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Éteinte

Il y a quelques jours, s’est terminée l’exposition à la Galerie Duplex.

Depuis, j’ai démonté le dispositif placé dans ma chambre, les câbles n’encombrent plus le salon et la chambre… La LED verte de l’interface Arduino ne me dérange plus la nuit, et je ne m’étonne plus de voir la lampe allumée ou s’allumer alors que je suis absorbée dans mes activités de la journée.
Ce que je réalise rétrospectivement, c’est à quel point, sur mes derniers travaux, de « Dérives » à « Sweet Dream« , mon espace s’est trouvé systématiquement envahi… Entre les cargaisons de T-shirts pour le Briant Summer Camp trainant partout, les intrusions et l’absence de lumière ou encore la situation extrêmement chaotique de l’iceberg occupant tout une pièce, m’empêchant de circuler, les bouts de polyesters collés partout…
Aujourd’hui, mon espace est à nouveau vide mais la question de l’intrusion de mon espace intime reste.

Voici encore quelques photos de mon côté de l’exposition « My Life is an Interactive Fiction », prises tout au long de ce mois.


L’installation « My Life… » continue néanmoins d’être exposé au sous-sol de la galerie Duplex sous le titre « Prolongation », cela jusqu’au 2 août. Donc si vous passez vos vacances à Toulouse, allez y faire un tour.
Pour ce qui est de Sweet Dream, sa prochaine destination, c’est Genève en octobre… À suivre.

Oz_Wobniar

J’ai presque fini la bande son pour le projet « Oz » ! J’espère que le morceau retient suffisamment la magie d’un son de type comédie musicale, tout en étant décalé, et légèrement inquiétant…

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« Oz », un projet pour la revue du 104 d’Aubervilliers

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Sur l’invitation de Camille Louis, rédactrice de la revue du 104, je fais des recherches pour produire un projet spécifiquement pour internet, pour le premier numéro de la revue, qui focalise sur Aby Warburg, et l’ouverture de sa recherche.

Le champ d’action et d’exploration de mon projet prendra, dans la lignée de cette transversalité, la forme d’une extension. Celle du projet interactif « Sweet Dream (Toulouse-Paris) » que je suis en train de développer pour mon exposition à Duplex « My Life is an Interactive Fiction » (qui aura lieu en Mai à Toulouse & Paris), et dont voici le résumé :

« Toulouse. Sur un des murs de la galerie Duplex, se trouvent les deux petites touches noires aux textes blancs “Sleep” et “Wake up”, d’un clavier classique d’ordinateur. Ces deux touches, à hauteur de la main, sortent du mur, et l’on peut appuyer dessus. C’est tout. Enfin, c’est tout à Toulouse, car ces deux touches sont reliées à ma lampe de chevet, à Paris. Ainsi, pendant toute la durée de l’exposition, soit 1 mois, les visiteurs auront tout loisir de contrôler l’allumage et l’arrêt de ma lampe, de jour comme de nuit. »

Ce projet interactif interroge deux espaces concrets comme éléments narratifs – un espace public : la galerie Duplex, et un espace privé : ma chambre – et par là même, deux espaces symboliques liés :
la réalité et la fiction.

Dans ce projet, je retourne la conception classique et romantique d’un dialogue entre un artiste et un public, qui voudrait que l’artiste « touche » son public lorsque celui-ci voit/expérimente son œuvre. Ici, en effet, le projet, de manière assez radicale, ne donne jamais accès à l’un et à l’autre simultanément : pour le visiteur n’y a pas d’image retour, « compte-rendu » de ce qui se passe dans la chambre au moment où il appuie sur l’un des boutons, et l’habitant de l’appartement, l’artiste, n’a pas non plus accès à l’autre côté : il subit les conséquences des gestes de l’utilisateur, et ne peut ni voir, ni prévoir à quel moment son espace va être envahi…

Pour le visiteur, l’utilisateur, ce principe est bien sur déceptif (une référence au « principe de réalité » en psychologie) puisqu’il se trouve devant un vide.
Ce vide, laissé entre le bouton et la lampe, entre le visiteur et l’artiste : c’est internet (c’est en effet par ce biais que la commande de l’allumage et l’arrêt de la lampe se fait). Pour le projet de la revue du 104, j’aimerais – non pas rendre visible ce vide, cet interstice – mais l’affecter.
Et comme point de départ, il est intéressant de noter que le mot « affecter », tire sa racine du mot latin « affectare », soit « rechercher », « poursuivre ». Il s’agit donc de poursuivre et rechercher les histoires potentielles qui relient ces deux espaces…

Une note sur le titre…
OZ, le titre donné au projet, vient de ON (une référence au projet Still On), mot constitué de ces mêmes lettres qui, lorsqu’elles ont subies une rotation à -90°, nous transportent dans un autre univers.

Avec ce fonctionnement, je ne suis pas très loin d’Alice (dont j’avais déjà exploré l’univers déformé). Mais c’est bien sûr aussi un rappel du magicien d’Oz, et le rapport particulier que ce film entretient avec la question de la fiction.
Au delà des diverses interprétations historiques, le magicien d’Oz est l’histoire d’une découverte paradoxale : celle que l’illusion, la croyance est nécessaire à la fiction (pour que le spectateur « embrasse » l’histoire, il faut qu’il y croit, qu’elle lui apparaisse comme étant réelle – il n’y a rien de pire par exemple que de regarder un film et d’en « sortir » – signe que l’illusion ne fonctionne pas), mais que le pouvoir émotionnel de cet espace fictionnel réside dans la démystification même de cette illusion.
Pour que je sois affectée par un film, il faut à la fois que je sois dans le film, tout en sachant qu’il n’est pas la réalité.

Still On / Nature morte à l’électricité

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Je dois produire ce W-E un texte et une explication pour le montage de mon expo à la galerie Duplex. Je me pose donc concrètement la question : quelles pièces montrer et comment. Une de celle qui me pose le plus question est « Still On ». Je veux la montrer, pas de questions là-dessus, mais je me demande quelle(s) partie(s) de ce projet exposer, et lesquelles laisser. Ai-je besoin de tout montrer ? Quelle relation va-t-il entretenir, ou vais-je établir, avec l’installation principale (Sweet Dream, Toulouse-Paris) ?

À ce jour, Still On est composé plusieurs pièces :
– L’appli en ligne, qui donne la date du jour
– 3 impressions sur canevas (Still On – le titre, 1 Janv. 1970 – un bug lors de la programmation, et 5 nov. 2006 – Date du début de projet, et de mes 33 ans)
– Divers images/papiers issus de la recherche de modèles de rédaction de testaments en ligne.

Ma première idée était d’installer les 3 impressions, et sur un quatrième canevas à fond blanc, de projeter l’application. Mais je trouve cela redondant.
Je me suis ensuite dit que je ne montrerais que l’appli, sur un écran, le reste tant presque superficiel : l’appli se suffit à elle-même.
Aujourd’hui, je trouve cela dommage de laisser de côté l’impression qui comporte le titre.
Surtout à cause du « On » qu’il comporte. Parce que ce « On » permet une liaison avec  » Sweet Dream (Toulouse- Paris) », ou le on/off constitue le principe de fonctionnement. Le « Still On » serait comme une image subliminale, un indice laissé au spectateur. Et si on est un peu binaire comme spectateur (c’est mon cas ; ), on peut aussi se demander où est le off…

J’aime aussi le mot « Still », qui fait référence à la nature morte (Still Life) en anglais… Cette nature morte, c’est celle, visuellement très classique, qui se produit à Paris dans ma chambre lorsque ma lampe de chevet est allumée, dès qu’un visiteur appuie sur le bouton Wake Up à Toulouse… J’aime beaucoup l’idée paradoxale qu’une action (celle d’appuyer sur un bouton) donne lieu, à la création concrète et immédiate d’une nature morte.

Impressions pour Still On

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Suite du projet « Still On », développé sur internet, en référence aux « Date paintings » d’On Kawara.

J’ai repris les trois éléments principaux de ce projet :

– Still On : le titre, en référence directe au nom « On », mais ce titre donne aussi un indice sur la qualité temporelle du projet. En effet, le projet continuera à exister sur internet pour une période de 33 ans après ma mort.
– Nov.05, 2006, date du début du projet, date à laquelle je fête mes 33 ans.
– Jan. 01, 1970, une erreur de l’horloge de mon ordinateur permet à cette occurrence du générateur d’exister. À cette date-là, moi-même je n’existais pas.

Les trois captures d’écran de ce projet ont été imprimées sur canevas, via un site d’impression numérique sur internet. Je viens de les trouver ce matin dans ma boîte aux lettres.
Taille d’impression : 20,5cm x 29,5cm
Derrière le canevas : le code barre de l’impression, avec le nom de l’image, et sa date d’envoi sur internet.

Je me rends compte que ce projet a toujours été, et reste totalement autonome dans le sens où je n’ai pas eu de contact avec qui que ce soit lors des différentes étapes de travail : production du programme, sa mise en ligne ou encore lors du procédé d’impression.

Inspirations décalées… et si ?

Je suis toujours contente quand je découvre un artiste dont les préoccupations esthétiques se rapprochent des miennes et je me sens faire partie d’un tout, mais en même temps, je regrette à chaque fois de ne pas avoir fait ces découvertes avant : j’aurais avancé plus vite !
Typiquement, pour les vidéos textuelles que j’ai développées de 1999 à 2001, j’étais partie avec des références visuelles très proches de l’art conceptuel… Kawara, Weiner, Kosuth, mais j’avais eu du mal à trouver mon compte dans les artistes actuels, alors que les choix esthétiques que je faisais me semblaient découler d’un contenu liés à des questionnements contemporains, donc forcément partagés. Et puis plus ou moins récemment, je découvre tout un pan d’artistes très « consanguins ». Par le biais de Jocelyn Cottencin (merci ! ), je découvre les ciné-poèmes que je ne connaissais pas (Lapins du soir, Nuitée) de Pierre Alféri (forcément en 1999, ce DVD n’existait pas ; ) puis hier Claire Grino (merci ! ) me parle de Heavy Industries et de son « Cunnilingus in North Korean », et « Nippon »…
En regardant les travaux de ces deux artistes si proches des miens, je regrette et aussi je me demande à quel point je n’aurais pas été contaminée volontaire si je les avais vus plus tôt.
J’aime bien ce genre de regrets, ils me donnent à penser comment j’aurais fait si, si, et si… et ouvrent toutes sortes de potentialités, d’inachevés, de variations possibles, bref ils me donnent envie de recommencer.

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Nothing (Art as idea as idea)

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J’ai emprunté ce livre à la Chambre Blanche, et il est une excellente ressource sur le rapport au texte dans l’art conceptuel. On y trouve des articles de / et sur Robert Barry, Lawrence Weiner, On Kawara, Joseph Kosuth… Je n’ai mis ici qu’un extrait d’entretien de Kosuth, que j’ai trouvé très intéressant et à la fois paradoxal dans ses revendications, car il est totalement radical, provocateur et tellement juste, mais aussi presque didactique dans ses justifications…

Entretien (extrait) de Joseph Kosuth. Par Arthur Rose, (5-31 janvier 1969).
Tiré du livre « Art conceptuel I », (Capc, Bordeaux – Nov.1988).

Pourquoi crois-tu que l’art de notre temps, pour reprendre ton expression, ne puisse être peinture ou sculpture?
Être artiste aujourd’hui veut dire remettre en cause la nature de l’art. Si on remet en cause la nature de la peinture, on ne peut remettre en cause la nature de l’art ; si l’artiste accepte la peinture (ou la sculpture) il accepte la tradition qui l’accompagne. Parce que le mot art est général alors que le mot peinture est spécifique. La peinture est une catégorie d’art. Si on réalise des peintures, on accepte (on ne questionne pas) la nature de l’art.
On accepte alors la tradition européenne de dichotomie peinture-sculpture comme nature de l’art. Alors que, ces dernières années, les meilleurs travaux ne sont ni peinture ni sculpture, et qu’un nombre croissant de jeunes artistes pratiquent un art qui ne relève ni de l’une ni de l’autre de ces catégories.
Quand les mots perdent leur sens, ils sont dépourvus de sens. Nous vivons dans notre temps et dans notre réalité, qui n’ont pas besoin de chercher leur légitimé en s’arrimant à l’histoire de l’art européenne. Il est clair que nous serions incapables de faire n’importe quoi sans la connaissance accumulée dont nous disposons. On n’échappe jamais totalement au passé, mais ceux qui se tournent délibérément et ouvertement dans sa direction font preuve de timidité créatrice. L’esprit universitaire et conservateur a toujours soif de justification historique : c’est une sorte d’amalgame de culte des ancêtres et de quête de l’approbation parentale. Il faut apprendre ce qu’était le passé, et non pas apprendre du passé, de manière à pouvoir comprendre ce qui était vrai alors et ce qu’on ne veut pas faire aujourd’hui.

La difficulté du travail et son recours au langage plutôt qu’aux couleurs ne le rendent-ils pas rébarbatif?
Les idées de l’artiste sont inhérentes à ses intentions, et l’art nouveau dépend presque autant du langage que de la science ou la philosophie. Il est clair que le déplacement du perceptuel au conceptuel est un déplacement du physique au mental. Quand il n’y a pas de motivation intellectuelle chez le spectateur, il faut faire appel au physique (la vue, le toucher). Les non-artistes veulent souvent accompagner l’art d’autre chose parce que l’idée de l’art ne les enthousiasme pas tant que cela. Ils ont besoin de l’accompagner de stimulation physique pour rester intéressés. Mais l’artiste a pour l’art le même intérêt que le physicien pour la physique et le philosophe pour la philosophie.

Pourtant, si on accepte ton idée de l’art, et que l’artiste n’ajoute plus rien à l’univers visuel de l’homme, quel va être l’avenir de l’art?
Avant de répondre à ceci, j’aimerai faire une remarque. Les principaux courants philosophiques de ce siècle manifestent un rejet total de la philosophie traditionnelle. On ne peut plus, comme autrefois, arriver à des conclusions sur l’univers. Et ni les gens cultivés, ni les jeunes n’accordent plus de crédit à la religion. Les postulats de la religion et de la philosophie traditionnelle sont devenus irréels à ce stade de développement de l’intelligence humaine. Si c’en est fini de la philosophie (et de la religion), il est possible que l’art soit viable dans la mesure où il est capable d’exister comme une tentative pure et consciente d’elle même. Il se peut que l’art soit appelé à exister à l’avenir comme une sorte de philosophie par analogie. Mais ceci ne pourra se produire que si l’art reste conscient de lui-même, et ne se préoccupe que des problèmes de l’art, aussi fluctuant qu’ils puissent être. Si l’art devient vraiment une « philosophie par analogie », ce sera parce que la rigueur intellectuel (au niveau ce la capacité de « création » de l’artiste) est d’un niveau qualitatif égal à celui des meilleurs penseurs du passé. S’il n’y a pas de place aujourd’hui pour la vraie philosophie, alors il est clair qu’un art tentant de se faire passer pour philosophie n’aurait aucun sens non plus. Mais il se peut qu’un art s’attachant aux questions ne relevant que de l’art vienne combler ce vide dans la pensée de l’homme d’aujourd’hui.

Still On

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5 novembre 2006. J’ai 33 ans… Pour mon anniversaire, je produis un travail en référence à un artiste dont le travail m’a toujours fasciné.
« Still On ». C’est une phrase hybride entre « I’m still alive » et « On Kawara ».
« Still On ». Le titre découle aussi du fait que ce travail, qui nous donne simplement la date du jour, est et sera toujours en ligne, automatiquement réactualisé, grâce à l’accessibilité du serveur au temps universel coordonné.
Pour 33 ans, et 33 jours, après la date de ma mort.
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