de glace, les fragmente encore plus, les retourne. Certains blocs laissent voir leurs entrailles, d’un bleu transparent et sans tâche, celui d’une vitre opaque bien astiquée. Ceux échoués sur les berges se tiennent encore comme des bunkers imprenables. Car c’est la guerre en bas. Entre le solide et le liquide, entre le chaud et le froid. C’est une opposition de nature, d’essence, de vitesse et de lenteur. C’est la guerre. Et le printemps ne va pas tarder à la gagner, malgré la résistance qui lui est opposée.