06h09. Je me réveille. La lumière est partout. Par la fenêtre, la neige tombe. Elle a tout recouvert. La neige est partout, le vent souffle en rafale et soulève des grosses masses poudreuses, par paquet. C’est une tempête. Mes fenêtres sont à moitié bloquées. J’en ouvre une pour regarder dehors, le froid pénètre dans la pièce. Ce n’est pas désagréable… Je referme la fenêtre, ça suffit à dégager la neige. Dehors, le vent déplace ses masses d’un coin à l’autre, d’un toit à l’autre, d’une rue à l’autre. Je descends les escaliers et ouvre la porte d’entrée. La rue est déserte. Le souvenir de ce que je voyais par la fenêtre de ma chambre s’efface déjà , comme si au contact de cette neige réelle, lui aussi avait été recouvert d’une pellicule amnésique. C’est ce que j’ai devant les yeux qui compte, qui conte, qui raconte, et le son si caractéristique du vent. Avec lui, je suis consciente de mon propre rythme, mes expirations qui laissent un nuage devant moi.
Je remonte au lab. En courant pour ne pas perdre complètement ces sons.
Du vent. Dans le lab, le souffle des ordinateurs est immuable. Là encore le mugissement du vent n’est bientôt plus qu’un souvenir. Ma respiration devient à nouveau inconsciente, secondaire.