Archives de mots clés: Art conceptuel

Save the Date

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Cette semaine je suis dans les cartes postales. Les verso.
Celle reçue il y a un mois qui m’a fait me balader hier au Louvre (la salle Chardin est fermée au public ; à la place je suis allée voir le travail d’Ingres puis boire un thé chez Angelina pour finir Méridien de sang, un drôle de contraste – ou pas).
Et dans quelques fragments de recherche pour une proposition (18×13) pour les éditions Ultra, qui s’inscrira dans « Save the Date », série de carte postale confiée à des artistes.
J’y revisiterai le générique de TV Ad (projet qui diffuse la performance Through the Night Softly) de Chris Burden. Ce film, qui me hante, a été diffusé pour la première fois il y a 40 ans jour pour jour : le 5 novembre 1973, le jour de ma naissance.

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Tous les matins de cette semaine, je descends voir si le livre Artists’ Postcards: A Compendium, de Jeremy Cooper, est arrivé ! Ce livre – malgré son hideuse couverture (tiens je ne sais pas quoi mettre, je vais tout mettre) regroupe 300 pages de cartes postales plus intéressantes les unes que les autres, avec des cartes de George Grosz, Bruce Nauman, Sol Lewitt, David Hockney, Richard Hamilton, Susan Hiller, Joseph Beuys, Dieter Roth, Gordon Matta-Clark, Tacita Dean, Gilbert & George, Ray Johnson, Rachel Whiteread…

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What Happens in Halifax Stays in Halifax

En 1969 Robert Barry, invité au Nova Scotia College of Art and Design d’Halifaxen, propose aux étudiants un projet conceptuel basé sur le partage d’une idée, et sur le secret de ce que cette idée peut être et peut produire. Le projet n’existe donc qu’au sein d’un groupe d’étudiants, et ne doit pas être mis à jour sous peine de perdre sa raison d’être : «‘The piece will remain in existence as long as the idea remains in the confines of the group.’”».
En 2004, Mario Garcia Torres mène une enquête et rencontre les étudiants qui ont participé à cet atelier. Il leur demande s’ils ont gardé le projet caché, avec quelles difficultés et si cela leur a paru une expérience importante, et de quelle manière ce projet a eu un impact sur eux.
Il tire de cette enquête un diaporama N&B d’une cinquantaine d’images +bande son + d’interviews de 9 des anciens étudiants : on y voit défiler lentement images d’archives, photos des différents lieux, monuments/témoins d’un moment important de l’art conceptuel, mais dont on ne sait finalement rien. A la vision de ce diaporama, on prend toute la portée du paradoxe entre valeur de l’expérience liée à un projet conceptuel, et l’absence de diffusion au public de celui-ci. Et ce qui semble au centre de tout : le déplacement du projet initial car on peut se demander : qu’est ce qui fait projet? Le projet que les étudiants et Barry ont mis en place ensemble, réalisé et gardé secret, ou le projet global qui est le protocole de départ (un projet qui doit rester au sein d’un groupe, et dont l’existence dépend de ce protocole)? On pourrait même se demander s’il y a eu véritablement production, si cela aurait eu une importante..
J’aime autant l’idée de Robert Barry que sa « restitution » par Mario Garcia Torres (finalement assez romantique) mais qui ajoute une couche de sens au projet initial : il se sert du travail de Barry pour faire un projet comme Barry se sert du travail de ces étudiants pour faire un projet). Un méta-projet donc, ou comment raconter l’art conceptuel : entre son immatérialité et son impact sur l’histoire de l’art.