Alternate Reality
« Vers onze heures, je finis par n’avoir strictement plus rien à faire ; J’avais fait tout ce que je pouvais faire. Je m’étais coupés les ongles, curé les oreilles, j’avais pris un bain, regardé les infos à la télé. J’avais également fait des pompes et des flexions-extensions, j’avais dîné, et terminé mon livre. Mais je n’avais pas sommeil. Je voulais examiner une fois de plus l’ascenseur du personnel, mais il était encore trop tôt pour ça. Il valait mieux attendre minuit, heure à laquelle plus personne ne l’utilisait.
Après avoir réfléchis à diverses possibilités, j’optai finalement pour le bar du 26ème étage. J’y bus un Martini en regardant par la fenêtre la vaste étendue obscure sur laquelle tomba la neige, en pensant aux égyptiens. Comment pouvaient-ils bien vivre les habitants de l’Égypte ancienne ? Quelle sorte de gens allait prendre des cours de natation ? La jet-set égyptienne la plus branché, certainement. C’est certainement pour eux qu’une partie du Nil avait été séparé du reste et aménagée en Bassin de natation. C’est là que de sympathiques maîtres nageurs, avec le physique de mon ami devenu acteur de cinéma, leur enseignait la dernière nage branchée. Je le voyais s’adresser d’un air imperturbable à ces gens de la haute société égyptienne : « Parfait, seigneur. Oserais-je cependant vous conseiller d’allonger davantage votre dextre quand vous nager le crawl ? »
J’imaginais la scène. L’eau du Nil d’un bleu épais comme de l’encre, l’éclat aveuglant du soleil (évidemment, il devait il avoir au-dessus du bassin un toit de chaume ou quelque chose de ce genre en guise de protection), des soldats armés de perches pour chasser les crocodiles ou les manants. Les fils du Pharaon s’entrainaient dans le bassin. Et ses filles alors ? Je me demandai si les princesses égyptiennes apprenaient ou non à nager. Cléopâtre, par exemple ? Une Cléopâtre toute jeune, avec un petit air de Jody Foster. Elle aussi, si elle avait eu mon ami comme maître nageur, serait-elle tombée folle amoureuse de lui. Oui, sans doute, puisqu’elles tombaient toutes amoureuses de lui, il était né pour ça.
Ça ferait un bon scénario, me dis-je. Si ce film existait, j’irais le voir.
Ce maître nageur n’est pas un homme de basse naissance. C’est le fils d’un roi d’Israël ou d’Assyrie ou quelque chose comme ça, mais comme son pays a été vaincu il a été emmené en Égypte en esclavage. Mais, en devenant esclave, il n’a pas perdu une once de son élégance naturelle (c’est là qu’il diffère de Charlton Heston ou de Kirk Douglas). Il sourit en montrant ses belles dents blanches, il pisse avec distinction. Il pourrait même chanter debout sur le bord du Nil, en s’accompagnant au Ukulélé. Il n’y a que lui qui pourrait tenir ce rôle.
Un jour le Pharaon et son escorte passent devant lui, alors qu’il est en train de couper de joncs au bord du Nil. Juste à ce moment là le fleuve renverse la barque pharaonique. Sans la moindre hésitation, il plonge, nage jusqu’à la barque d’un crawl d’enfer, et revient sur la rive avec une petite fille dans les bras, tout en se battant avec les crocodiles. Le tout avec beaucoup d’élégance. Avec la même élégance que quand il allumait pour les filles les becs Bunsen des travaux pratiques de sciences. Le pharaon, qui a vu la scène, admire le jeune homme et décide de faire de lui le professeur de natation de ses fils. Il n’aimait pas la façon de parler du maître nageur précédent et vient juste de le faire jeter dans un puits une semaine plus tôt. Mon ancien condisciple devient ainsi professeur de l’école pharaonique de natation. Mais là , comme il est sympathique, il se met à faire des ravages. Les dames d’honneur du palais attendent la nuit pour oindre leur corps de parfums et se glisser dans son lit. Mêmes les princes et les princesses l’adorent. Là , on pourrait introduire un petit spectacle du genre Le Roi et Moi et La Princesse en maillot de bain réunis. Lui et les princes et princesses se livreraient à un ballet de nage synchronisée pour célébrer l’anniversaire du pharaon, ou quelque chose dans ce goût là . Le pharaon, fort réjoui, le fait encore monter en grade. Mais tout ça ne monte pas à la tête de notre héros. Il reste modeste. Il sourit toujours avec des dents blanches, et pisse avec distinction. Quand les dames du palais se glissent dans son lit, il passe à peu près une heure en préliminaires, les fait jouir, et quand c’est fini, leur caresse les cheveux en disant : « C’était super. » Il est vraiment gentil.
Comment ca devait être, de coucher avec des dames d’honneur égyptiennes ? Je fis un effort d’imagination, mais aucune image concrète ne me venait. J’avais beau faire des efforts, les seules images qui me venaient étaient celle de l’horrible Cléopâtre tournée par la 20th Century Fox, avec Elisabeth Taylor, Richard Burton, et Rex Harison. Cet exotisme façon Hollywood, avec des filles noires à longues jambes qui éventent Elizabeth Taylor avec des éventails à franges. Elles prennent donc des poses audacieuses pour plaire au maître nageur. Les Égyptiennes excellent à ce genre d’exercice.
Et évidemment Jody Cléopâtre tombe folle amoureuse de notre héros. Ce n’est peut-être pas très original comme idée, mais sinon, il n’y a pas de film.
Donc lui aussi est amoureux de Jody Cléopâtre. 
Mais il n’est pas le seul. Un prince d’Abyssinie, à la peau noir d’ébène, brûle également d’amour pour la belle. Il l’aime tellement que chaque fois qu’il pense à elle, il se met inconsciemment à danser. Pour ce rôle là , il faudrait Michael Jackson et personne d’autre. Par amour, il traverse les désert d’Abyssinie jusqu’en Égypte. En dansant et chantant Billy Jean, un tambourin à la main, devant les feux de bivouac de sa caravane. Ses yeux brillent d’un éclat surnaturel sous la lumière des étoiles. La discorde naît évidemment entre le maître nageur et Michael Jackson, rivaux en amour.
À ce moment là , le barman vint vers moi et m’annonça que avec un air désolé que le bar allait fermer. Je regardai ma montre : il était déjà minuit et quart. Il ne restait plus que moi comme client, et le barman avait presque fini de ranger la salle. Je me demandai comment j’avais fait pour penser si longtemps à des choses aussi stupides. Absurde, ridicule ! Je dois avoir quelque chose qui ne tourne pas rond. Je signai ma note, bus le fond de mon verre de Martini, me levai et quittai le bar. Puis, les deux mains dans les poches, j’attendis l’arrivée de l’ascenseur.
Mais, me dis-je, la loi pharaonique exige que Jody Cléopâtre épouse son frère cadet. Je n’arrivai plus à chasser se scénario imaginaire de mon esprit, les scènes se présentaient les unes après les autres. Qui pourrait jouer le rôle du frère dégénéré ? Woody Allen ? Non, impossible. Le film tournerait à la comédie. Il déclamerait des plaisanteries stupides dans le palais, se taperait la tête avec un marteau en plastique. Non pas lui, ça ne marcherait pas.
Je réfléchirai au rôle du frère plus tard. Le pharaon, en tout cas, ce serait Laurence Olivier. Toujours en proie à de violentes migraines, il appuie les index sur ses tempes pour les calmer. Ils jettent les gens qui ne lui plaisent pas au fond de puits insondables ou bien leur fait faire la course avec les crocodiles du Nil.
J’en étais là quand la porte de l’ascenseur s’ouvrit. Sans le moindre bruit. J’entrai et j’appuyai sur le 16. Ensuite je pensais à la suite du film. Je n’avais plus envie d’y penser, mais je ne pouvais pas m’arrêter.
La scène change, et se situe maintenant dans le désert. Un oracle exilé par le pharaon vit dans une grotte au fin fond de ce désert aride, oublié du reste du monde. On lui a tranché les paupières, mais il a miraculeusement réussi à traverser le désert et à survivre. Il s’est mis une peau de mouton sur le dos pour éviter l’éclat trop fort du soleil, et vit dans la pénombre. Il mange des insectes, mâche des herbes. Ayant acquis la vision intérieure, il prédit l’avenir : la chute des pharaons, le crépuscule de l’Égypte, les changements du monde antique.
L’homme-mouton, me dis-je soudain. Qu’est ce que l’homme-mouton vient faire dans cette histoire ?
La porte s’ouvrit à nouveau sans un bruit. Je sortis distraitement, tout à mes réflexions. L’homme mouton. Il existerait donc depuis l’Égypte ancienne ? Ou tout cela n’était-il qu’affabulations de mon propre esprit ? Les mains dans les poches, je réfléchissais à tout cela dans le noir.
Dans le noir ? !
Je m’aperçus soudain que l’obscurité régnait autour de moi. Pas la moindre petite lueur. La porte de l’ascenseur se referma dernière moi et les ténèbres parurent s’épaissir encore. Je ne voyais pas ma propre main. Je n’entendais plus de musique. Plus d’amour est bleu, ni d’amour un soir d’été. Les ténèbres étaient totales, et ça sentait le moisi.
Je restai figé sur place dans le noir. »
Haruki Murakami. « Danse danse danse » (Chapître 9).
Nachbilder – Musée des Beaux-arts de Berne, 4 nov. 09, 19h
Le 4 novembre 2009, à 19h, je présente ma vidéo « relâche » dans le cadre de « Nachbilder« , au Musée des Beaux-arts de Berne.
Sur une invitation de la Galerie Marks Blond – Kino Kunstmuseum Bern.
> Programme
Extrait du dossier de presse :
La vidéo « Relâche (une vidéo ascenseur) » est une relecture de « Entr’acte » de René Clair, créée sur un mode d’associations libres à partir des images et des sons originaux. Le résultat diffère cependant radicalement de sa matrice dans son traitement audio-visuel.
Cette vidéo, sous-titrée ironiquement « vidéo d’ascenseur » (comme on parle de musique d’ascenseur), nous présente un plan pris près du sol, qui laisse apercevoir par intermittence, les sandales d’une danseuse qui martèlent le sol jusqu’à le faire trembler légèrement. Ici tout nous parle d’échec : la lourdeur inséparable du désir d’élévation présente à chaque seconde, la cadence saccadée du mouvement qui ne saurait être fluide, le son amplifié et ralenti à l’extrême, qui frise parfois le grotesque, la répétition d’une seule et même action, ou la trace sombre laissée par l’impulsion.
Les signes qui pourraient exprimer la gaité et l’allégresse sont présents mais inefficaces : les chaussures à paillettes, dignes de celle de Dorothy dans le magicien d’Oz, se rapproche plus d’une vision à la Pipilotti Rist. Le fait de sautiller, reconnaissable mais déformé, est freiné, littéralement.
Les connexions au film de René Clair sont à chercher dans le titre « relâche » (Entracte avait été produit pour un ballet portant ce nom), dans la référence à la danseuse présente à plusieurs moments du film, dans les sautillements de Marcel Duchamp et Picabia, dans les bonds réalisés par la personne prenant part à la procession qui suit le corbillard, dans tous ces mouvements d’élévations qui sont tournés en dérision.
Colin Lyons
Aujourd’hui, expo BGL à la Parisian Galerie (très beau lieu), tour des galeries Montréalaises, et surtout visite du centre d’art Skoll où est présentée une pièce sublime de Colin Lyons : « Fitzgerald Rig ». Cette installation se compose d’estampes aux murs (les kits/dépliés des éléments) et d’une machine de forage pétrolier, référence à la machine du même nom qui se trouve dans la ville natale de l’artiste. Les différents éléments sont fabriqués avec des estampes, ce qui leur donne un côté maquette, qui pourrait rappeler les décors d’Encyclopedia pictura. Le mécanisme de la machine peut être actionné par la réaction chimique produite lorsque les plaques à graver (qui servent à la production des estampes) sont trempées dans un bain acide.
Keyboards
Cette année pendant Slick, à l’initiative d’Oliver Belhomme, en plus des dessins « Organs », j’ai présenté une des pièces d’un projet que j’avais un peu mis en veille : celui des claviers modifiés. Il s’agit d’un projet tout simple qui a été de changer les lettres de claviers normaux pour que ces interfaces délivrent des messages à mi-chemin entre affects et technologie. Le clavier est déplacé du plan de la table vers le mur, il est présenté en temps qu’objet. Il n’est relié à rien. Sa fonction n’est plus celle d’une interface qui permet la communication vers une machine, mais juste la délivrance d’un message à sens unique, vers un spectateur. J’ai eu de très bons retours sur cette pièce et pleins de questions soulevées qui m’ont fait envisager la possibilité de reprendre ce projet, que j’avais laissé de côté depuis presque 2 ans. Je suis donc en train de réfléchir à une exposition avec de nombreux claviers, et ils y auraient la place principale. Il s’agirait donc de développer une narration avec ces éléments, toujours avec l’idée qu’une partie de la narration se trouverait à distance. Peut être aussi avec un clavier activé, qui permettrait une interaction textuelle, à la fois dans l’espace d’exposition, et en ligne…
Grand Nord, jusqu’au 3 novembre 09
Je pars demain matin pour le Québec, pour une dizaine de jour, dans le cadre d’une mission pour le projet Géographies Variables, je vais, entre autre, participer à la sélection des dossiers avec la Chambre blanche, visiter différents centres d’artistes partenaires, ce qui me mènera jusqu’au Lac St Jean, et enfin passer quelques jours à Montréal pour rencontrer artistes et institutions…
See you there!
Relâche, suite & fin
Un extrait de la vidéo « relâche », sous-titrée « vidéo d’ascenseur ». Durée totale, 7mn environ.
Relâche ?
Premiers essais vidéos pour le projet « relâche » que je dois montrer au musée de beaux-arts de Berne début novembre. C’est une vidéo que je veux à la fois pesante et aérienne. J’ai essayé différents plans et finalement la caméra est placée très bas de façons à ne capturer que les pieds. En même temps c’est important de n’avoir presque que des images en suspension. Ce sont les images intermédiaires que je recherche et c’est assez difficile de trouver le bon angle (d’autant plus que je suis aussi à la caméra).
J’aimerais arriver, tout en gardant une certaine fluidité, à mettre en évidence les images qui sont celles qui correspondent à un changement de station (celle où mes pieds touchent le sol, ou bien le moment de suspension entre le mouvement vers le haut et le bas. (En écrivant ces lignes, je me mets à penser à certaines images de la vidéo de Pj Harvey « Black hearted love« …).
Je voudrais atteindre une espèce de mixage entre l’humour des dadas et celui des ratages inspirés de Pipilotti Rist (assez loin du clip de Pj pour le coup…)
Mais aujourd’hui, je n’arrive pas à me synchroniser sur la musique qui m’apparait proéminente, très très lourde. D’un coup j’admire la manière dont René Clair a pu s’en servir et ne pas se faire totalement recouvrir par celle ci.
Ce soir, c’est relâche, et demain, je m’y remets.
Des références, sans explications aucunes
Quelques travaux découverts cette semaine… Paul Ritter, « Grand rideau » Julius von Bismarck & Benjamin Maus, « Perpetual Storytelling Apparatus » MM Paris & Ines van Lamsweerde, Vinoodh Matadin Artistssin, « 21st Century Boys & Girls golden Mountain » United Colors + Ohne Titel, Edit Oderbolz Et puis un travail absolument magnifique de Mike Kelley, que l’on peut voir au Plateau à Paris en ce moment… mais ça ne rend pas grand chose en photo ;)
Endless Morphing Flow of Common Decorative Motifs, (Jewelry Case).
Entr’acte
ou?
Il y a presque un an, début novembre, Daniel Suter m’appelait pour me proposer de participer à partir du 4 novembre 2010, à une reprise de « Entr’acte », de René Clair, pour un projet avec le musée des Beaux-Arts de Berne, qui possède ce film dans sa collection…
Le 5 novembre, ce sera mon anniversaire, et le projet sera donc intégré aux « projets anniversaire » que je collecte tous les ans à cette période… Du film original, je ne retiendrais que la musique et les pas des différents protagonistes (chasseur, marcheur, danseuse) que je vais rejouer, redanser, en deux plans séquences filmés d’un coup : une occasion de danser.
Un livre d’archiviste
Partition
Après deux semaines en résidence aux Archives Départementales, voici qu’une ébauche de projet émerge…
Lors d’une réunion, j’ai pu mieux comprendre le fonctionnement des Archives. La répartition des fonds publics, administratifs est majoritaire (les lecteurs viennent surtout consulter les cadastres, ou pour faire des recherches généalogiques) et le reste est constitué de fonds privés, très variés, autant dans leur forme que dans leur contenu, allant des documents historiques sur la guerre de cent ans aux brevets d’inventions (accompagnés de leur prototype) datant d’après-guerre… J’ai été initiée à une recherche de documents, on m’a montré des documents « chavirés » (tombés, en équilibre, endommagés, etc.) et j’ai pu suivre le procédé d’une recherche, bien différente dans la navigation et l’organisation de celles que l’on peut faire en bibliothèque.
Lorsqu’un fond est versé aux Archives, on l’indexe tel quel, il n’y a pas de reclassement alphabétique, ou thématique, pour garder le contexte de départ. On retrouvera par exemple, pour une bibliothèque léguée aux Archives, le classement mis en place par le propriétaire de celle-ci, etc.
Un des fonds privés m’a particulièrement intéressé : il s’agit d’une partithèque regroupant des publications de partitions datant de la fin du XIXème – début XXème. Il s’avère en effet que la Dordogne comptait un très grand nombre de maisons d’édition musicale, et que les originaux sont consultables ici.
Le projet qui commence à prendre forme sera celui de réactiver, en collaboration avec un(e) musicienne, certains morceaux contenus dans ces éditions. Par « réactiver », je n’entends pas simplement rejouer les morceaux choisis à l’identique, mais offrir une interprétation contemporaine de ceux-ci. Comme il s’agit pour la majorité de morceaux de musique populaire, pour la plupart des chansons d’amour, je me dirige vers le pendant contemporain du genre : de la musique pop-électro.
J’aimerai que le mode de consultation de ces « nouveaux » morceaux soient interactifs et inSitu. Qu’ils arrivent à un moment où on ne les a pas forcément choisis. Qu’ils soient un peu comme des bruits, des sons lointains qui hanteraient le bâtiment.
Pour le moment, l’endroit qui me plaît le plus est un espace transitoire entre l’extérieur et l’intérieur : le vestiaire, où l’on se départit de ses sacs et affaires (il est interdit d’entrer dans la salle de lecture avec un sac ou  une veste…). Ce vestiaire possède des casiers à disposition pour les lecteurs, et ils ont à peu près la taille d’enceinte stéréo… Peut-être leur ouverture pourrait déclencher un passage ou une chanson entière…
Pour l’instant, j’ai intitulé le projet « Partition »… J’hésite aussi avec « Départition ».
Comme j’aime beaucoup les mots à double sens, celui-ci me convient très bien. La partition, c’est le document où sont notées les compositions musicales qui permet la lecture de l’ensemble des instruments constituants une pièce. C’est aussi la division d’un ensemble, une séparation.
Archives chavirées
Hier, Sylvie, qui travaille aux archives contemporaines (1945 à nos jours) m’a montré toute une série d’archives chavirées : il s’agit de documents qui arrivent abimés car ils ont été mal stockés, mal entretenus, endommagés par l’humidité, les insectes (notamment le poisson d’argent – joli nom mais beaucoup de dégât), etc.
Interview
Un entretien réalisé pour l’Agence Culturelle départementale pour le dossier de presse de la résidence et de l’exposition « Archivés/Chavirés » qui aura lieu à partir du 28 septembre aux Archives départementales de la Dordogne.
• Pouvez-vous situer votre démarche dans le monde artistique d’aujourd’hui ?
Rejoignez-vous certains courants artistiques ? Si oui, lesquels ?
C’est assez difficile de se situer : les influences sont multiples. Je me sens à la fois proche d’artistes modernes (Laurence Weiner, On Kawara, Chris Burden, Morellet…) mais aussi de très contemporains, (Cerith Wyn Evans, Etienne Cliquet, Jocelyn Cottencin, les gens d’incident.net, ou encore Antoine Schmitt, Carsten Nicolai…).
Et puis je suis toute aussi influencée par la littérature, de Lewis Carroll à Jacques Roubaud que par le cinéma, la musique pop ou la linguistique.
Je n’ai pas la volonté de rejoindre un courant artistique. Le courant, quand on n’y prend pas garde, ça ne vous emmène pas forcément là où vous voulez, non ?
Mais je reste ouverte à tous les courants et médium, et il se crée naturellement des affinités esthétiques & connexions affectives et d’idées au gré des rencontres.
• Comment définiriez-vous votre travail ?
C’est une dérive constante liée au mot et à la textualité. Pour moi les mots, avant même de produire des images mentales, sont des images en tant que telles (des images, pas des signes).
Le langage, cette chose que j’utilise à chaque minute, reste pour moi un mystère, que je ne suis d’ailleurs pas du tout résolue à percer. Être émerveillée est un état qui me convient et permet de produire beaucoup de choses.
Mon travail observe, par ce biais, mais pas uniquement, le rapport qu’entretien quotidiennement l’homme aux technologies et se construit sur des dispositifs de visible/invisible, lisible/illisible.
Souvent il en résulte un principe de lâcher prise : comme un hors champ, l’acceptation d’une zone d’ombre, d’un territoire caché ou inatteignable physiquement. La fonction & l’issue de ce principe est d’agir comme renoncement et de permettre l’investissement de la part du spectateur dans la construction du récit en cours.
• Comment vous est venue l’envie de travailler sur les technologies numériques ?
Les technologies se sont développées au même moment que ma pratique d’artiste et ma vie quotidienne a été changée par l’apparition de celles-ci. Pendant longtemps, je me suis servie de la technologie comme outil, ce qui rétrospectivement m’apparaît comme un état nécessaire, mais assez léger. Puis un jour un incident assez anecdotique m’a fait prendre conscience que je devais les interroger en tant que système : j’ai cassé un verre en faisant la vaisselle et spontanément j’ai pensé : « Ctrl+Z », le raccourci clavier qui permet de revenir en arrière… Cela a révélé à quel point l’ordinateur m’affectait, jusque dans ma mémoire réflexive. J’ai donc produit une vidéo, « Soumission », et depuis mon travail sonde principalement les notions de traduction, de décalage, d’interstices dans notre lien aux nouvelles technologies.
J’essaye sans cesse d’inventer de nouveaux modes de relations aux autres par le biais des technologies, que ce soit par l’utilisation, la création, le déplacement et la mise en place d’interfaces graphiques, physiques. Ce qui m’intéresse dans la technologie, c’est l’humain.
• Pourquoi portez-vous tant d’intérêt pour la relation quotidienne entre l’homme et la technologie ?
J’y vois deux raisons principales.
Travailler avec la technologie, c’est travailler avec un système de langage (la machine informatique reste cela) qui est intimement lié à l’écrit.
Cette relation homme/techno est constante, profonde et il serait naïf de ne pas constater que depuis la révolution industrielle, d’abord la technique, puis la technologie prolifère à chaque minute et à chaque endroit de notre vie et la modifie, ainsi que la représentation que l’on en a.
Puis il y a aussi l’échec, qui est une constituante & un point commun essentiel entre mon travail (je considère que chaque production n’est qu’une suite d’échecs) et les technologies.
Une machine est souvent un objet dysfonctionnel qui « bug », plante, ou ne marche pas comme on voudrait. Dans ces moments-là , on peut en saisir toute sa dimension poétique, humaine.
• Vous avez déjà effectué plusieurs résidences. Que représente la résidence dans votre travail ?
Une résidence va varier d’un contexte à l’autre. Chaque fois, c’est une rencontre différente, un moment où l’énergie peut être concentrée sur une seule chose. Ce qui est commun à toutes, c’est la possibilité précieuse d’avoir ce temps de travail et de recherche.
• Quel lien tentez-vous d’établir entre le texte et l’image ?
Quand on travaille sur internet, on s’aperçoit vite que le code informatique, le texte donc, est une partie constituante de la structure de l’image. À l’inverse, je vois l’image comme étant une partie constituante de la structure du texte. Une représentation immédiate captée par l’œil avant même que le cerveau n’applique un sens (et une image) au mot lui-même. Il est intéressant d’envisager ce moment comme dénué de toutes interprétations, de tout à priori, comme un moment ouvert à l’attention (C’est par exemple flagrant quand le texte est mis en mouvement, que ce soit par le biais de la vidéo, de l’animation, etc.).
Et puis, dans un deuxième temps, le langage est un moyen beaucoup plus direct de passer un message. D’après Weiner, le langage en art se rapporte au matériau, il est entièrement matériel, mais n’en possède pas la lourdeur. Sous sa forme textuelle, je trouve le langage aussi moins encombrant, plus proche de l’idée, avec cette ambiguïté d’être à la fois image et texte.
• On remarque votre implication au sein du collectif incident.net depuis 1998. Cette collaboration a-t-elle une « incidence » sur vos recherches personnelles ?
Oui, beaucoup. Un des points importants et spécifiques de l’art numérique – notamment du travail sur internet – est l’intelligence collective (qui me semblait alors absent du milieu de l’art contemporain). Cette découverte, je l’ai faite avec les membres du collectif incident.net.
• Vous avez réalisé une installation intitulée « Sweet Dream » en 2008/2009 qui a généré une production de dessins. Quelle relation établissez-vous entre les technologies numériques et le dessin ?
Aucune à priori. Mais ils cohabitent très bien : )
La spécificité de « Sweet Dream » est de se développer en deux endroits géographiques distincts – une galerie, un centre d’art ou autre lieu public et ma chambre chez moi – et sur un principe déceptif, puisque l’un de ces lieux n’est pas accessible et que l’on a aucune image ni retour de celui-ci. Ce qui me semble important c’est que ces dessins, en se rapprochant des codes des kakémonos traditionnels, ont ce même rôle d’être des objets projetant le spectateur dans un espace inatteignable mais qui porte à la réflexion.
• Vous débutez votre séjour aux Archives départementales de la Dordogne. Comment ressentez-vous les lieux ? Sur quelles pistes de travail pensez-vous vous diriger ?
C’est toujours passionnant et difficile de se retrouver catapulté, de découvrir un lieu avec son histoire, ses règles, ses enjeux. J’oscille toujours entre l’envie de ne pas déranger et celle de prendre le lieu à bras le corps et comme un terrain de jeux.
Les Archives Départementales sont un endroit ne renfermant presque que du texte, j’aimerais pouvoir révéler quelques images cachées derrière ces textes.
Avant d’éprouver le lieu, je me suis attachée à son nom : Les Archives.
Archives (archivés) est un mot lourd de sens, de significations, et j’ai eu comme souvent envie de prendre la tangente, de bifurquer, de lui « tordre le cou » et d’activer autre chose, quelque chose qui n’est pas immédiat ou évident, mais néanmoins présent en son sein. Je suis donc partie sur l’unique anagramme du mot « archives » qui est « chavirés ».
Il m’a semblé qu’il y a quelque chose de l’ordre du naufrage dans une telle entreprise. Comment les documents stockés et triés s’échouent-ils là  ? D’où viennent-ils ? Quelle est leur fonction, le mode de sélection, quels en sont les utilisateurs, etc.
Encore une fois, c’est le fait d’échouer, l’échec comme ouverture potentielle pour construire autre chose qui me vient à l’esprit.
• Qu’allez vous présenter au public lors de l’inauguration de votre résidence aux Archives Départementales de la Dordogne ?
C’est une sorte d’invitation au voyage dans mes archives de travail. Il s’agit de différents travaux déjà produits que je tente de connecter au double « archivés/chavirés », et qui vont se trouver revus ou étendus pour le lieu. Ces pièces formeront des entrées possibles vers mon univers.
C’est la première fois que je fais une exposition où presque toutes les pièces présentées sont déjà produites ; une partie de ce premier mois de résidence sera donc consacrée à les expérimenter dans le lieu (qui à première vue possède déjà un nombre étonnant de signes graphiques) et de les réactiver dans ce contexte et ces contraintes. Mais plutôt que de me cantonner à la salle d’exposition, territoire dédié et identifié comme tel, je préfère investir les lieux fréquentés par les utilisateurs : la salle de lecture, le hall, etc.
Je voudrais quand même tenter durant ce mois un nouveau projet, qui prendrait la forme d’une partie de bataille navale sur les murs de la salle de lecture, qui s’y prête parfaitement. Un projet évolutif sur une semaine, nommée « touchés/coulés », dont les traces seraient présentes visuellement pendant la durée de l’exposition.
Archivés, chavirés, échoués, fantômes
Je pourrais passer des journées entières dans le dictionnaire (c’est d’ailleurs ce que j’ai fait aujourd’hui !). Et j’en profite pour faire un lien avec l’une des conférences de Erin McKean (au TED) que j’aime particulièrement pour son enthousiasme…
Donc aujourd’hui, j’étais en quête de réponses. Des réponses sur le vocabulaire et par extensions les idées que je vais manier pour ma résidence et l’exposition aux archives.
Ce qui est parfait avec les dictionnaires, c’est que l’on se retrouve toujours avec des réponses dont on n’avait pas posé les questions…
…Quelques mots sur lesquels j’ai fait des recherches.
> Archives vient du grec arkahaia/arkhê (commencement, pouvoir). C’est assez étonnant pour un mot qui désigne à la fois l’ensemble des documents et le bâtiment où ils sont stockés, conservés, en fin de vie, prend sa source dans « commencement ».
> Chavirés est un mot provençal (cap virar) qui veut dire tourner la tête (en bas). Bien sur il y a le double sens que j’aime beaucoup : à la fois se retourner sur soi-même quand il s’agit d’un navire, mais aussi, pour une personne, être fortement émue par quelque chose…
J’ai aussi appris à cette occasion que les mots échouer et échec n’avaient pas la même racine, contrairement à ce que je pensais (échec viens du persan : le roi est mort).
Échouer (et s’échouer) a un sens beaucoup moins négatif qu’il n’y paraît, mais son origine est obscure : soit il vient de échoir (= être dévolu par le sors ou le hasard) et choir, avec pour résultat une certaine immobilité, soit il vient de « escoudre » (= secouer). Cette dichotomie me fait penser au sort des divers documents qui arrivent hasardeusement aux archives : à la fois conservés, immobiles, et sans arrêt déterrés, consultés.
Pendant ma visite aux archives, j’ai été impressionné de voir à quel point la définition du mot archives est large : il ne s’agit pas uniquement de papier. Toutes sortes d’objets entrent dans la catégorie « archives », j’y ai par exemple vu une quantité de plaques d’imprimerie plus passionnantes les unes que les autres.
On m’a aussi parlé du vocabulaire spécifique à ce domaine, et le mot qui m’a le plus marqué est le « fantôme », ce papier que l’on laisse en place d’un document qui est monté en salle de lecture… Les archives, un vaisseau fantôme ?
S’échouer
Me voici de retour de Périgueux, où j’ai passé la journée d’hier pour mettre en place le planning et l’organisation de ma résidence avec l’agence culturelle départementale. J’ai visité les archives, où je vais en partie travailler, et où se tiendra une première exposition en octobre (il y en aura une autre en juin 2010, à la fin du programme de résidence qui durera 3 mois. Sept.09/avril2010/juin2010).
La date de l’exposition aux archives départementale étant fixée, on m’a demandé de faire une proposition pour la semaine prochaine (!?). Elle a pour but de présenter mon travail, pas forcément produire de nouvelles pièces. Mais en voyant l’espace d’exposition, une salle immense – mur blanc, parquet – un white cube dédié, j’ai quand même décidé que ce serait surement mieux d’intervenir dans les espaces fonctionnels plutôt que d’exposer dans une salle à part… Et donc de produire quelque chose de nouveau en fonction du contexte.
J’ai listé ces endroits :
– L’entrée (une première entrée vide avec la machine à café squatté par les lycéens)
– Le hall d’entrée avec la réception, avec son panneau blanc (projection?)
– La salle de lecture (les écrans de veille des ordinateurs, les lampes?)
– Les escaliers
– Les sous-sols
– les bureaux de l’administration (mezzanine).
Le lieu des Archives est passionnant : pour le moment, parce que je ne l’ai pas pratiqué plus que ça, plus par l’activité humaine qu’il génère, les protocoles et les déplacements mis en place, sa masse, etc., que par les kilomètres d’informations qu’il renferme réellement.
J’ai aussi visité le lieu de résidence, une petite villa étrange et calme sur une colline de la ville, dont le chemin privé est bordé d’un panneau digne de romans policiers. Je le trouve pas mal d’ailleurs ce panneau, il me fait penser que beaucoup de gens vont aux archives pour creuser dans ce qui est enfoui, qu’ils réalisent des autopsies administratives en quelques sortes.
Chavirés
J’ai appris la semaine dernière que j’étais lauréate pour la « résidence de l’art en Dordogne » 2009-2010, aux Archives départementales de la Dordogne !
Je pars donc la semaine prochaine à Périgueux pour finaliser la convention qui me permettra, pendant 3 mois l’année prochaine, de travailler aux archives départementales pour produire une série de travaux, notamment sur le web (mais j’espère bien pouvoir ramifier et créer d’autres extensions via d’autres médiums).
J’aime bien ce temps d’a-préhension qui précède le départ d’un projet, où les choses vont assez lentement et où les idées sont encore ouvertes et floues, ce moment qui permet de fantasmer un projet, un lieu, un mode travail. Un temps assez subjectif aussi, où la réalité n’a pas encore appliquée son principe. Et donc aujourd’hui, j’ai déjà décidé d’une direction que prendrait le travail en lui donnant pour titre la seule anagramme du mot archives.
Me voila donc partie pour travailler sur le naufrage.
: )
YTMO
You Turn Me On, c’est le nom du projet sur lequel je réfléchis en ce moment, et pour lequel je suis en train de monter un dossier de subvention. Au delà du temps plus désagréable de la constitution d’un tel dossier, l’exercice à toujours l’avantage de synthétiser les idées, et donc de faire découvrir certaines connexions évidentes qui étaient restées inconscientes.
Le projet YTMO avait émergé comme la suite du projet Sweet Dream, dont j’essaye maintenant de m’éloigner le plus possible : j’ai envie d’être dans la variation de ce même thème (l’inscription d’un mode relationnel interfacé comme forme narrative) mais pas dans la répétition.
Je suis partie des mêmes éléments : dispositif on/off, traduction des impulsions électriques en conséquences visuelles, j’y ai ajouté l’importance du texte écrit à la limite de l’image et oscillant entre lisible et non lisible, qui traverse généralement mes propositions. Et dans cette optique, j’ai intégré les recherches liées à Organs.
Au départ, pour m’occuper les mains et m’amuser aussi, j’ai produit une petite lampe toute simple, jouant sur le double sens de la phrase « you turn me on » et ce qu’elle disait littéralement de mon rapport au spectateur. De là découle le projet…
Et puis dans ce cadre de recherche, je me suis naturellement penchée sur le livre « Visibleinvisible » , une monographie dédiée à Cerith Wyn Evans (J’avais découvert cet artiste lors de son exposition à l’ARC à Paris – que je suis retournée voir 4 fois ! – et qui depuis n’a cessé de me parler) et les passerelles qui existent me sont apparues comme évidentes. Bien sur il y a cette similarité du on/off et sa traduction, mais surtout des idées communes, que ces phrases tirées du livre résument bien :
« Over the recent years Cerith Wyn Evans has become an indispensable point of reference, and his sophisticated oeuvre – disposed to set up a relationships through evocations and concealments – has inspired many emergent artists. It’s an oeuvre unmistakably conceived in terms of its critical and historical links with the possibilities and vicissitudes of film and writing, from where it has taken the unusual relations between space, light, language and objects, and their seductiveness and indefiniteness.
However, while his work and installations turn to a wide range of genre, media and discourses, both highbrow and popular, they always encompass a cerain disdain for the commonplace, a certain opacity, and the experiene of his oeuvre usually implies acceptance of the impossibility of immediacy and coherence. »
(…)
With this adaptations, stagings and compositions embracing multiple references that usually favor presentations characterized by imperceptible folds and disjunctions, Evans never privileges a phenomenological reading of space or a literal use of material (such as bright neon lights, philosophical texts, mirrors, plants and fireworks) and their links, affinities and kinships, that often give rise to slight disturbances and disorders, suggest interruptions and intrusions that displace registers and perceptions. Nothing is as it seems : in this multiform and intertextual space, emphasis appears to fall between presences and absences. What seems inescapable and prevailing is the establishment of what the artist enunciates as an occasion, a scenario, a cipher against metaphors, « something standing in for something that doesn’t stand in for something else ». «
I scream
Je suis en train de monter la vidéo extraite du générateur « I Scream, You Scream, We all Scream for an ice Cream« …
Cette vidéo sera montrée ce mois ci à V.O.S.T. (Bruxelles) et durant l’exposition Code Source (Chaumont)
Quelques bugs…
En les regardant ce matin, je me suis dit que ça aurait pu être l’étape ultime du générateur (dont le but était de traduire typographiquement l’intensité dramatique des dialogues de la nuit des morts vivants), ou disons qu’on aurait pu envisager de modifier la typo BF15 pour qu’elle soit à la limite de la lisibilité pour les moments où tout part dans tous les sens…
In progress
En série
Depuis quelque temps, je poste moins d’articles sur ce blog. Ce n’est pas faute d’avoir envie… mais au delà du temps qui me manque, c’est surtout de la matière « en cours » dont je manque, car cet espace est d’abord dédié à cela, pas à un flot d’annonces qui m’ennuient. Alors quand je regarde mes derniers articles, je ne vois que des infos, des annonces…
Voila plusieurs mois que je suis submergée par un grand nombre de choses, et si ma production se trouve ralentie, j’ai quand même des projets en cours (il suffirait que je prenne le temps de faire des photos, ou encore des poster les choses ! : )
J’ai donc fouillé dans mes cartons.
Voici la série du mois dernier, engagée à la suite de la série « Organs », et que je vais reprendre cette semaine. Pour le moment j’ai 5 dessins, qui ne comportent qu’un mot (alone, nothing, whatever, bloodbank…).
Le tout dernier dessin que j’ai commencé comporte plusieurs mots (« Lick my fingers » – un morceau de phrase d’un des claviers modifiés produit pour l’exposition My Life is an Interactive Fiction à Duplex l’année dernière). J’aimerais bien comprendre pourquoi cette phrase est revenue pour ces dessins. Au départ, la phrase du clavier, « Lick my finger, suck my brain », parlait de mon rapport au clavier même. Comment via cette interface, je me faisais aspirer par l’ordinateur. Comment ma mémoire réflexive, celle de mes doigts, était possédés par la machine.
Je ne sais pas si cette phrase en dit long sur mon rapport au dessin…
Daniel & Meredith
Je me suis toujours demandée comment on était venu à classer les lettres dans l’ordre alphabétique. Quelles sont (s’il y en a) les règles de ce classement… ou tout cela s’est fait de façon totalement aléatoire, au fur et à mesure ?
Et puis je me suis toujours demandée si la personne qui avait classé les lettres avait consciemment mis le « M » juste à côté et avant le « N » ?
Aujourd’hui, après quelques (longs) jours à ne rien faire, j’ai regardé deux belles choses et je me suis remise au travail.
Sweet Dream (Toulouse-Toulouse) au BBB
Common singularity – My version of Å’dipus
Hier au ICI Berlin, la session de Kom.post a été consacrée a un langage commun au groupe. On nous a posé la question de la singularité et du commun dans le texte de Sénèque. J’ai pris cela pour excuse pour produire une petite maquette d’un visuel qui pourrait-être développé comme installation ou dans un dispositif scénique.
Pour le moment, cette maquette ne reprend qu’un passage (j’aimerais appliquer le processus à tout le texte) et utilise les lettres des mots « Common » et « Singularity »… Je ne suis pas sûre qu’ils soient les plus cohérents. Effectivement, ça pourrait être n’importe quels autres mots comme me l’a fait remarquer Ralph. (De même, si je garde ces deux mots, je pourrais les utiliser sous forme de montage spatial – 2 écrans, 1 pour chaque mot).
A suivre, je veux avoir fini cette expérimentation d’ici la semaine prochaine !
Œ, le e dans l’o, au ICI Berlin
Du 16 au 21 janvier, je suis à Berlin pour participer au projet Kom.post, une relecture d’Å’dipe de Sénèque, un projet mis en place par Camille Louis et Laurie Bellanca, à la galerie « Visite ma tente » et au ICI Berlin, et qui réunit une dizaine d’artistes européens et coréens.
Å’dipe, c’est d’abord pour moi, de manière très littérale, la perturbation d’un ordre naturel, la mise en danger d’une lignée.
J’ai déjà repris un passage pour une expérimentation typographique. Celui, assez beau et violent, dans lequel Manto lit des signes néfastes dans les entrailles d’une génisse sacrificielle. Et ces signes sont clairs : ceux d’organes malades, atrophiés, dysfonctionnels, à la mauvaise place (désORGANisés donc).
Aujourd’hui pendant la session de travail à ICI Berlin, on a évoqué les différentes interprétations de la raison pour laquelle Å’dipe se mutile les yeux. Et notamment pourquoi les yeux en particulier. Pour ma part, je suis arrivée à la conclusion, très fantasque (elle ne fonctionne qu’avec la langue française !) qu’avec ce message, il ne s’agit pas là d’une punition, mais plutôt un geste effectif qui résume, redit la conséquence de l’inceste : le risque de mutilation d’un ou plusieurs organes.
Alors pourquoi l’Å“il? Pourquoi pas un bras, la langue… Je crois en effet que ça aurait pu être un autre organe… Ma réponse est toute simple. Ce n’est pas une raison symbolique dans l’acte, c’est une raison symbolique dans le signe écrit : parce que l’Å“il comme Å“dipe partage la même première lettre. C’est donc une sorte d’index, un signe qui nomme cette action comme lui appartenant.
Un peu plus tard…
Quand je prends les mots qui utilisent le « Å“ », je ne peux que remarquer le nombre important de termes proches du corps, des organes ou de la naissance : fÅ“tus, Å“dème, cÅ“ur, Å“il, nÅ“ud, Å“uf, Å“sophage, Å“strogène…
Komposter Œdipe de Sénèque
Dans quelques jours, je pars à Berlin pour prendre part à l’aventure « Kompost », résidence autour d’une tentative de relecture d’Å’dipe mis en place par Camille Louis et Laurie Bellanca. Pour l’occasion, je revisite sous forme de vidéo un passage du texte avec la typo « Organs ».
J’ai dessinée cette typo suite à des échanges avec Jocelyn Cottencin. Nous nous sommes en effet aperçus que nous avions une production très similaire de dessins. La difficulté commune que nous avions avec ces dessins est celle d’un élément structurant. Je lui ai donc proposé de travailler autour d’une typo.
Pour ce projet sur Å“dipe, cela tombe sous le sens, vu le contenu…
Quelques écrans…
… et le texte en question :
« MANTO. – O mon père! Quel est ce phénomène?
Au lieu de palpiter doucement, comme d’ordinaire, elles bondissent violemment sous la main qui les touche, et un sang nouveau ruisselle par les veines. Le cÅ“ur blessé s’affaisse et reste enfoncé dans la poitrine; les veines sont livides, et une grande partie des fibres a disparu; le foie corrompu écume d’un fiel noir; et (ce qui est un présage toujours fatal aux monarchies) il présente deux têtes pareilles. Une membrane légère, et qui ne peut cacher longtemps les secrets qu’elle nous dérobe encore, enveloppe ces deux tètes. La partie hostile des entrailles se gonfle avec violence, et les sept veines sont tendues. Une ligne oblique les coupe toutes par derrière et les empêche de se rejoindre. L’ordre naturel est troublé; rien n’est à sa place, tout est interverti. Le poumon, plein de sang, au lieu de l’air qui devrait le remplir, n’est point à droite; le cÅ“ur n’est point à gauche; la membrane des intestins ne les enveloppe point d’un tissu moelleux. Dans la génisse, la nature est renversée; toutes les lois sont violées. Tâchons de savoir d’où vient ce gonflement extraordinaire des entrailles. O prodige épouvantable! La génisse a conçu, et le fruit qu’elle porte n’est point à sa place. Il remue ses membres en gémissant, et ses articulations débiles cherchent à s’affranchir. Un sang livide a noirci les fibres. La victime horriblement mutilée fait effort pour marcher. Ce fantôme se dresse pour frapper de ses cornes les ministres sacrés. Les entrailles s’échappent de leurs mains. Cette voix que vous entendez, ô mon père, n’est point la forte voix des bêtes mugissantes, ni le cri des troupeaux effrayés: c’est la flamme qui gronde sur l’autel, c’est le brasier qui pétille.«
Extrait
La semaine dernière, j’ai pris part à une conversation sur le site de Karine Lebrun « Tchatchhh ». Cette conversation est pour le moment en suspens et va bientôt reprendre… Au début de la conversation, je me suis posée la question du cheminement. En ce moment, je n’ai pas le temps de cheminer… tout va trop vite, alors j’ai relu ce texte, pour me rappeler d’où je pars.
Je l’ai copié ici, tel qu’il se présente sur Tchatchhh :
Je ne connaissais pas les luddites (et encore moins cette utilisation du mot appliquée aux nouvelles technologies !). Ça a pas mal raisonné en moi. En puis, en lisant ton billet, je me suis aussi posée la question de cette conversation avec toi… communication ou pas?
Je me suis dit que peut-être je pourrais la définir comme un passage à travers ton espace. Une traboule donc (« passer au travers », c’est le sens premier de ce mot), et j’y ai pensé immédiatement quand tu m’as parlé des luddites, car entre Luddites et Canuts, il n’y a pas loin…
Les traboules, ces passages utilisés par les canuts – les ouvriers soyeux de la Croix-rousse à Lyon – ont longtemps accompagné mon imaginaire.
Pendant mon enfance, c’était un réseau obscur de galeries, parfois peu sûres et labyrinthiques, que je connaissais mal et où je redoutais de me perdre… La plus connue d’entre elle, dans un sale état, portait le nom de « Vorace », que pour une étrange raison j’assimilais à du cannibalisme, et que j’évitais soigneusement d’emprunter… : ) Je crois que les traboules ont façonné mon imaginaire, jusque dans ma pratique artistique. Par exemple, j’y associe cette pratique quasi-systématique que j’ai dans mes projets de prendre la tangente, d’utiliser les chemins de traverses, par rapport à un lieu, une situation…
Plus tard, j’ai habité dans l’une d’entre elle, entre la Montée des Carmélites et la rue Pierre-Blanc. Dans un appartement qui fût comme tous les logements du quartier, un ancien atelier de tissage, avec des pièces lumineuses et froides, à cause de leurs dimensions cubiques de 4m x 4m x 4m, spécifiques à la taille des métiers à tisser. Et d’immenses fenêtres qui font que l’on a toujours l’impression d’être dehors.
Ce qui m’est resté de cette pratique quotidienne de la traboule, c’est le fait de me loger à l’intérieur même d’un passage, c’est à dire être immobile dans un espace dédié à une mobilité. Observer. Se tenir dans un point de connexion entre un monde privé et public.
Et puis il y avait cette étroitesse et la sensation paradoxale de clandestinité et de sureté que l’on y ressent souvent…
Plus tard encore, étudiante aux Beaux-arts de Lyon, j’ai lu Michel de Certeau, et « L’invention du quotidien », dont le Tome II a pour projet d’étudier les changements et modes de résistances quotidiennes adoptées face à la société de consommation au travers l’étude de la « pratique d’un quartier », celui se situant immédiatement autour de la rue Pierre-Blanc.
Encore une fois, c’est à travers ces lieux que j’ai adopté une manière de cheminer (dans la narration notamment, dans l’articulation de projets artistiques, dans mes relations aux gens), et aussi que j’ai bâti une pratique de la ville qui est plus de l’ordre de l’usage que de la consommation.
…Je ne sais si tu es originaire de Paris, s’il y a certains lieux qui t’ont, dans leur pratique, constitués, quel nom donnerais-tu donc à notre conversation, et serait-il en rapport avec un lieu (ou un non-lieu) connu?
Enfin, encore une fois, tout un cheminement pour dire, qu’ensemble, nous traboulons.
I scream
Avant hier, Jocelyn et moi avons travaillé à un nouveau projet qui porte le nom de « I scream », une abréviation du titre « I scream, you scream, we all scream for an ice-cream » (un titre qui, bien sûr, entre en résonance avec les titres longs).
Le projet est une relecture du film « The Night of the Living Dead » et est créé pour une soirée de projection qui aura lieu à l’ancienne base des sous-marins à Lorient en décembre.
« I scream You scream we all scream for an ice-cream » est un film d’horreur sans image, sans hémoglobine, sans tête qui tombe, un générateur de textes qui explore un genre cinématographique (le film d’horreur) et en souligne ses clichés, ses répétitions et ses schémas.
Les images propres au film d’horreur, très souvent surcodées, y sont délaissées au profit d’un type d’images différent : la typographie, dont la fonction est similaire à savoir celle de désigner un style et permettre la lecture d’une histoire.
En associant texte et musique (résultat du mixage de la BO du film « The Night of the Living Dead »), le flux du générateur nous entraîne au cœur d’intrigues gores et inquiétantes, en jouant avec le second degré nécessaire à la lecture de ces dialogues refroidissants.
Les principales questions abordées lors de cette séance de travail ont été celles de la nécessité de l’aléatoire dans une telle entreprise, et ce que la génération apportait de plus qu’une simple traduction linéaire, visuelle et typographique du film.
Pour ma part, je reste persuadée qu’un générateur constitué d’après un texte-matrice aide à une relecture « éclairée » de celui-ci. Il en souligne la grammaire, les répétitions, la ponctuation, les schémas. Ce n’est pas simplement un non-choix narratif laissé à l’ordinateur, mais bien un décodeur, un traducteur de la structure du texte.
Pour moi, le travail consiste en un va-et-vient entre lecture du texte matrice, lecture du texte généré, rédaction et retouche du scénario. Par exemple définir le nombre de mots par ligne, le nombre de lignes par écran, la taille typographie, la cadence et le mode d’apparition et disparition du texte. C’est à ce niveau-là que se trouve l’essentiel du travail de mise en image par la typographie (d’autant plus quand on utilise une typographie comme la BF15 dont l’impact visuel est important).
Pour finir, l’article « Quand les zombies lisent Guy Debord », de Bruno ICHER, publié sur le site de Libération lors de la sortie du nouveau film de Romero.
« Le pessimisme est sans aucun doute la principale qualité de George A. Romero. C’est grâce à cette misanthropie sans faille que, depuis 1968 et sa fondatrice Nuit des morts vivants, il revient régulièrement nous dire que le monde est un cadavre en putréfaction qui bouge encore. Trois ans après le post-apocalyptique et très réussi Land of the Dead, dans lequel les zombies s’organisaient en société toujours aussi vorace mais intelligente, Romero a donc décidé un retour aux origines, quand le monde n’était pas encore parsemé de créatures de l’enfer. Il a aussi retrouvé l’ambiance fauchée de ses débuts, probablement bien aidé par les studios qui lui ont accordé un budget famélique. Le costaud américain a en tout cas fait de nécessité vertu en livrant un nouvel opus dont l’esprit, mais pas la réalisation, ressemble comme un petit frère à son Å“uvre originale.
L’affaire est ici concentrée dans l’intimité fébrile d’un groupe d’étudiants en cinéma qui tournent un naveton de fin d’études en pleine forêt. Ils commencent à peine à s’engueuler à propos d’une mauvaise prise que les infos télé font état de cas étranges de résurrections aboutissant à des actes de cannibalisme. Jusque-là tout va bien, on sait où on est. Mais la cible de Romero est cette fois ailleurs. Son dégoût vise l’image. Celle avec laquelle il s’amuse depuis quarante ans et qui, depuis, est passée dans les mains du reste du monde. Ces milliards d’images qui nous encerclent et nous tombent dessus à haut débit, comme ces cadavres mal foutus dont il est impossible de se débarrasser. Le film brocarde le déferlement ininterrompu d’informations et l’hystérie collective avec laquelle l’humanité balance sur le Net le moindre film capté au téléphone portable.
Si Romero a une tendance à un léger radotage, recyclant parfois les idées de ses précédents films, il a encore de la ressource. Une scène clouante d’enfant qui veut dévorer sa sÅ“ur, l’hallucinant tableau des poissons rouges humains ou la brillante métaphore finale laissent penser de Romero qu’à l’instar de ses créatures, il faudra sans doute lui tirer dans la tête pour qu’il arrête. »
Décalage définitif
Je suis enfin arrivée à la version finale de Décalage horaire… Il faut encore que l’image passe le test de l’impression grand format, avant d’autres corrections !
J’ai finalement enlevé le fond, à regret… mais il aplatissait vraiment trop l’image (en plus il me faisait l’effet d’un motif religieux, du type de ceux peints les églises romanes, ou dans les mosquées… j’aime, mais pas vraiment à voir avec mon sujet du moment), et le texte se retrouvait vraiment absorbé par ce qu’il y avait en dessous.
Je trouve qu’il ne ressort encore pas assez, mais là encore je vais attendre l’impression pour me prononcer. Je vais essayer de faire ça cette semaine.
In (real) progress…
Après la discussion d’hier avec Jocelyn, j’ai pas mal avancé dans la production du titre de « Décalage horaire ». J’ai effectivement essayé de rendre les choses moins statiques, de moins coller à la typo d’origine.
En regardant ce que j’ai fait aujourd’hui, c’est déjà plus dynamique. Je regarde ces petites formes qui se découpent et elles me rappellent beaucoup les blocs de glace et petits icebergs qui tourbillonnaient sur le St. Laurent et dont j’avais fait une vidéo. Un retour à la source donc.
Test_décalage
J’ai enfin abordé la question du texte pour le dessin « Décalage horaire ». Contrairement à « Retour/détour », où j’avais utilisé ma typo de toujours, l’akzidentz Grotesk (un peu par manque de temps et de désire de me confronter à cet aspect de l’image). J’ai eu envie cette fois d’investir ce territoire, avec le même vocabulaire que pour le dessin lui-même. Il s’agit donc plus d’une cartographie d’un territoire neutre, blanc, défini par le motif qui en définit les contours.
En voici donc le résultat en cours… Je n’ai pas encore testé la superposition (ou plutôt l’apposition) du texte et de l’image… Il m’a fallu une journée entière pour faire cette expérimentation… La suite demain.
Décalage horaire
Je continue sur les dessins « compagnons » pour « Sweet Dream »… et je suis encore très loin du compte. Mais poster les images que je suis en train de faire me permet souvent de prendre de la distance, et j’espère que la « magie » opérera quand j’ouvrirai mon blog demain matin ; )
J’ai systématisé l’utilisation du motif du déplié de mon iceberg et ça ressemble de plus en plus aux tests désuets de Rorschach ou à un kaléidoscope…
Comme une chose ne vient jamais seule, j’ai vu ces deux dernières semaines deux films qui m’ont beaucoup plus et qui utilisent ce type d’images. Le premier de Jean-Gabriel Periot (Under Twilight), le deuxième de Michel François (Hallu).
Ce que je retiens, c’est que l’utilisation de ces images très esthétisantes, et surtout le principe de superposition et multiplication d’un motif au sein d’une même image, semblent conduire vers l’idée de manipulation. A vrai dire, je n’arrive pas à savoir si ce sont réellement les images qui conduisent à ça, ou bien si c’est l’utilisation inquiétante qu’en font les vidéastes.
Kakemono – suite à retour / détour
En revenant du Japon, l’année dernière, j’ai commencé un travail autour du kakemono… Par manque de temps, je l’ai mis de côté rapidement, puis je m’y suis à nouveau intéressée quand j’ai commencé à mettre en place l’installation « Sweet Dream (Paris-Toulouse) ». Je voulais produire une série d’images puis sélectionner et suspendre l’une d’entre elle près de l’installation. L’image sélectionnée est dépendante du lieu où est montrée la pièce.
Au delà de ce parallèle à la « chose suspendue », plusieurs choses me plaisaient dans les codes et fonctions du kakemono traditionnel. Entre autres : pouvoir les interchanger selon les saisons, l’idée d’accompagnement (le kakémono va par exemple accompagner un arrangement floral), l’une de ses fonctions qui est d’aider à composer l’atmosphère spirituelle de la pièce où il est placé.
Après l’exposition à Duplex, Olivier m’a demandé si il pouvait voir les quelques tests que j’avais commencé… pour les présenter au salon du dessin contemporain. Je les ai postés ici, ne sachant que trop en penser. Au delà du fait qu’ils sont loin d’être finis (la composition ne me plaît pour le moment pas), je les trouve déjà très décoratifs et je ne sais pas si c’est une bonne chose. Par contre je suis fixée sur la phrase (issue de mon statut Facebook – cette grande machine à fiction – , référence aux deux fuseaux horaires qui m’ont « suivis » récemment) et le motif (le déplié de l’iceberg pour « Dérives »).
Br(ill)iant Summer Camp
Me voici en transit à Paris, entre Briant et Québec. J’en profite pour poster quelques photos des participants du Summer camp. Je tiens à les remercier tous, sans eux l’aventure aurait été impossible ou au mieux bien monotone.
Votre participation a été tellement formidable, agréable et enrichissante !
Dans l’odre d’apparition : Raphaël Gendrin, Karl-Otto von Oertzen, Alexis Chazard, Maja Drzewinska, Mathilde Guillemarre, Claire Laporte, David Bruto & Hanaé, Olivier, Odile & Patrick Landry, Anna « Jack » Hervé, Charles Scott, Maël & Marie de Quatrebarbes, Anne Gendrin.
(Et aussi un grand merci à Denise Gendrin, « Mamine », qui nous a prêté sa maison pendant ces deux mois de travaux).
Et puis quelques photos de la maison…
> La suite de la rénovation fin octobre.