Des photos du vernissage de l’exposition Aubamo, qui réunissait David Poullard, Grégoire Romanet, Pierre Di Sciullo après vous et moi-même, ce vendredi 15 février à la Galerie Plateforme.
La soirée du vernissage a été incroyablement agréable et Lola Burgade (une de mes étudiantes de 5ème année et jeune artiste prometteuse) a été comme un poisson dans l’eau lors de ses 2 courtes mais intenses performances, pendant lesquels le public est resté silencieux et le temps suspendu..
Cette exposition a lieu 2 ans après « Bonus Track » ma dernière exposition là -bas, et c’est le même plaisir, intacte, de faire les choses dans ce lieu, tenu par des artistes (entre autre Cécile Azoulay, François Ronsiaux, Cécile Babiole…)
J’aime les espaces gérés par les artistes : ils restent les meilleurs endroits où échanger des idées, partager le travail, rencontrer l’autre. Tous ces lieux que j’ai connus (Paris Project Room, Public, Béton salon, Visite ma tente) et ceux qui persistent encore (Marks Blond, Plateforme), et quelque soit leur dénomination (Artist run space, Off space, centres d’artistes autogérés) permettent à la fois dans une grande rigueur vis à vis du travail (sans jamais être dans quelque chose de rigide) une ouverture et un potentiel d’expérimentation que je ne retrouve que dans peu de lieux institutionnels ou galeries privées. Ce sont ces lieux que je préfère et ils font parti de ma famille artistique.
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Net art is not dead (but in a commercial gallery).
Une semaine après – hier soir donc – je me suis rendue à la galerie xpo, pour voir « Offline Art : new2 ».
Un exposition dont le commissariat a été assurée par Aram Bartholl, avec les artistes : Cory Arcangel, Kim Asendorf, Claude Closky, Constant Dullaart, Dragan Espenschied, Faith Holland, JODI, Olia Lialina, Jonas Lund, Evan Roth, Phil Thompson, Emilie Gervais & Sarah Weis. (Autant dire, un peu la Dream Team, autant du côté du commissariat qu’en terme d’art sur internet).
L’intérêt de cette exposition réside surtout dans le fait que rien n’apparait dans la galerie si ce ne sont des modems accrochés au mur.
Pour visionner les Å“uvres en ligne, il faut sortir son téléphone (ou pour les rare personnes qui comme moi n’ont pas de smartphone, leur ordinateur) pour se connecter au signal envoyé par chaque modem, modifié pour ne donner accès qu’à un seul travail qui porte le nom de l’artiste.
J’ai aimé cet extrémisme esthétique et fonctionnel : ne voir que les modems alignés le long des murs, chacun avec sa personnalité (un genre de portrait chinois), se connecter pour accéder à une Å“uvre…
Bien sur il y avait pleins de gens que je connaissais, mais je ne suis pas restée très longtemps. Contente de ce que j’avais vu, je suis rentrée à pieds, habitée par ce que je venais de voir.
En marchant, malgré le fait que j’ai apprécié la qualité de cette exposition, mes réflexions m’ont poussées à déplorer le fait que peut-être, elle ne fonctionnait pas complètement. Cette idée a émergée quand j’ai pensé que le vernissage, comparé à celui de la semaine dernière à Plateforme, n’avait pas été des plus joyeux, et que si la connexion fonctionnait, la rencontre, elle, n’avait finalement pas eu lieu. Il en ressortait que l’idée de communauté qui (pour moi) a toujours accompagné le net.art, semblait absent de celui-ci.
Est-ce le côté individualiste du smartphone qui engendre cela : chacun dans son coin, sur un écran réduit, à regarder une œuvre, de manière individuelle, fermée, sans échanges.
Est-ce cela internet vu par ses artistes ?
Je me suis mise à penser qu’un dispositif simple aurait pu court-circuiter cet individualisme ambiant : un espace de rencontre, sous la forme d’un grand sofa minimaliste, assez bas et sans dossier, au centre de la pièce du fond. Une zone qui n’aurait pas fait concurrence à l’installation et qui aurait favorisé le dialogue. J’imaginais les gens les uns à côté des des autres, qui peut à peut se laissent aller et regardent par dessus l’épaule de la personne assise à côté, et engage la discussion.
J’ai repensé à la dernière phrase de Olia Lialina qui a introduit cette soirée : « ils faut continuer à aller dans les cybercafés, ce sont ces endroits qui sont importants ».
Elle avait bien raison. Pour voir du net.art, allons au cybercafé.