Je suis sur le livre « Les trois écritures », et ça commence très bien. Un extrait :
« (…) Nos langues modernes, couchées sur papier grâce à un alphabet qui note consonnes et voyelles, comprennent des noms de nombres qui s’écrivent « quatre », « III », « IV » ou « 4 ». Le lecteur conviendra que les éléments q, u, a, t, r, e de « quatre » ne sont identiques ni aux éléments I et V de « IV » ou de « IIII », ni à l’élément « 4 », et que cette dernière graphie note avec un seul élément ce que « quatre » écrit avec six éléments, « IV » avec deux et « IIII » avec quatre. Il n’est pas étrange de dire que « quatre » écrit le nom du nombre comme entité arithmétique, et qu’importe la langue dans laquelle il est nommé.
De fait, la graphie romaine « IV » signifie « 5 moins 1 » tandis que l’indo-arabe « 4 » montre que ce nombre est un nombre entier qui contient quatre unité dans la classe des unités et aucune dans celles des dizaines, des centaines des milliers, est.Reste que ces deux façons d’écrire le même nombre donnent à voir, différemment, que celui-ci ne se réduit pas à son expression linguistique, qu’il a des propriétés et que les chiffres qui le représentent ont à voir avec ces propriétés. Comme il se doit, « nombre » entité arithmétique se distingue de « chiffre » entité graphique : ainsi, en graphie indo-arabe, les nombres entiers positifs, dont la production est infinie, peuvent-ils s’écrire avec seulement dix chiffres, de 0 à 9. »