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À 7h du soir sur la jetée du Mississippi une centaine de structures sont mises à feux en même temps pour célébrer « The arrival of Papa Noël » ; suivit d’une soirée de noël avec Gumbo au crabe et musique cajun. Gramercy, à quelques dizaines de kilomètres de la Nouvelle-Orléans.

Cry You One

Cry You One St. Bernard, LA, (extrait). Mondo Bizarro

CRY YOU ONE est un projet de ArtSpot Productions et Mondo Bizarro qui emmène (littéralement) le spectateur en voyage, au cÅ“ur des Wetlands en voie de disparition. Ce projet célèbre les gens et la culture du sud de la Louisiane au regard de la disparition de cette zone côtière. Il prend la forme d’une performance : un arpentage de quelques kilomètres soumis à des formes narratives (chants, textes) qui posent la question de la prise en main de sa propre histoire et de son environnement.

Marching band and Papier-mâcher

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Un après-midi dans un entrepôt du Bywater à faire du papier-mâché avec l’une des équipes de Krewedelusion, qui parade lors du Mardi-gras pour des différentes causes, notamment environnementales.
Un lien pour comprendre un peu l’immense réseau et l’importance des Mardi-Gras Krewes.

Un matinée à observer la première répétition en extérieur – sans instruments – de Roots of Music, une association qui aide les enfants de quartiers à travers l’apprentissage de la musique et la constitution d’une harmonie qui défile pour diverses occasions, dont Mardis-gras.

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Flash of the Spirit

Hier, RDV du communitty coffee, la matinée de rencontre avec les artistes et l’équipe du Joan Mitchell Center, qui a eu lieu au Community Book Center, une boutique sur Bayou Rd, devant laquelle je passe tous les matins, et où je n’osais pas rentrer, voila qui est fait !

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Et puis je me suis rendue aujourd’hui au Ogden Museum of Southern art (un endroit incroyable que nous avions déjà visité l’année dernière avec mes étudiants), pour écouter une série de conférences sur l’iconique livre Flash of the Spirit, de Robert Farris Thompson…
Durant ces conférences, j’ai découvert le travail de Henry John Drewal, et celui de Charles White.

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Haiku St Roch

Cette semaine, après un marathon administratif impossible, présentation de mon projet au City Planning Committee. J’ai enfin eu la permission d’utiliser le Neutral ground en face du Mint (Louisiana State Museum) pour mon installation.
En attendant que cette commission arrive, j’ai été sollicité par un ami pour investir un terrain laissé vague après Katrina. Le quartier est celui de l’avenue St. Roch, un très belle avenue bordée de chênes géants. Ces arbres étaient les seuls survivants de cette rue qui au nord de la ville avait été très touchée, et qui encore aujourd’hui, porte de nombreux signes de l’ouragan.
Sur le terrain se situait auparavant une école qui a été rasée. Il est aujourd’hui utilisé comme terrain de foot et il est en attente de dépollution avant la reconstruction éventuelle d’une nouvelle école.
L’idée était de travailler à partir d’un Haïku de Richard Wright. J’ai donc fait une proposition de lettrage pour écrire les deux premières phrases de celui ci.
Test sur place ce vendredi, après un Gumbo z’herbes et quelques Yams

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Keep straight down this block,
Then turn right where you will find
A peach tree blooming.

Glenn Kaino – Tank, Prospect 3 New Orleans

Cette semaine, semaine de Thanks Giving, un peu de relâchement sur le travail (tout le monde est en vacance), et j’en profite pour voir les expositions de la Biennale que je n’avais pas encore pu voir.
Au musée d’art contemporain, au détour d’une salle, rencontre inattendue avec le travail de Glenn Kaino, accompagnée du léger glou-glou qui rythme le silence. Une pièce incroyable, gaie, sereine et absorbante. On pourrait y rester des heures, j’y suis revenue plusieurs fois pour admirer la fragilité des coraux sur leurs différents « socles », en métal, ciment, verre…
Difficile de prendre des photos qui soient réalistes dans les couleurs et dans l’ambiance, les lampes pour maintenir les coraux en vie étant difficile à dompter.

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Cette fin de semaine sera plus douce et partagée : hier direction l’étrange bar à saké Yuki Izakaya de Frenchman Street (la rue des clubs de jazz), avec Joëlle arrivée hier, pour écouter Hildegarde, aujourd’hui journée de construction des chars de mardi-gras pour krewe delusion avec Ross, et ce soir soirée à Candlelight, le célèbre speakeasy de Tremé et demain, la 2nd line « Lady Buckjumpers & Men Buckjumpers Annual Parade » et un concert de Cédric Burnside à Tipitina’s avec Joëlle et KEvin.
Laissez les bons temps rouler…

NOLA, mon quartier à vélo

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Entre la maison et City Park (qui habrite la musée de NOLA, le jardin botanique, le jardin des sculptures et le parc), se trouve un bras du bayou St John. Un peu plus loin, c’est la ferme de Grow dat youth
À 2mn de là, le bayou fait un bras en direction du downtown, et on passe devant l’une des plus vieilles maisons de la Nouvelle-Orléans : la maison Pitot, une bâtisse de style caraïbe/créole construite fin 18ème. Une plantation ancienne comme on en voit encore quelques unes en Louisiane, sauf qu’ici, on est en centre ville.

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De Bayou St John, part Esplanade avenue qui me mène au vieux carré (le quartier historique) où elle se termine juste devant le Mississippi et le MINT (où se trouve « mon » neutral ground).
Du Bayou jusqu’au Mississippi, Esplanade est une ballade dans l’histoire architecturale de NOLA (y compris avec ses ratés, comme la bretelle d’autoroute I10 qui balafre les faubourgs Tremé). On y trouve en remontant les grosses maisons américaines, les « creole cottages » ou « french cabins » traditionnels avec leur porches, parfois sans pour les plus anciennes, les « Shotgun houses » aux couleurs éclatantes, les maisons types plantations, les immeubles du vieux carrés avec leurs façades ouvragées, et quelques Californians bungalows.
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Tous les matins je parcours ce quartier à vélo, et ce que je préfère c’est voir les orangers éclatants qui égaillent les jardins, chargés de fruits, les oranges ou les satsumas qui contrastent sur le vert sombre des feuilles.
La maison de Dom, où j’habite. Et pour finir, quelques neutral grounds sur Espalande, entre la maison et le Mint. Ici la jungle n’est jamais loin…

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Croisement

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Ce matin, je me suis rendue une nouvelle fois au musée de The Historic New Orleans Collection, un des partenaires qui m’aide à mettre en place le projet Neutral Ground. Ce musée retrace l’histoire de la Nouvelle-Orléans, avec des pièces historiques incroyables. Mais cette fois ci, mon attention a été retenue par un objet que je n’avais pas vu la première fois : un travail de cheveux. Ici l’appellation est autre et vient du français : une immortelle, un mot qui met l’emphase sur la symbolique du résultat plus que sur le labeur lié au matériau. (je confirme que travailler des cheveux n’a rien de facile, mais j’aime néanmoins cette appellation qui pourrait être organique, presque un nom de fleur).

Depuis mon exposition à Bordeaux en début d’année, je fais des recherches sur ces objets. Je veux en effet mettre en Å“uvre un travail de cheveux de grand format pour le second volet de cette exposition (A.F.K.), qui aura lieu au printemps au Quartier centre d’art, Quimper.
Cette éruption d’un projet dans l’autre m’a fait plaisir, un clin d’Å“il à une recherche que j’ai du mettre entre parenthèse un temps, et qui ressurgit à un endroit où je ne m’y attendais pas.

Ici deux immortelles étaient exposés, l’un dans un cadre en verre traditionnel de ces travaux (ovale), et l’un, un peu plus grand, dans un cadre carré. Mais la Collection historique de NOLA en possède un dizaine, que j’irai consulter dès demain.

immortelle1« Ici repose mon père », 1800 -  Human hair on glass

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St. Cyr and Lacoste Family immortelle, 1836 – Human hair, paint on ivory, wood

Inside

Dedans, au chaud : un voyage dans l’art.

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Gonzalez-Torres devant Chicago.

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Vija Celmins

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Ed Ruscha
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Gerhard Richter

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On Kawara & Beuys (sun state)

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Larry Bell, John Mc Cracken, Robert Irwin et Craig Kauffman… California Light.

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Henri Rousseau

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Une femme artiste. Suzanne, la sœur de Marcel.

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Victor Brauner.

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Joseph Cornell ❤

New Orleans

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Plan issu des archives du Louisiana State Museum, ou j’ai commencé hier mes recherches.
Louisiana New Orleans Sheet (ref. 1986.058.003)
Date: 1890
Publisher: United States Geological Survey, George Otis Smith, Director
Place of Publication: Washington, D. C.
Map Maker: Searle, A.B., A. E. Wilson, and L.J. Battle, topographers

Avis de tempête

Ce soir une tornade se dirige vers le lac Ponchartrain et la Nouvelle Orléans. À la télé les programmes sont entrecoupés de mises à jour des avancés de l’orage et de messages d’alertes, une voix de synthèse métallique qui se superposent aux sons des émissions.

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Project B at Prospect 3

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Aujourd’hui sous le bleu du ciel, sans nuage et dans une lumière éblouissante, nous nous sommes rendus avec Dom, Ross, Lisa à l’ouverture de Exhibit Be, une manifestation de la Biennale Prospect 3.
Il s’agit de l’initiative de plusieurs artistes (et en premier lieu Brandan Odums), d’investir une ancienne cité abandonnée à Algier, un des quartiers de la Nouvelle Orléans sur la rive sud du Mississippi. Cette expérimentation sans permission (il vaut mieux demander pardon que la permission !) a été découverte et a rencontré le soutien de la fondation propriétaire de la cité, ce qui a finalement permis aux artistes de travailler jusqu’à l’ouverture du site durant P.3.
Le projet se développe à la fois dehors et dedans, avec des graffitis de très grand format à l’échelle de l’architecture, mais aussi sur pleins de détails sur les façades, dans les anciens appartements du project, les vieilles moquettes, les sols défoncés, sur les dalles de béton extérieures et dans les chênes environnants.
Le bâtiment au milieu de la cour accueille des graffitis dédiés aux mouvements des droits civiques, un témoignage de la vitalité que peut encore avoir ces questionnements ici. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire en voyant les fresques sur les murs d’un endroit qui porte le nom « De Gaulle Manor »…
Dans les bâtiments alentours, chaque artiste s’est approprié un mur ou un appartement, et avec la déférence due : les plus connus en haut, où leur travail est le mieux exposé.

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No Neutral Ground in the Universe

À la Nouvelle Orléans, lorsqu’on prend le tramway, on voit parfois des colliers de perles dorés, verts ou encore violets, suspendus aux immenses chênes qui bordent la route.
Ces colliers sont des restes des parades (mardi-gras, parfois second lines) où l’on jette ceux-ci. Un symbole de don, typique de dépenses improductives* comme on en voit souvent lors des manifestations de carnaval.
Depuis mon arrivée, je prends le tram tous les jours depuis City Park, pour me rendre au Mint et en ville, le trajet est assez long (30mn) et pour passer le temps, je les cherche des yeux.beads

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(plus de photos d’archives du carnaval : ici)

Hier je me suis dit que peut être ces perles pouvaient intégrer le projet… Quelques tests rapides.
Et en prévision pour le lancement du projet le premier w-e de décembre, un potlatch sur le Neutral ground d’Esplanade/Decatur. Ce pique-nique regroupera tous les gens qui je l’espère seront impliqués dans le projet : les associations de quartier, de « beautification » des NG, les enseignants de Xavier Uni, les amis, les partenaires, Etc.
Ce sera l’occasion d’échanger sur le projet, pour moi de poser des questions à tous et recueillir des infos sur pratiques des neutral grounds, et aussi de demander aux participants de contribuer en faisant dons des restes de colliers de carnaval. Il semblerait en effet qu’ici tout le monde à un ou plusieurs sacs plein de colliers dans son placard).

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*« La seconde part est représentée par les dépenses dites improductives : le luxe, les deuils, les guerres, les cultes, les constructions de monuments somptuaires, les jeux, les spectacles, les arts, l’activité sexuelle perverse (détournée de la finalité génitale) représentent autant d’activités qui, tout au moins dans les conditions primitives, ont leur fin en elles-mêmes. »
Dans La part maudite (1949)

NOLA

Me voici à la Nouvelle Orléans, je quitte l’hiver parisien pour l’automne nouvelle-orléanais : retour aux vêtements d’été, au thé glacé, et au bureau sous la tonnelle.
Cette semaine, prise de contact avec le territoire et « mes Neutral grounds », et en prévision : Prospect 3, Grow dat youth farm, concert au Park Armstrong, et rencontres avec les partenaires du projet.
La semaine prochaine, début du projet et des recherches aux archives de TNOHC et du MINT.

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4! : )

Pour fêter mon anniversaire, un nouveau site internet !

Le vieux site, c’était ça :
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Le site tout neuf, il est là : )
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Avec une page d’accueil où je mettrais régulièrement des photos de mes lieux de travail et de résidences. Ici par exemple, le Project B, à la Nouvelle Orléans. Ça tombe bien : après-demain, départ à la Nouvelle Orléans, puis direction Chicago.

English Magic

L’exposition de Jeremy Dellers à Tuner Contemporary, à Margate, est un vrais bol d’air frais. Assise sur un banc construit à partir d’une ancienne Range Rover compressée, je revois la vidéo English Magic avec plaisir. Plaisir qui s’accompagne du reste de l’exposition, une mise en relation d’artefacts produits par d’autres (que ce soit des objets façonnés durant le néolithique, ou produits par des artistes « classiques » (W. Turner, W. Morris) ou encore d’artistes « amateurs ». Au travers des différentes salles d’expo, on respire toute la liberté et la générosité qui accompagnent cette pratique, l’absence de stratégie et cynisme, une vrais prise de risques.

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Conférence et workshop à Parsons Paris

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J’ai le plaisir de faire une conférence sur mon travail à la Parsons School of Art (campus de Paris) le 28 octobre 2014 à 19h.
Cette conférence est intitulée « A Pyhrric Victory » (une victoire à la Pyhrrus). Ce titre de cette conférence fait à la fois référence à une pièce éponyme que j’ai réalisée il y a trois ans pour une exposition au BBB, et aussi à la signification de ce terme militaire (une victoire avec un coût dévastateur pour le vainqueur) appliqué à une pratique artistique. Pour autant ce n’est pas avec pessimisme, fatalisme et encore moins avec amertume que je fais ce rapprochement, mais plutôt en envisageant que ce coût dévastateur est une chance pour celui qui s’engage dans une pratique de l’art.
C’est autour de ce point de vue que j’essayerai de construire mon propos. Synthèse dans quelques jours.

Cette conférence sera accompagnée d’un atelier, « Connect the Dots », pour les étudiants en MFA, dirigé par Benjamin Gaulon, qui m’a lancé cette invitation.
Quelques images ici. Et en bonus, quelques photos du travail en cours de Eugina, une des étudiantes participant à l’atelier.

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Artiste modèle

Les artistes surréalistes et leur prédécesseurs romantiques étaient les descendants de ces proto-bohémiens dans Les enfants de Saturnes :  » (…) un nouveau type d’artiste (…), dont la personnalité se reconnaît à certains traits spécifiques. Leur manière de travailler se caractérise par la succession de phase d’activité furieuses et de pause dans la création, leur structure psychologique se distingue, elle, par une introspection angoissée, leur tempérament par une tendance à la mélancolie, et leur comportement social par un intense désir de solitude et par des excentricités d’une variété infinie. » Excentricité auxquelles feront écho celles des Expressionnistes Abstraits et des Surréalistes, dont Lee Krasner rapporte qu’ils rivalisaient en exhibant dans les soirées, comme des caniches de concours, leur épouses attifées de robes du soir extravagantes – un sexisme qui court tout au long du modernisme, dont le modèle féminin dans l’atelier est un autre témoignage.
(…)
Le modèle est fondamentalement femme, le Romantisme l’a fait passer du statut trivial qui était le sien à celui de muse, de collaboratrice passive, d’indicateur (pour reprendre Kris) de la sexualité de l’artiste. Kris cite à ce sujet le mythe de Pygmalion et Galatée : il traduit le désir qu’éprouve l’artiste de créer un être vivant plutôt qu’un simulacre – le mannequin femelle à la Kokoschka. Le modernisme c’est aussi un défilé de modèles célèbres, de la Jo Hefernan de Courbet (il la partage avec Whistler) et de la Victorine Meurent de Manet à la Kiki de Man Ray et aux femmes de Picasso : elles furent toutes expulsées de l’atelier lorsque sonna l’heure du plus distingué des produits du modernisme, l’abstraction.

Le nu devenu muse, dévêtu et offert au regard masculin, modela aussi l’aptitude féminine à se transformer en chambre d’écho du désir masculin – un désire sublimé au foyer de la création, dans l’atelier désormais sexué, le ventre d’où sortait l’Å“uvre. Dans les années 50, l’acte créateur devint un fétiche en vogue qui exemptait le spectateur du tourment de se mettre à l’Å“uvre. Le mystère de l’Å“uvre se vit déplacé vers le mystère de la création, tout aussi indéchiffrable (donc confortable) mais qui recueillait le bénéfice de son énergie subversive. L’artiste et son modèle dans l’atelier : le motif regorgeait de paradoxes qui brodaient sur le cliché de l’acte créateur.
La rhétorique de l’acte artistique est bien connue : insémination extatique par l’idée, naissance de l’Å“uvre, labeurs du processus, exhaustion de l’auteur. Un singulier commerce sexuel : c’est la langue de l’accouchement un travail de femme ! Sexisme à rebours ! Le modèle de la parturition, un modèle féminin, et le paradigme de la création masculine. À moins (une version plus charitable), que les hommes aient tentés de prendre part à ce mystérieux processus dont ils sont exclus, la naissance. Parce que si c’est à travers le modèle que l’artiste délivre son Å“uvre, ne pourrions pas prétendre que c’est le modèle féminin qui insémine l’artiste mâle ? Dans ce scénario, Picasso, sexiste entre tous, joue le rôle de la femme. La fertilité du modèle s’étend à l’atelier lui-même, régulièrement ensemencé par l’union de l’artiste mâle et de son modèle. L’acte créateur fait valser nos préjugés des rôles sexuels et de l’activité artistique. Le point crucial ici, c’est la manière dont l’atelier devient le lieu de la création, le premier contexte de la transformation. Aussi encombré ou dépouillé soit-il – désordre chaotique ou sainte retraite -, c’est la fécondité qui, avant toute chose, le caractérise; le processus qui s’y déroule est sa marque. Du modèle fécond au ventre généreux de l’atelier, il y a continuité. Quoique parfois les choses soient d’un comique plus banal : sur une merveilleuse photographie prise à Nice en 1928, le modèle jette un regard noir sur Matisse boutonné jusqu’au menton et qui ne se doute de rien. La vengeance du modèle ?

Dans : « L’atelier et le Cube », Brian O’Doherty

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Denise Bellon
(photo documentant l’exposition internationale du surréalisme).

Bon accueil

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Cette semaine, en préparant ma conférence sur le projet de recherche Géographie variables, je retrouve les photos de l’atelier mené un peu avant l’été avec mes étudiants de 2ème année des beaux-arts de Lorient.
C’est à Marin’accueil, à quelques pas de l’école. Trois mois de travail en amont avec et par les étudiants, et trois belles journées de travail sur place pour réaliser le projet.
Pour que les marins débarqués de tous les pays du monde puissent avoir un endroit sur le port où se connecter à Internet qui soit accueillant. Internet et la mer. Des nœuds et des vagues, un peu comme dans mon estomac.