Tarantism


« Time of Hashsashins »

 


« From the Travel of Jonathan Harker »

Je reviens de la Biennale et autres manifestations en cours à Lyon. Ce qui m’a le plus marquée ne fait pas partie de la biennale : elle a lieu à l’IAC (Villeurbanne), il s’agit d’une exposition conséquente de Joachim Koester, « Of Spirits and Empty Spaces », incroyable par sa densité et la précision des travaux présentés.
Les premières salles/pièces permettent une immersion dans l’univers de Koester :
La première, enchevêtrement de doigts sur enchevêtrement de planches, dont le titre (Variations of Incomplete Open) situe la « famille » artistique tout en posant certains principes que l’on retrouve tout au long dans l’exposition (déplacement, transposition, transe, chorégraphie, paradoxe conceptuel-sensible..).
La deuxième salle est comme un sas, une lampe marocaine nous y accueille et éclaire la photo d’un escalier menant à un château en ruine? ..Le texte justement, fait référence à la manière dont est accueilli le narrateur d’une histoire potentielle.
Dans la troisième salle on se retrouve face à une photo ancienne (imprimée en grand format) d’un intérieur bourgeois, qui ressemble à une bibliothèque ou un fumoir. Lorsqu’on passe devant le projecteur 16mn situé à l’opposé, se déclenche sur la photo, comme par magie (en fait grâce à un capteur de présence, le même que j’ai utilisé pour « le virus s’appelait.. » – je l’ai vite repéré ; ) une projection de ce qui pourrait être des feuilles de haschich ou encore des vampires/chauves-souris en train de s’envoler. Le titre « The Hashish Club« , donne raison à la première version, alors que la salle suivante, des photos intitulées « From the Travel of Jonathan Harker » nous replonge immédiatement dans la deuxième hypothèse.
Pour accéder à la 4ème salle, on repasse devant « The Hashish Club« , et l’on prend conscience de ce jeu de va-et vient entre différentes interprétations, hypnotisant va-et-vient, sur lequel joue Koester et qui, de salle en salle, nous emmènera très loin – sans que l’on s’en aperçoive – dans des transpositions entre documentaire et fiction, entre expérience intellectuelle et expérience sensible. On se laisse guider, comme si l’on marchait éveillé (et éveillé il faut pourtant l’être pour appréhender toutes les subtilités des différentes propositions), jusqu’à se retrouver à nouveau dans des salles très (trop) éclairées, comme si l’on émergeait d’un état second.


« Tantrisme » Un extrait de « Tantrism » sur youtube.

Bref, j’ai énormément apprécié cette exposition, elle va me hanter longtemps ; ) ..J’en ai d’autant plus tirée du plaisir qu’elle flirte avec des choses que je suis en train de voir/lire pour le projet Rheum Nobile : des lectures de Lovecraft aux  déplacements de sens entre faits scientifiques réels et construction d’une narration dans le but d’interroger justement cette réalité, « abolition volontaire des frontières entre approche conceptuelle et empirisme », ou encore la réactivation de légendes populaires entre expérimental et conceptuel.

JOACHIM KOESTER à l’Institut d’art contemporain from Institut d’art contemporain on Vimeo.