19h. Aujourd’hui, la basse ville est humide. Grise. Un fin brouillard la parcourt en longueur. Il fait bon pourtant. 9°. Je sors de la chambre Blanche vers 19h. Je prends la rue des voltigeurs en direction de la haute ville, et je m’aperçois d’une chose : la ville rouille.
Toute la ville.
Dans chaque fissure, dans chaque interstice du trottoir, des murs en tôle ou dans le béton, parmi les pierres au bas des maisons et aussi dans le bois, la rouille s’est développée. Elle perce même la neige qui résiste par-ci, par-là .
La rouille. Elle habite la ville, la squatte et la ponctue. Elle en dessine les contours. Elle prouve son existence à chacun de mes pas, à chaque coin de rue. Elle souligne, tire des traits, marque et scarifie les moindres coupures laissées par le froid. Elle dégouline le long des rues en pente. Elle laisse des strates de couleurs brunes et rousses le long des caniveaux.
Je pense : il n’y a pas de plaques d’égouts à Québec. Non. Ou presque pas. L’eau s’écoule. La rouille avec elle. Jusqu’où ?