& fin

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Fin de la construction de la maquette, ce temps aura été un mix entre Ed Wood, Merzbau, Gondry et Hirschhorn…
La maquette a été emballée, et je pars aux aurores à Rennes.
La suite : reconstruction, au Domaine de Tizé puis dérive à l’aube, vendredi, sur la Vilaine. Pour moi la performance a commencé il y a 6 jours, avec la construction de l’iceberg. Demain et après demain n’en sont que la continuité… Mais la mise à l’eau sera une étape importante : je me jette à l’eau, jusqu’où ce projet aura-t-il dérivé ?

On Oz

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J’ai regardé hier soir à nouveau Le magicien d’Oz. Ma première réflexion est : comme film est proche d’Alice ! Notamment dans la chute, le moment qui permet la transition entre Wonderland/Oz.
Justement, la chute est ce qui m’a particulièrement intéressée. Dans ce passage du film, Dorothy fuit l’ouragan, et, assommée par une fenêtre qui s’envole, tombe en Oz, si je peux dire.
Tout tourbillonne autour d’elle et lorsqu’elle se réveille, elle se lève et regarde par la fenêtre : elle se trouve très clairement devant un écran de cinéma. Elle est spectatrice, et la métaphore qui va se développer tout au long du fil devient très claire : Oz, c’est la magie du cinéma, le film, la fiction où l’on voit la réalité déformée (un peu comme Alice à nouveau). Où l’on voit clairement les gens que l’on connaît dans la réalité (des archétypes) sous des traits déguisés : une sorte de révélateur donc.
Pour sceller les choses, Dorothy, une fois sortie de la maison, ayant jeté un coup d’œil émerveillé autour d’elle, dit : « Toto, I have the feeling we’re not in Kansas anymore », qui se traduit directement par le constat : Toto, nous ne sommes plus dans la réalité.

La magie du cinéma (et par extension celle de la fiction en général), comme nous l’explique Le magicien d’Oz, c’est de nous transporter dans une narration où les personnes peuvent être ce qu’elles ne sont pas ou obtenir ce qu’elles n’ont pas (par exemple, pour le lion être courageux, pour l’homme en fer avoir un cœur, etc). C’est une vision très classique du cinéma, mais je pense que cela va un peu plus loin : ce monde nous permet d’aller chercher ce que l’on n’est pas, mais il nous donne surtout un accès à nos fantasmes et à ceux des autres, et ainsi il permet de codifier, réguler (comme le dit si bien Zizek) notre réalité.
Alors, pour en revenir à internet, autre espace que j’investis par la fiction, je me demande donc si, et comment il régule notre réalité. C’est une question que je ne me suis jamais posée précisément…
Comment la fiction et la narration sur internet, avec ces protocoles spécifiques, peut-elle me donner accès à mes fantasmes, et m’aider à faire percevoir la réalité, la réguler, voir la transformer.

Une autre chose aussi qui m’est apparue claire dans le magicien d’Oz : la volonté du film de démystifier le cinéaste… A la fin du film, le puissant magicien (= le cinéaste, donc) qui règne sur Oz est dévoilé et se trouve n’être qu’un homme ordinaire. Cet homme a les mêmes traits que le saltimbanque du début du film, celui – et ce n’est pas anodin – qui fait semblant de lire dans une boule de cristal.
Cet homme ordinaire, comme le saltimbanque, a à sa disposition un outil qui est : l’illusion engendrée par des mécaniques (la fumée, les bruitages, la projection d’images, etc.).
La fin du magicien d’Oz est ambivalente : elle fait paraître une réalité étriquée (« there is nothing like home »), mais elle assure que la fonction du cinéma, grâce à la narration et ses personnages, a été remplie : « they sent me home ».

Iceberg – 4ème & avant dernier jour (dernière nuit)

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Quelques photos de la maquette presque finie, j’y ai passé la journée et une bonne partie de la nuit. Selon mes calculs, elle devait faire 1m75 de haut… et sa hauteur dépasse finalement les 2m, je ne sais pas comment c’est possible.
Ça devient difficile de circuler ! Lorsque je travaille à mon bureau, l’iceberg est collé contre ma chaise, et j’ai l’impression d’avoir quelqu’un qui regarde constamment par-dessus mon épaule…
Demain, je me remets à travailler (aussi) sur le projet pour le 104 et sur l’expo pour Duplex ; )

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Iceberg@home

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3ème jour de construction.
Quelques petits problèmes de place à ce stade, je tourne littéralement autour pour travailler, et ça me ralentit légèrement.
Je me pose la question du transport : je vais donc le démonter et j’ai peur que le démontage n’abîme quelque peu les angles… En revanche, j’ai hâte de prendre le TGV avec des paquets de polystyrène fragiles. Si je pouvais documenter le voyage, je le ferai. À voir.
Pour ce qui est de la couverture en polystyrène, je ne suis pas trop sure de vouloir en faire une, par contre, à voir le résultat des tests, les arêtes seront transparentes.
Vu l’avancement, la performance se fera bien la semaine prochaine : départ jeudi pour la reconstruction à Tizé, puis performance vendredi à l’aube.

Détruire dit-elle

J’adore les titres. Ceux des livres, ceux des chansons, ceux des films, ceux des œuvres d’art.

Il y a les titres aux noms abrégés, que j’aime particulièrement : Le ravissement de Lol V. Stein, W ou le souvenir d’enfance. Et il y a ceux avec une temporalité d’années ou de saison, ceux avec des espaces, des lieux, ou les deux : 1984, 10 heures et demi du soir en été, Printemps, Wuthering Heights, Amrita, SolarisL’année dernière à Marienbad.
Il y a les titres d’une longueur extrême, et ceux difficile à retenir, gratifiant même pour la mémoire : The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, And then Nothing Turned Itself Inside out, A Confederacy of Dunces, In Cold Blood: a True Account of a Multiple Murder and Its Consequences, Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, What Happens in Halifax Stays in Halifax, And if I don’t meet you no more in this world Then I’ll meet you in the next one And don’t be late, don’t be late

Il y a les titres qui donnent les indications, et ceux qui sont opaques, qui gardent le mystère, ceux qui évoquent en un instant toute l’aventure de la lecture faite : La douleur, Ask the Dust, After Dolores, Fin de partie, Suspensions of Perception, Étant donné, Sa majesté des mouches.

Il y a ceux qui me font aimer les livres que je n’ai pas aimés (l’Aleph), et aimer encore plus ceux que j’avais aimés (L’invention de Morel).

Marguerite Duras surpasse tous les autres, avec Son nom de Venise dans Calcutta désert, et Détruire dit-elle.
Deux titres qui dirigent vers un ailleurs qui ne peut pas être formulé, un ailleurs sans personne, sans images en quelques sortes. Même Renais avec Je t’aime, je t’aime (un seul je t’aime aurait été tellement plat, la redondance me projettent directement dans le principe de boucle du film et à l’intérieur de la scène de la plage…).

J’aime les sans titres, j’aime les sans titres avec titres ou avec dates. J’aime les sans titres avec sous-titres, ou avec parenthèses explicatives.
J’aime le titre Date Painting.
J’aime aussi donner des titres à mes projets, à la fois parce que cela coïncide avec la fin ou la naissance assumée d’un projet, et aussi car c’est un moyen de désigner, de marquer : My Life is an Interactive Fiction, Sweet Dream (Paris-Toulouse), Chambre-horaire. Autour de moi, les gens semblent partager ce plaisir des mots qui marquent, cachent ou révèlent : N’aître (Grégory), Rom.mor (Reynald), My Mind is a Primary Forest (Jocelyn), Plakatieren verboten (Joelle), NoGo Voyages (Stephane & Gwenola)…

Bien sûr, le moment où je donne un titre à un billet sur mon blog est toujours un exercice plaisant. J’aime aussi le mot titre, parce que dans mon dictionnaire il est coincé entre les mots titiller et tituber.

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« What Happens in Halifax Stays in Halifax » (Mario García Torres, d’après Robert Barry)

Maquette – jour 2

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2H du matin. Le haut de l’iceberg enfin terminé. Je commence à comprendre la manière de fonctionner pour le construire…

Cette maquette pourrait peut-être servir de base pour le modèle final (je pourrais par exemple recouvrir chaque facette avec un matériau fin mais rigide, d’une même couleur, ce qui lui donnerait un aspect plus lisse, et plus synthétique).

À suivre, demain après-midi, j’attaque le 2ème étage.

« Oz », un projet pour la revue du 104 d’Aubervilliers

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Sur l’invitation de Camille Louis, rédactrice de la revue du 104, je fais des recherches pour produire un projet spécifiquement pour internet, pour le premier numéro de la revue, qui focalise sur Aby Warburg, et l’ouverture de sa recherche.

Le champ d’action et d’exploration de mon projet prendra, dans la lignée de cette transversalité, la forme d’une extension. Celle du projet interactif « Sweet Dream (Toulouse-Paris) » que je suis en train de développer pour mon exposition à Duplex « My Life is an Interactive Fiction » (qui aura lieu en Mai à Toulouse & Paris), et dont voici le résumé :

« Toulouse. Sur un des murs de la galerie Duplex, se trouvent les deux petites touches noires aux textes blancs “Sleep” et “Wake up”, d’un clavier classique d’ordinateur. Ces deux touches, à hauteur de la main, sortent du mur, et l’on peut appuyer dessus. C’est tout. Enfin, c’est tout à Toulouse, car ces deux touches sont reliées à ma lampe de chevet, à Paris. Ainsi, pendant toute la durée de l’exposition, soit 1 mois, les visiteurs auront tout loisir de contrôler l’allumage et l’arrêt de ma lampe, de jour comme de nuit. »

Ce projet interactif interroge deux espaces concrets comme éléments narratifs – un espace public : la galerie Duplex, et un espace privé : ma chambre – et par là même, deux espaces symboliques liés :
la réalité et la fiction.

Dans ce projet, je retourne la conception classique et romantique d’un dialogue entre un artiste et un public, qui voudrait que l’artiste « touche » son public lorsque celui-ci voit/expérimente son œuvre. Ici, en effet, le projet, de manière assez radicale, ne donne jamais accès à l’un et à l’autre simultanément : pour le visiteur n’y a pas d’image retour, « compte-rendu » de ce qui se passe dans la chambre au moment où il appuie sur l’un des boutons, et l’habitant de l’appartement, l’artiste, n’a pas non plus accès à l’autre côté : il subit les conséquences des gestes de l’utilisateur, et ne peut ni voir, ni prévoir à quel moment son espace va être envahi…

Pour le visiteur, l’utilisateur, ce principe est bien sur déceptif (une référence au « principe de réalité » en psychologie) puisqu’il se trouve devant un vide.
Ce vide, laissé entre le bouton et la lampe, entre le visiteur et l’artiste : c’est internet (c’est en effet par ce biais que la commande de l’allumage et l’arrêt de la lampe se fait). Pour le projet de la revue du 104, j’aimerais – non pas rendre visible ce vide, cet interstice – mais l’affecter.
Et comme point de départ, il est intéressant de noter que le mot « affecter », tire sa racine du mot latin « affectare », soit « rechercher », « poursuivre ». Il s’agit donc de poursuivre et rechercher les histoires potentielles qui relient ces deux espaces…

Une note sur le titre…
OZ, le titre donné au projet, vient de ON (une référence au projet Still On), mot constitué de ces mêmes lettres qui, lorsqu’elles ont subies une rotation à -90°, nous transportent dans un autre univers.

Avec ce fonctionnement, je ne suis pas très loin d’Alice (dont j’avais déjà exploré l’univers déformé). Mais c’est bien sûr aussi un rappel du magicien d’Oz, et le rapport particulier que ce film entretient avec la question de la fiction.
Au delà des diverses interprétations historiques, le magicien d’Oz est l’histoire d’une découverte paradoxale : celle que l’illusion, la croyance est nécessaire à la fiction (pour que le spectateur « embrasse » l’histoire, il faut qu’il y croit, qu’elle lui apparaisse comme étant réelle – il n’y a rien de pire par exemple que de regarder un film et d’en « sortir » – signe que l’illusion ne fonctionne pas), mais que le pouvoir émotionnel de cet espace fictionnel réside dans la démystification même de cette illusion.
Pour que je sois affectée par un film, il faut à la fois que je sois dans le film, tout en sachant qu’il n’est pas la réalité.

Tampa Landscape

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Je suis à Tampa, en Floride, depuis une semaine. Une longue succession de routes, de supermarchés, de starbucks, de voitures et de poteaux électriques.
C’est donc le paysage artistique qui retient mon attention ici. Par le biais de l’université, j’ai rencontré un tas de gens intéressants. Parmi eux, entre autre, Julie Weitz, Robert Lawrence, Anat Pollack, Cameron Gainer, Allan W. Moore, Gregory Perkins …
Le programme des cours dispensés a été assez chargé et intense : un cours de débutants en médias électroniques, un cours de Master en e-médias, un cours de Master en photos, des suivis de projets avec des étudiants de Master, une conférence et une discussion sur les collectifs artistiques pendant un cours d’histoire de l’art contemporain, cours pendant lequel j’ai retrouvé une vieille connaissance : Scott Rigby !

Total success


Hier, Alexis Chazard était ici, en transit entre Valence et Bruxelles, pour travailler sur la production du projet « Sweet Dream (Toulouse-Paris) ».
Ça a été une séance de travail particulièrement intéressante pour moi, j’y ai appris pleins de choses.
On a d’abord procédé à divers petits tests sur l’interface Arduino, d’après le tutorial accessible sur le site internet des Beaux-Arts d’Aix. Tutorial clair et très bien conçu.
Puis nous avons relié l’interface Arduino à un relais 220v que nous avons patché à l’interrupteur de ma lampe de chevet (qui je crois, ne survivra pas à ce projet…).
Enfin Alexis a fini le patch Max/Msp qui récupère les informations on/off envoyées par internet, et vers 3h du matin environ, il y a eu ce moment magique où le projet une fois fini, il a fallu le tester pour savoir s’il marchait réellement.
Nous nous attendions tous les deux je crois à ce que ça ne marche pas du premier coup, qu’il y ait de petits ajustements à faire…. Mais non. Du premier coup, Alexis a pu contrôler depuis son ordinateur si la lampe était éteinte ou allumée ! Ce qui veut dire que cela est maintenant possible de partout dans le monde, à condition d’avoir le patch sur son ordinateur.
La magie résidait surtout dans le fait de voir fonctionner le projet, dans cette action d’allumer la lampe par le biais d’internet, et cela malgré la littéralité désarmante du projet même. Qu’y a-t-il de plus littéral et anodin que d’appuyer sur un bouton pour allumer ou éteindre une lampe ?
Pour moi, faire l’expérience de ce projet, c’est faire l’expérience d’un vide, d’un interstice, de l’investir : ce vide c’est internet comme moyen de communication entre 2 machines, comme espace réel (un réseau de câbles, machines, serveurs, etc.). Sweet Dream !

Artiste invitée & enseignement à l’USF (University of South Florida) – USA

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Je pars vendredi pour 10 jours, pour une conférence sur mon travail, pour enseigner et mettre en place des échanges avec l’Université de Floride du Sud, à Tampa, Floride.

I am leaving Friday for Tampa – Florida, for 10 days, where I am going to be presenting my work, teaching and setting up exchanges in collaboration with Julie Weitz..

My Life is a Interactive Fiction – Texte de présentation de l’expo

« My Life is an Interactive Fiction » est une exposition dont la construction repose sur le principe de « lâcher prise » : l’acceptation d’une zone d’ombre, d’un hors champ, d’un espace caché ou inatteignable physiquement.
Les différentes pièces présentées constituent une trame visuelle, médiatique et conceptuelle à plusieurs entrées et offrent aux spectateurs la possibilité d’explorer des extensions de la réalité dans différents territoires : physiques, virtuels, fictionnels.

Cette exposition ne se présente pourtant jamais comme une errance ou un flottement, et il n’y a aucun doute sur la fonction et l’issue du « lâcher prise », qui agit comme renoncement et fonde l’établissement d’un mode relationnel entre le spectateur et l’artiste.
Si l’exploration des différents territoires repose à première vue sur un procédé déceptif – puisque pauvre, minimal et reposant sur l’absence de retour – elle permet en revanche l’affectation, l’investissement de la part du spectateur dans la construction du récit, et de l’exposition elle-même.

Still On / Nature morte à l’électricité

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Je dois produire ce W-E un texte et une explication pour le montage de mon expo à la galerie Duplex. Je me pose donc concrètement la question : quelles pièces montrer et comment. Une de celle qui me pose le plus question est « Still On ». Je veux la montrer, pas de questions là-dessus, mais je me demande quelle(s) partie(s) de ce projet exposer, et lesquelles laisser. Ai-je besoin de tout montrer ? Quelle relation va-t-il entretenir, ou vais-je établir, avec l’installation principale (Sweet Dream, Toulouse-Paris) ?

À ce jour, Still On est composé plusieurs pièces :
– L’appli en ligne, qui donne la date du jour
– 3 impressions sur canevas (Still On – le titre, 1 Janv. 1970 – un bug lors de la programmation, et 5 nov. 2006 – Date du début de projet, et de mes 33 ans)
– Divers images/papiers issus de la recherche de modèles de rédaction de testaments en ligne.

Ma première idée était d’installer les 3 impressions, et sur un quatrième canevas à fond blanc, de projeter l’application. Mais je trouve cela redondant.
Je me suis ensuite dit que je ne montrerais que l’appli, sur un écran, le reste tant presque superficiel : l’appli se suffit à elle-même.
Aujourd’hui, je trouve cela dommage de laisser de côté l’impression qui comporte le titre.
Surtout à cause du « On » qu’il comporte. Parce que ce « On » permet une liaison avec  » Sweet Dream (Toulouse- Paris) », ou le on/off constitue le principe de fonctionnement. Le « Still On » serait comme une image subliminale, un indice laissé au spectateur. Et si on est un peu binaire comme spectateur (c’est mon cas ; ), on peut aussi se demander où est le off…

J’aime aussi le mot « Still », qui fait référence à la nature morte (Still Life) en anglais… Cette nature morte, c’est celle, visuellement très classique, qui se produit à Paris dans ma chambre lorsque ma lampe de chevet est allumée, dès qu’un visiteur appuie sur le bouton Wake Up à Toulouse… J’aime beaucoup l’idée paradoxale qu’une action (celle d’appuyer sur un bouton) donne lieu, à la création concrète et immédiate d’une nature morte.

Le révélateur du titre

Voilà que depuis quelque temps, j’avais envie de revoir « The Pervert Guide to Cinema » qui passait il y a quelques années sur Channel 4. J’ai finalement regardé le premier, à nouveau, hier. Et je sais maintenant pourquoi cette envie coïncidait avec les questions relatives à mes travaux récents.
Le lien se résume notamment dans cette phrase de Zizek à propos de « Matrix », qui ouvre le tout premier épisode :

« But the choice between the blue and the red pill is not a choice between illusion and reality. Of course Matrix is a machine for fiction, but these are fictions which already structure our reality. If you take away from our reality the symbolic fictions that regulate it, you loose reality itself…
I want a 3rd pill.
So what is the 3rd pill? Definitely not some kind of transcendental pill which enable a fake fast-food religious experience, but a pill that would enable me to perceive, not the reality behind the illusion but the reality in illusion itself.
If something gets too traumatic, too violent, even too filled with enjoyment, it shatters the coordinate of our reality, we have to fictionalized it. »

Et plus loin, en introduction de l’analyse de « The birds » :

« It is not enough to say that the birds are part of the natural set up of reality. It is rather as if a foreign dimension intrudes, that literally tears apart reality
We humans are not naturally born into reality. In order for us to act as normal people who interact with other people who live in the space of social reality, many things should happen, like we should be properly installed within the symbolic order and so on, when this / our proper dwelling within a symbolic space is disturbed, reality disintegrates. »

Ces 2 phrases, je crois, me donnent une clé sur la raison pour laquelle j’ai donné le titre « My Life is an Interactive Fiction » à l’expo qui va avoir lieu à la galerie Duplex.
Je me suis questionnée sur ce titre (au départ une sorte de blague à épisode avec Marie Daubert pour décrire notre vie sociale), qui m’est venu comme une intuition. Mais je savais que derrière cette intuition, il y avait quelque chose de très réel, que je n’arrivais pas à définir précisément.
Et depuis le début de la conception de cette exposition, le mot fiction – et son compagnon en ion – narration – me posaient problème. Car, malgré leur présence qui me semblait essentielle, je n’étais pas en présence d’une réflexion ou dans la construction d’une narration fictionnelle.
Oui, bien sur, ces travaux en cours parlent de la réalité contenue dans toute œuvre de fiction. Mais surtout, l’idée est plutôt de réfléchir à la connexion de ces deux modes de construction du récit, sans qu’ils deviennent des éléments constitutifs des propositions.

La lecture du catalogue « Just a Walk » et quelques discussions plus tard, je réussis à définir que ce principe d’extension, ces débordements de territoires présents dans les différents travaux que je suis en train de produire sont à la fois structures et principes révélateurs.
Ce sont soit des crossovers formels, des extensions de types référents comme dans « Still On » (références à, et extensions du travail d’un artiste – ici On Kawara – dans un autre médium et dans une autre réalité) ou encore des débordements d’espaces géographiques réels, comme dans « Sweet Dream ». Parfois aussi extensions entre postures sociales et réalité (les statuts dans facebook utilisés comme matériaux, dans « This Face of the Earth » un projet en développement : ).

Obstacles ?

Je participais ce samedi à la marche-performance « Bien entouré » (organisée par/pour « Au bout du plongeoir »/Alain Michard/Jocelyn Cottencin/Richard Louvet).
Cette marche (environ 10km) a été pour moi l’occasion de belles rencontres & discussions… Une marche à différents rythmes, où l’on peut apprivoiser chacun et le temps que l’on peut consacrer à ses propres pensées…

Ça a été aussi l’occasion, sur le chemin du retour (une bonne douzaine de km à nouveau), de repérer la trajectoire, la dérive de mon Iceberg sur la rivière…

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Sur les bords de la Vilaine, la mal-nommée, au-delà des informations concrètes que j’ai pu accumuler (hauteur, largeur de l’iceberg à construire, etc.) j’ai vite pris conscience du fond performatif de ma promenade, que j’envisageais plutôt avant comme une « fabrique à images ». Effectivement, cette promenade ne serait pas tant un cheminement entre Tizé et le centre de Rennes, qu’une performance sur la longueur, un affrontement… À savoir : jusqu’où la rivière et ses obstacles me permettraient-ils d’aller ?
Je me suis aussi posée la question du détournement. Ai-je la possibilité de contourner ces obstacles ? Comment ? Jusqu’où pousser l’absurdité (un iceberg démontable ou modulable, un iceberg en plastique gonflable par exemple ?). Suis-je dans une situation vouée à un échec de navigation ? (Ça me plairait tout autant, aux vus du nombre de projets que j’ai pu bâtir sur cette base de perte de contrôle).
Mais surtout ai-je envie de contourner – sachant que contourner irait à l’encontre de cette idée qui anime le projet depuis le début : la dérive.

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Briant Summer Camp @ Economie0

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Le lancement de la vente de T-shirts « Briant Summer Camp » (projet qui à pour but de financer l’achat d’outils pour la rénovation de l’atelier d’artistes à Briant – Bourgogne) aura lieu du 15 au 17 fév. à Economie 0, à la Ménagerie de verre.
Je serais sur place (sauf samedi de 8h à 19h) pour renseigner les personnes qui ont envie d’en savoir plus sur le projet ou qui, simplement, veulent soutenir le projet en achetant 1 des T-shirts (en tout, cinquante sont à vendre).

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> Le PDF du projet, à imprimer au centre de doc d’économie 0.
> http://julie.incident.net/briant