Archive annuelles: 2011

The Clipperton project, collecte et navigation

Ca y’est ! Je suis en train de définir ce je vais réaliser dans le cadre de ma participation au projet Clipperton.
Quelles notes, comme elles viennent…
The Clipperton Project réunit une dizaine de chercheurs et environ six artistes, qui partiront à l’automne 2011 sur 2 voiliers, depuis Acapulco à destination de l’île de la Passion (plus connue sous sa dénomination anglaise « Clipperton » – du nom du corsaire qui y séjourna).
Les chercheurs se concentreront sur des questions relatives au changement climatique (ayant un impact très important sur cet atoll d’eau douce) notamment parce que c’est une zone de formation cyclonique et la biosphère de son environnement.
Les artistes participants produiront un travail se basant sur le passé historique de l’atoll, son histoire écologique, géologique et humaine, dans le but de dresser un portrait interculturel de cette île unique au milieu de Pacifique. Les travaux seront exposés dans certains espaces internationaux entre 2011 et 2014, entre autres the Institute of the Americas (Londres), Glagow Sculpture Studios (Glasgow) et Universum (Mexico City), etc.

Pour moi l’enjeu du projet est à la fois double, et la proposition que j’ai soumise tourne plutôt autour de la mission que de l’île elle-même :
– parler de cette collaboration entre artistes et scientifiques (auquel à priori je ne crois pas – car je la crois fondée sur des interprétations différentes du mot recherche). Je vais donc me concentrer dans un premier temps sur les idées et le vocabulaire communs aux deux champs de recherche (art, science). J’aimerai ensuite faire une proposition, sur internet, en me servant des données relevées par les scientifiques sur l’île.
Je vais aussi partir sur deux notions communes au vocabulaire de la mission et au vocabulaire d’internet : « collecte et navigation ».
– parler de ce qui semble être l’exploration d’une sorte d’hétérotopie* : un espace concret qui héberge l’imaginaire, à la fois réel et fantasmé au même moment, et qui fonctionne dans des conditions non-homogénique (j’en ai déjà un tout petit peu parlé avec Alex, coordinatrice du projet…).

Et puis dans les idées un peu plus saugrenues, pourquoi pas ne pas travailler autour de la création de timbre poste, d’un projet de mail art, puisque cette île inhabitée possède un code postal (98799 – Je vais essayer de connaître sa fonction).
… Si vous avez du courrier à poster cette automne pour l’île de la Passion, vous pouvez me le confier.

Et ce soir, je me plonge dans l’atlas des îles abandonnées.

 

 

Google clouds au travers des nuages

Le site Google clouds, que javais produit comme un petit interlude à ma résidence à la Chambre blanche en 2007, est sur le site de la Gaîté Lyrique, dans le panorama « Au travers des nuages », de Caroline Delieutraz… Des diaporamas que j’affectionne particulièrement – eux aussi sont des interludes à mes journées de travail.
http://www.gaite-lyrique.net/magazine/article/au-travers-des-nuages
C’est étrange, je me souviens très bien d’avoir consciemment pris, comme image de départ, le petit nuage baladeur sur une vue de la centrale nucléaire du Bugey (prêt de Lyon, où j’habitais…), et de l’avoir fait se déplacer un peu partout…
J’avais pour projet, à mon retour du Québec, de faire quelque chose de plus conséquent autour du questionnement de ces clichés que Google earth nous livre, d’observer à la loupe la représentation plutôt que les images elles-même. Je n’ai jamais pris le temps de le faire…
Récemment, Gwenlo Wagon en a fait un très réussi : Globodrome. Me voila vengée : )

 

Un timbre poste Sur le virus I Love you

J’ai créé un timbre poste à partir de photos du projet « Le virus s’appelait I Love You ». Ça me paraissait drôle d’avoir un bot-virus qui se ballade par courrier postal, par le biais d’un timbre poste. Il y aura des planches de 10 et de 30 timbres. Je devrais les recevoir d’ici la fin de la semaine !
Je suis également en train de réfléchir à une proposition pour l’ile de Clipperton (qui possède un code postale : 98799 – Fr)… À suivre.

« Le virus s’appelait I love you », vernissage

Vernissage à Idron de la pièce « Le virus s’appelait I Love you ».
J’ai choisi d’implanter la pièce près de l’entrée du château, qui est utilisé pendant toute la période où la pièce sera visible (5 mois) pour des mariages.
Le néon sur le devant du robot s’éteint lorsqu’on passe tout près, ou lorsqu’une personne monte les escaliers du château – qui sert donc pour les réceptions…
Il faut donc se tenir tranquille pour que le néon soit allumé.
À l’occasion du vernissage, la détection a été inversé, car il y avait trop de monde allant-venant et le néon aurait été éteint tout le temps.

Le virus s’appelait I Love You, Vernissage au château d’Idron, le 20 mai 2011 à 19h

Le vendredi 20 mai 2011à 19h, aura lieu le vernissage de ma pièce « Le virus s’appelait I Love You », dans le parc du château d’Idron (juste à côté de Pau), réalisée lors de la résidence à l’espace d’art contemporain le Bel Ordinaire et qui sera exposée dans l’espace public pendant 6 mois.

Œuvre visible du 20 mai 2011 à fin septembre 2011.
Parc du château
– Accès libre
4 avenue de Beaumont
64320 Idron.


Julie Morel, « Le virus s’appelait I Love You »

 » Cette proposition destinée au parc du château d’Idron prend la forme d’un robot rudimentaire d’environ 5 mètres de haut et de 2 mètres de large.
Ce qui frappe immédiatement le promeneur ou le spectateur, c’est la différence plastique entre les 2 matériaux utilisés : du bois brut pour la structure du robot, et un néon fragile et brillant sur son torse, où l’on peut lire l’inscription « LOVE ». On voit aussi sur l’un des pieds du robot ce qui est probablement un n° de série, ou une date de fabrication : 04-05-2000.
La pièce, qui au premier abord peut être envisagée sous une simple forme poétique, est en réalité un déplacement de langage & de médium.
«I love you» est le nom d’un ver informatique apparu pour la première fois le 4 mai 2000 et qui s’est répandu en 4 jours sur plus de 3,1 millions d’ordinateurs. Ce virus est ce que l’on appelle en langage informatique un «bot» (contraction de Robot). Un bot est un agent logiciel automatique ou semi-automatique, qui permet d’automatiser des tâches et de se reproduire rapidement.
La proposition joue avec ces éléments et les matérialise dans un espace physique anachronique, ce qui en multiplie les interprétations possibles et brouille les pistes. Le robot apparaît clairement comme un élément étranger dans ce parc : c’est un cheval de Troie – terme également utilisé dans le jargon des virus informatiques – sa fonction est d’introduire illicitement des données dans un espace donné. »

Merci à Florence de Mecquenem, Claire Lambert et Bruno Cornet pour leur aide et leur soutien, ainsi que toutes les personnes qui ont aidées à la construction et à la réalisation de ce projet, au Bel ordinaire et à Idron (Fred, Jean-Christophe, Aurélia, Evelyne…) !

 

En chantier (2)

Suite du chantier « Le virus s’appelait I Love You » : aujourd’hui plan de montage du néon sur le devant du robot, avec test et une petite frayeur car le néon ne voulait plus marcher (avant de découvrir qu’une des diodes était mal connectée…). Je n’ai pas encore eu le temps de choisir la hauteur des taquets (pour le moment ils sont au maximum, donc la lumière est assez diffuse et je me demande si ce ne serait pas mieux plus près de la planche : un autre essais une fois qu’elle sera peinte en noir). Pendant ce temps, Bruno et Fred commencent à monter les jambes sur les pieds, ce qui n’est pas une mince affaire.
Et pour finir, une image des cartons d’invitations partis cette semaine : rdv vendredi prochain pour le vernissage, avec au menu : cookies & spam : )

En chantier

C’est ma troisième semaine au Bel Ordinaire à Pau, et la construction du robot avance à bon train. C’est parfois le casse-tête au niveau de la conception, car nous n’avons pas de tasseaux carrés (plus de stock!). Il ne nous reste que la partie centrale à finir (mais elle est conséquente), et les oreilles : )

Hier j’ai fait une découpe de la maquette (20cm de haut) avec le craft robot et comme il n’y avait plus personne et que je travaillais dans le jardin, un peu désÅ“uvrée, j’ai pris des photos de ma maquette en situation ; )
Ce matin le néon était enfin fini. Je suis contente du résultat au delà de mes espérances. J’avais un peu peur de mon choix (que ce soit le gaz qui soit rouge et non pas tout le néon – et donc qu’il ne ressorte pas suffisamment). Mais le « rouge pyrex » est vraiment lumineux. Ce qui me surprend, et ce à chaque fois, c’est qu’il y a un côté magique à travailler avec du néon, c’est encore plus le cas quand le gaz n’a pas la même couleur que le verre…
Et puis j’ai fait des essais : poser les néons sur différentes matières, notamment sur du bois peint en noir, car l’envie me trottait dans la tête depuis que j’avais fait le visuel pour le carton d’invitation (rouge sur fond noir) de ne pas laisser le bois brut, mais de le peindre en noir.
En parlant avec Bruno, le régisseur du Bel ordinaire pour voir ce qu’il pensait de l’idée en terme de faisabilité/réalisation, je me suis décidée, et plus ça va, plus je pense que c’est juste : cela donnera une dimension plus noir (c’est le cas de le dire) au robot : un côté énigmatique et moins maquette… peut-être aussi qui le rapproche du virus informatique et l’éloigne de la simple sculpture.

Conférence à l’école supérieure des beaux-arts du Mans, lundi 11 avril.

Je serai le lundi 11 avril au Mans pour une conférence sur le NetArt, et sur mon travail interactif ou lié à internet, à l’ESBA.
Sur une invitation de David Michael Clarke.

Je présenterai ma pratique liée à internet : vidéos, générateur de textes, utilisation du réseau dans des installations…
Je profiterai de cette conférence pour faire un petit panorama de la manière dont le NetArt est sorti de l’écran. En quoi le réseau a proliféré dans divers domaines de l’art, et comment aborder la matérialisation du réseau.

Julie Morel 1970

Robot Love

Je reviens d’un repérage à Idron (banlieue de Pau), où je vais produire la pièce « Le virus s’appelait I Love You » dans le cadre des résidences du Bel Ordinaire.
Plein de choses à résoudre après cette visite, et un choix à faire entre 2 possibilités principales d’implanter le robot :
– À côté de l’espace de jeux pour enfants (comme un élément de plus dans ce qui est proposé pour s’amuser ?)
– Devant la maison (et dans ce cas, face à la maison ou le dos tourné à celle-ci ?). L’intérêt de la maison (située dans un parc très utilisé dès qu’il fait beau), c’est qu’elle est très souvent louée pour des mariages. Alors je ne peux que sourire au fait d’avoir ce néon titrant « Love » juste devant, d’autant que j’envisage que le néon soit réactif au passage des personnes entrant dans le château (néon allumé en permanence, et s’éteignant lorsque l’on s’en approche).

Si la taille de mon robot semble fixée (elle est fonction des proportions du château et de ce qu’il est réalisable), en revanche, sa forme définitive reste à déterminer cette semaine. Plusieurs questions sont donc à résoudre :
– Je me demande toujours si le robot doit être de sexe féminin ou masculin. Après différentes recherches, il semblerait que la robotique actuelle intègre assez systématiquement les sexes dans la conception de robots, mais pas franchement de façon progressiste (le robot femme est souvent un robot sexuel, ou un robot aide-soignant, ou d’accueil de public – bonjour les clichés).
De même les robots asexués ou méta-sexués (ou hermaphrodite, hybride, ou post-genre, etc.) semblent quasi-inexistants, ce qui constituerait pourtant une piste intéressante.
– les formes que j’ai pu dessiner ces derniers temps partaient d’une volonté d’avoir une forme très générique de robot. Je me suis donc demandée « ce qui faisait robot ». Quels sont les spécificités formelles minimales pour constituer un robot ?

Je constate que ces spécificités étaient déjà présentes dans les robots des années 30 : Il s’agit d’abord de formes androïdes (= « qui ressemble à un Homme »), donc raides et carrées, un humain schématisé.
Quelques éléments sont récurrents dans cette figure, certaines logiques (les articulations proéminentes), d’autres obscures (la ceinture, quasi toujours présentes – non pas pour que les robots ne perdent pas leur pantalon ; ) …alors peut être une référence aux outils ?)
Malheureusement, utiliser ces éléments s’avère difficile car ils font tomber la forme dans une esthétique proche de celle des Playmobils et il faut que j’évite cette confusion pour que le message soit clair…
Dimensions à ce jour :
– Hauteur du robot : 4m60
Largeur du robot : 1m40
– Hauteur du néon : 45cm
Largeur du néon : 1m25

– Matériaux : Après avoir fait le point avec Bruno, le régisseur du Bel Ordinaire, nous nous sommes fixés sur une structure en bois avec un habillage en contre-plaqué. C’est donc un robot à l’allure très rudimentaire, et au matériau très minimaliste. Je me pose donc aussi la question de faire apparaître les attaches (clous invisibles ou boulons comme éléments décoratifs ?).

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Rien à voir et pourtant…
Au fil de mes recherches et lectures (je relis le manifeste cyborg que j’avais abandonné l’année dernière), je suis tombée sur la définition de l’ontologie en informatique. J’ai trouvé cette définition intéressante parce que finalement très ouverte aux interprétations dans d’autres domaines. Car en effet si l’objectif premier de cette ontologie est de modéliser un ensemble de connaissances dans un domaine donné réel ou imaginaire, alors je me dis qu’elle pourrait être expérimentée (de façon assez drôle) comme méthodologie de travail/de recherche en art.
Et j’ai aussi pensé à mes étudiants qui sont en train d’écrire leur mémoire, et pour qui la tâche est difficile car ce qu’on leur demande comme résultat est loin de leur préoccupation de praticiens. Faire ce parallèle pourrait être un bon outil de structuration pour l’écriture de ce mémoire, beaucoup plus proche de ce qu’ils expérimentent tous les jours de manière pragmatique. Encore faut-il que leurs a priori sur l’informatique ne les rebutent pas ; )

Et puis aussi, j’ai découvert que « Underground » était disponible en anglais en ligne, pour ceux qui aiment les histoires de virus informatiques et hackers, c’est là.

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Et pour finir, something completely different…

Vernissage à Plateforme

Le vernissage est une norme de présentation d’exposition inadaptée et peu généreuse. Depuis longtemps je me demande comment expérimenter une autre forme : quelque chose de plus proche du geste artistique, plus sincère et prolongeant le travail présenté.
Le lancement d’une exposition devrait être en cohérence avec la proposition artistique, l’ouvrir, voir en donner un instant une autre interprétation, ou encore même la remplacer (je pense par exemple à la démo), la questionner.
Dans mon idée, il faudrait aussi garder cet élément de rencontre sociale qui reste au cœur de cet évènement, mais en le rendant moins contraint & artificiel.
L’exposition « Bonus Track » à Plateforme m’a donnée l’occasion d’envisager et détourner la fonction de cet évènement dans son ensemble. J’ai en effet proposé à Laurie Bellanca et Phabrice Petit Demange des Lumineuses fièvres de travailler à un « bonus track » (= une chanson en plus) d’après un des morceaux du CD audio « Partition » qui est au cÅ“ur de l’expo, puis de faire un concert devant un néon, celui là même qui annonce : Bonus Track.
La soirée d’ouverture a donc été rythmée par des quart-d’heures américains – leur marque de fabrique – toutes les heures environ. Les visiteurs se sont rapidement pris au jeu, et victime de son succès, le vernissage s’est terminé vers 4h du matin ; )

Je suis très contente de cette proposition et c’est une chose que je n’aurais pas pu faire sans le concours des Lumineuses fièvres et de l’équipe de Plateforme (notamment Nicolas Maigret qui m’a aidé toute cette journée de montage).

Quelques photos prises par Vadim Bernard lors de cette soirée…
Et un article à propos de l’exposition, de Marie Lechner dans Libération.

« Bonus Track » – Exposition à la Galerie Plateforme, Paris – du 4 au 18 mars 2011

BONUS TRACK, une exposition de Julie Morel à Plateforme.

Du 4 mars – 18 mars 2011.
Vernissage le 4 mars de 18h à 22h, concert des Lumineuses Fièvres à 20h.

Si les Beatles ont utilisé le mot «Love» plus de 613 fois dans leurs chansons, si de Purcell à Scout Niblett, de Tino Rossi à Coco Rosie, le sujet de prédilection de la musique a toujours été l’amour, son pendant négatif – la séparation amoureuse – reste le thème le plus exploré dans la musique pop et électronique. «Bonus Track» réunit des propositions interrogeant la séparation amoureuse en musique à l’ère d’un tournant machinique de la sensibilité : où quand l’apparition du phonographe disqualifie la pratique amateur de la musique populaire, et quand l’apparition de l’ordinateur en engendre une nouvelle.
Les propositions présentées doivent être envisagées comme périphériques : citations, samples & échantillonnages, altérations de diverses écritures. Toutes interrogent la partition, célèbrent le plaisir ou la frustration liée à son déchiffrage.
«Ainsi, la pièce «Partition» est une relecture plastique & sonore, grâce à la machine informatique, de onze partitions de musique de bal de la fin du19ème siècle / début 20ème, trouvées dans le fond de partitions des Archives Départementales de la Dordogne. La phrase «You’ve Been Chosen as an Extra in a Movie Adaptation of the Sequel to Your Life», sérigraphiée à l’encre phosphorescente et visible uniquement lorsqu’il fait noir, est tirée du morceau «Shaddy Lane» du groupe Pavement. Quant à l’édition « Partition », elle regroupe les morceaux créés pour l’installation (des références aux moments les moins glorieux de l’émergence de la musique électronique) et un texte (fluctuant) de Yannick Liron que l’on suppose extrait d’une histoire d’amour.

http://plateforme.tk/

73 rue des Haies,
75020 Paris France.
Métro : Avron ou Buzenval.
Du mercredi au dimanche, de 14h30 à 19h30

Concert, Les lumineuses fièvres.
À l’occasion du vernissage de l’exposition « Bonus Track », Julie Morel convie les Lumineuses fièvres à jouer autour de leur thème de prédilection : le slow. « Une invitation à la réhabilitation du slow au 21ème siècle. Un concert-performance créé selon une libre interprétation de la musique “slow”. Phabrice Petitdemange & Laurie Bellanca proposent l’expérience vivifiante des quarts d’heure américains. Les auditeurs sont alors invités à se retrouver dans l’intimité d’être à deux, sans se connaître ni savoir danser afin de rencontrer à nouveau les peurs qui animaient leurs adolescences.
Munis d’un clavier, d’une boîtes à rythmes, d’une guitare et de quelques accessoires, ils revisitent les lois du genre en y associant des textes acides et hors de tout consensus. »

Galerie Plateforme

Souvenirs de la Gaîté

En 2002, avec 4 membres du collectif incident.net, nous avons conçu et produit le site internet du chantier de préfiguration de la Gaîté Lyrique (toujours en ligne, mais à consulter sur safari ou explorer, les plateformes ayant évoluées…).
J’ai fait beaucoup de dessins des lieux (alors encore « habités » par le parc d’attraction Planète Magique). Ces dessins ont servi de support pour ce site internet qui était comme une extension virtuelle du lieu lui-même, et renseignait des évènements en cours sur place.
Ce chantier, alors dirigé par Pierre Bongiovanni avec l’aide d’Anne Roquigny, a été un laboratoire incroyable pour les arts numériques : un temps et un espace au potentiel impressionnant, où nous nous sentions, malgré les contraintes (vétustés, contextes difficiles, moyens limités) extrêmement libres. Nous avions l’impression d’avoir un lieu que nous pouvions pratiquer : c’est à dire un endroit que nous habitions par le travail, où nous pouvions découvrir, rencontrer, produire et échanger avec un grand nombre d’artistes – plasticiens, musiciens, théoriciens mais aussi spectateurs ou simples habitants du quartier, curieux de passages…
J’en garde un très bon souvenir (si ce n’est la rapidité avec laquelle le projet s’est terminé car le chantier s’est arrêté brusquement, sans explications réelles) et je pense qu’il constitue un moment important pour les arts numériques à Paris : celui d’un réseau émergent, riche en rencontres et expérimentations. Pour ma part, je crois que c’est une chance que ce lieu ai eu cette histoire « désastreuse », qu’il ne soit pas devenu un lieu de mémoire de plus à Paris et qu’il puisse être dédié à des pratiques contemporaines.

C’est pour parler de cette expérience que mardi je suis retournée sur place, à la Gaîté Lyrique, pour participer à une interview qui sera retransmise sur France Culture le mardi 1er mars à 9:00, un documentaire d’Anaïs Kien, réalisé par Anne Fleury. J’y ai aussi rencontré Isabelle Foucrier qui prépare l’emission Métropolis (Arte) sur ce sujet.
Enfin, Elisa Mignot a fait cette petite interview, ou l’on peut voir des dessins et photos de la Gaité ancienne version : ici.

À la visite du lieu (qui n’a pas tant changé que ça – une impression surement due au fait d’avoir à traverser l’entrée d’origine), j’ai remarqué un côté vitrine (surprise par exemple de voir que l’on a rénové l’ancienne salle de balle telle qu’à son origine plutôt que de lui avoir donné un nouveau souffle), et les espaces d’expositions m’ont paru difficiles à investir… j’espère que les artistes auront quartier libre pour s’en emparer réellement. En revanche, j’ai trouvé que les lieux de production (ateliers, lieux de résidence, etc.) étaient réussis, agréables et l’on a envie d’y passer du temps et d’y travailler.
L’inauguration de cette nouvelle Gaîté aura lieu le 1er mars à 20:30 et j’espère que la programmation héritera de cette liberté que j’y ai connue.
See you there! : )

Rheum Nobile – Résidence à la maison populaire, Montreuil

Dans le prolongement de mon exposition au Bon accueil à Rennes où je montrais des néons et un dispositif liés à la lumière, me voici maintenant (j’en ai eu la confirmation pas Jocelyne Quélo la semaine dernière : ) en résidence in Situ à la Maison Populaire pour 1 an…
J’y développerai un projet en trois volets, intitulé Rheum Nobile.
« Rheum nobile » est un principe de travail qui permettra d’expérimenter un ensemble de dispositifs interactifs qui interrogent la matérialité du réseau, par le biais de la lumière artificielle. Si pour Marshall McLuhan la lumière artificielle est un médium qui ne dit rien mais qui est « capable de créer un environnement par sa seule présence », elle est aussi, pour peu qu’on l’éteigne un instant, révélatrice de l’absence liée à la pratique du réseau.

Lors de cette résidence de recherche, qui sera dans un premier temps très expérimentale, trois installations principales seront développées, qui interrogeront nos mécanismes de perception et la façon dont la lumière peut influencer l’appréhension des lieux que nous pratiquons. Ces installations couvriront divers territoires :

– une proposition dans l’espace public : Rheum Nobile, des photos de cette plante éponyme et des expérimentations plastiques dans des sucettes JC Decaux… Sachant que cette plante ne pousse qu’à plus de 4000m d’altitude et dans certaines conditions, je suis en train de me renseigner sur la meilleure période pour aller au Népal !
– une proposition dans un espace d’exposition : où je voudrais me lancer dans la production d’images en encre phosphorescente grand format ou directement à même le mur de la salle d’exposition. Et qui utiliserait un dispositif lumineux on/off (que j’avais voulu mettre ne place au Bon accueil, mais le temps nous a manqué). Cette installation devrait s’appeler « Light my Fire » – parce que j’ai horreur des Doors ; )
– la dernière dans un espace privé : probablement une réactivation de mon projet « Sweet Dream« , et là tout est encore à construire.
Le projet s’accompagnera aussi d’une extension sous forme de site internet et d’une publication, qui viendront vers la fin de la résidence (au printemps 2012).

Bivouac 2.0 à l’école d’art de Lorient

Cette semaine, j’ai invité Laurent Tixador (entre autre, car c’était une semaine très riche : il y avait aussi un atelier d’Antonin Fourneau et Sandra Lachance) à venir faire un atelier à l’école des Beaux-arts de Lorient.

Comme Xavier de Mestre, Laurent Tixador aime voyager. Même cantonné à l’espace d’une chambre ou d’un atelier, le fantasme de l’expérience aventurière persiste, et il s’adapte ou se perverti, bref se redéfini.
Le workshop “bivouac 2.0” à L’école supérieure d’art de Lorient est l’occasion d’habiter réellement un espace de travail : pendant 4 jours et 3 nuits, l’atelier de 5ème année servira de contexte, de “camp de base” à cette aventure intérieure. Ce workshop interroge le processus plutôt que la restitution, la discussion dans une pratique artistique, le travail collectif versus les envies individuelles, le rôle des outils, de la technique, de l’expérimentation ou du bricolage dans une pratique d’artiste.
Avec la participation de Rozen Andreatta et : Alexander, Barbara, Coralie, Delphine, Doriane, Eddy, Fabienne, Guillaume, Gwendal, Jérémy, Laura, Laure, Lola, Marion, Morgane, Perrine, Simon, Sylvain, et tous les électrons libres qui se sont greffés au fur et à mesure…
Le workshop a commencé par la prise d’un espace encerclé (la mezzanine de l’atelier des 4ème années) par un montage de barricades « anti-administration » ; ). Depuis ce matin, on est passé à la vitesse supérieure : le confort moderne…
Au delà de l’expérience du bivouac, avec l’énergie et les idées de Laurent et des étudiants, et sur un contexte plus global, ce qui me marque le plus c’est le fait qu’habiter une école d’art est devenu exceptionnel, une fête. Pour nous, pour moi, quand j’étais étudiante à Lyon puis à Paris (mais je pense que c’était le cas dans majorité des écoles avant 2000) c’était la norme. Le fait de pouvoir travailler tard et ne pas s’arrêter dans son élan, de pouvoir dormir là car il y a un matelas à disposition, ou ne pas dormir du tout. Exit aussi le soupçon d’un accident, d’un vol, d’un incendie qui décimerait le quartier entier (j’exagère à peine) ou autre qui ne planait jamais… C’était finalement très responsabilisant, dans le sens ou nous avions la charge de nos outils, de notre temps, de notre espace. J’ai retrouvé cela dans le bivouac cette semaine, et je dois dire que le travail n’était pas au centre du projet, ce qui était principal, mais néanmoins de taille, c’était la reconquête d’un espace de travail en tant qu’espace habité.
L’aventure se suit sur un blog à part :
BivouacLorient
ou
par les photos d’archives

Et quelques photos des workshops de Sandra, et Antonin :

04-06-00 / Le virus s’appelait I Love You – Résidence au Bel Ordinaire

Le mois prochain, je commencerai ma résidence au Bel Ordinaire (l’espace d’art contemporain aux Abattoirs, Pau).

Pour cette résidence dans l’espace public, j’ai fait une proposition en volume dans le parc du château d’Idron. Cette production prendra la forme schématique d’un robot, d’environ 5 mètres de haut et de 2 mètres de large.
Ce qui frappe immédiatement le promeneur ou le spectateur, c’est la différence plastique entre les 2 matériaux utilisés pour celui-ci : du bois rugueux et brut pour la structure du Robot, et un néon, fragile, brillant sur le devant de celui-ci.
On peut aussi voir, sur l’un des pieds du robot, une petite inscription qui est probablement un n° de série, ou une date de fabrication : 04-06-2000. Sur le devant, on peut lire l’inscription en néon : LOVE.

La proposition, qui au premier abord peut être envisagée sous une simple forme poétique, est en réalité un déplacement de langage & de médium.
«I love you» est le nom d’un ver informatique apparu pour la première fois le 4 mai 2000. Il s’est répandu en quatre jours sur plus de 3,1 millions de machines dans le monde, et l’on estime les dommages liés à ce virus à plusieurs millions de dollars. Ce virus est ce que l’on appelle en langage informatique un «bot» (contraction de Robot). Un bot est un agent logiciel automatique ou semi-automatique, qui permet d’automatiser des tâches et de se reproduire rapidement. La proposition joue avec ce virus et le matérialise dans l’espace, ce qui en multiplie les interprétations possibles et brouille les pistes.
Le robot apparaît clairement comme un élément anachronique dans le parc du château : c’est un cheval de Troie – terme également utilisé dans le jargon des virus informatiques – sa fonction est d’introduire une porte dérobée entre un univers codé, & inconnu dans le lieu de son implantation.

Ce qui est intéressant pour moi, c’est à travers ce projet d’explorer un genre (le « Néon » – ce que j’avais commencé avec mon dernier projet : Partition), et une thématique de l’art contemporain souvent considéré comme mineur et banal : la relation amoureuse, et de la lier avec un autre genre considéré encore comme mineur (à tord ; ) : l’art numérique et le hacking.
Mon but n’est pas de faire un projet de hacking (ou alors si, mais sous forme low-tech & non technologique – un cheval de Troie dans un Manoir du 19ème siècle !) mais de voir comment ces deux vilains petits canards de l’art actuel peuvent procréer ; )…
A ce sujet, je m’étais mise à dessiner des robots très low-techs, très basiques : en carton, type Intergalactic. Mais je voulais un robot fille… Je suis tombée au fil des recherches sur ce phénomène au Japon : Danboard, d’Azuma Kiyohiko …


Et puis récemment, mon frère a imprimé un catalogue d’exposition lié à ce sujet : « Emporte-moi » au Mac Val que j’ai trouvé très belle : sans complications pour rajouter du sens, donc simple et droit au cÅ“ur. J’y ai trouvé de nombreuses de références, notamment dans la production de néon. Mais il y en a aussi beaucoup dans les livres consacrés à ce genre, et sur internet, les ressources sur les néons sont sans fins.

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Abramovitch et Ulay, une de mes performances préférées.


« You forgot to kiss my soul » Tracey Emin


« And if I don’t meet you no more in this world », Cerith Wyn Evans


« please… », Tim Etchells


« Please come Back », Claire Fontaine (à noter ce néon est interactif, il s’éteint quand on s’approche..)


« Néons avec programmation aléatoire poétique-géométrique », François Morellet


Christian Robert-Tissot, « Less playboy is more cowboy »


« I do not own snow white », Pierre Huyghe

Lacs, récifs, ravins

C’est armées de post-it et de crayons que Marie de Quatrebarbes et moi-même nous sommes attelées à la tâche d’adapter ses textes pour le livre cubique des éditions volumiques…

Sur la masse de textes écrits par Marie, nous en avons sélectionné plusieurs qui allaient dans la même direction : de part leur titre, par les images qu’ils créent à la lecture ils formaient un ensemble que nous avons d’abord appelé Limnologie, puis Limnographie (je ne savais pas si ce mot existait, mais il correspond bien au côté graphique du texte…).
À la fois très fragmentés et malgré cela dynamiques (comme si l’on était toujours propulsé vers l’avant), les phrases semblaient idéales pour la navigation à l’intérieur du livre labyrinthe. Cette navigation se décline maintenant en trois parties :
– Lac
– Ravins
– Récifs
Notre difficulté est bien sûr de combiner les phrases pour qu’elles continuent à avoir un sens quelques soient les pages que l’on ouvre en premier.
Un vrais casse tête ! (merci Étienne ; )

Graphiquement, j’ai commencé à travailler sur la typographie (toujours sur le même principe du nombre d’occurrences de lettres dans le texte), et j’ai repris le déplié de l’iceberg qui avait servit pour mon projet « dérives » comme motif de base.

C’est donc ce motif qui constitue les lettres et se répète en fonction du nombre de fois qu’une lettre apparait dans le texte.
Dans l’idée (très littérale, mais qui visuellement fonctionne bien), la couleur de la page s’assombrira au fur et à mesure que l’on avance dans les profondeurs de l’histoire, jusqu’à se confondre avec la couleur du texte (bleu très foncé), rendant l’histoire illisible.

Une image des tests, et celle d’une fausse manip, qui rend le dessin plus végétal…

Phosphorescente

Phosphorescente, c’est l’encre utilisée pour une grande sérigraphie produite par l’atelier la presse purée (Rennes) pour l’exposition Partition au Bon accueil. Cette sérigraphie en blanc sur blanc (car l’encre phosphorescente est blanche) ne peut se voir que dans l’obscurité. Des images et détails de ce que l’on voit lorsque l’on éteint la lumière.

Exposition « Partition » au Bon Accueil – Rennes, du 7 janvier au 27 février 2011

Vernissage le jeudi 6 janvier à partir de 18h30
Rencontre autour du travail le samedi 8 janvier à 17h
Exposition du 7 janvier au 27 février 2011

« Avec « Partition », le Bon Accueil initie une nouvelle série d’expositions intitulée «Le caractère fétiche de la musique » proposant de découvrir des artistes pour qui la musique, soit comme objet d’écoute, soit comme objet matériel, joue un rôle important dans leur travail.  La première exposition de cette série s’intéressera à la représentation de la musique.

Les œuvres proposées par Julie Morel sont le fruit de la découverte fortuite de partitions du 19ème siècle appartenant à un fonds d’archives. Après avoir opéré une sélection de douze chansons parlant de la séparation amoureuse, Julie Morel les a réinterprétées et créé des versions au goût électro-pop, et translittéré les titres de ces chansons en braille que l’on retrouve dans l’exposition sous forme de néons.
« Partition » s’appuie également sur la plurivocité du mot qui en français désigne à la fois la notation d’une composition musicale mais aussi le fait de diviser un disque dur en plusieurs parties. Le thème de la séparation amoureuse fait écho, non sans humour, à cette division, séparation en plusieurs « morceaux », d’un disque dur.
Une exposition à découvrir comme une mix-tape que n’aurait peut-être pas réfuté le héros de « Haute Fidélité » du romancier anglais Nick Hornby,  et surement destinée au « Sad Mac » du musicien  Stephan Mathieu ».
Damien Simon.

Merci à :
Damien Simon, Yuna Amand, ABnéon, Sylvain Lebeux, Stéphane Morel, ACDDP & DRAC Aquitaine.

LE BON ACCUEIL
74 canal st martin
35700 Rennes
09 53 84 45 42
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