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A.F.K. au Quartier centre d’art

Photos de l’exposition A.F.K., au Quartier Centre d’art (Quimper), du 17 avril au 17 mai 2015.
Cette exposition a été accompagnée d’une conversation, le 7 mai 2015, dans l’espace d’exposition, avec Karine Lebrun, et d’une programmation « vidéo-hacking » durant la nuit des musées.

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Crédits photos : Dieter Kik, Mathieu Roquet et Julie Morel.

Liste des pièces.

Murs de droite à gauche

Mur 1
• Empty your Mind (2014).
Vidéo de 40mn environ. D’après un extrait de 2mn36 de The Lost Interview (9 décembre 1971). Vidéo ajoutée le 30 mai 2014 par Jodorowsky’s Dune.
• Conversation, version papier (2014).
Impressions A4 en couleur, montages/recadrages d’images. D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh.

Mur 2
• Conversation, version papier (2014) – suite.
Impressions A4 en couleur et montages/recadrages d’images. D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh. http://tchatchhh.com
• Dessin électrique #1 – TOR (2015).
Dessin à l’encre conductrice argent, LEDs, système électrique. Dimensions : 65 x 50 cm.

Porte
• Fantôme #2 (2014).
Impression jet d’encre sur papier dos bleu. Dimensions : 9 x 50 cm. D’après la photo d’une perruque en cheveux naturels noirs, posée sur une table de l’exposition A.F.K. #1
(Bordeaux, avril 2014).

Mur 3
• Dessin electrique #1 – A.F.K. (2015).
Dessin à l’encre conductrice argent, LEDs, système électrique. Dimensions : 65 x 50 cm.

Mur 4
• DarkNet (Alphabay), DarkNet (blackBank), DarkNet (Evolution), DarkNet (Majestic), DarkNet (Middle Earth) – (2015).
Série de 5 filets synthétiques pour perruques. Dimensions : 9 x 50 cm. Visualisations des statistiques de connexion de cinq des plus grands sites de marché noir en ligne à la date du 1er janvier 2015, entre 15 et 16 heures.

Dans l’espace
• Manifeste (2014-15).
Cheveux humains sur papier bristol. Caisse américaine. Dimensions : 65 x 45 cm.

Table (dimensions 120 x 60 x 80 cm)  et angle du mur
• Fantôme #3 – L’image-objet Post-Internet, une version (2014).
Impressions sur papier blanc. (50 ex.). Traduction du texte anglais The Image Object Post-Internet d’Artie Vierkant.
• Empty your Mind (2014).
Un poster N&B, format A2 (tirage original 500 ex.).
• Crawling Through the Night Sotfly (My Burden) (2013).
Une carte postale (tirage original 500 ex.). Éditée dans la collection Save the Date, Ultra Éditions (Brest).
• Con/vers(at)ion, (2014).
Impressions A4 en couleur. (50 ex.). D’après la conversation avec Karine Lebrun sur le site internet Tchatchhh.
• A.F.K., entretien (2014).
Un dépliant 30 x 30 cm. (tirage original 100 ex.).
Entretien entre Julie Morel et Camille de Singly, Rodolf Delcros, Elodie Goux, Léna Peynard et Elsa Prudent, réalisé les 26 et 27 mars 2014.
• Version papier (2015).
Journal de 16 pages couleurs (tirage original 50 ex.).

Bandes sons
• Empty your Mind (2014). Durée 40mn.
Bande son de la vidéo Empty your Mind (2014).
• Rio (2014-2015). Durée variable.
Version par David Bideau, d’après la playlist GotaloNia Songtrack et la bande son de la vidéo Empty your Mind.

Off-Shore (bureau situé au dessus de l’espace d’exposition.
• Void (2010). Dessin à l’encre noir, issu de la série Organ. Dimensions : 82 x 45 cm (encadré).

void

All is full of love

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En octobre, je participerai à une exposition au Centre Pompidou sur l’invitation de Boris Tissot. Cette exposition aura pour titre « Love », et il sera représenté par le néon qui se trouvait sur le Robot que j’avais produit lors du projet le Virus s’appelait I Love You.
Le thème de cette exposition m’est proche : je l’ai traité maintes fois de manière textuelle, mais cette fois de plus me permettra de le visiter par des médiums encore non utilisés, la vidéo notamment.

Ce soir, j’avais décidé de sortir, et puis finalement non. Il pleut, il fait bon, la fenêtre est entrouverte et j’ai envie de plein de choses, surtout de recommencer à travailler sur mes pistes engagées pour cette exposition : hormis le néon, il y aura 3 autres propositions qui ponctueront l’exposition et je veux prendre le temps de la réflexion et de l’expérimentation.

1. J’adore les titres, je les collectionne (les titres les plus longs, les titres les plus courts, les titres loupés, ou ceux qui sont si conceptuels…), alors cette exposition me fait plaisir et voila l’occasion idéale pour travailler avec cette matière première : j’ai donc commencé une vidéo intitulée « A Thousand Love Songs », qui utilisera 1000 titres de chansons qui contiennent le mot love. Quelques exemples parmi les 1000, du plus connu au plus obscur :

silly love songs
baby love
justify my love
the power of love
nothing’s gonna change my love for you
the limit to your love
crown of love
love love love
true love will find you in the end
ten storey love song
last night I dreamt that somebody loved me
you don’t have to say you love me
true love travels on a gravel road
life death and love from San Francisco
you only tell me you love me when you’re drunk
love is a battlefield
lover I don’t have to love
to love is to bury
way back into love
live to love you
how could I not love you
the love song of R. Buckminster Fuller
love is bourgeois construct
give my love to Rose
skinny love

2. Pour la troisième fois cette année, je vais explorer les possibilités d’un fanzine, avec « EVOL », un fanzine DIY dont le titre fait référence à l’album de Sonic Youth et qui explore la représentation de l’amour dans l’art et l’amour de l’art, cela à partir des collections du musée national d’art moderne du centre Pompidou, mais aussi d’œuvres que j’aime, ou que je n’aime pas.
Pour quelques références de fanzines : voir ici.

3. Enfin une série de dessins grand format reproduits sous forme d’affiches – c’est ce qui m’est pour le moment le plus inconnu, mais qui me fait le plus envie, et pour le titre on verra plus tard !

Enfin quelques références si dessous pour l’une des pages de ce fanzine… à part la très bonne exposition « Emporte moi » qu’il y avait eu au MacVal il y a quelques années je n’ai rien vu de conséquent sur ce thème. Pour le moment, on pourrait plutôt indexer ces images par les mots « Kiss + art », il faudra que je trouve d’autres images et projets sur le thème précis de « LOVE ». Plus de recherches dans quelques jours, à mon retour de Briant.

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Abamovitch/Ulay
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Tino Sehgal

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David Shrigley

 

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Tracey Eming

 

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Mélanie Manchot, Kiss

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Andy Warhol
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John Baldessary

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Richard Mosse

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Un pleurant, au musée de Cluny

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Le baiser de Rodin, sur Google

Nachbilder – Musée des Beaux-arts de Berne, 4 nov. 09, 19h

Relache

Le 4 novembre 2009, à 19h, je présente ma vidéo « relâche » dans le cadre de « Nachbilder« , au Musée des Beaux-arts de Berne.

Sur une invitation de la Galerie Marks Blond – Kino Kunstmuseum Bern.
> Programme

Nachbilder_Programm

Extrait du dossier de presse :

La vidéo « Relâche (une vidéo ascenseur) » est une relecture de « Entr’acte » de René Clair, créée sur un mode d’associations libres à partir des images et des sons originaux. Le résultat diffère cependant radicalement de sa matrice dans son traitement audio-visuel.
Cette vidéo, sous-titrée ironiquement « vidéo d’ascenseur » (comme on parle de musique d’ascenseur), nous présente un plan pris près du sol, qui laisse apercevoir par intermittence, les sandales d’une danseuse qui martèlent le sol jusqu’à le faire trembler légèrement. Ici tout nous parle d’échec : la lourdeur inséparable du désir d’élévation  présente à chaque seconde, la cadence saccadée du mouvement qui ne saurait être fluide, le son amplifié et ralenti à l’extrême, qui frise parfois le grotesque, la répétition d’une seule et même action, ou la trace sombre laissée par l’impulsion.
Les signes qui pourraient exprimer la gaité et l’allégresse sont présents mais inefficaces : les chaussures à paillettes, dignes de celle de Dorothy dans le magicien d’Oz, se rapproche plus d’une vision à la Pipilotti Rist. Le fait de sautiller, reconnaissable mais déformé, est freiné, littéralement.

Les connexions au film de René Clair sont à chercher dans le titre « relâche » (Entracte avait été produit pour un ballet portant ce nom), dans la référence à la danseuse présente à plusieurs moments du film, dans les sautillements de Marcel Duchamp et Picabia, dans les bonds réalisés par la personne prenant part à la procession qui suit le corbillard, dans tous ces mouvements d’élévations qui sont tournés en dérision.

« I Scream » à V.O.S.T. , Imal/Nova cinéma Bruxelles, 23 mai

Je participe à V.O.S.T., avec la projection d’une version linéaire de « I scream » (un projet en collaboration avec Jocelyn Cottencin) // I am leaving Thursday for Brussels to participate to the opening of V.O.S.T., where « I scream » (a collaboration with Jocelyn Cottencin) will be screened on the 23rd.

V.O.S.T. OV/OT
http://vost.nl
BRUSSELS: 21-31 MAY09 > iMAL & NOVA

V.O.S.T. OV/OT explore les relations entre le cinéma, l’art vidéo et l’art numérique et prend pour points d’accroche le sous-titre et le doublage. Ces éléments discrets, intermédiaires et fonctionnels de l’industrie du cinéma apparaissent comme des brèches par lesquelles les artistes détournent et s’approprient les films. Cette programmation bruxelloise donne une place centrale aux questions du langage, de la transcription et de la traduction.

Avec :  Martin Arnold, Armel Barraud, Pierre Bismuth, Frederico Camara, Jordi Colomer, Christoph Draeger, Reynald Drouhin, Yan Duyvendak, Omer Fast, Xavier Gautier, Pierre Huyghe, Kuda.org, Florence Lazar, Danilo Mandic, Julie Morel & Jocelyn Cottencin, ProjectSinge, Nicolas Provost, RYbN, Anri Sala, Keith Sanborn, Antoine Schmitt, Peter Tscherkassky, Virgil Widric.
Commisaires : Alexis Chazard & Marika Dermineur.

*Exposition à iMAL, du jeudi 21 au dimanche 31 mai*
*Projections/Performances au Nova Cinema, samedi 23 mai, 20h-minuit*

/ INFOS PRATIQUES

iMAL (Center for Digital Cultures and Technology)
30 Quai des Charbonnages, 1080 Bruxelles
– Metro Comte de Flandre, Tram 51
du 21 au 31 mai 2009
Vernissage : jeudi 21 mai
contact : +32 (0)2 410 30 93 – http://www.imal.org/

Nova Cinéma
soirée V.O.S.T. OV/OT/
3 rue d’Arenberg, 1000 Bruxelles
– Metro Gare Centrale – Bourse
Samedi 23 mai, 20h-minuit
Entrée payante
contact : +32 (0)2 511 27 74 – http://www.nova-cinema.org/

Komposter Œdipe de Sénèque

Dans quelques jours, je pars à Berlin pour prendre part à l’aventure « Kompost », résidence autour d’une tentative de relecture d’Œdipe mis en place par Camille Louis et Laurie Bellanca. Pour l’occasion, je revisite sous forme de vidéo un passage du texte avec la typo « Organs ».
J’ai dessinée cette typo suite à des échanges avec Jocelyn Cottencin. Nous nous sommes en effet aperçus que nous avions une production très similaire de dessins. La difficulté commune que nous avions avec ces dessins est celle d’un élément structurant. Je lui ai donc proposé de travailler autour d’une typo.
Pour ce projet sur œdipe, cela tombe sous le sens, vu le contenu…
Quelques écrans…






… et le texte en question :
« MANTO. – O mon père! Quel est ce phénomène?
Au lieu de palpiter doucement, comme d’ordinaire, elles bondissent violemment sous la main qui les touche, et un sang nouveau ruisselle par les veines. Le cœur blessé s’affaisse et reste enfoncé dans la poitrine; les veines sont livides, et une grande partie des fibres a disparu; le foie corrompu écume d’un fiel noir; et (ce qui est un présage toujours fatal aux monarchies) il présente deux têtes pareilles. Une membrane légère, et qui ne peut cacher longtemps les secrets qu’elle nous dérobe encore, enveloppe ces deux tètes. La partie hostile des entrailles se gonfle avec violence, et les sept veines sont tendues. Une ligne oblique les coupe toutes par derrière et les empêche de se rejoindre. L’ordre naturel est troublé; rien n’est à sa place, tout est interverti. Le poumon, plein de sang, au lieu de l’air qui devrait le remplir, n’est point à droite; le cœur n’est point à gauche; la membrane des intestins ne les enveloppe point d’un tissu moelleux. Dans la génisse, la nature est renversée; toutes les lois sont violées. Tâchons de savoir d’où vient ce gonflement extraordinaire des entrailles. O prodige épouvantable! La génisse a conçu, et le fruit qu’elle porte n’est point à sa place. Il remue ses membres en gémissant, et ses articulations débiles cherchent à s’affranchir. Un sang livide a noirci les fibres. La victime horriblement mutilée fait effort pour marcher. Ce fantôme se dresse pour frapper de ses cornes les ministres sacrés. Les entrailles s’échappent de leurs mains. Cette voix que vous entendez, ô mon père, n’est point la forte voix des bêtes mugissantes, ni le cri des troupeaux effrayés: c’est la flamme qui gronde sur l’autel, c’est le brasier qui pétille.
« 

Bande-annonce !

Marie a réalisé un super montage pour le « projet Iceberg » (ici!). Il s’agit d’interroger et de rendre l’état d’esprit des différentes recherches et expérimentations que nous avons faites durant cette année. Et en effet, le projet iceberg a fêté ses un an il y a peu…

L’idiot – texte descriptif pour la vidéo

idiot

Il marche dans la neige. Un, puis deux traîneaux le dépassent.
Il met les mains sur ses oreilles.
Il arrive au centre de la ville.
On le sent angoissé. Plusieurs fois, il se retourne.
Il traverse le pont en acier, se retourne à nouveau.
Encore une fois, il vérifie s’il est suivi : personne.
Un tram passe. Il est de plus en plus agité.
Il essaye de se perdre à travers la foule. Rien n’y fait, il se sent observé.
Un tram passe, le couvre d’une fine pellicule de neige. Il s’assoit sur le côté d’un petit pont, la tête dans ses mains.

Il est assis dans un café, près de la fenêtre. Une serveuse lui apporte une tasse de thé.
Il semble s’être calmé.
Il saisit la tasse et remue le thé avec la petite cuillère.
Au moment de porter le thé à sa bouche, une ombre passe sur la fenêtre. Il relève la tête, ses mains tremblent, le thé déborde.

Il est à nouveau sur le pont en acier.
Un train à vapeur passe en dessous.
Il a du mal à respirer. Il se retourne et une silhouette sombre se tient de l’autre côté du pont. La fumée du train l’enveloppe jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
Il court dans la direction opposée.
Il erre dans les rues de la ville. Il fait nuit à présent.
Il s’arrête devant la vitrine d’un magasin de couteaux. Il regarde les lames une à une. L’une d’entre elles est plus brillante que les autres. Il comprend… Pousse un cri et court dans la nuit pour échapper à cette intuition.
La neige est partout. La nuit est noire. Il court. Il trébuche. Se relève pour courir encore. Il arrive enfin chez lui. Pousse le portillon en bois, entre dans le jardin enneigé. Le portillon se referme : l’autre est derrière. Ils se font face. L’autre a une main dans la poche de son manteau, il en sort un long couteau. Il lève la main pour frapper.

L’idiot (2004)

> Vidéo (offline, 6mn) :

L’idiot est une vidéo qui reprend la bande son et les sous-titres du film d’Akira Kurosawa du même nom (lui-même adapté du livre de F. Dostoïevski). La vidéo nous montre les ombres projetées par un arbre défraîchit sur un mur. La lumière et le son proviennent du moniteur ou passe le film. L’arbre, façade qui filtre la lumière devient alors l’idiot, un personnage immobile, inactif mais expressionniste qui renvoie l’atmosphère et le caractère des scènes du film. Pour des questions de lumière liées à la dramaturgie, le passage choisit a été la poursuite de l’idiot dans la neige  par G.
L’arbre est-il une transposition du personnage principal du film ou le spectateur ?

Pour des questions de qualité et visibilité, la vidéo n’avait pas été numérisée et compressée pour internet.
Je me suis finalement décidée après la projection lors de la soirée V.O.S.T, à la compresser. Le résultat est ok, même si on perd toutes les nuances de couleurs…

Inabsentia (2003)

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> Vidéo scénario :

Qu’est ce qu’un projet hyper-narratif ?
Quelles en sont les caractéristiques ? Comment variation et narration coexistent-elles ? Une hypernarration serait-elle toutes les possibilités de trajets à travers une base de données, établies par telle ou telle interface ?
Le problème pour l’artiste est ainsi démultiplié : comment produire un sens variable ? Comment faire en sorte que la narration et le sens sur-vivent à cette variation ?

La vidéo linéaire « In absentia », propose un scénario linéaire au projet génératif et interactif « InAbsentia » qui agira en tant que variation de celle-ci. Elle se regarde comme la vidéo idéale du générateur.

> Voir la vidéo

À propos de InAbsentia :

• Scénario :
InAbsentia, recherche pratique liée à mon mémoire de DEA, est un projet interactif off-line qui présente les dessins que j’ai produit ces deux dernières années, soit environ 1200 objets en noir et blanc. Ces dessins ont été catégorisés. Le mode de sélection est simple : à partir de 3 objets identiques (ex : trois horloges, trois écrans d’ordinateur, dix pommes…) une catégorie est formée. Certaines catégories possèdent 3 objets, certaines plus de 50.
En l’absence de joueur, le projet agit comme une vidéo linéaire (sur écran ou projetée, selon l’installation). Le rythme est donné par des samples du morceau « Nagoya Marimbas » de Steve Reich. Cette musique a été choisie pour sa spécificité d’échantillonnage et de répétition. À chaque son de la bande est associée une catégorie.
Au déclenchement de la vidéo, l’application choisit aléatoirement un dessin dans chaque catégorie et l’applique à chaque son.
Nous sommes donc en présence d’une musique continue et d’un défilement de dessins au centre de l’écran. Une vidéo différente est générée à chaque fois.
Si un utilisateur agit à tout moment en effleurant un objet avec la souris, la note jouée à cet instant se met à tourner en boucle et, sur l’écran, défile non plus un dessin de chaque catégorie l’une après l’autre mais tous les objets de la catégorie jouée à cet instant.
Si l’utilisateur sort de la zone sensible, la vidéo continue comme auparavant.

• Images sources :
La première difficulté d’un travail par ordinateur qui utilise des dessins se pose d’emblée : comment justifier l’utilisation de matériaux dessinés au préalable puis numérisés, puisque l’ordinateur possède ses propres outils de dessin (vectoriel).
Si ma pratique de la notation dessinée et de la mise en collection des objets dessinés sont post-InAbsentia, le choix de les utiliser pour ce travail informatique était cohérent : mes carnets remplis de dessins constituaient déjà une véritable base de données.
Or si la numérisation d’informations est le premier pas vers une abstraction de leur réalité, le deuxième, forcé, est encré dans la structure et le traitement de ces informations à l’intérieur de l’ordinateur. Je veux ici parler plus précisément de l’abstraction des modèles par la classification de l’information, en particulier dans une base de données.
Un ordinateur fonctionne simplement : il possède des informations, un programme les lit, exécute un algorithme puis génère de nouvelles informations. Ces informations sont parfois créées directement dans un programme ou bien numérisées, elles sont ensuite classées, organisées, indexées. Une base de données est une liste d’objets / datas qui ne sont pas hiérarchisés.
Dès la production de sa matière première, puis par sa structure à l’intérieur de la machine, InAbsentia a suivi ce modèle de base de données.

• Base de données :
Un projet ou une œuvre multimédia n’est souvent, dans sa structure, que la construction d’une interface donnant accès à une base de données. On dit architecture, configuration… On peut citer nombre d’exemples : le plus flagrant étant « Immemory » de Chris Marker, qui se compose d’un stock d’images ; ou encore « Slippery Traces », un CD-Rom de Georges Legrady, présentant 250 cartes postales commerciales, relève aussi de cette catégorie.
Cette particularité n’est pas l’apanage des CD-Rom. On retrouve ce schéma dans une majorité de sites internet (Des_Frags de Reynald Drouhin).
Le cas du projet « Legible City » de Jeffrey Shaw me semble aussi exemplaire. Cette installation met en scène le texte ou plus précisément l’image d’un texte. On navigue dans un espace à trois dimensions, constitué de mots qui représentent une ville : celle de Manhattan (1989), Amsterdam (1990), ou Karlsruhe (1991), parfois les trois, selon les versions présentées. Le texte y joue le rôle d’une double architecture : celle de la base de données (le code) et celle, visuelle, interface, des immeubles à travers lesquels on se promène. Ces immeubles, strictement similaires à leurs modèles réels, sont constitués de textes relatifs à chacune des villes et à leur histoire. On y lit des textes tirés de la littérature se rapportant à ces lieux, des interviews d’architectes, des extraits de guides touristiques.

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• Architecture d’InAbsentia, Paradigme et syntagme :

L’architecture d’InAbsentia résulte d’un deuxième point théorique : il s’agit de concepts développés par Ferdinand de Saussure puis repris par Roland Barthes : le paradigme et le syntagme. Deux notions expliquées par Lev Manovitch, dans « The Language of New Media ».
Le titre de mon travail fait référence à ce passage :

« Le syntagme est une combinaison de signes, qui a un support spatial. Pour prendre l’exemple de langue naturelle, la personne qui parle produit une « utérence » en concaténation des éléments les uns après les autres, en une séquence linéaire. C’est la dimension syntagmatique. Penchons nous maintenant sur la dimension paradigmatique. Pour continuer sur l’exemple de notre locuteur, tout nouvel ensemble est choisi dans un ensemble d’éléments reliés. Par exemple, tous les noms forment un ensemble, tous les synonymes d’un mot forment un autre ensemble. Pour reprendre la formulation originelle de Saussure : « les unités qui ont des points communs sont en théorie associées et forment ainsi des groupes dans lesquels on trouve différentes relations ». C’est la dimension paradigmatique.
Dans la dimension syntagmatique, les éléments sont reliés in praesentia, alors que les éléments de la dimension paradigmatique sont reliés in absentia. Par exemple, dans le cas d’une phrase écrite, les mots qui la forment ont une existence matérielle sur la feuille de papier alors que le système paradigmatique des mots appartient uniquement à l’imagination du lecteur ou de l’écrivain. »

Que nous dit ce texte ? Que le syntagme est explicite et le paradigme est implicite, que l’un est réel, l’autre est imaginé (virtuel).
Au contraire des arts dits classiques, dans les arts numériques, cette relation entre le syntagme et le paradigme est inversée. C’est la base de données, le noyau dur (un espace sur le disque dur) qui a une existence physique, alors que la narration s’évapore, elle se dématérialise.

Dans les objets interactifs, l’utilisateur a en effet conscience qu’il n’emprunte que l’une des trajectoires mises à sa disposition… Le choix de la promenade à travers le paradigme lui revient. Les liens entre les différents fragments narratifs (interface) sont du ressort de l’auteur.
De cette inversion découle une chose importante : le changement de temps du récit et de la lecture. Le temps du récit est perturbé, sans arrêt. Si l’histoire visuelle – ce qui se déroule devant nos yeux – reste au premier plan, la narration est reléguée au second rang. On est en temps réel : pour le spectateur, la perception du récit coïncide avec ce qu’il perçoit, d’où cette difficulté pour lui de reconstruire ce récit. Ce qu’il voit prime naturellement sur ce qui est dit. Il revient donc à l’artiste, s’il veut instaurer un dialogue avec le spectateur, le devoir de construire un récit qui d’une façon ou d’une autre va s’adapter à ce temps réel de lecture.
Il faut donner au spectateur le temps de mémoriser ce que le temps réel lui présente, c’est-à-dire une période suffisante pour reconnaître les enchaînements, la narration, pour aller vers une compréhension plus profonde de l’œuvre. Un accès à la distance alors même que l’on est dans l’action (comme le fait si bien le bunraku). A lui d’en trouver les moyens, sans être didactique. La narration est là pour ça, la boucle aussi par exemple, et l’importance du scénario dans les travaux interactifs devient une évidence.

InAbsentia, conclusion : en l’absence d’histoire, de narration, on se raccroche aux objets matériels, qui rappellent vaguement une expérience, une personne, un moment. La narration d’InAbsentia est un souvenir, un rêve dont on ne se souvient que très vaguement le lendemain, dont les signes réminiscents se succèdent, dont le sens est latent.

Générique (2000)

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La scénarisation et la fictionnalisation de l’intime effacent l’ampleur de la vie. Ma vie n’est pas un film mais un générique. Ce générique, cette définition énumérative de ce qu’est ma vie intérieure est le produit d’une génération incessante d’énergie : j’émets de la chaleur, je me consume, j’implose à chaque seconde, il n’en restera bientôt plus rien. Je saisis la lumière et je la dis. Et cette énergie, je la canalise quand je travaille sur mon ordinateur.
Bien que de racines différentes, « générique » et « générer » me paraissent deux mots intimement liés. Leur proximité sonore m’a permis de les rapprocher et de leur trouver un point commun : les mots.

> voir la vidéo

POOL (2000)

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> Vidéo de 5mn10, en boucle.

Synopsis:
Un appartement. Vide. La porte s’ouvre, une jeune femme rentre, des sacs de courses à la main. Elle les vide, les lave, les met a sécher pendant la nuit. Le matin, elle les repasse… Elle les coupe en deux : ils ont maintenant la forme de sous-vêtements, elle les enfile. Elle s’habille. Elle prend ses clés, sort par la porte. L’appartement est vide. La porte s’ouvre. La jeune femme rentre, des sacs de courses à la main. Elle les vide, les lave, les met à sécher pendant la nuit. Le matin, elle les repasse… Elle les coupe en deux : ils ont maintenant la forme de sous-vêtements, qu’elle enfile. Elle s’habille. Elle prend ses clés, sort par la porte. L’appartement est vide. La porte s’ouvre…

La vidéo boucle parfaitement, il n’y a ni début ni fin.
Dans le cas d’une installation, on peut prendre l’histoire en route à n’importe quel moment.
La boucle est au centre même de la narration, elle permet d’isoler l’histoire : elle suppose l’autarcie, elle rejette le monde extérieur, soulignant ainsi le recyclage du sac plastique (et au delà, le cycle du corps), comme une expérience intime, isolée.

> Voir la vidéo