Recherches+notes

Recherches relatives à aux pojets

My life is an interactive fiction

C’est finalement le titre que je vais donner à l’exposition qui aura lieu en mai à Toulouse, à la galerie Duplex.
Depuis quelque temps, c’est une phrase qui me trotte dans la tête, elle me paraît assez bien rendre compte de ce qui se passe autour de moi, sur internet notamment.
La fiction interactive, c’est un genre d’écriture artistique, fictionnelle, lié à l’utilisation d’un ordinateur, mais c’est avant tout une potentialité d’un genre, plus que la réalité d’un genre…

Pourtant, je suis persuadée que ce genre est plus adapté à la vie réelle qu’à une fiction justement. La scénarisation de la vie est une question qui se pose de plus en plus, alors que tout le monde est de plus en plus conscient de soi-même, de son identité, et essaye d’échapper à ce qu’il est et ce qu’il sait. Ainsi, l’identité individuelle devient quelque chose qui se fabrique grâce à des outils. Et notamment sur internet, ou la pratique est exacerbée : que ce soit par l’intermédiaire d’avatars, ou plus subtilement (puisque plus semblable à la réalité) par le biais des blogs, de facebook (minifeed), etc. Cette méta-identité, « designée », construite me paraît intéressante justement parce qu’elle est une pratique consciente. Que ce soit du côté des utilisateurs, comme des lecteurs – ils sont généralement interchangeables – la plupart des gens s’en saisissent et en jouent, parfois jusqu’à ce que la construction de leur identité en ligne devienne un exercice créatif. Pour dire les choses simplement, chacun se fait son film. Chacun réactive l’exercice du portrait.
Et je suis tout à fait pour. Tous les jours, lorsque je me connecte, je prends un grand plaisir à regarder les « statuts » de tout le monde, comme je lirais les titres de chapitres d’un roman-feuilleton. J’aime aussi lire entre les lignes et essayer de reconnaître la réalité de la fiction.
Ce que j’aime encore plus, c’est envisager ces « statuts », ces articles, etc. comme un roman écrit par plusieurs, un Wax-web, un cadavre exquis.

Sleep / wake up

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On ne voit jamais autant les choses que lorsqu’on les pratique. Je m’explique…
Tout à l’heure, j’étais en train de « patcher » un clavier (opération qui consiste à démonter et bricoler un clavier d’ordinateur pour faire des capteurs minimalistes) et je me suis aperçue de la présence de 2 touches que je n’avais jusqu’alors jamais remarquées :
– Wake Up
– Sleep
Comment est-il possible d’utiliser quelque chose aussi souvent et de ne pas le regarder à ce point ?
Ce n’est sans doute pas une coïncidence si ces deux mots me sautent aux yeux, alors que je suis moi-même en manque de sommeil, cela dû à un long voyage retour de Montréal – avion manqué et trajets en plus…
En tout cas, j’ai tellement aimé la poésie de la situation et du sens que prennent ces 2 touches quand on les décontextualise (je les ai finalement démontées du clavier), que je pense en faire la base d’un projet d’installation pour l’exposition à la galerie Duplex au printemps 2008.

Géographies variables

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Mon voyage à Québec touche à sa fin. J’y étais venue pour travailler, avec Sylvie Tossah (du Consulat général de France au Québec) sur un projet de commissariat : « Géographies variables », un programme de résidences croisées entre artistes Français et Québecois. Ce projet devrait voir le jour en 2009, après acceptation du financement par le Consulat. Incident y aura la Chambre Blanche pour partenaire… Le dossier relatif à ce projet sera mis en ligne début 2008…
En attendant, ma visite à la Chambre Blanche m’a replongée dans les souvenirs de la résidence que j’ai effectuée au printemps 2007. Malgré les travaux, l’endroit reste fondamentalement le même : un lieu de production artistique, chaleureux et calme, où il fait bon travailler. J’envie les artistes qui viendront ici travailler sur « Géographies variables » !

E-art au musée des Beaux-Arts de Montréal

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Première exposition de mon séjour à Montréal, au musée des Beaux-Arts, en compagnie de Grégory et Mireille.

De cette exposition de groupe, mon attention et mon énergie ont été totalement accaparées par les travaux de Jim Campbell, au point d’en effacer le reste. La première salle est consacrée au LED works, témoins fantomatiques d’un mouvement perpétuellement renouvelé mais toujours furtif.
Ce qui me frappe, c’est à quel point ces tableaux se livrent d’emblée. Le côté conceptuel est assez peu important et la beauté de la réalisation prend vite le dessus, pour créer sur les visiteurs une aura dans le sens classique du terme. Devant eux, on se retrouve captif.
Bizarrement, si l’on s’en tient à la simple description des travaux, tout est là pour produire un travail très « facile », très esthétisant (flous, ralentis, couleurs saturées…). Cependant, ce travail dépasse largement une simple esthétique. Car ce que l’on voit finalement, c’est l’essentiel d’une image. On se tient devant son essence visuelle, d’où tout superflu a été évacué.

Dans la deuxième salle, sont installés les Memory works, dont « Photo of My Mother » et « Portrait of My Father, » qui jouent sur des principes d’apparition et de disparition pour mettre en lumière la mémoire informatique d’une image ou d’un son, saisis et stockés sur un ordinateur. Jamais je n’ai vu les technologies autant au service de la fragilité, jamais je ne l’ai vue disparaître autant pour laisser la place à l’image. En cela aussi, l’apparition-disparition fonctionne. Ces travaux sont pour moi des mystères.

Générateur blanc à Montréal

Le générateur blanc est enfin fini. Je regarde ce matin ce que ça donne ici à Montréal. Le générateur est censé être monochrome au Québec (la couleur du fuseau horaire des lettres correspond à la couleur du fuseau horaire du fond d’écran). Sauf qu’il ne l’est pas, à cause de l’heure d’été qui est encore en place ici… Donc pour quelques jours encore, les écrans sont lisibles.

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Computation, tâches de fond et aspect créatif du langage

Computation est un terme anglais qui désigne le calcul d’une information sur un ordinateur (le computer est donc ce qui effectue le calcul). On peut aussi le traduire par une évaluation, ce qui le rapproche de sa définition en français, où le terme désigne une méthode de supputation du temps.
En ce moment, mon appréciation du temps est complètement challengée, tous les soirs par les (non) performances de mon vieil ordinateur. Tous les soirs, le/mon temps s’allonge, à chaque fois que j’ouvre Photoshop pour travailler sur une image pesante.
Alors pendant les calculs interminables, je prends mon tricot, ou plutôt, le tricot prend le dessus (comme l’a si justement défini mon amie Marie, ma préoccupation principale devient une tâche de fond mentale).
Mais le plus souvent, pour tisser avec le temps, je ré-écoute une conférence de Chomsky que j’aime particulièrement. Cette conférence « Linguistic & Philosophy » est à la fois une source de grande satisfaction et de grand trouble. Car elle me rappelle à quel point le langage reste un mystère pour moi.
Je suis toujours aussi perplexe. Comment est-ce possible ? je ne comprends pas ce que tous les jours j’utilise pour communiquer. Je comprends chaque mot que j’utilise, je connais la grammaire de plusieurs langues, mais je n’arrive pas à envisager le langage dans son ensemble…
Et devant mon ordinateur, je me reprends la question du langage à chaque fois, en pleine face. La « Theory of Computing », comme à mon échelle la fiction non linéaire ou la génération me rappellent l’aspect créatif du langage, le concept de « infinite use of finite means » (c’est à dire la production d’une masse infinie d’informations dans un cerveau qui possède ses limitations).
Je me console en me disant que si je ne peux pas appréhender la nature du langage, je peux cependant observer les mécanismes, les aspects créatifs de mon ordinateur – une machine de langage qui m’influence toujours autant. C’est ce que je fais quand j’épie mes habitudes liées aux langages, à mon ordinateur, quand je produis une vidéo avec mes raccourcis claviers, ou un générateur dyslexique, ou géographique…
Parfois je reprends mon tricot.

Entretiens

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Pendant la promenade à Fushimi-Inari, un des moments les plus marquants pour moi a été de croiser la route d’ouvriers du temple en train d’entretenir les toriis et le moment très poétique que constitue l’implantation d’un nouveau d’entre eux. Le torii est nommé, son nom est gravé au préalable puis peint en noir, sur ses deux côtés…
Alors que j’observais un moment, je me rendais compte qu’à l’approche du lieu, les passants devenaient soudain bien silencieux. J’ai eu l’impression d’être témoin de quelque chose de l’ordre du rituel. Le peintre, dont le visage est resté caché tout le temps, effectuait sa tâche par une chaleur étouffante, un rouleau d’encens brûlant à ces côtés, pour éloigner les moustiques. Lui aussi gardait un silence près du recueillement – un silence que seuls les cigales et les corbeaux semblaient ignorer.

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Eau : ruisseaux, étangs & fontaines à Fushimi-Inari

Dès son arrivée au temple de Fushimi-Inari, le visiteur est engagé à effectuer un rituel consistant à se laver les mains et à boire de l’eau fraîche. Cette relation à l’eau va se reproduire tout au long du chemin. Par nécessité physique d’abord (le trajet est long et plutôt physique), mais aussi par spiritualité (ce rituel apparaît, comme celui de soulever des pierres – j’y reviendrai – une ponctuation où l’on se soulage de quelque chose, où l’on se débarrasse d’un poids, ne serait-ce que de sa sueur).
Étangs, fontaines, ruisseaux, voici quelques exemples rencontrés sur le chemin…

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Structure du générateur d’icebergs

Une série d’images créées à Noirmoutier pendant la session « iceberg »… La suite dans le blog consacré à ce projet.

A PROPOS DE LA STRUCTURE

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> À partir des données d’un ordinateur, le générateur doit composer une image d’iceberg selon plusieurs propriétés qui peuvent varier :
– Forme générale de l’iceberg (tabulaire, biseauté, trapu, érodé, pointu, en dôme)
– Taille générale de l’iceberg
– Nombre de blocs
– Forme des blocs
– Taille des blocs
– Couleur/teinte des blocs

A PROPOS DES COULEURS

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A PROPOS DE LA TAILLE

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Du prototype au paysage

Petit clin d’œil. Le 14 août dernier, Nicolas Tilly m’envoie un mail pour que l’on se rencontre, car son travail semble proche du mien. À mon retour, je passe un peu de temps sur son blog, qui présente ses travaux en cours et ceux déjà exposés.
J’aime particulièrement « le crapaud », par sa simplicité, cette pièce se situe à mi-chemin d’une maquette et d’une sculpture, elle impose sa vision hybride entre paysage et animal, sans décorum. « La forme du paysage » m’interpelle aussi…

Un lien, donc, à ajouter à notre projet iceberg.
> http://www.espacedubug.com

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Icebergs, split screens et dérive identitaire

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Autre référence, Marie me fait découvrir le travail “True North”, d’Isaac Julien, un travail de ré-interprétation méditatif de l’aventure au grand nord de l’explorateur Matthew Henson. Le travail est un mélange de moments kitchs (à voir la thématique, je doute que ce soit voulu ?) et sublimes, un montage fragmenté grâce au split screens, qui me fait penser aux expérimentations que j’avais faites à Québec… À l’inverse de ce que nous voulons faire apparaître (la dérive des glaces), cette vidéo révèle la dérive des personnages face à l’immobilité des paysages glacés.

“True North, is meditative and comprises reflective images of the sublime, uses the landscape as a key location and theme. Loosely inspired by the story of the black American explorer, Matthew Henson (1866-1955) who accompanied Robert Peary and was one of the first people to reach the North Pole, later writing an account of his experience. In this fragmented narrative, Julien contemplates on ideas and histories of the hierarchical as well as in the struggling figure we find a succinct metaphor of endless traversing, symbolising the voyage of the modern that has to be experienced by others. The installation offers a fascinating new visual reading of space and time and its relation to counter histories. Here, the sublime moment of cognition of the image is presented to the mind which, in turn, can only comprehend the absolute of magnitude which itself defies conceptualisation. The installation contests binaries which are present in many notations of the expedition and of adventure that clutter the history of discovery- here reason, order and stability are replaced by irrational meanderings, symbolic gestures from shamanistic tropes and the constant seeping inertia of the ice. ”

> http://www.isaacjulien.com

Julie à Fushimi-Inari

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Mon voyage à Kyoto prend fin (demain je pars pour l’île de Manabe-Jima), et j’aurai passé le plus clair de mon temps à Fushimi-Inari à produire des images pour la maquette du projet « Inarigraphie »… Je dis bien produire car c’est ce qui ressort de ce temps sans réflexion, deux appareils photos et une caméra dans mon sac, constamment l’un d’entre eux à la main, ou à jongler de l’un à l’autre, sans prendre le temps de regarder réellement.
Pourtant, la sérénité du lieu m’a parfois rattrapé et j’ai pu retrouver ce que j’avais pratiqué dans ces couloirs sans fin, lors de ma première visite, il y a 12 ans… Ce sentiment d’exploration qui sans cesse se réactive, assez proche d’une addiction. J’ai parcouru les 8 kilomètres du temple 5 fois cette semaine et je suis toujours étonnée de voir la richesse et la versatilité du lieu.

Ce qui se dégage du pèlerinage, c’est l’équilibre dans la ponctuation des déplacements : le parcours commence par des couloirs de Torii très serrés, où l’on ne distingue la forêt que très légèrement, jusqu’au moment où on débouche sur la première plate-forme où se situe le premier sanctuaire. Puis on a à nouveau le choix entre plusieurs galeries, et ainsi de suite. Durant toute la promenade, la marche est ponctuée de ces sanctuaires.
En observant un pèlerin, et en le croisant d’étape en étape, je me suis rendu compte du rythme imposé par Fushimi-Inari :
Au temps spirituel, et donc dans le lieu qui lui est dédié – le sanctuaire, c’est l’action physique qui prime (les inflexions, se laver les mains dans les fontaines, sonner les cloches, soulever les pierres prévues à cet effet).
Ce « système » est ensuite inversé lors du temps de la marche qui agit, lui, comme une action de réflexion dans l’action physique.
Les deux moments, les deux vitesses, les deux dynamiques se répondent,efficacement, sans que l’on se fatigue vraiment… Ils permettent une certaine légèreté de l’esprit et du corps.

Visite au Musée d’Art Contemporain de Tokyo

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Aujourd’hui, visite au musée d’art contemporain de Tokyo.
Je me retrouve dès la première pièce devant quelque chose qui ne peut que me faire penser au projet d’iceberg laissé en suspens pour le temps du voyage…
Je me rends aussi compte que le projet d’iceberg se révèle proche des questions de miroir (déformant) déjà en jeu dans mes précédents projets (générateur de l’autre côté du miroir, questions soulevées dans mon mémoire de DEA, etc.).

Ce week-end, atelier maquette

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Ce week-end, avant mon départ au Japon, je retrouve Marie à son bureau pour travailler sur notre « projet d’icebergs » (toujours pas de nom pour ce projet, on verra plus tard).
L’idée, c’est de faire une maquette en papier, puis de la filmer et ensuite insérer des images d’icebergs en 3D, en attendant de pouvoir prendre des images vidéos de paysages réels.
On passe une bonne heure à dessiner des plans possibles pour la maquette. J’essaye de me poser la question du décor, et de la perspective. Marie a une vision beaucoup plus cinématographique que moi : elle dessine naturellement les cadrages de la caméra…
Puis on se met au découpage. Du papier cartonné blanc, du scotch. c’est tout. On mixe des éléments plats et des éléments en volume. Taille finale de la maquette : environ 1m50 de largeur, pour 30cm max de hauteur.
Le lendemain, la maquette est montée sur une table. On éclaire l’espace avec des mandarines. C’est du bricolage à la Gondry, on essaye de pas trop y penser : )
On filme de longs plans séquences, le plus lentement et régulièrement possible. Marie m’envoie aujourd’hui une image fixe-test.
En regardant cette image, je me pose la question du fantôme, et de l’illusion : la différence de nature entre l’image 3D et l’image capturée de la maquette est à peine perceptible, est-ce parce que l’image modélisée se réfère elle-même à une identité/réalité qui n’existe pas (un décor en carton).
Dans notre expérimentation, la capture de l’image ne détermine pas son esthétique, elle fait partie du principe d’imitation… 2 manières d’être qui se répondent, 2 « models » (c’est logique que le mot anglais « Model » – maquette – ait la même racine que le mot modéliser – rendre/calculer une image 3D avec une machine – en français).
Est-ce que c’est le mot « modeler » que l’on interroge, ou les (images) fantômes qu’il peut engendrer ?

Une ébauche de projet

Je m’aperçois que je n’ai pas encore posté de texte explicatif sur le projet d’iceberg, alors que voila déjà deux petites semaines que Marie et moi travaillons dessus. Voici une ébauche qui nous servira de base pour notre travail.

Dans un premier temps, nous voulons nous poser la question de l’architecture de la montagne et de sa représentation, en particulier quand elle est modélisée sur un ordinateur.
Les icebergs sont classés en plusieurs catégories, selon leurs formes : Tabulaire, Non tabulaire, En dôme, Pointus, Biseauté, En bloc, Érodé. Ce qui constitue notre base de travail.
Nous avons pensé à la conception d’un programme informatique qui permettrait de générer des formes d’iceberg, d’après toutes les données contenues dans un ordinateur. La masse visible de l’iceberg étant générée d’après les données de l’ordinateur accessibles d’emblée (dossiers sur le bureau, logiciels, menus, etc.) alors que la partie immergée de l’iceberg reflétera les données « cachées » (tous les types de librairies, contenus …).
Chaque ordinateur posséderait donc sa propre visualisation (en 3 dimensions) d’une montagne de glace, avec ses propres spécificités, que ce soit au niveau de sa forme, de sa taille, de sa densité, de sa couleur, etc.

Dans un deuxième temps, ces visualisations de montagnes de glace sont intégrées dans de grandes projections vidéo. Dans ces images, nous voulons placer en situation les icebergs générés, à l’échelle, dans un milieu naturel tempéré. En opposition à l’esthétique virtuelle des modélisations, les paysages seront captés en vidéo. Tous ces tournages auront lieu en extérieur, probablement dans le centre de la France. Les plans naturels et les icebergs modélisés seront assemblés sur After effects, avec la volonté de laisser percevoir l’hétérogénéité du rendu visuel des deux sources. Néanmoins, on travaillera, au niveau du compositing, à donner l’illusion d’un espace unifié et réaliste.
Une impression de douceur et de vague étrangeté doit dominer. Comme les icebergs numériques n’ont pas à obéir réellement aux lois de la physique, ils ne seront pas obligatoirement immergés dans un milieu liquide. Rien ne nous empêche de les faire dériver sur un terrain vague, une prairie… Cependant, on prendra toujours le niveau du sol comme ligne de flottaison (les icebergs ne flottent pas dans l’air).
Il nous faut jouer avec l’idée que les icebergs, qui ne dérivent généralement pas au delà du 48ème parallèle, ont réussi à atteindre un autre territoire.

Enfin, le dernier volet de ce travail est un livre qui combinera plusieurs axes de lecture.
Une sélection d’icebergs virtuels sera mise en image dans des paysages en papier (pop-ups). Les techniques de photomontage seront très proches de celles utilisées pour les vidéos, mais cette fois on percevra une aberration de l’échelle, dans un esprit « maquette ».
On aura également des planches-séquences extraites des vidéos, accompagnées de la date et du lieu de prise de vue, ainsi que des schémas de type scientifique et des rapports d’observation. Ces rapports apporteront des précisions sur les singularités géographiques du lieu (géologie, flore, activités industrielles…)
Un certain nombre de pleines pages, ou une partie de chaque page, ou bien la tranche du livre sera en rupture éditoriale avec le reste du volume. Imprimés en noir sur fond sombre, des textes pourront reprendre les données « cachées » entrées dans le générateur pour définir la partie submergée des icebergs.
En écho à cette partie cachée de la montagne, toute une partie du livre sera réalisée en pop-up, où l’on découvrira ce qui se passe en dessous des paysages de la vidéo. La feuille jouant le rôle de la surface, les pop-ups de montagne pourront se déplier dans un sens ou un autre, offrant la possibilité de jouer avec un effet de miroir, l’échelle, la superposition, etc.

Impressions pour Still On

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Suite du projet « Still On », développé sur internet, en référence aux « Date paintings » d’On Kawara.

J’ai repris les trois éléments principaux de ce projet :

– Still On : le titre, en référence directe au nom « On », mais ce titre donne aussi un indice sur la qualité temporelle du projet. En effet, le projet continuera à exister sur internet pour une période de 33 ans après ma mort.
– Nov.05, 2006, date du début du projet, date à laquelle je fête mes 33 ans.
– Jan. 01, 1970, une erreur de l’horloge de mon ordinateur permet à cette occurrence du générateur d’exister. À cette date-là, moi-même je n’existais pas.

Les trois captures d’écran de ce projet ont été imprimées sur canevas, via un site d’impression numérique sur internet. Je viens de les trouver ce matin dans ma boîte aux lettres.
Taille d’impression : 20,5cm x 29,5cm
Derrière le canevas : le code barre de l’impression, avec le nom de l’image, et sa date d’envoi sur internet.

Je me rends compte que ce projet a toujours été, et reste totalement autonome dans le sens où je n’ai pas eu de contact avec qui que ce soit lors des différentes étapes de travail : production du programme, sa mise en ligne ou encore lors du procédé d’impression.

Jour de test !

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Aujourd’hui, Hugo le programmeur du générateur blanc, m’envoie les premiers tests visuels ! C’est une étape importante pour le projet puisque les choix visuels se font en fonction de ce qui est réalisable ou non, je dirais même dans ce cas : configurable ou non… ; ) 
Je cherche donc des béta-testeurs, car c’est toujours plus facile lorsque les choix concernant les petites indécisions sont entérinés par des gens avec qui je travaille souvent et pour le moment, j’ai encore du mal à me distancier du projet. Pourtant je semble sûre d’une chose, c’est certainement une des versions que j’ai fait « bugger » qui me plait le plus. Elle laisse apparaître les traces du cheminement des lettres, au fur et à mesure que les textes défilent… Ça ressemble à une sorte de persistance rétinienne, j’aime bien l’idée que ce type d’animation référerait à l’idée d’être ébloui par la neige (la neige, c’est majoritairement ce qui se dégage des textes du générateur ; c’est aussi l’impression que je voulais donner dans l’animation de disparition des textes).

Icebergs / Données cachées

Une fois par semaine, je retrouve des ami(e)s chez Rose Bakery, pour discuter, pour se donner des nouvelles, passer un moment ensemble. Presque toujours, la discussion, par petites touches, se tourne progressivement vers les projets de chacun, et les petits détails qui les caractérisent. Que ce soit pour trouver des solutions matérielles, du type : qu’est ce que l’encre numérique, la stéréolithographie, ou sur un manuel pour la « winterisation » de sa caméra ; ou des discussions de fond : comment créer sa structure de production, la part de phénoménologie dans le choix d’un travail, ou encore sur les métaphores liées aux icebergs…
Depuis deux semaines, le sujet entre Marie Daubert et moi tourne sur ce dernier sujet. Et parfois la discussion continue sur chat une fois rentrées à la maison…
Marie et moi avons décidé de joindre nos efforts dans mes recherches commencées sur les icebergs. Marie a surtout retenu la passivité que l’observateur (en l’occurrence, moi devant le St. Laurent) est obligé d’afficher face à ces masses de glaces qui se déplacent lentement. Cette impression très proche de celle que l’on ressent tous les jours lorsque, distant, on regarde défiler la vie. C’est un sentiment assez confortable, finalement, presque rassurant, que cette masse qui avance sans notre consentement…
Serions-nous hypnotisés par notre propre vie ?

Pour ma part, j’ai commencé à penser à la conception d’un programme informatique qui permettrait de générer des formes d’icebergs*, d’après des données contenues dans un ordinateur. La masse visible de l’iceberg étant générée d’après toutes les données de l’ordinateur accessibles d’emblée (dossiers sur le bureau, logiciels, menus, etc.) alors que la partie immergée de l’iceberg reflétera les données « cachées » (tous les types de librairies, contenues en …).
Chaque ordinateur possèderait donc sa propre visualisation (3d, ou alors, j’imagine, assez réaliste) d’une montagne de glace. Que ce soit au niveau de sa forme, de sa taille, de sa densité, de sa couleur…

Le parallèle entre ordinateur et iceberg s’est fait facilement, après que Marie ai relevé ce sentiment dont on est envahie lorsque l’on observe le St. Laurent (le mot « overwhelmed » anglais me paraît bien définir ce sentiment).
Et cet envahissement passif, je le ressens aussi devant les flux que gère mon ordinateur : il ne m’en faut pas plus pour que cela devienne un sujet à approfondir…

*encore, je me demande quand cette obsession de travailler avec la génération va cesser…

Dériver

DÉRIVER v. tr. <1> – 1120; lat. derivare, de rivus “ruisseau”.
I. V. tr.dir. 1. Détourner (des eaux) de leur corps pour leur donner une nouvelle direction=> détourner, dévier. Dériver un cours d’eau, les eaux d’une source. • FIG. “Les autres sur lesquels on dérive son mécontentement” (Baruk). 2. GRAMM. Tirer par dérivation (=>2. dériver). Dériver un nom d’un verbe. 3. (1870) MATH. dériver une fonction, calculer sa dérivée*.
II. DÉRIVER (DE). V. tr.ind. Avoir son origine dans. => provenir. “Mot qui dérive de l’arabe, du grec, du latin. venir (de). “Ces froides injustices qui font dériver les conséquences des principes” (Chateaub.). “Rien d’excellent ne peut dériver de l’expérience d’autrui” (Valéry). => découler, émaner.
DÉRIVER V. INTR. <1> – 1578; de l’angl. to drive, par crois. avec 1. dériver 1. S’écarter de sa direction, en parlant d’un navire (=> dérive). PAR ANAL. Avion qui dérive. – Sa politique commence à dériver dangereusement. => Dérive (6°). 2. (PERSONNES) S’abandonner, être sans volonté, sans énergie. “Je suis détaché (…) je dérive. Quelle force m’entraîne?” (Mauriac).

Défilement

À mesure que la fin de la résidence approche, je me rends compte du nombre d’images/data/médias que j’ai accumulés sur l’ordinateur de la Chambre Blanche et finalement de la sélection importante de ce que je postais ou non. Or si le but de ce blog est de constituer un sédiment pour ma recherche, il y a beaucoup de petites expérimentations qui auraient leur place ici. En voici une.