Interview
1 an après, une interview réalisée par Pauline Julier dans le cadre de l’exposition de ma pièce « Sweet Dream » lors de Version Béta au Centre pour l’image contemporaine à Genève.
Fond sonore : « Sirène« , du collectif Héhé ; )
1 an après, une interview réalisée par Pauline Julier dans le cadre de l’exposition de ma pièce « Sweet Dream » lors de Version Béta au Centre pour l’image contemporaine à Genève.
Fond sonore : « Sirène« , du collectif Héhé ; )
J’ai reçu ce matin par la poste la lampe que je dois installer pour l’exposition aux Archives…
Depuis la fin décembre, le site Magnetic-room, créé par Marie de Quatrebarbes et Maël Gesdon, est en ligne.
En Août 2008, Maël et Marie étaient venus passer quelques jours à Briant pour m’interviewer. Je les avais bien sur embauchés pour quelques séances de travaux de rénovation, et ça a été l’occasion de les connaitre un peu plus et d’échanger, au fil de la pose du carrelage, des coups de marteaux, et des goûters de fin d’après-midi (ils sont aussi gourmands que moi !), sur ce qu’étaient leurs envies pour magnetic-room.
Voici ce qu’ils en disent :
« Magnetic Room est né, au début du printemps 2008, du désir d’interviewer des artistes dont nous aimons le travail et d’interroger leurs moyens d’expression (net art, musique, cinéma, vidéo…). Nos choix n’ont d’autres critères que nos envies et les rencontres. Au fur et à mesure de l’élaboration du site, nous nous demandions si, outre nos préférences et nos goûts, se dégagerait une cohérence globale de l’ensemble des interviews. Cet ensemble reste ouvert et en mutation : il se développera avec de nouveaux entretiens à venir. Aujourd’hui, le thème du « numérique », de la création liée au numérique, s’impose comme un leitmotiv de tous les entretiens. »
Avec pour interviews :
Etienne Cliquet, Reynald Drouhin, Jérôme Lefdup, Sonia Marquez, Etienne Mineur, Joseph Morder, Julie Morel, Richard Pinhas, Antoine Schmitt, Clump of trees, Electric Indigo, Clara Moto, Danielle de Picciotto et Scanner.
En vrac, une sélection de quelques lettres, mails et mots, reçus pendant cette semaine de « Without Interfaces »…
Un coucher de soleil à Appart’ Hôtel, sur la frontière Suisse de Stéphane.
Une carte de Zoé, reçu le premier jour de « Without interfaces ».
Un mot de Maja & Zoé, malchanceuses, qui sont passées quand je n’étais pas là .
Un CD de Beethoven, cadeau de Maël & Marie DQ, interprété par Rudolf Serkin, qui a souvent accompagné mes oreilles durant cette semaine.
Une pédale d’effets pour ma guitare, cadeau de Marie D. et Zoé, après une journée passée à faire de l’enduit dans l’appartement de la goutte d’or.
Et puis deux mails d’Alex, l’un drôle sur le fait de penser à écrire une fois par jour, et l’un avec une pièce jointe + un lien vers la Radio Suisse Romande:
http://www.rsr.ch/espace-2/dare-dare/selectedDate/31/10/2008
…Sans parler des quelques huit cartes reçues par fragments, d’Angleterre. Et enfin une carte avec une machine à écrire dessus, mais non signée. Ceux qui me l’ont envoyé, dites moi qui vous êtes???
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But mainly, i’ve missed talking to you everyday.
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La semaine a été à la fois longue et courte. Difficile et étrangement agréable. Remplie par les allées & venues, les RDVs, le matin les cartes dans ma boîte aux lettres, le soir les papiers glissés dans l’embrasure de ma porte laissés par les visiteurs manqués…
Une semaine, Ã parler directement, Ã communiquer sans interfaces.
Et voila que ce soir, à quelques minutes de la semaine écoulée, je regarde ma lampe qui s’est allumée, par intermittence, tous les jours, témoignant que quelqu’un m’envoyait un signal « Sleep » ou « Wake up » depuis l’exposition au Centre de l’image Contemporaine à Genève… Je l’avais oubliée.
Un cheval de Troie en quelques sortes.
D’un seul coup, mon projet « without Interfaces » devient « Without Interfaces but one ».
Je reprends demain, le 12 novembre, par la participation à une discussion avec Karine Lebrun sur tchatchhh.
Puis à minuit, pour la reprise générale.
Quelques photos de l’installation de Sweet Dream (Genève-Paris) à Version Béta.
Punie, dans un coin, pour cause d’accès technologique : coincée entre Héhé et Gwenola Wagon/Caroline Bernard, y’a Pire : )
Je tiens à remercier tous les gens du Centre pour l’Image Contemporaine, qui ont été tellement gentils pendant la durée de l’installation et mon séjour à Genève. Donc merci Alexandra, Sara, Anne, Pauline et le perchiste dont je connais pas le nom, Fabien, Kevin, Paolino (double merci), René, Fred..
Merci aussi à Gwenola Wagon, Jean-Louis Boissier, et enfin, à Paris, à Alexis Chazard et Marika Dermineur.
Mon projet « Sweet Dream (Genève-Paris) » sera exposé lors de « Version Beta« , du 31 octobre au 14 décembre 2008, Centre pour l’image contemporaine, Genève.
(Merci à Alexis Chazard pour la production technique du projet !).
Exposition biennale ART & NOUVEAUX MEDIAS
Depuis sa création, la biennale Version s’est attachée à repérer et à montrer des œuvres d’art visuel impliquant les nouvelles technologies numériques. Après Version 1.0 en 1994, le titre s’est décliné autour de thèmes comme l’anticipation (1998), le jeu (2000), l’espace construit (2002-2004), l’animation (2006).
Si Version s’est annoncée d’emblée comme «un laboratoire de recherche qui est sans cesse en quête de ce qu’il démontre», elle s’est confrontée à la problématique de propositions de l’art contemporain constamment mises en question par la pression de nouveaux médias, par le désir de chercheurs, artistes et inventeurs, d’assumer le devenir critique de ces nouveaux médias. Alors que le numérique est devenu le contexte et les circonstances de toute activité, il ne s’agit pas simplement de mettre des nouveaux médias dans l’art, ni même de faire un art des nouveaux médias. Il s’agit de faire des nouveaux médias en artiste, d’être artiste en nouveaux médias. Dès lors, s’il ne s’agit pas seulement de renouveler l’art en lui injectant de nouveaux moyens, de nouveaux outils, de nouveaux sujets, il peut s’agir d’en déplacer les frontières jusqu’à considérer des expériences, des entreprises, des événements comme apparentés à l’art, comme relevant du projet artistique.
Julie Morel, Galerie Duplex (Toulouse), du 24 – 27 Oct. 08
Preview/Vernissage 23 Oct. 08 (sur invitation)
Au 104
5, rue Curial
75019 Paris
Après la discussion d’hier avec Jocelyn, j’ai pas mal avancé dans la production du titre de « Décalage horaire ». J’ai effectivement essayé de rendre les choses moins statiques, de moins coller à la typo d’origine.
En regardant ce que j’ai fait aujourd’hui, c’est déjà plus dynamique. Je regarde ces petites formes qui se découpent et elles me rappellent beaucoup les blocs de glace et petits icebergs qui tourbillonnaient sur le St. Laurent et dont j’avais fait une vidéo. Un retour à la source donc.
Il y a quelques jours, s’est terminée l’exposition à la Galerie Duplex.
Depuis, j’ai démonté le dispositif placé dans ma chambre, les câbles n’encombrent plus le salon et la chambre… La LED verte de l’interface Arduino ne me dérange plus la nuit, et je ne m’étonne plus de voir la lampe allumée ou s’allumer alors que je suis absorbée dans mes activités de la journée.
Ce que je réalise rétrospectivement, c’est à quel point, sur mes derniers travaux, de « Dérives » à « Sweet Dream« , mon espace s’est trouvé systématiquement envahi… Entre les cargaisons de T-shirts pour le Briant Summer Camp trainant partout, les intrusions et l’absence de lumière ou encore la situation extrêmement chaotique de l’iceberg occupant tout une pièce, m’empêchant de circuler, les bouts de polyesters collés partout…
Aujourd’hui, mon espace est à nouveau vide mais la question de l’intrusion de mon espace intime reste.
Voici encore quelques photos de mon côté de l’exposition « My Life is an Interactive Fiction », prises tout au long de ce mois.
L’installation « My Life… » continue néanmoins d’être exposé au sous-sol de la galerie Duplex sous le titre « Prolongation », cela jusqu’au 2 août. Donc si vous passez vos vacances à Toulouse, allez y faire un tour.
Pour ce qui est de Sweet Dream, sa prochaine destination, c’est Genève en octobre… À suivre.
Samedi 24 Mai 2008, 18h.
Vernissage de l’exposition Julie Morel / Nathalie Cousin à la Galerie Duplex.
27 rue des Paradoux
31000 Toulouse
L’exposition durera du 24 mai au 28 juin.
Un petit article dans Makezine sur Sweet-Dream (Paris-Toulouse) a été écrit par Jonah Brucker-Cohen …
Je suis doublement contente, d’abord puisque j’adore Makezine, mais aussi parce que l’article fait un lien sur la traduction anglaise de mon blog par Google. C’est vrais que je ne regarde jamais mes/les sites français dans leurs traductions (approximatives) googleliennes, mais là , en relisant mon blog en anglais, j’ai vraiment eu l’impression que j’avais basculé dans une autre réalité : celle où effectivement, my life REALLY is an interactive fiction… : )
Et puis je me suis dit que cela pourrait être drôle de prendre les choses à l’envers : réécrire mon poste dans un français hybride, qui permettrait une traduction parfaite du traducteur automatique… Je m’y mets dès mon retour de Toulouse.
L’expo à la galerie Duplex approche, et c’est la dernière ligne droite sur la production. On a discuté par Chat aujourd’hui avec Alexis. Il sera chez moi à Paris le samedi du vernissage à Toulouse et il sera la partie cachée de l’iceberg ; )
Il a aussi concocté un petit patch pour Sweet Dream! Ce patch, destiné à l’ordinateur installé à Duplex, va servir à récupérer l’adresse IP de l’ordinateur receveur, pour pouvoir établir une connexion sans problème.
J’aime bien le nom que lui a donné Alexis : gather_text. (gather : rassembler). Dans ce projet on relie des gens grâce à des adresses…. On adresse les gens donc. Avec ce nom, c’est encore plus visible.
OZ, a internet piece for “La Revue du 104â€
For a long time now, my work has questioned text in its written form, as well as translation between various languages, translatory movements, written text in general and more particularly, the moment, and conditions of its becoming an image.
When invited by Camille Louis, I was offered the possibility to create a work specifically designed for internet, the context being the first issue of “La Revue du 104â€, which focused on Aby Warburg’s work and research.
When I read the 104 journal project, I immediately decided to take one of my artworks as a starting point and case study. The work in question is an interactive installation called « Sweet Dream (Toulouse-Paris) ». I selected this work for two main reasons: first, because it was a work in progress, and second, because I was using the Internet both as a link and as an interstice.
« Sweet Dream (Toulouse-Paris) » – A summary.
The installation is displayed in two different geographical spaces simultaneously:
– “Duplex Gallery†in Toulouse – France.
Two common keys from a computer keyboard are embedded in one of the walls of the gallery. These keys bear the words “Wake up†and “Sleepâ€. Visitors can press any of these keys at anytime.
– My apartment in Paris – France.
My bedside table lamp is switched on and off whenever a visitor presses the “Wake up†or the “Sleep†button.
For the duration of the exhibition, the installation allows visitors to control the lamp, through a computer application and a signal sent via the network.
The installation questions two different physical spaces as narrative components of reality and fiction. One is public (the gallery), one is private (my bedroom).
Even though the info card gives the audience enough clues to what is at stake (the title, the list of the various elements of the installation, and their locations), the challenge of such an installation is that there is no immediate proof that the two spaces are connected, and that there is a consequence in pushing a button.
So this piece relies on the visitor’s belief that is, for him to engage in the work, he needs to believe in it. And of course, this in itself is a hurdle, since the minimal aspect of the installation is off-putting, and it is an immaterial, empty space (the internet) that connects him or her to the other side of the installation.
OZ.
For “La revue du 104â€, I really wanted to work on this empty space, but didn’t want to make this interstice visible as such. Instead, my intention was to infuse it with something new, in order to reveal it.
Searching how to affect the interstice was deliberately paved with detours, digressions, intervals, and drifts.
In his work, Aby Warburg speaks about the iconology of the in-between, where the in-between gap is a kind of revelation, and is essential to an iconology which aim is not to explain, resolve a problem or a complexity, but to exhibit it, to show it in a new light and through a new production of signs (a montage).
This way of dealing with iconology was very familiar to me, so I consciously took on this method.
Firstly, I observed the two images produced on each side of my installation.
In Toulouse, I saw a very minimal image: a white wall with two black keys. In Paris, a very classical Still Life appeared each time my lamp was switched on.
I liked the fact that the simple act of pressing a button could produce a real Still Life. And while observing this, I realized how much I favoured the “On†in the process. I told myself that the pressing of a button (ON) was producing an alternative to the usual, a kind of variation of reality, something nearly magical (OZ).
Very naturally, this led me to the “Wizard of Ozâ€, a film in which the concept of belief is essential. When viewing this film again, still questioning the interval, I focused on the transition between the real world and the world of OZ.
In that particular segment, Dorothy is running away from the tornado and takes shelter in the house. Knocked out by a flying window, she passes out (she falls in Oz if I may say). When she comes to, she gets up, stands by the window and looks outside. The layout of this scene is pretty obvious: she stands in front of a cinema screen, she’s become a spectator. From then on the film metaphor appears clearly: Oz is the magic of cinema, it’s the land of fiction, where reality is twisted and becomes an alternate space where illusion is more real than reality itself.
When Dorothy eventually comes out of the house, she looks around her, puzzled, and says: « Toto, I have the feeling we’re not in Kansas anymore », which can literally translated into: Toto, I have the feeling we’re not in reality anymore. From then on, the metaphor of an alternate space will unfold, telling us how much staged machinery can fascinate, how much we can believe in it, even though we know it isn’t reality.
The end of the movie holds the resolving of the magical mystery, thus speaking about the main and ambivalent belief in cinema:
When the powerful wizard appears solely as a common man, he actually has the same features as the illusionist that Dorothy met at the start of the movie, the same person that was faking reading in a crystal ball…
With these concepts in mind, I worked on my proposition for the 104. I tried to synthesize them and show how the internet could integrate them all at once.
I also realised that there was a connection between the word “ON†and the word “OZâ€. That is, they were formed by the same signs. And finally that, by rotating one, you would end up with the other.
The end piece uses this relationship metaphorically, and tries with very minimal formal means such as typography, rotating movement, sound piece, and velocity implied by the users’ connection speed, to express the singular relation one has with reality when on the internet, and especially when one practices fiction on the internet.
It shows how a simple repetitive movement can take you from one universe to another.
Hier, Alexis Chazard était ici, en transit entre Valence et Bruxelles, pour travailler sur la production du projet « Sweet Dream (Toulouse-Paris) ».
Ça a été une séance de travail particulièrement intéressante pour moi, j’y ai appris pleins de choses.
On a d’abord procédé à divers petits tests sur l’interface Arduino, d’après le tutorial accessible sur le site internet des Beaux-Arts d’Aix. Tutorial clair et très bien conçu.
Puis nous avons relié l’interface Arduino à un relais 220v que nous avons patché à l’interrupteur de ma lampe de chevet (qui je crois, ne survivra pas à ce projet…).
Enfin Alexis a fini le patch Max/Msp qui récupère les informations on/off envoyées par internet, et vers 3h du matin environ, il y a eu ce moment magique où le projet une fois fini, il a fallu le tester pour savoir s’il marchait réellement.
Nous nous attendions tous les deux je crois à ce que ça ne marche pas du premier coup, qu’il y ait de petits ajustements à faire…. Mais non. Du premier coup, Alexis a pu contrôler depuis son ordinateur si la lampe était éteinte ou allumée ! Ce qui veut dire que cela est maintenant possible de partout dans le monde, à condition d’avoir le patch sur son ordinateur.
La magie résidait surtout dans le fait de voir fonctionner le projet, dans cette action d’allumer la lampe par le biais d’internet, et cela malgré la littéralité désarmante du projet même. Qu’y a-t-il de plus littéral et anodin que d’appuyer sur un bouton pour allumer ou éteindre une lampe ?
Pour moi, faire l’expérience de ce projet, c’est faire l’expérience d’un vide, d’un interstice, de l’investir : ce vide c’est internet comme moyen de communication entre 2 machines, comme espace réel (un réseau de câbles, machines, serveurs, etc.). Sweet Dream !
La lampe de chevet, près de mon lit, destinée à devenir le dictateur de mes journées et de mes nuits pendant la durée de l’exposition à la galerie Duplex. Je me demande ce qui sera le plus difficile : l’inutilité de la lumière le jour, ou celle dérangeante de la nuit ?
Pour l’expo à la galerie Duplex, à Toulouse, j’aimerais montrer une installation qui va s’appeler « Sweet Dream ». L’idée est de présenter sur un des murs de la galerie, totalement uni (blanc ? gris ? une couleur ?), les deux petites touches du clavier « Sleep » et « Wake up », dont j’avais parlé dans un article précédent (on/off).
Les deux touches, à hauteur de la main, sortent du mur, et l’on peut appuyer dessus. C’est tout. Enfin, c’est tout à Toulouse, car ces deux touches sont reliées à ma lampe de chevet, à Paris. Pendant toute la durée de l’exposition, les visiteurs auront tout loisir de contrôler l’allumage et l’arrêt de ma lampe, de jour comme de nuit…
Comme pour la performance (encore non réalisée) de la « Chambre horaire », je confronte ma réalité individuelle (l’utilisation d’un lieu, d’un objet), à une réalité globale.
Je me doute que, comme pour la Chambre horaire, qui mettait (plus extrêmement) en jeu le gaspillage de l’énergie, les réactions seront rapides.
Mais oui, l’art pollue. Faut-il arrêter de faire de l’art ?
C’est finalement le titre que je vais donner à l’exposition qui aura lieu en mai à Toulouse, à la galerie Duplex.
Depuis quelque temps, c’est une phrase qui me trotte dans la tête, elle me paraît assez bien rendre compte de ce qui se passe autour de moi, sur internet notamment.
La fiction interactive, c’est un genre d’écriture artistique, fictionnelle, lié à l’utilisation d’un ordinateur, mais c’est avant tout une potentialité d’un genre, plus que la réalité d’un genre…
Pourtant, je suis persuadée que ce genre est plus adapté à la vie réelle qu’à une fiction justement. La scénarisation de la vie est une question qui se pose de plus en plus, alors que tout le monde est de plus en plus conscient de soi-même, de son identité, et essaye d’échapper à ce qu’il est et ce qu’il sait. Ainsi, l’identité individuelle devient quelque chose qui se fabrique grâce à des outils. Et notamment sur internet, ou la pratique est exacerbée : que ce soit par l’intermédiaire d’avatars, ou plus subtilement (puisque plus semblable à la réalité) par le biais des blogs, de facebook (minifeed), etc. Cette méta-identité, « designée », construite me paraît intéressante justement parce qu’elle est une pratique consciente. Que ce soit du côté des utilisateurs, comme des lecteurs – ils sont généralement interchangeables – la plupart des gens s’en saisissent et en jouent, parfois jusqu’à ce que la construction de leur identité en ligne devienne un exercice créatif. Pour dire les choses simplement, chacun se fait son film. Chacun réactive l’exercice du portrait.
Et je suis tout à fait pour. Tous les jours, lorsque je me connecte, je prends un grand plaisir à regarder les « statuts » de tout le monde, comme je lirais les titres de chapitres d’un roman-feuilleton. J’aime aussi lire entre les lignes et essayer de reconnaître la réalité de la fiction.
Ce que j’aime encore plus, c’est envisager ces « statuts », ces articles, etc. comme un roman écrit par plusieurs, un Wax-web, un cadavre exquis.
On ne voit jamais autant les choses que lorsqu’on les pratique. Je m’explique…
Tout à l’heure, j’étais en train de « patcher » un clavier (opération qui consiste à démonter et bricoler un clavier d’ordinateur pour faire des capteurs minimalistes) et je me suis aperçue de la présence de 2 touches que je n’avais jusqu’alors jamais remarquées :
– Wake Up
– Sleep
Comment est-il possible d’utiliser quelque chose aussi souvent et de ne pas le regarder à ce point ?
Ce n’est sans doute pas une coïncidence si ces deux mots me sautent aux yeux, alors que je suis moi-même en manque de sommeil, cela dû à un long voyage retour de Montréal – avion manqué et trajets en plus…
En tout cas, j’ai tellement aimé la poésie de la situation et du sens que prennent ces 2 touches quand on les décontextualise (je les ai finalement démontées du clavier), que je pense en faire la base d’un projet d’installation pour l’exposition à la galerie Duplex au printemps 2008.