Depuis quelques temps tous mes projets semblent converger vers un même interrogation : comment passer de contenus sur internet vers un support papier?
Le projet de recherche « Auto-archivage immédiat » a tout d’abord questionné le passage de contenus matériels (souvent papier) vers internet, ainsi que les enjeux et nouveaux status de ces archives soumises à des flux, agrégations, montages par métadonnées.
Dans un deuxième temps du projet, il était logique de voir comment ces flux pouvait résister ou perdurer sur le papier, et nous avons commencer une édition qui est en cours. Néanmoins, il était évident que l’on ne pouvait pas opérer une simple translation d’un médium à un autre.
D’un autre côté, depuis quelques mois je travaille, avec le projet Lieux Dits, à une « éditorialisation de la ville » par le biais d’une revue en ligne et d’un fanzine papier générer directement et mis en page automatique par la navigation et la consultation de contenus par l’internaute.
Tout converge et je ne suis pas surprise par cette interrogation, elle a effectivement à voir avec l’idée de translation et de traduction qui m’habite depuis toujours, et je pense qu’elle va même au delà de ces questions :
Si l’inverse semble couler de source – on a toujours eu ce mouvement d’aller du papier vers un média en ligne – le retour du numérique vers le papier appelle à concevoir le « livre » autrement. Je mets livre entre guillemets car je ne crois pas que l’on puisse nommer ce nouvel objet papier par ce nom, même s’il en possède les qualités formelles (matériaux, reliure, une certaine linéarité au premier abord, outils synchroniques..).
Alors, la question qui sous-tend est : comment définir cet objet, comment s’y prend-on pour « transcrire » des contenus en ligne, avec tout ce qu’ils possèdent d’In Absentia. Comment visualiser ce qui se cache derrière un lien, comment retranscrire une vidéo, une animation-transition en mouvement, ou encore le montage tellement particulier d’une navigation hypertxtuelle?)
Alors peut-être le livre d’artiste serait-il le paradigme le plus proche. En tout cas, il permettrait des pistes de réponses sur ce que l’on peut développer lors d’un passage internet > papier. Car en effet, il évite souvent des choses telles que le codex, la pensée linéaire, la narration illustrative, la rigidité monolithique du livre.
Il n’est pas étonnant que les objets que sur lesquels je travaille actuellement sont surtout des objets conceptuels et font référence à cette période artistique (« l’art comme idée en tant qu’idée »), et je le fais donc à la fois par choix et par « commodité naturelle » vis à vis des relations que existent entre entre ses 2 typologies.
Même s’il est quasi impossible de rendre l’expérience d’une lecture/consultation de ce type de contenus, voici quelques images du fanZine en tout début de gestation, ainsi que le livre auto-archivage immédiat, en cours. Ces images sont bien à prendre comme uniquement une entrée visuelle/graphique de ces objets, et ne représentent pas du tout l’articulation entre les contenus et la forme choisie.