Tempête. Dès que l’on sort de la Chambre Blanche, deux perspectives s’offrent à nous. En direction de la citadelle, c’est le bâtiment jaune qui émerge et au loin, la silhouette d’une haute tour carrée. Dans l’autre sens, sur la droite, c’est le revêtement en métal du bâtiment abandonné.
Pourtant, on a fermement l’impression que les distances jusqu’à la fin de la rue est la même dans les deux directions. Le même nombre de poteaux électriques. Ces poteaux si caractéristiques des villes nord-américaines. Les fils électriques qui restent au dessus du sol, plutôt qu’enfouis en dessous. Des fils exposés que l’on peut suivre de carrefours en carrefours.
En temps de neige, les deux options se ressemblent, se rassemblent. Les deux perspectives fusionnent, comme deux calques légèrement décalés. La neige semble venir des deux extrémités de la rue…
Le ciel et le sol sont également blancs. L’air devient opaque… La neige estompe visuellement les distances, elle brouille la vision. Elle modifie la lumière, instantanément. Alors, je cligne des yeux. Je me mets à regarder mes pieds. Les distances s’allongent. Le pas ralentis. Lourd. Je chemine entre les obstacles, je contourne. Je regarde les traces que l’on laisse, les traces que je laisse, je modifie ma manière de marcher. Parfois, je fais demi-tour, quand les amas de neige s’avèrent trop importants. Parfois je m’en tiens aux traces laissées par les autres.