Archives de mots clés: Typographie

Au bas mot : 24h pour faire une invitation

J’ai reçu de matin les cartons d’invitation, pour l’exposition Aubamo qui commencera vendredi prochain à la Galerie Plateforme!
Je les ai conçues en collaboration avec Grégoire Romanet, qui a utilisé une de ces typographies pour le verso. La carte reprend un élément graphique de chaque personne prenant part à l’exposition, et donne un avant-goût des choses abordées, qu’elles soient formelles ou thématiques : la lettre, le trou, la recherche, l’archive, le graphisme.

julie_morel

Aubamo

Dedanlémo

Dedanlemo - Julie Morel

Julie Morel, Dedanlémo - exposition

Exposition du 3 au 30 mai 2012, vernissage jeudi 3 mail à 18h30
Halle Roubleau, Fontenay sous Bois.

DEDANLÉMO est une exposition collective à lire avec son corps. La lecture s’y construit en déambulant, En entrant dans les mots, en plongeant dans le texte et ses énigmes.

Avec : David Poullard, Pierre Di Sciullo, Julie Morel, Fanette Mellier & Grégoire Romanet, et Après vous.

La Halle Roublot 95, rue Roublot –Fontenay-sous-Bois
MÉTRO :
Station Château de Vincennes
+ Bus 118 (arrêt Les Rigollots)

Lacs, récifs, ravins

C’est armées de post-it et de crayons que Marie de Quatrebarbes et moi-même nous sommes attelées à la tâche d’adapter ses textes pour le livre cubique des éditions volumiques…

Sur la masse de textes écrits par Marie, nous en avons sélectionné plusieurs qui allaient dans la même direction : de part leur titre, par les images qu’ils créent à la lecture ils formaient un ensemble que nous avons d’abord appelé Limnologie, puis Limnographie (je ne savais pas si ce mot existait, mais il correspond bien au côté graphique du texte…).
À la fois très fragmentés et malgré cela dynamiques (comme si l’on était toujours propulsé vers l’avant), les phrases semblaient idéales pour la navigation à l’intérieur du livre labyrinthe. Cette navigation se décline maintenant en trois parties :
– Lac
– Ravins
– Récifs
Notre difficulté est bien sûr de combiner les phrases pour qu’elles continuent à avoir un sens quelques soient les pages que l’on ouvre en premier.
Un vrais casse tête ! (merci Étienne ; )

Graphiquement, j’ai commencé à travailler sur la typographie (toujours sur le même principe du nombre d’occurrences de lettres dans le texte), et j’ai repris le déplié de l’iceberg qui avait servit pour mon projet « dérives » comme motif de base.

C’est donc ce motif qui constitue les lettres et se répète en fonction du nombre de fois qu’une lettre apparait dans le texte.
Dans l’idée (très littérale, mais qui visuellement fonctionne bien), la couleur de la page s’assombrira au fur et à mesure que l’on avance dans les profondeurs de l’histoire, jusqu’à se confondre avec la couleur du texte (bleu très foncé), rendant l’histoire illisible.

Une image des tests, et celle d’une fausse manip, qui rend le dessin plus végétal…

Phosphorescente

Phosphorescente, c’est l’encre utilisée pour une grande sérigraphie produite par l’atelier la presse purée (Rennes) pour l’exposition Partition au Bon accueil. Cette sérigraphie en blanc sur blanc (car l’encre phosphorescente est blanche) ne peut se voir que dans l’obscurité. Des images et détails de ce que l’on voit lorsque l’on éteint la lumière.

Test sur La do ré

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J’ai commencé à faire des tests de typo dont la structure serait déterminée par la récurrence des lettres dans un texte donné. Une typo unique au texte donc, qui ne pourrait pas être réutilisée.
A chaque fois que je me lance dans un nouveau projet, j’aime bien commencer par ce que j’appelle pour moi-même le « minimum syndical » : c’est à dire essayer la solution la plus simple, basique, car souvent c’est celle qui permet de faire les choix les plus radicaux, ou en tout cas de ne pas se perdre dans une complexité qui pourrait être régie par le discours.
Le premier essai a donc été construit sur une base de la typo « Digital« , pour le texte « La do ré » (avant de me lancer dans le texte de Marie pour le livre cube qui donnera une toute autre version). Chacune des lettres de cette version est constituée d’un nombre de points qui correspond au nombre d’occurrence de la lettre dans le texte. La grosseur des points est aussi la conséquence du pourcentage d’apparition de chaque lettre dans l’ensemble du texte (plus une lettre apparait souvent plus les points sont nombreux, et petits).



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Nouveau projet, et test d’après « La Do Ré »

Un nouveau projet : une collaboration avec Marie de Quatrebarbes (qui va écrire les textes) pour le développement du contenu d’un livre cubique, à lectures combinatoires, conçu par Étienne Mineur dans le cadre de ses éditions volumiques.
Ce livre, pour le moment vierge, est construit sur une base de trois pages que l’on peut déplier et qui donnent chacun un chemin de lecture différent.

J’ai décidé de relire le livre très rigolo de Simon Singh, »l’invention des codes secrets », car après quelques discussions autour du texte de Marie, j’ai pris une piste de recherche graphique qui tourneraient autour du secret, et plus précisément du chiffrage et du déchiffrage d’un secret, ce qui me permet d’explorer une fois de plus des questions d’illisibilité/lisibilité dans le texte, de systèmes de signes reconnaissables comme étant de l’écriture, mais ne pouvant être lus. Cela me permet aussi de travailler sur une chose qui m’habite depuis longtemps : la récurrence des lettres et ponctuation dans un texte (que j’avais déjà exploré dans le générateur de texte « I Scream, You Scream, We all Scream for an Ice Cream« .
Il y a tout un chapitre dans le livre de Singh qui est consacré à cela…

L’idée qui se profile serait donc de produire une typographie spécifique à ce texte, et dont la structure se baserait sur une grille déterminée par la récurrence des lettres dans celui ci…
J’ai commencé à tenter l’expérience sur un texte assez court (avant de me lancer sur le texte très loooong de Marie ; ) celui que Yannick Liron a écrit pour un autre de mes projets, et qui s’intitule « La do ré ».

– Nombre de lettres de A à Z :
81-12-24-36-186-5-17-2-12-10-5-52-12-62-33-77-56-30-13-76-75-72-81-8-2-1

– Visualisation des lettres de A à Z :
aaaaaaaaaaaaaaaaAaaaaaaaaaaaaaAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
bbbBbBbbbbbb
ccccccccccccccccccCccçcc
dddddddddddddddddddddddddddddddddddd
Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee
eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee
eeeeeeeeeeeeeeeeee
ffffffffffff
gggggggggg
hhhhh
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiIî
jjjjj
lllllllllLllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllLllllLlllLll
mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmMmm
nnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn
oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooOOOOooooô
pppppppppppppppppppppppppppppp
Qqqqqqqqqqqqq
rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
Sssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss
tttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttt
uuuuuUuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
vvvvvvvv
x xy

Code Source

Rendez-vous du 16 mai au 14 juin 2009 / 20ème édition du Festival International de l’Affiche et du Graphisme de Chaumont.
J’y présente, dans le cadre de l’exposition « Code Source« , sur une invitation d’Étienne Mineur, le projet réalisé avec Jocelyn Cottencin « I Scream, You Scream, We all Scream for an Ice Cream… »

I scream, Julie Morel & Jocelyn Cottencin, Chaumont

2009 may, 16th / june, 14th / 20th International Poster and Graphic Arts, Festival of Chaumont
During the exhibition « Code Source« , curated by Étienne Mineur, I will show the project produced with Jocelyn Cottencin « I Scream, You Scream, We all Scream for an Ice Cream… »
See you there!

Komposter Œdipe de Sénèque

Dans quelques jours, je pars à Berlin pour prendre part à l’aventure « Kompost », résidence autour d’une tentative de relecture d’Å’dipe mis en place par Camille Louis et Laurie Bellanca. Pour l’occasion, je revisite sous forme de vidéo un passage du texte avec la typo « Organs ».
J’ai dessinée cette typo suite à des échanges avec Jocelyn Cottencin. Nous nous sommes en effet aperçus que nous avions une production très similaire de dessins. La difficulté commune que nous avions avec ces dessins est celle d’un élément structurant. Je lui ai donc proposé de travailler autour d’une typo.
Pour ce projet sur Å“dipe, cela tombe sous le sens, vu le contenu…
Quelques écrans…






… et le texte en question :
« MANTO. – O mon père! Quel est ce phénomène?
Au lieu de palpiter doucement, comme d’ordinaire, elles bondissent violemment sous la main qui les touche, et un sang nouveau ruisselle par les veines. Le cÅ“ur blessé s’affaisse et reste enfoncé dans la poitrine; les veines sont livides, et une grande partie des fibres a disparu; le foie corrompu écume d’un fiel noir; et (ce qui est un présage toujours fatal aux monarchies) il présente deux têtes pareilles. Une membrane légère, et qui ne peut cacher longtemps les secrets qu’elle nous dérobe encore, enveloppe ces deux tètes. La partie hostile des entrailles se gonfle avec violence, et les sept veines sont tendues. Une ligne oblique les coupe toutes par derrière et les empêche de se rejoindre. L’ordre naturel est troublé; rien n’est à sa place, tout est interverti. Le poumon, plein de sang, au lieu de l’air qui devrait le remplir, n’est point à droite; le cÅ“ur n’est point à gauche; la membrane des intestins ne les enveloppe point d’un tissu moelleux. Dans la génisse, la nature est renversée; toutes les lois sont violées. Tâchons de savoir d’où vient ce gonflement extraordinaire des entrailles. O prodige épouvantable! La génisse a conçu, et le fruit qu’elle porte n’est point à sa place. Il remue ses membres en gémissant, et ses articulations débiles cherchent à s’affranchir. Un sang livide a noirci les fibres. La victime horriblement mutilée fait effort pour marcher. Ce fantôme se dresse pour frapper de ses cornes les ministres sacrés. Les entrailles s’échappent de leurs mains. Cette voix que vous entendez, ô mon père, n’est point la forte voix des bêtes mugissantes, ni le cri des troupeaux effrayés: c’est la flamme qui gronde sur l’autel, c’est le brasier qui pétille.
« 

I scream

Avant hier, Jocelyn et moi avons travaillé à un nouveau projet qui porte le nom de « I scream », une abréviation du titre « I scream, you scream, we all scream for an ice-cream » (un titre qui, bien sûr, entre en résonance avec les titres longs).

Le projet est une relecture du film « The Night of the Living Dead » et est créé pour une soirée de projection qui aura lieu à l’ancienne base des sous-marins à Lorient en décembre.

« I scream You scream we all scream for an ice-cream » est un film d’horreur sans image, sans hémoglobine, sans tête qui tombe, un générateur de textes qui explore un genre cinématographique (le film d’horreur) et en souligne ses clichés, ses répétitions et ses schémas.
Les images propres au film d’horreur, très souvent surcodées, y sont délaissées au profit d’un type d’images différent : la typographie, dont la fonction est similaire à savoir celle de désigner un style et permettre la lecture d’une histoire.
En associant texte et musique (résultat du mixage de la BO du film « The Night of the Living Dead »), le flux du générateur nous entraîne au cœur d’intrigues gores et inquiétantes, en jouant avec le second degré nécessaire à la lecture de ces dialogues refroidissants.

Les principales questions abordées lors de cette séance de travail ont été celles de la nécessité de l’aléatoire dans une telle entreprise, et ce que la génération apportait de plus qu’une simple traduction linéaire, visuelle et typographique du film.
Pour ma part, je reste persuadée qu’un générateur constitué d’après un texte-matrice aide à une relecture « Ã©clairée » de celui-ci. Il en souligne la grammaire, les répétitions, la ponctuation, les schémas. Ce n’est pas simplement un non-choix narratif laissé à l’ordinateur, mais bien un décodeur, un traducteur de la structure du texte.
Pour moi, le travail consiste en un va-et-vient entre lecture du texte matrice, lecture du texte généré, rédaction et retouche du scénario. Par exemple définir le nombre de mots par ligne, le nombre de lignes par écran, la taille typographie, la cadence et le mode d’apparition et disparition du texte. C’est à ce niveau-là que se trouve l’essentiel du travail de mise en image par la typographie (d’autant plus quand on utilise une typographie comme la BF15 dont l’impact visuel est important).

Pour finir, l’article « Quand les zombies lisent Guy Debord », de Bruno ICHER, publié sur le site de Libération lors de la sortie du nouveau film de Romero.

« Le pessimisme est sans aucun doute la principale qualité de George A. Romero. C’est grâce à cette misanthropie sans faille que, depuis 1968 et sa fondatrice Nuit des morts vivants, il revient régulièrement nous dire que le monde est un cadavre en putréfaction qui bouge encore. Trois ans après le post-apocalyptique et très réussi Land of the Dead, dans lequel les zombies s’organisaient en société toujours aussi vorace mais intelligente, Romero a donc décidé un retour aux origines, quand le monde n’était pas encore parsemé de créatures de l’enfer. Il a aussi retrouvé l’ambiance fauchée de ses débuts, probablement bien aidé par les studios qui lui ont accordé un budget famélique. Le costaud américain a en tout cas fait de nécessité vertu en livrant un nouvel opus dont l’esprit, mais pas la réalisation, ressemble comme un petit frère à son Å“uvre originale.

L’affaire est ici concentrée dans l’intimité fébrile d’un groupe d’étudiants en cinéma qui tournent un naveton de fin d’études en pleine forêt. Ils commencent à peine à s’engueuler à propos d’une mauvaise prise que les infos télé font état de cas étranges de résurrections aboutissant à des actes de cannibalisme. Jusque-là tout va bien, on sait où on est. Mais la cible de Romero est cette fois ailleurs. Son dégoût vise l’image. Celle avec laquelle il s’amuse depuis quarante ans et qui, depuis, est passée dans les mains du reste du monde. Ces milliards d’images qui nous encerclent et nous tombent dessus à haut débit, comme ces cadavres mal foutus dont il est impossible de se débarrasser. Le film brocarde le déferlement ininterrompu d’informations et l’hystérie collective avec laquelle l’humanité balance sur le Net le moindre film capté au téléphone portable.

Si Romero a une tendance à un léger radotage, recyclant parfois les idées de ses précédents films, il a encore de la ressource. Une scène clouante d’enfant qui veut dévorer sa sÅ“ur, l’hallucinant tableau des poissons rouges humains ou la brillante métaphore finale laissent penser de Romero qu’à l’instar de ses créatures, il faudra sans doute lui tirer dans la tête pour qu’il arrête. »

In (real) progress…

Après la discussion d’hier avec Jocelyn, j’ai pas mal avancé dans la production du titre de « Décalage horaire ». J’ai effectivement essayé de rendre les choses moins statiques, de moins coller à la typo d’origine.
En regardant ce que j’ai fait aujourd’hui, c’est déjà plus dynamique. Je regarde ces petites formes qui se découpent et elles me rappellent beaucoup les blocs de glace et petits icebergs qui tourbillonnaient sur le St. Laurent et dont j’avais fait une vidéo. Un retour à la source donc.

Test_décalage

J’ai enfin abordé la question du texte pour le dessin « Décalage horaire ». Contrairement à « Retour/détour », où j’avais utilisé ma typo de toujours, l’akzidentz Grotesk (un peu par manque de temps et de désire de me confronter à cet aspect de l’image). J’ai eu envie cette fois d’investir ce territoire, avec le même vocabulaire que pour le dessin lui-même. Il s’agit donc plus d’une cartographie d’un territoire neutre, blanc, défini par le motif qui en définit les contours.
En voici donc le résultat en cours… Je n’ai pas encore testé la superposition (ou plutôt l’apposition) du texte et de l’image… Il m’a fallu une journée entière pour faire cette expérimentation… La suite demain.