Archives de mots clés: Textes

Cette semaine, lectures d’été

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Alors que je viens d’installer une antenne satellite à Briant, et que j’attends tranquillement les prochains résidents, je trouve dans ma boite aux lettres cette semaine : L’Ève future – spécimens de Fontes libres. Un cadeau de Manuel Schmaltieg, créateur de Greyscale Press, qui m’a fait parvenir ce livre réalisé avec ses étudiants à la HEAD, lors d’un atelier autour de la typographie libre. Ou quand édition, art et littérature cohabitent avec intelligence ! Une bonne lecture, une vraie bible qui mêle un répertoire typographique et récit de science-fiction (L’Ève future) publié en 1886 par Auguste de Villiers de L’Isle-Adam.
Et puis aussi, dans le hamac (posture à l’opposé de cette) relecture de Microserfs.
Alors qu’il a été écrit en 95, tout y est déjà : L’impacte d’internet dans la société et nos interactions sociales, les spams, les sub-primes, les générateurs de de textes, l’obsolescence de l’homme, les bases de données géantes, les memes.

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Retour aux archives

De retour à Périgueux, je lis. Quelques extraits de « L’Å“uvrette » de Yannick Liron (qui écrit en ce moment un texte pour l’édition « Partition » : )
Dans l’interprétation que j’en fais, ce livre, tout comme « Sans effet personnel », est proche du projet que je développe en ce moment. Ce sont deux livres de partitions amoureuses : instrument de lecture du discours amoureux, écriture de l’incapacité de deux pronoms à exister l’un par rapport à l’autre, où l’absence d’un texte sur l’autre est formellement assumés (l’un et l’autre livre fonctionnent ensemble – fonctionnant étant le mot le plus sec que l’on puisse utiliser pour cette relation qui lie les deux ouvrages).
Les textes posent la question du rapport entre travail et expérience intime. Quand le travail me sert, quand il devint un moyen de formuler correctement un sentiment ou un ressentis, quand d’un seul coup, le sentiment devient une idée, ainsi acceptable. Et qu’à ce moment là, la situation se retourne et je me retrouve à nouveau au service de mon travail et non l’inverse…

En voici quelques extraits. Je n’ai pas mis les textes dans l’ordre d’apparition du livre (ils sont tous tirés de « L’Å“uvrette ») mais dans l’ordre de mes préférences dans une lecture non-linéaire. J’ai gardé les retours de ligne, qui semblent importants, mais la police n’est pas respectée.

28  Le corps de la lettre. Unité nomade complète possédant ses membranes, présentant ses ouverture et ses orifices ; à brancher directement sur « en prise directe ».

2  Tout les sépare donc. Répéter trois syllabes et buter ;
il tout elle ne partagent pas avec nous. Point. Et pas
de fuite. Il a la largeur de deux lettres, elle de quatre.
La première version, dite « de la différence de quatre »
peut se fabriquer simplement : il diffère d’elle par un
« i », puis un « e », puis un « l » suivit d’un deuxième
« e ». Quand à la seconde, dire « de la différence de trois »,
elle peut se construire tout aussi simplement : il ne
ressemble pas à elle étant donné le « i » précédemment
cité, suivi des deux « e » également présents dans la
première version. Dans cette version, dite « de la
différence de trois », le « l » disparaît selon le principe
qu’un « l » répète un même « l », seulement déplacé et
reconduit. Cependant dans la typographie ici choisie
(du nom de Gill sans), on remarquera que le « i »
majuscule répète un « l ». D’où cette interrogation : ce
« il », comment le prononcer : « il »? ou bien « elle
elle »?

7  lltéralement stricto autobio.

8  El. le susceptible d’être ôté. Tout encore les sépare.
Et qu’écrire d’ile, ou depuis ile, ou de quel non-site
désormais?

11  Faudrait-il d’un pronom se soucier de ses dessous,
songeant aux moyens de les lui ôter?

17  Quelque soit l’énoncé, quelque soit ce qu’il dit,
quelque soit ce qui peut venir, voire, insoupçonné, se
maintenir en lui quelque soit ce qu’il peut saisir : inexprimé.

26  Les modèles collent. Comment se débarrasser de cette consistance, crever la bulle? Comment interroger ce soi-disant donné d’unité de mesure? Comment qui? Comment quoi? Comment quand? Comment où? Comment comment? Comment qu’il dit : « Cela arrive bien quelquefois dans les livres. » Comment qu’elle répond : « Eh bien, que cela arrive à quelqu’un d’autre. »

Dans son laconisme répétitif je t’embrasse est une image
surdéterminée par une profusion de renvois, volontaires
ou non, des permutations et des déplacements qui
affectent les figures qui l’habitent et rendent sa lecture
interminable.

Ces textes sont publiés chez Action Poétique.

Texte + T_T = TxT, du 8 au 30 avril, Galerie de l’école supérieure d’art, Lorient

J’ai reçu hier les invitations que j’ai réalise pour l’exposition TXT qui débutera jeudi 8 avril à la Galerie de l’école des beaux-art de Lorient, et dont j’ai assuré le commissariat. Cette exposition clôture le cycle 2010 des résidences Géographies variables à Lorient (prochaine résidence au printemps 2011).

Seront présentés les travaux de Art of Failure, Christophe Bruno, Collectif 1.0.3, Reynald Drouhin, Derek Jarman, Etienne Pressager, Martha Rosler, Antoine Schmitt, et un espace de consultation d’œuvres vidéos et interactives sur internet.

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La lettre et le mot sont indissociables des productions de l’art moderne (dadaïsme, futurisme, Sécession viennoise…). L’art contemporain est lui aussi ponctué de travaux d’artistes qui ont utilisé le texte comme support, de Joseph Kosuth à Jenny Holzer, de Lawrence Weiner à Doug Aitken.
Depuis le développement de l’ordinateur, et encore plus avec l’apparition d’internet, le texte qui se contentait auparavant d’investir l’aspect formel de l’œuvre est maintenant présent dans la structure même de celle-ci. Les langages informatiques ont, de par leur nature spécifique (discrète, fragmentaire & modulable, etc.), produit des pièces à l’esthétique particulière qui se sont peu à peu propagée dans les autres domaines des arts visuels.

Cette exposition dresse un panorama non exhaustif et souligne la textualité comme entité commune à – et permettant des passerelles entre – art contemporain & art numérique, design graphique, cinéma d’animation. Elle se développe sous forme de parcours qui prend sa source dans le texte virtuel et structurel pour aller vers le texte image ou en volume.

Daniel & Meredith

Je me suis toujours demandée comment on était venu à classer les lettres dans l’ordre alphabétique. Quelles sont (s’il y en a) les règles de ce classement… ou tout cela s’est fait de façon totalement aléatoire, au fur et à mesure ?
Et puis je me suis toujours demandée si la personne qui avait classé les lettres avait consciemment mis le « M » juste à côté et avant le « N » ?

Aujourd’hui, après quelques (longs) jours à ne rien faire, j’ai regardé deux belles choses et je me suis remise au travail.

Common singularity – My version of Å’dipus

Hier au ICI Berlin, la session de Kom.post a été consacrée a un langage commun au groupe. On nous a posé la question de la singularité et du commun dans le texte de Sénèque. J’ai pris cela pour excuse pour produire une petite maquette d’un visuel qui pourrait-être développé comme installation ou dans un dispositif scénique.
Pour le moment, cette maquette ne reprend qu’un passage (j’aimerais appliquer le processus à tout le texte) et utilise les lettres des mots « Common » et « Singularity »… Je ne suis pas sûre qu’ils soient les plus cohérents. Effectivement, ça pourrait être n’importe quels autres mots comme me l’a fait remarquer Ralph. (De même, si je garde ces deux mots, je pourrais les utiliser sous forme de montage spatial – 2 écrans, 1 pour chaque mot).
A suivre, je veux avoir fini cette expérimentation d’ici la semaine prochaine !

OZ, 104Revue (la revue du 104 d’Aubervilliers), Paris


Le 11 octobre aura lieu le lancement de 104 Revue !

A ce premier numéro de 104vue on collaboré :
Ayssar Arida, Alexandra Baudelot, Atelier Immédiat, Daniel Bensaïd, Berger&Berger, Stéphane Bouquet, Giuliana Bruno, Laure Cahen-Maurel, Robert Cantarella, Pierre Creton, Jean-Paul Curnier, Romain Eludut, Vincent Epplay, Johanna Korthals Altes, Christophe Lamiot Enos, Sébastien Lifshitz, Camille Louis, Nicolas Maury,Markus Miessen, Julie Morel, Cyril Neyrat,Toshiki Okada, Eve Plenel, Cécile Renault, Olivia Rosenthal, Edward Soja, Aby Warburg, Bertrand Westphal.

Sur l’invitation de Camille Louis, rédactrice de revue, j’ai produit « OZ ». Un projet conçu spécifiquement pour internet, pour ce numéro qui se focalise sur Aby Warburg & l’iconologie de l’intervalle.

Détruire dit-elle

J’adore les titres. Ceux des livres, ceux des chansons, ceux des films, ceux des œuvres d’art.

Il y a les titres aux noms abrégés, que j’aime particulièrement : Le ravissement de Lol V. Stein, W ou le souvenir d’enfance. Et il y a ceux avec une temporalité d’années ou de saison, ceux avec des espaces, des lieux, ou les deux : 1984, 10 heures et demi du soir en été, Printemps, Wuthering Heights, Amrita, Solaris… L’année dernière à Marienbad.
Il y a les titres d’une longueur extrême, et ceux difficile à retenir, gratifiant même pour la mémoire : The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, And then Nothing Turned Itself Inside out, A Confederacy of Dunces, In Cold Blood: a True Account of a Multiple Murder and Its Consequences, Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, What Happens in Halifax Stays in Halifax, And if I don’t meet you no more in this world Then I’ll meet you in the next one And don’t be late, don’t be late…

Il y a les titres qui donnent les indications, et ceux qui sont opaques, qui gardent le mystère, ceux qui évoquent en un instant toute l’aventure de la lecture faite : La douleur, Ask the Dust, After Dolores, Fin de partie, Suspensions of Perception, Étant donné, Sa majesté des mouches.

Il y a ceux qui me font aimer les livres que je n’ai pas aimés (l’Aleph), et aimer encore plus ceux que j’avais aimés (L’invention de Morel).

Marguerite Duras surpasse tous les autres, avec Son nom de Venise dans Calcutta désert, et Détruire dit-elle.
Deux titres qui dirigent vers un ailleurs qui ne peut pas être formulé, un ailleurs sans personne, sans images en quelques sortes. Même Renais avec Je t’aime, je t’aime (un seul je t’aime aurait été tellement plat, la redondance me projettent directement dans le principe de boucle du film et à l’intérieur de la scène de la plage…).

J’aime les sans titres, j’aime les sans titres avec titres ou avec dates. J’aime les sans titres avec sous-titres, ou avec parenthèses explicatives.
J’aime le titre Date Painting.
J’aime aussi donner des titres à mes projets, à la fois parce que cela coïncide avec la fin ou la naissance assumée d’un projet, et aussi car c’est un moyen de désigner, de marquer : My Life is an Interactive Fiction, Sweet Dream (Paris-Toulouse), Chambre-horaire. Autour de moi, les gens semblent partager ce plaisir des mots qui marquent, cachent ou révèlent : N’aître (Grégory), Rom.mor (Reynald), My Mind is a Primary Forest (Jocelyn), Plakatieren verboten (Joelle), NoGo Voyages (Stephane & Gwenola)…

Bien sûr, le moment où je donne un titre à un billet sur mon blog est toujours un exercice plaisant. J’aime aussi le mot titre, parce que dans mon dictionnaire il est coincé entre les mots titiller et tituber.

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« What Happens in Halifax Stays in Halifax » (Mario García Torres, d’après Robert Barry)

Générateur blanc à Montréal

Le générateur blanc est enfin fini. Je regarde ce matin ce que ça donne ici à Montréal. Le générateur est censé être monochrome au Québec (la couleur du fuseau horaire des lettres correspond à la couleur du fuseau horaire du fond d’écran). Sauf qu’il ne l’est pas, à cause de l’heure d’été qui est encore en place ici… Donc pour quelques jours encore, les écrans sont lisibles.

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Computation, tâches de fond et aspect créatif du langage

Computation est un terme anglais qui désigne le calcul d’une information sur un ordinateur (le computer est donc ce qui effectue le calcul). On peut aussi le traduire par une évaluation, ce qui le rapproche de sa définition en français, où le terme désigne une méthode de supputation du temps.
En ce moment, mon appréciation du temps est complètement challengée, tous les soirs par les (non) performances de mon vieil ordinateur. Tous les soirs, le/mon temps s’allonge, à chaque fois que j’ouvre Photoshop pour travailler sur une image pesante.
Alors pendant les calculs interminables, je prends mon tricot, ou plutôt, le tricot prend le dessus (comme l’a si justement défini mon amie Marie, ma préoccupation principale devient une tâche de fond mentale).
Mais le plus souvent, pour tisser avec le temps, je ré-écoute une conférence de Chomsky que j’aime particulièrement. Cette conférence « Linguistic & Philosophy » est à la fois une source de grande satisfaction et de grand trouble. Car elle me rappelle à quel point le langage reste un mystère pour moi.
Je suis toujours aussi perplexe. Comment est-ce possible ? je ne comprends pas ce que tous les jours j’utilise pour communiquer. Je comprends chaque mot que j’utilise, je connais la grammaire de plusieurs langues, mais je n’arrive pas à envisager le langage dans son ensemble…
Et devant mon ordinateur, je me reprends la question du langage à chaque fois, en pleine face. La « Theory of Computing », comme à mon échelle la fiction non linéaire ou la génération me rappellent l’aspect créatif du langage, le concept de « infinite use of finite means » (c’est à dire la production d’une masse infinie d’informations dans un cerveau qui possède ses limitations).
Je me console en me disant que si je ne peux pas appréhender la nature du langage, je peux cependant observer les mécanismes, les aspects créatifs de mon ordinateur – une machine de langage qui m’influence toujours autant. C’est ce que je fais quand j’épie mes habitudes liées aux langages, à mon ordinateur, quand je produis une vidéo avec mes raccourcis claviers, ou un générateur dyslexique, ou géographique…
Parfois je reprends mon tricot.

1 week status

Julie is…

trying to listen to Hawkins’ Brief History of Time while cooking pumpkin, which is prouving to be quite a chalenge…
cold, her flat is freezing, paris is grey
editing video
magnetized
happy
looking through the window
at Marie’s office
listening to grandaddy
wearing her favorite jumper
back on her bike
feeling nostalgic
at a party
thinking about the futur
reflecting on the sentence « Hay un mundo más allá »…
enjoying her week-end in Paris with Math.
is thinking « yes! » and listening to Banhart
back in Paris
not just a pretty face
Oh yeaaa
woopidoowaaaaaaa!
still thinking her life is an interactive fiction
in Lyon
packing
clearly not going to
alive and kicking
working for the man
having the slowest computer on earth, but she doesn’t care because it is pretty
reading
feeling crap
out for a walk
singing
(still) working on her comp
an amateur
having diner with Joelle and David

Paul Auster, Humpty Dumpty & the Power of Words

– The initials HD in the name Henry Dark refer to Humpty Dumpty.
– Who?
– Humpty Dumpty. You know who I mean. The egg.
– As in « Humpty Dumpty sat on a wall? »
– Exactly.
– I don’t understand.
– Humpty Dumpty: the purest embodiment of the human condition. Listen carefully sir. What is an egg? Is it that which has not yet been born. A paradox, is it not? For how can Humpty Dumpty be alive if he has not been norn? And yet, he is alive – make no mistake. We know that because he can speak. More than that, he is a philosopher of language. « When I use a word, Humpty Dumpty said, in rather a scornful tone, it means just what I choose it to mean – neither more nor less. The question is, said Alice, whether you CAN make words mean so different things. The question is, said Humpty Dumpty, which is to be master – that’s all. »
– Lewis Carroll.
– Through the Looking Glass, chapter six.
– Interesting.
It’s more than interesting, sir. It’s crutial. listen carefully, and perhaps you will learn something. In his little speech to Alice, Humpty Dumpty sketches the futur of human hopes and gives the clue to our salvation: to become master of the words we speak, to make language answer our needs, Humpty Dumpty was a prophet, a man who spoke truths the world was not ready for.
– A man?
– Excuse me. A slip of tongue. I mean an egg. But the slip is instructive and helps to prove my point. For all men are eggs, in a manner of speaking. We exist, but we have not yet achieved the form that is our destiny. We are pure potential, an example of the not yet arrived. For man is a fallen creature – we know that from Genesis. Humpty Dumpty is also a fallen creature. He falls from his wall, and no one can put him back together again – neither the king, nor his horses, nor his men. But that is what we must all now strive to do. It is our duty as human beings: to put the egg back together again. For each of us, sir, is Humpty Dumpty. And to help him is to help ourselves.
– A convincing argument.
– It’s impossible to find a flaw in it.
– No cracks in the egg.
– Exaclty.
– And, at the same time, the origin of Henry Dark.

Paul Auster, City of Glass, Chapter 9.

Jour de test !

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Aujourd’hui, Hugo le programmeur du générateur blanc, m’envoie les premiers tests visuels ! C’est une étape importante pour le projet puisque les choix visuels se font en fonction de ce qui est réalisable ou non, je dirais même dans ce cas : configurable ou non… ; ) 
Je cherche donc des béta-testeurs, car c’est toujours plus facile lorsque les choix concernant les petites indécisions sont entérinés par des gens avec qui je travaille souvent et pour le moment, j’ai encore du mal à me distancier du projet. Pourtant je semble sûre d’une chose, c’est certainement une des versions que j’ai fait « bugger » qui me plait le plus. Elle laisse apparaître les traces du cheminement des lettres, au fur et à mesure que les textes défilent… Ça ressemble à une sorte de persistance rétinienne, j’aime bien l’idée que ce type d’animation référerait à l’idée d’être ébloui par la neige (la neige, c’est majoritairement ce qui se dégage des textes du générateur ; c’est aussi l’impression que je voulais donner dans l’animation de disparition des textes).

Inspirations décalées… et si ?

Je suis toujours contente quand je découvre un artiste dont les préoccupations esthétiques se rapprochent des miennes et je me sens faire partie d’un tout, mais en même temps, je regrette à chaque fois de ne pas avoir fait ces découvertes avant : j’aurais avancé plus vite !
Typiquement, pour les vidéos textuelles que j’ai développées de 1999 à 2001, j’étais partie avec des références visuelles très proches de l’art conceptuel… Kawara, Weiner, Kosuth, mais j’avais eu du mal à trouver mon compte dans les artistes actuels, alors que les choix esthétiques que je faisais me semblaient découler d’un contenu liés à des questionnements contemporains, donc forcément partagés. Et puis plus ou moins récemment, je découvre tout un pan d’artistes très « consanguins ». Par le biais de Jocelyn Cottencin (merci ! ), je découvre les ciné-poèmes que je ne connaissais pas (Lapins du soir, Nuitée) de Pierre Alféri (forcément en 1999, ce DVD n’existait pas ; ) puis hier Claire Grino (merci ! ) me parle de Heavy Industries et de son « Cunnilingus in North Korean », et « Nippon »…
En regardant les travaux de ces deux artistes si proches des miens, je regrette et aussi je me demande à quel point je n’aurais pas été contaminée volontaire si je les avais vus plus tôt.
J’aime bien ce genre de regrets, ils me donnent à penser comment j’aurais fait si, si, et si… et ouvrent toutes sortes de potentialités, d’inachevés, de variations possibles, bref ils me donnent envie de recommencer.

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Nothing (Art as idea as idea)

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J’ai emprunté ce livre à la Chambre Blanche, et il est une excellente ressource sur le rapport au texte dans l’art conceptuel. On y trouve des articles de / et sur Robert Barry, Lawrence Weiner, On Kawara, Joseph Kosuth… Je n’ai mis ici qu’un extrait d’entretien de Kosuth, que j’ai trouvé très intéressant et à la fois paradoxal dans ses revendications, car il est totalement radical, provocateur et tellement juste, mais aussi presque didactique dans ses justifications…

Entretien (extrait) de Joseph Kosuth. Par Arthur Rose, (5-31 janvier 1969).
Tiré du livre « Art conceptuel I », (Capc, Bordeaux – Nov.1988).

Pourquoi crois-tu que l’art de notre temps, pour reprendre ton expression, ne puisse être peinture ou sculpture?
Être artiste aujourd’hui veut dire remettre en cause la nature de l’art. Si on remet en cause la nature de la peinture, on ne peut remettre en cause la nature de l’art ; si l’artiste accepte la peinture (ou la sculpture) il accepte la tradition qui l’accompagne. Parce que le mot art est général alors que le mot peinture est spécifique. La peinture est une catégorie d’art. Si on réalise des peintures, on accepte (on ne questionne pas) la nature de l’art.
On accepte alors la tradition européenne de dichotomie peinture-sculpture comme nature de l’art. Alors que, ces dernières années, les meilleurs travaux ne sont ni peinture ni sculpture, et qu’un nombre croissant de jeunes artistes pratiquent un art qui ne relève ni de l’une ni de l’autre de ces catégories.
Quand les mots perdent leur sens, ils sont dépourvus de sens. Nous vivons dans notre temps et dans notre réalité, qui n’ont pas besoin de chercher leur légitimé en s’arrimant à l’histoire de l’art européenne. Il est clair que nous serions incapables de faire n’importe quoi sans la connaissance accumulée dont nous disposons. On n’échappe jamais totalement au passé, mais ceux qui se tournent délibérément et ouvertement dans sa direction font preuve de timidité créatrice. L’esprit universitaire et conservateur a toujours soif de justification historique : c’est une sorte d’amalgame de culte des ancêtres et de quête de l’approbation parentale. Il faut apprendre ce qu’était le passé, et non pas apprendre du passé, de manière à pouvoir comprendre ce qui était vrai alors et ce qu’on ne veut pas faire aujourd’hui.

La difficulté du travail et son recours au langage plutôt qu’aux couleurs ne le rendent-ils pas rébarbatif?
Les idées de l’artiste sont inhérentes à ses intentions, et l’art nouveau dépend presque autant du langage que de la science ou la philosophie. Il est clair que le déplacement du perceptuel au conceptuel est un déplacement du physique au mental. Quand il n’y a pas de motivation intellectuelle chez le spectateur, il faut faire appel au physique (la vue, le toucher). Les non-artistes veulent souvent accompagner l’art d’autre chose parce que l’idée de l’art ne les enthousiasme pas tant que cela. Ils ont besoin de l’accompagner de stimulation physique pour rester intéressés. Mais l’artiste a pour l’art le même intérêt que le physicien pour la physique et le philosophe pour la philosophie.

Pourtant, si on accepte ton idée de l’art, et que l’artiste n’ajoute plus rien à l’univers visuel de l’homme, quel va être l’avenir de l’art?
Avant de répondre à ceci, j’aimerai faire une remarque. Les principaux courants philosophiques de ce siècle manifestent un rejet total de la philosophie traditionnelle. On ne peut plus, comme autrefois, arriver à des conclusions sur l’univers. Et ni les gens cultivés, ni les jeunes n’accordent plus de crédit à la religion. Les postulats de la religion et de la philosophie traditionnelle sont devenus irréels à ce stade de développement de l’intelligence humaine. Si c’en est fini de la philosophie (et de la religion), il est possible que l’art soit viable dans la mesure où il est capable d’exister comme une tentative pure et consciente d’elle même. Il se peut que l’art soit appelé à exister à l’avenir comme une sorte de philosophie par analogie. Mais ceci ne pourra se produire que si l’art reste conscient de lui-même, et ne se préoccupe que des problèmes de l’art, aussi fluctuant qu’ils puissent être. Si l’art devient vraiment une « philosophie par analogie », ce sera parce que la rigueur intellectuel (au niveau ce la capacité de « création » de l’artiste) est d’un niveau qualitatif égal à celui des meilleurs penseurs du passé. S’il n’y a pas de place aujourd’hui pour la vraie philosophie, alors il est clair qu’un art tentant de se faire passer pour philosophie n’aurait aucun sens non plus. Mais il se peut qu’un art s’attachant aux questions ne relevant que de l’art vienne combler ce vide dans la pensée de l’homme d’aujourd’hui.

citation

« … J’ai recours aux mots parce qu’ils vont vers le spectateur pour lui parler. Les mots viennent de nous. Ils ne sont pas étrangers. Ils comblent l’écart qui sépare le spectateur de l’œuvre. Quand je lis les mots, quand je lis un livre, c’est presque comme si l’auteur me parlait. On dirait que la page se déroule à haute voix devant moi. Qu’elle me parle. Les mots ont beau être imprimés, c’est comme s’ils m’adressaient la parole. »
(Robert Barry).

Écrire

Écrire. C’est le premier mot en haut à gauche sur la page du tableau de bord de mon blog, c’est aussi la première chose que j’ai apprise à faire avec un ordinateur. C’est drôle de dire “avec » un ordinateur, et pas sur mon ordinateur…

C’est donc ce que j’ai choisi de faire ici. Une conversation avec mon ordinateur, ou plutôt avec la personne qui hier écrivait ici, à ma place, à ce bureau, en face de la fenêtre. Mon moi d’hier. En conversation avec mon moi d’aujourd’hui, et qui attend celui de demain. Une variation autour de la chaise et de la table. Autour de la chambre. Avec ou sans musique. Avec ou sans narration, de l’écriture à la décriture.

Nuit blanche à Montréal

Expo à Oboro, Montréal

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Julius Popp. Memento mori moderne.
Une très belle pièce de Julius Popp, qui nous invite a une hypnose visuelle, rythmée par le bruit des mots qui tombent à intervalles réguliers… Pourtant, j’aurais voulu une utilisation plus poétique du texte… que ce soit dans son contenu, ou dans sa chorégraphie/temporalité. Il est vrai que l’on peut trouver que la pièce n’est qu’un médium ou un protocole de communication, qu’elle n’est qu’une translation de textes puisés sur internet vers un nouveau mode de visualisation…

Et pourtant, quelle pièce magique.

Sign o’ The Times

Vive les vacances de noël, chez les parents qui ont une TV… Chose que moi je ne possède pas et que, hypocritement, je regarde chez les autres ; )
Donc hier soir très tard, le ventre plein de bonne cuisine familiale, je regarde le clip de « Sign o’ The Times ». Un vrai choc car je viens de me souvenir de l’impact que ce clip avait eu sur moi lors de sa sortie (1987! – j’avais 14 ans). Pas vraiment fan de Prince à l’époque je restais devant, jusqu’à la fin, à chaque fois qu’il passait.
Ce clip a-t-il déterminé, 12 ans plus tard, mes recherches sur le texte comme image ?
Peut-être même que mes deux vidéos, « Générique » & « Soumission » ne sont qu’une réinterprétation de ce clip ?
Rien n’est impossible…
> Enumération
> Générique

L’idiot – texte descriptif pour la vidéo

idiot

Il marche dans la neige. Un, puis deux traîneaux le dépassent.
Il met les mains sur ses oreilles.
Il arrive au centre de la ville.
On le sent angoissé. Plusieurs fois, il se retourne.
Il traverse le pont en acier, se retourne à nouveau.
Encore une fois, il vérifie s’il est suivi : personne.
Un tram passe. Il est de plus en plus agité.
Il essaye de se perdre à travers la foule. Rien n’y fait, il se sent observé.
Un tram passe, le couvre d’une fine pellicule de neige. Il s’assoit sur le côté d’un petit pont, la tête dans ses mains.

Il est assis dans un café, près de la fenêtre. Une serveuse lui apporte une tasse de thé.
Il semble s’être calmé.
Il saisit la tasse et remue le thé avec la petite cuillère.
Au moment de porter le thé à sa bouche, une ombre passe sur la fenêtre. Il relève la tête, ses mains tremblent, le thé déborde.

Il est à nouveau sur le pont en acier.
Un train à vapeur passe en dessous.
Il a du mal à respirer. Il se retourne et une silhouette sombre se tient de l’autre côté du pont. La fumée du train l’enveloppe jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
Il court dans la direction opposée.
Il erre dans les rues de la ville. Il fait nuit à présent.
Il s’arrête devant la vitrine d’un magasin de couteaux. Il regarde les lames une à une. L’une d’entre elles est plus brillante que les autres. Il comprend… Pousse un cri et court dans la nuit pour échapper à cette intuition.
La neige est partout. La nuit est noire. Il court. Il trébuche. Se relève pour courir encore. Il arrive enfin chez lui. Pousse le portillon en bois, entre dans le jardin enneigé. Le portillon se referme : l’autre est derrière. Ils se font face. L’autre a une main dans la poche de son manteau, il en sort un long couteau. Il lève la main pour frapper.

Behind Memory (2005)

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> Générateur de textes + images:

Ce projet a bénéficié de l’aide au projet Hidrazone (Angleterre).

Un Générateur d’histoires, textes et d’images en ligne d’après « De l’autre côté du miroir », Lewis Carroll.

Le point de départ de Behind Memory est une réflexion simple : dans un ordinateur, les images existent et l’on peut y accéder grâce à leur index, un mot qui les définit. Il est donc vrai de dire que derrière la plupart des mots de mon ordinateur se cache une image. Si le développement de mon projet précédent, Random Access Memory, s’interrogeait sur la transmission d’un texte et ses conditions de lecture, Behind Memory se penche sur la relation texte/image ou gen-narration (génération+narration).
Le but de Behind Memory est de découvrir les images cachées derrière les mots, en particulier ceux qui composent le livre “de l’autre côté du miroir ».

> http://www.incident.net/works/behindmemory/

Traduction

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La question de la traduction a toujours été inhérente à mon travail, qu’il soit textuel ou non. En 2004, incident a été commissionné par la Galerie Basekamp (Philadelphie) pour produire une exposition sur ce thème. J’y ai présenté Random Access Memory, Générique, Soumission, et Extrait.

Sur nos écrans et dans nos existences, des 0 et des 1, une suite interrompue de chiffres traduits en images, en textes, en sons. À partir d’éléments identiques, un tissu perceptif complexe a émergé.

La traduction est une problématique qui permet d’aborder l’ambivalence profonde du numérique. Car si ce dernier réduit d’un côté les différents médias (image, son, texte, vidéo, etc.) à un langage unique constitué de 0 et 1, et donc les rend donc traduisibles de façon littérale, d’un autre côté, la traduction exacte est impossible.

http://incident.net/events/translation/archives/__/index.html

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On our screens and in our existence, 0 and 1, an unbroken serie of numbers translate our sensations into images, texts and sounds. From identical elements, have emerged a complex perceptive web.
Translation is a problematic which allows us to question the deep ambivalence in the digital. On one hand Digital constrains various medias (images, texts, videos, etc.) into a unique language formed of 0 and 1, which makes it translatable in a literal way, on the other hand an exact translation is impossible.

Random Access Memory (2004)

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> Générateur de texte :

Random Access Memory est un générateur de texte dont le matériau et le support de diffusion sont Internet, dont la thématique est la transmission d’information.

Le but est d’interroger notre capacité à envisager un texte lorsqu’une interférence s’insert pendant la transmission écrite de celui-ci. Le principal dessein sera moins de narrer une histoire au sens strict du terme, que de développer un rythme, un univers qui projettera, exilera le spectateur dans un monde vraiment différent de celui qu’il expérimente lorsqu’il se trouve face à un simple générateur de texte. Il s’agira de créer, grâce uniquement au texte, l’image d’une autre langue dans la tête du spectateur.

> http://www.incident.net/works/ram/

Sans commune mesure, images et textes dans l’art actuel

Sans commune mesure. Du 22 septembre au 1er décembre 2002, Le Fresnoy.

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Présentation du triptyque vidéo Temp/
« Générique »
« Soumission »
« Enumération »

> http://www.ciren.org/ciren/observatoire/002/index.html

Sur une invitation de Jean-Louis Boissier
« Pour les nouveaux supports de création et de diffusion que sont les CD-Rom et les sites Internet, la peinture comme le film, le livre bien sûr, fournissent des modèles d’une rencontre du texte et de l’image. Ce qu’il est convenu de nommer nouveaux médias donne cependant à cette coexistence un régime spécifique. Car l’ordinateur, instrument par excellence de l’agencement et des liaisons, traite indifféremment, dans les couches profondes de sa mémoire, texte et image. »

Générique (2000)

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La scénarisation et la fictionnalisation de l’intime effacent l’ampleur de la vie. Ma vie n’est pas un film mais un générique. Ce générique, cette définition énumérative de ce qu’est ma vie intérieure est le produit d’une génération incessante d’énergie : j’émets de la chaleur, je me consume, j’implose à chaque seconde, il n’en restera bientôt plus rien. Je saisis la lumière et je la dis. Et cette énergie, je la canalise quand je travaille sur mon ordinateur.
Bien que de racines différentes, « générique » et « générer » me paraissent deux mots intimement liés. Leur proximité sonore m’a permis de les rapprocher et de leur trouver un point commun : les mots.

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