© 2011. Julie Morel, A Pyrrhic Victory. Production : BBB Centre d’art – Toulouse
Les tapis, moquettes, et autres aplats qui recouvrent la plupart du temps les sols en intérieur paraissent être des éléments décoratifs, voir peu importants, que l’on piétine sans s’en rendre compte.
Pourtant ces zones de recouvrement délimitent un territoire et sont souvent des espaces symboliques : des représentations abstraites du jardin dans les tapis de la culture perse à la moquette rouge que l’on déroule lors de cérémonies officielles, en passant par l’espace religieux du tapis de prière, les exemples sont nombreux.
Et en un sens, le tapis est toujours un moyen d’être transporté, et il ne semble pas sans hasard qu’il ait été utilisé à cette fin dans de nombreux contes (le tapis volant).
Le tapis de sol de l’installation A Pyrrhic Victory pour l’exposition « Stratégie des espaces » au BBB Centre d’art peut se lire comme une prise de position, à la fois dans le sens de prendre un point de vue, mais aussi dans le sens de prendre (gagner) une position (stratégique).
Ce faux jumeau symbolique de l’île de Clipperton – où je me suis rendue au mois de mars lors d’une expédition scientifique – en reproduit les enjeux territoriaux.
Clipperton, nommée aussi l’île de la passion, est un point perdu dans l’océan pacifique, si petit et si plat que l’on peut passer à côté sans le voir. Un point néanmoins stratégique, ou le paradoxe d’un territoire dont les frontières minuscules que dessinent la nature sont remises en cause, augmentées par des frontières juridiques, formant une zone immense, insécable, et convoitée.
Le titre de cette proposition, A Pyrrhic Victory, fait référence, avec humour, à une expression militaire : une victoire à la Pyrrhus étant une victoire avec un coût dévastateur pour le vainqueur.