Archivés, chavirés, échoués, fantômes
Je pourrais passer des journées entières dans le dictionnaire (c’est d’ailleurs ce que j’ai fait aujourd’hui !). Et j’en profite pour faire un lien avec l’une des conférences de Erin McKean (au TED) que j’aime particulièrement pour son enthousiasme…
Donc aujourd’hui, j’étais en quête de réponses. Des réponses sur le vocabulaire et par extensions les idées que je vais manier pour ma résidence et l’exposition aux archives.
Ce qui est parfait avec les dictionnaires, c’est que l’on se retrouve toujours avec des réponses dont on n’avait pas posé les questions…
…Quelques mots sur lesquels j’ai fait des recherches.
> Archives vient du grec arkahaia/arkhê (commencement, pouvoir). C’est assez étonnant pour un mot qui désigne à la fois l’ensemble des documents et le bâtiment où ils sont stockés, conservés, en fin de vie, prend sa source dans « commencement ».
> Chavirés est un mot provençal (cap virar) qui veut dire tourner la tête (en bas). Bien sur il y a le double sens que j’aime beaucoup : à la fois se retourner sur soi-même quand il s’agit d’un navire, mais aussi, pour une personne, être fortement émue par quelque chose…
J’ai aussi appris à cette occasion que les mots échouer et échec n’avaient pas la même racine, contrairement à ce que je pensais (échec viens du persan : le roi est mort).
Échouer (et s’échouer) a un sens beaucoup moins négatif qu’il n’y paraît, mais son origine est obscure : soit il vient de échoir (= être dévolu par le sors ou le hasard) et choir, avec pour résultat une certaine immobilité, soit il vient de « escoudre » (= secouer). Cette dichotomie me fait penser au sort des divers documents qui arrivent hasardeusement aux archives : à la fois conservés, immobiles, et sans arrêt déterrés, consultés.
Pendant ma visite aux archives, j’ai été impressionné de voir à quel point la définition du mot archives est large : il ne s’agit pas uniquement de papier. Toutes sortes d’objets entrent dans la catégorie « archives », j’y ai par exemple vu une quantité de plaques d’imprimerie plus passionnantes les unes que les autres.
On m’a aussi parlé du vocabulaire spécifique à ce domaine, et le mot qui m’a le plus marqué est le « fantôme », ce papier que l’on laisse en place d’un document qui est monté en salle de lecture… Les archives, un vaisseau fantôme ?