Archive annuelles: 2007

Souvenir de PS1

Référence pour mes pop-ups d’iceberg…
Retour sur ma visite à PS1, le 28 mars 07, où j’ai vu l’installation de fjords « High Plane », de K. Sigurdardottir…

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> http://www.takesyou.to/
on y trouve aussi des photos d’une autre installation, que j’aime encore plus : « Untitled » (2004).

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Inspirations décalées… et si ?

Je suis toujours contente quand je découvre un artiste dont les préoccupations esthétiques se rapprochent des miennes et je me sens faire partie d’un tout, mais en même temps, je regrette à chaque fois de ne pas avoir fait ces découvertes avant : j’aurais avancé plus vite !
Typiquement, pour les vidéos textuelles que j’ai développées de 1999 à 2001, j’étais partie avec des références visuelles très proches de l’art conceptuel… Kawara, Weiner, Kosuth, mais j’avais eu du mal à trouver mon compte dans les artistes actuels, alors que les choix esthétiques que je faisais me semblaient découler d’un contenu liés à des questionnements contemporains, donc forcément partagés. Et puis plus ou moins récemment, je découvre tout un pan d’artistes très « consanguins ». Par le biais de Jocelyn Cottencin (merci ! ), je découvre les ciné-poèmes que je ne connaissais pas (Lapins du soir, Nuitée) de Pierre Alféri (forcément en 1999, ce DVD n’existait pas ; ) puis hier Claire Grino (merci ! ) me parle de Heavy Industries et de son « Cunnilingus in North Korean », et « Nippon »…
En regardant les travaux de ces deux artistes si proches des miens, je regrette et aussi je me demande à quel point je n’aurais pas été contaminée volontaire si je les avais vus plus tôt.
J’aime bien ce genre de regrets, ils me donnent à penser comment j’aurais fait si, si, et si… et ouvrent toutes sortes de potentialités, d’inachevés, de variations possibles, bref ils me donnent envie de recommencer.

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Dériver

DÉRIVER v. tr. <1> – 1120; lat. derivare, de rivus “ruisseau”.
I. V. tr.dir. 1. Détourner (des eaux) de leur corps pour leur donner une nouvelle direction=> détourner, dévier. Dériver un cours d’eau, les eaux d’une source. • FIG. “Les autres sur lesquels on dérive son mécontentement” (Baruk). 2. GRAMM. Tirer par dérivation (=>2. dériver). Dériver un nom d’un verbe. 3. (1870) MATH. dériver une fonction, calculer sa dérivée*.
II. DÉRIVER (DE). V. tr.ind. Avoir son origine dans. => provenir. “Mot qui dérive de l’arabe, du grec, du latin. venir (de). “Ces froides injustices qui font dériver les conséquences des principes” (Chateaub.). “Rien d’excellent ne peut dériver de l’expérience d’autrui” (Valéry). => découler, émaner.
DÉRIVER V. INTR. <1> – 1578; de l’angl. to drive, par crois. avec 1. dériver 1. S’écarter de sa direction, en parlant d’un navire (=> dérive). PAR ANAL. Avion qui dérive. – Sa politique commence à dériver dangereusement. => Dérive (6°). 2. (PERSONNES) S’abandonner, être sans volonté, sans énergie. “Je suis détaché (…) je dérive. Quelle force m’entraîne?” (Mauriac).

Défilement

À mesure que la fin de la résidence approche, je me rends compte du nombre d’images/data/médias que j’ai accumulés sur l’ordinateur de la Chambre Blanche et finalement de la sélection importante de ce que je postais ou non. Or si le but de ce blog est de constituer un sédiment pour ma recherche, il y a beaucoup de petites expérimentations qui auraient leur place ici. En voici une.

Générateur blanc

Après l’expérience du silence du Lab, me voici en bas, assise à l’ordinateur situé près de la fenêtre, au centre de documentation. Les bruits de la galerie sont ici proéminents. De derrière moi arrivent les voix, les interpellations et les échos des gens qui travaillent là-bas. Le bruit du bois que l’on déplace, les frottements, les raclements, les chocs quand les planches sont posées à terre, les ponctuations brèves de la perceuse, les coups de marteaux, moins nombreux, les déplacements constants.
Plus proche, c’est le son des doigts sur les claviers, les pages d’un livre que l’on tourne, d’un fauteuil qui grince. Le bruit de la bouilloire aussi.

Générateur blanc

Tempête. Dès que l’on sort de la Chambre Blanche, deux perspectives s’offrent à nous. En direction de la citadelle, c’est le bâtiment jaune qui émerge et au loin, la silhouette d’une haute tour carrée. Dans l’autre sens, sur la droite, c’est le revêtement en métal du bâtiment abandonné.
Pourtant, on a fermement l’impression que les distances jusqu’à la fin de la rue est la même dans les deux directions. Le même nombre de poteaux électriques. Ces poteaux si caractéristiques des villes nord-américaines. Les fils électriques qui restent au dessus du sol, plutôt qu’enfouis en dessous. Des fils exposés que l’on peut suivre de carrefours en carrefours.
En temps de neige, les deux options se ressemblent, se rassemblent. Les deux perspectives fusionnent, comme deux calques légèrement décalés. La neige semble venir des deux extrémités de la rue…
Le ciel et le sol sont également blancs. L’air devient opaque… La neige estompe visuellement les distances, elle brouille la vision. Elle modifie la lumière, instantanément. Alors, je cligne des yeux. Je me mets à regarder mes pieds. Les distances s’allongent. Le pas ralentis. Lourd. Je chemine entre les obstacles, je contourne. Je regarde les traces que l’on laisse, les traces que je laisse, je modifie ma manière de marcher. Parfois, je fais demi-tour, quand les amas de neige s’avèrent trop importants. Parfois je m’en tiens aux traces laissées par les autres.

Julie morel / Radio CKRL FM Québec

Mercredi 04 avril. 15h.
Entrevue sur le travail web et plus particulièrement le “générateur blanc”, effectué pendant la résidence à la Chambre Blanche. Avec Maude Lévesque.

Animation de l’émission “Changer d’air – L’aérospatial” : Jean-Pierre Guay.
> CKRL

Écouter l’émission en ligne :
> http://www.radiomemoire.com/artsvisuels/JulieMorel.html

Dessin pour pop-up

Une série de pop-ups d’iceberg, de grande échelle, qui se plieraient/déplieraient dans les deux sens.
La feuille jouant le rôle de la surface de l’eau.
Je commence les dessins ici. Les proportions ne sont pas très justes, c’est le moins que l’on puisse dire, mais ça viendra au fur et à mesure des recherches. Dès mon retour en France, je fais des modèles papiers. Mais J’aimerais que l’objet final soit en matière synthétique, type plastique. Et pourquoi pas mécanisé ?
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Pour quelques explications : >http://fr.wikipedia.org/wiki/Iceberg

Tableau de bord / où je me mesure au temps…

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Le tableau de bord est un petit outil (sur mac) qui donne accès à pleins d’infos en temps réel (calendrier, température, post-it, dico, etc.) et dont je me suis beaucoup servie ces dernières semaines… En particulier quand je veux me renseigner sur la température extérieure, savoir s’il me faut un pull ou deux, des gants ou pas. Car ici à Québec mes repères sont brouillés : un grand soleil ne veut pas forcément dire des températures hautes et les différences de températures entre la nuit et le jour, ou entre deux jours, peuvent aller jusqu’à 20°C. Ces outils m’aident. Mais me voilà dépendante d’autres données encore sur l’espace, le temps, et la température…
La question de la mesure s’est posée tout au long de ce projet et avec elle, celle d’unité, de point de départ/repère : le premier méridien, le degré 0° qui détermine le « en dessous de », le « au dessus de »… Et alors que j’essaye d’élaborer un travail sur la subjectivité d’un lieu, en particulier telle que relatée sur internet, j’en viens à la conclusion que les mesures que j’ai utilisées sont d’une grande précision (UTC, températures…).
Est-ce là ce que je veux atteindre… Suis-je restée trop raisonnable, mesurée ?

Générateur blanc

16h40. 2°C.
Étagère 1, celle qui est tout en haut. Une tasse noire qui cache les deux autres derrière. Un petit carton contenant des sacs plastiques, le haut d’un mixer, le bas est introuvable. Des assiettes en papier, des céréales, des filtres à café, que je n’utilise pas, une cafetière, que je n’utiliserai pas non plus.
Étagère 2. Un plat à gratin dentelé jaune, des assiettes plates, deux oranges et trois pamplemousses posés sur l’assiette du haut, des assiettes à dessert, des verres à pieds, une canette de sirop d’érable, de la poudre à lever, de la farine, du sucre roux, un mélange pour pancake, des lentilles vertes, deux paquets de thé, mirabelle et Wü-lü, un paquet de sachets de thé vert à moitié entamé.
Il est tard dans l’après-midi et je n’ai pas encore mangé. Je décris les étagères. Celles de la cuisine. Je suis assise à la table, le dos aux fenêtres. Je me lève… Je m’assois, je suis dos aux 2 fenêtres du fond. Je me relève, je m’assois à nouveau, je suis maintenant assise avec les fenêtres en face de moi, le dos à la cuisine, je n’ai toujours pas mangé : je décris mes allées et venues. Je me lève, je sors et je vais au Lab taper le texte que je viens d’écrire. Je suis en train de taper le texte que j’ai écris.

Générateur blanc

Au sous-sol se trouve un atelier de montage et démontage d’ordinateur, de découpe et de bricolage et la buanderie. On accède à l’atelier par deux cotés opposés. C’est une grande pièce carrée qui sent le renfermé, humide et froide, aux murs couleur crème, un sol sans couleur, relativement bien rangée. Sur l’un des murs est accroché un poster de mouvements de kung-fu. Quelqu’un vient-il ici ? Pour s’entraîner ?
La buanderie et l’atelier sont en enfilade, et en tout point différents. C’est un couloir exigu avec sur la gauche, les machines à laver et à sécher. Le plafond y est bas. Il y fait chaud, sec, et sombre. Dans la partie gauche, encore plus sombre, il y a des archives entassées en attente d’un classement qui ne viendra probablement pas. Deux vieilles chaises, des étagères et placards pleins de vieux papiers poussiéreux.
J’y viens une fois par semaine pour faire ma lessive, le matin de bonne heure. Ce n’est pas un endroit où il fait bon rester, écouter le bruit réconfortant de la machine qui tourne. La machine n’a pas un bruit réconfortant. Elle est bruyante, grinçante. Elle se secoue et se déplace, systématiquement, en direction de la porte, comme si elle voulait sortir de cet endroit. La sécheuse n’est qu’un vrombissement désagréable. Un bruit désagréable dans un silence qui l’est tout autant. Alors je ne reste pas. Et je fais sécher mon linge dans ma chambre pour que la bonne odeur de lessive imprègne l’espace, le temps d’une journée.

Interface

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Je commence aujourd’hui à travailler sur l’aspect graphique du site pour le générateur blanc. Pour ce qui est de sa structure, elle est presque fixée :
Elle va réunir à la fois le générateur lui-même, les diverses expérimentations plastiques, et sûrement un blog (reprenant celui-ci, mais ne contenant que les réflexions et recherches relatifs à ce travail).
Pour les expérimentations :
– Google Clouds, les nuages sur Google Earth
– Chambre-horaire, une navigation (à travers les fuseaux horaires) conjointe entre la chambre et la terre
– Dérive, vidéo de la glace du St. Laurent
– Défilement, animation de la forêt entre Montréal et Québec.
– Ligne d’horizon, dessins de ligne d’horizon, encore en cours…

François à mis en ligne, sur le site de la chambre blanche, le LIEN vers mon projet…

Générateur blanc

Le centre de documentation est en bas. On y accède par la porte de gauche de l’entrée principale. Tout de suite en entrant, sur la droite, se trouvent les publications de la chambre. Avec les cartes postales des différents projets de résidence. J’y repère immédiatement celui de Marika. Le clavier. Le fond noir et le bas du visage qui ressort… Puis je crois me souvenir (je suis remontée au lab), il y a une plante verte. La seule plante verte de tout mon séjour ici. Ensuite sur la gauche un placard, les toilettes, et une porte pour aller à la galerie. Avec, juste avant, une table où sont disposées les informations relatives à la dernière exposition. Si on décide de continuer tout droit, depuis la porte d’entrée, en laissant derrière nous la galerie, on arrive dans la pièce principale du centre. Cette pièce est située directement en dessous de ma chambre. Il y a les mêmes fenêtres. Mais elle semble complètement différente. Elle est fragmentée en différents espaces. À droite, le bureau de François, à gauche, le bureau de Maude. Un des murs a été peint en rouge. Au centre de la grande pièce, une table verte, où l’on s’assoit pour manger, discuter, pour les réunions, pour lire, ou pour rien.
Il y a les étagères en fer, chargées de livres, des cartons étiquetés contenant les revues anciennes, le téléphone, les papiers, les ordinateurs, le présentoir avec toutes les revues du mois en cours.
Puis la porte qui mènent au premier palier, les escaliers dorés, avec le boîtier d’alarme. Et de là, à nouveau, si l’on remonte l’escalier à gauche, on arrive au Lab.

Nothing (Art as idea as idea)

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J’ai emprunté ce livre à la Chambre Blanche, et il est une excellente ressource sur le rapport au texte dans l’art conceptuel. On y trouve des articles de / et sur Robert Barry, Lawrence Weiner, On Kawara, Joseph Kosuth… Je n’ai mis ici qu’un extrait d’entretien de Kosuth, que j’ai trouvé très intéressant et à la fois paradoxal dans ses revendications, car il est totalement radical, provocateur et tellement juste, mais aussi presque didactique dans ses justifications…

Entretien (extrait) de Joseph Kosuth. Par Arthur Rose, (5-31 janvier 1969).
Tiré du livre « Art conceptuel I », (Capc, Bordeaux – Nov.1988).

Pourquoi crois-tu que l’art de notre temps, pour reprendre ton expression, ne puisse être peinture ou sculpture?
Être artiste aujourd’hui veut dire remettre en cause la nature de l’art. Si on remet en cause la nature de la peinture, on ne peut remettre en cause la nature de l’art ; si l’artiste accepte la peinture (ou la sculpture) il accepte la tradition qui l’accompagne. Parce que le mot art est général alors que le mot peinture est spécifique. La peinture est une catégorie d’art. Si on réalise des peintures, on accepte (on ne questionne pas) la nature de l’art.
On accepte alors la tradition européenne de dichotomie peinture-sculpture comme nature de l’art. Alors que, ces dernières années, les meilleurs travaux ne sont ni peinture ni sculpture, et qu’un nombre croissant de jeunes artistes pratiquent un art qui ne relève ni de l’une ni de l’autre de ces catégories.
Quand les mots perdent leur sens, ils sont dépourvus de sens. Nous vivons dans notre temps et dans notre réalité, qui n’ont pas besoin de chercher leur légitimé en s’arrimant à l’histoire de l’art européenne. Il est clair que nous serions incapables de faire n’importe quoi sans la connaissance accumulée dont nous disposons. On n’échappe jamais totalement au passé, mais ceux qui se tournent délibérément et ouvertement dans sa direction font preuve de timidité créatrice. L’esprit universitaire et conservateur a toujours soif de justification historique : c’est une sorte d’amalgame de culte des ancêtres et de quête de l’approbation parentale. Il faut apprendre ce qu’était le passé, et non pas apprendre du passé, de manière à pouvoir comprendre ce qui était vrai alors et ce qu’on ne veut pas faire aujourd’hui.

La difficulté du travail et son recours au langage plutôt qu’aux couleurs ne le rendent-ils pas rébarbatif?
Les idées de l’artiste sont inhérentes à ses intentions, et l’art nouveau dépend presque autant du langage que de la science ou la philosophie. Il est clair que le déplacement du perceptuel au conceptuel est un déplacement du physique au mental. Quand il n’y a pas de motivation intellectuelle chez le spectateur, il faut faire appel au physique (la vue, le toucher). Les non-artistes veulent souvent accompagner l’art d’autre chose parce que l’idée de l’art ne les enthousiasme pas tant que cela. Ils ont besoin de l’accompagner de stimulation physique pour rester intéressés. Mais l’artiste a pour l’art le même intérêt que le physicien pour la physique et le philosophe pour la philosophie.

Pourtant, si on accepte ton idée de l’art, et que l’artiste n’ajoute plus rien à l’univers visuel de l’homme, quel va être l’avenir de l’art?
Avant de répondre à ceci, j’aimerai faire une remarque. Les principaux courants philosophiques de ce siècle manifestent un rejet total de la philosophie traditionnelle. On ne peut plus, comme autrefois, arriver à des conclusions sur l’univers. Et ni les gens cultivés, ni les jeunes n’accordent plus de crédit à la religion. Les postulats de la religion et de la philosophie traditionnelle sont devenus irréels à ce stade de développement de l’intelligence humaine. Si c’en est fini de la philosophie (et de la religion), il est possible que l’art soit viable dans la mesure où il est capable d’exister comme une tentative pure et consciente d’elle même. Il se peut que l’art soit appelé à exister à l’avenir comme une sorte de philosophie par analogie. Mais ceci ne pourra se produire que si l’art reste conscient de lui-même, et ne se préoccupe que des problèmes de l’art, aussi fluctuant qu’ils puissent être. Si l’art devient vraiment une « philosophie par analogie », ce sera parce que la rigueur intellectuel (au niveau ce la capacité de « création » de l’artiste) est d’un niveau qualitatif égal à celui des meilleurs penseurs du passé. S’il n’y a pas de place aujourd’hui pour la vraie philosophie, alors il est clair qu’un art tentant de se faire passer pour philosophie n’aurait aucun sens non plus. Mais il se peut qu’un art s’attachant aux questions ne relevant que de l’art vienne combler ce vide dans la pensée de l’homme d’aujourd’hui.

Chambre horaire / Time Zones Room

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Hier soir, après avoir décrit la position des différents groupes de meubles dans ma chambre (que j’ai appelé îlots), je me suis dit que j’allais tracer les différentes trajectoires dans cet espace pendant une journée. Puis je me suis dit que je pourrais y superposer les fuseaux horaires, comme si ma chambre était la Terre (c’est un peu ma petite planète…) et par analogie, voir quels pays j’aurai visités. Je risque d’être un peu jetlag à la fin de la journée… : )
Ensuite je suis me décidée, d’ici la fin de l’année, à refaire ce voyage en grandeur nature, et donc d’acheter un billet d’avion ouvert (environ 2500 euros) pour aller dans tous les aéroports correspondants à tous les arrêts dans ma chambre.

Yesterday night, after describing the different clusters of furniture in my room (I called them islands), I decided it could be interesting to trace my various trajectories in this space during one day. Then I realized I could superimpose the time zones to the drawing, as if my room was the earth (in fact it has been my « world » for a little while now) and then see what countries I was thus visiting… I contemplated the fact that I would be a little jetlagged at the end of the day….
Finally I decided, before the end of this year, to actually redo those journeys in real space. I would need to buy an open ticket (between 12 to 20 destinations) to visit all the airports corresponding to all the stops in my room that day…

Générateur blanc

21h42. Mon appartement à la Chambre Blanche est comme une somme d’îlots disparates et éloignés qui flottent au milieu d’une immense mer de bois.
D’abord il y a l’îlot bureau, éclairé par une de ces anciennes lampes en opaline verte avec, échoué sur la droite, l’ordinateur qui ne marche plus, les câbles qui s’y rapportent, d’autres types de câbles, transformateur et une clé USB, appareils photos et les livres : Broken Screen, l’art conceptuel du CAPC, Cute Felt Animals, Aspect of the Theory of Syntax, et un livre de Joan Carroll Oats. La trousse à crayons rudimentaire (crayon papier, stylo à encre de chine diamètre 0.1, stylo à encre de chine diamètre 2.0, le cutter, la règle en fer, 15 cm). Et constamment des clés qui traînent, mes gants en laine orange, mon bonnet marron.
L’îlot « table », avec ses couverts, un morceau de fromage emballé, ses verres, ses tasses à moitié vides. Et ses quatre satellites, quatre chaises noires en fer.
Il y a l’îlot cuisine : toute en longueur. Un gros meuble en bois brut. Au dessus les étagères et les provisions, la cuisinière à droite, l’évier à gauche.
L’îlot lit, le dessus bleu foncé, une couverture vieux rose – ou est-ce une vieille couverture rose ? Une veste en laine marron et beige, pour lire le soir. Cet îlot est aussi éclairé par une des lampes vertes.
Au fond de la pièce un îlot moins proéminent composé d’une table basse et d’un fauteuil pour la lecture. C’est d’ailleurs sûrement celui que j’utilise le moins, mais avec le plus de plaisir. Il signifie un moment où je ne travaille pas du tout, et où je ne pense pas à travailler.
Le dernier atoll est planté au fond de la pièce comme s’il avait dérivé jusque là : armoire, valise et une table où s’empile le linge propre pas encore plié.

Quelle navigation parmi ces différentes portions de territoire ?

Générateur blanc

00h25. Les gens qui travaillent à la Chambre Blanche sont en train de se préparer à partir. Maud. François. Hugo. Mégane. Sabrina. Reste Alexandre, Benham, et moi. Je suis dans le Lab. Alexandre travaille dans la galerie. Benham est dans sa chambre. Peut-être Sabrina est-elle encore là. Mais plus pour très longtemps. C’est bientôt l’heure dîner.
00h25. Le soleil s’est caché derrière les nuages blancs qui stagnent au dessus de la ville depuis deux jours. La température s’est rafraîchit en cette fin de journée. Il fait 6°. Les gens ralentissent le pas. Les heures ici semblent dicter plus qu’ailleurs le rythme des gens. C’est la fin de l’après-midi. Je regarde par la fenêtre : Les joggeurs ont disparus, les gens hâtent le pas, ils rentrent chez eux. Pour moi, il n’y a que quelques pas entre le Lab et la chambre. Je me lève et je regarde par la fenêtre.
00h25. Dans le Lab, les restes de l’installation du film regardé hier. Le vidéo projecteur, les deux grosses enceintes et les lecteurs DVD. Les 3 télécommandes, toutes inutiles car aucune ne correspondait à l’appareil. Puis il y a aussi les tasses vides. Le DVD qui traîne. Un couteau en plastique. Le Thermos. Un trousseau de clés – les miennes. De la monnaie pour la soupe de midi. Une paire de dossiers pour les concours puis un dictionnaire ouvert à la page dérive-dérouiller.

00h25. Il est 00h25. Il est 00h25 à Paris. À Lyon. Il est 18h25 à la Chambre Blanche.

Générateur blanc

19h. Aujourd’hui, la basse ville est humide. Grise. Un fin brouillard la parcourt en longueur. Il fait bon pourtant. 9°. Je sors de la chambre Blanche vers 19h. Je prends la rue des voltigeurs en direction de la haute ville, et je m’aperçois d’une chose : la ville rouille.
Toute la ville.
Dans chaque fissure, dans chaque interstice du trottoir, des murs en tôle ou dans le béton, parmi les pierres au bas des maisons et aussi dans le bois, la rouille s’est développée. Elle perce même la neige qui résiste par-ci, par-là.
La rouille. Elle habite la ville, la squatte et la ponctue. Elle en dessine les contours. Elle prouve son existence à chacun de mes pas, à chaque coin de rue. Elle souligne, tire des traits, marque et scarifie les moindres coupures laissées par le froid. Elle dégouline le long des rues en pente. Elle laisse des strates de couleurs brunes et rousses le long des caniveaux.
Je pense : il n’y a pas de plaques d’égouts à Québec. Non. Ou presque pas. L’eau s’écoule. La rouille avec elle. Jusqu’où ?

showtime !

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Ce soir, à la Rotonde /grand théâtre de Québec, Sylvie m’emmène voir Louise Lecavalier dans 3 pièces chorégraphiques, toutes les trois différentes, toutes les trois magnifiques. Ce qui me reste : la poésie de la première, l’humour de la deuxième.
Mais dans la dernière, ce qui m’a interpellé, c’est la série d’implosions qui secouent à peine le corps de la danseuse. Comme si on avait visuellement mesuré l’impact, sur un corps, d’un temps qui s’étire au maximum. Comme si le corps meurtri par cette élongation, s’était recroquevillé, arc-bouté : un corps handicapé par le temps.

Scénario / Générateur blanc

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Hugo, qui programme le générateur blanc, me pose une question sur le scénario, et je me rends compte que depuis que j’ai perdu mon ordinateur, je n’ai pas ré-écris ou même réfléchis à nouveau au scénario.
J’en remets ici les bases, par le biais d’un exemple :
Il existe 24 catégories de textes. Une par fuseau horaire. À chaque fois que j’écris un texte, il entre directement dans la bonne catégorie, suivant l’heure de sauvegarde.
> Un utilisateur se connecte à 18h à Paris. Il est 12h (midi) à Québec.
C’est l’heure de la personne qui se connecte qui va déterminer le point de départ pour le choix de la catégorie…
> On choisit aléatoirement un type de textes de la catégorie 12h.
> La phrase est affichée.
> On calcule le nombre « x » de lettres dans cette phrase.
> On calcule le nombre de lettres du 1er mot, ex : Enfin (5 lettres) ; ce nombre détermine le nombre de phrases générées (5) dans cette catégorie.
> On continue avec la catégorie 13h.
> On va chercher la phrase random (x) dans cette catégorie »
> On calcule le nombre « x » de lettres dans cette phrase.
> On calcule le nombre de lettres du 1er mot, ex : Je (2 lettres) ; ce nombre détermine le nombre de phrases générées (2) dans cette catégorie.

Etc.

Zone de temps / zone de neige

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Le fuseau horaire est une tentative de cartographier le temps suivant des zones terrestres à l’aide des méridiens. C’est une sorte de limite immatérielle, une frontière. Une ligne qui sépare deux territoires temporels. Même s’il reste proche du Temps Universel Coordonnés, le fuseau horaire d’un pays est aussi un signe territorial : nombreux sont les pays choisissant une heure autre que celle qui leur serait destiné à priori (l’Espagne continentale & la France sont à l’heure d’Europe centrale, l’Afghanistan ou l’Iran…) et la décision de faire de Greenwich en Angleterre (au XIXème siècle) le premier méridien n’a rien de hasardeux… Il s’agit donc d’un système avec un premier et un dernier.
Les fuseaux horaires représentent donc un point de vue de la Terre.
En regardant la neige qui tombe, le St. Laurent et les flots de glaces migratoires qui y passent, je me dis qu’aujourd’hui, seules les glaces et les oiseaux (et les animaux en migration) traversent les fuseaux horaires sans être affectés par ces mesures…
Puis je réalise que les fuseaux sont effectivement une lecture horizontale de la planète (de droite à gauche), et non pas une cartographie verticale comme les lignes parallèles (latitudes)…

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(Snowflakes, par Wilson Bentley, Fin du XIXè siècle)

Alors, comment la neige se situe-t-elle par rapport aux parallèles, et par rapport aux fuseaux horaires ?

Il ne neige quasiment pas dans les régions équatoriales et tropicales. On a coutume de considérer que les 35e parallèles délimitent cette région où seules les montagnes reçoivent de la neige. Mais le peu de chutes de neige ne veut pas forcément dire qu’il n’y a pas de neige… On peut penser au Kilimandjaro, ou au Cayambe (en Équateur – 5 790 m), qui est régulièrement enneigé bien qu’il soit exactement à la latitude 0.
Plus on se rapproche des pôles, plus la nivosité augmente. Toutefois, la quantité de neige tombant dans les régions polaires est faible car le froid y est trop vif.
Par ailleurs, les zones côtières sont relativement épargnées par la neige. C’est donc dans les régions tempérées, continentales et montagneuses qu’on relève des chutes de neige plus importante, Suisse, Colorado, Canada…

J’ai appris aujourd’hui que « l’invention » des fuseaux a été faite par un Canadien de Montréal : Sandford Fleming, et je ne suis pas surprise que cette proposition viennent d’un canadien… On m’a dit l’autre jour que le Canada n’est pas un grand pays d’histoire, mais un grand pays de géographie… ; )

Pour finir, la carte du dégèle de la mer de glace, trouvée sur le site – très intéressant – de l’atlas du Canada, donnant accès à toutes sorte de données sur le sujet qui m’intéresse :
– Précipitation de neige, tempêtes
– Gèle et dégèle de la mer de glace
– Explications sur le permafrost/couverture neigeuse, etc.

>http://atlas.nrcan.gc.ca/site/english/

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Générateur blanc

08h17. Le matin, après avoir petit-déjeuné, je vais au Lab. Je descends les escaliers jaunes jusqu’au premier pallier, et je tape le #, puis le 2, et je compose le code. Puis je remonte les escaliers et j’ouvre la serrure du bas. Je mets toujours un temps pour trouver laquelle des 7 clés du trousseau entre dans la serrure.
Aujourd’hui le Lab a été nettoyé. Pas de billes de polystyrène sur le sol, pas de loupe. Pas de composants d’ordinateur qui débordent d’un carton.
Le sol a été lavé ou balayé. Mais quand je rentre, c’est toujours la même odeur de caoutchouc tiède. Il me faut un temps pour m’habituer et, parfois quand la température le permet, j’ouvre le vasistas pour aérer. La chaleur des ordinateurs et du serveur constamment allumés garde la pièce dans une chaleur constante et agréable.

Générateur blanc

12h20. dehors le soleil brille. Je regarde la température de loin, je regarde la température sur l’ordinateur. -2 degrés. Je suis sortie ce matin, pour la première fois sans gants. Les rues étaient sèchent comme du papier de verre, pleines de gravillons laissés là par les ruisseaux d’eau qui ont quadrillés la ville pendant un temps. Les rues qui mènent au port, sous les bretelles d’autoroute, sentaient presque le printemps.
Le port était encore en hiver, avec les neiges fondues, les eaux qui charrient leurs tonnes de glace, le bruit du Ferry qui crisse et casse, et concasse la glace à chaque passage. Mais petit à petit, le fleuve semble reprendre le dessus sur la glace venant du nord. Il malmène les blocs de glace, les fragmente encore plus, les retourne. Certains blocs laissent voir leurs entrailles, d’un bleu transparent et sans tâche, celui d’une vitre opaque bien astiquée. Ceux échoués sur les berges se tiennent encore comme des bunkers imprenables. Car c’est la guerre en bas. Entre le solide et le liquide, entre le chaud et le froid. C’est une opposition de nature, d’essence, de vitesse et de lenteur. C’est la guerre. Et le printemps ne va pas tarder à la gagner, malgré la résistance qui lui est opposée.

Générateur blanc

17h40.
Le bruit de l’imprimante. 8 pas de mon siège à la porte. À la cinquième enjambée, si j’étends le bras droit, je peux faire cesser le bruit.
17h43.
Le fond sonore des enceintes de l’ordinateur. 12 pas de la porte du Lab à la porte de ma chambre. 8 pas avant l’angle du couloir (il tourne vers la gauche). À deux enjambées de l’angle, si j’étends le bras droit, je peux dessiner sur la buée de la fenêtre.
17h45.
Aucun bruit. 9 pas entre la porte de la chambre et mon lit. Si j’étends le bras droit, je peux fermer la lumière de la lampe de chevet.
17h57.
Les bruits étouffés de la rue. 6 pas entre mon lit et l’évier. Si j’étends mon bras droit, je peux voir l’eau s’écouler dans ma main, puis boire.
17h59.
Le plancher qui craque au 4ème pas sur les 8 pas qui séparent l’évier et le bureau à côté de la porte. Si j’étends le bras droit, je peux me saisir de mon manteau et de mon bonnet. Dehors il pleut.