Souvenirs de la Gaîté

En 2002, avec 4 membres du collectif incident.net, nous avons conçu et produit le site internet du chantier de préfiguration de la Gaîté Lyrique (toujours en ligne, mais à consulter sur safari ou explorer, les plateformes ayant évoluées…).
J’ai fait beaucoup de dessins des lieux (alors encore « habités » par le parc d’attraction Planète Magique). Ces dessins ont servi de support pour ce site internet qui était comme une extension virtuelle du lieu lui-même, et renseignait des évènements en cours sur place.
Ce chantier, alors dirigé par Pierre Bongiovanni avec l’aide d’Anne Roquigny, a été un laboratoire incroyable pour les arts numériques : un temps et un espace au potentiel impressionnant, où nous nous sentions, malgré les contraintes (vétustés, contextes difficiles, moyens limités) extrêmement libres. Nous avions l’impression d’avoir un lieu que nous pouvions pratiquer : c’est à dire un endroit que nous habitions par le travail, où nous pouvions découvrir, rencontrer, produire et échanger avec un grand nombre d’artistes – plasticiens, musiciens, théoriciens mais aussi spectateurs ou simples habitants du quartier, curieux de passages…
J’en garde un très bon souvenir (si ce n’est la rapidité avec laquelle le projet s’est terminé car le chantier s’est arrêté brusquement, sans explications réelles) et je pense qu’il constitue un moment important pour les arts numériques à Paris : celui d’un réseau émergent, riche en rencontres et expérimentations. Pour ma part, je crois que c’est une chance que ce lieu ai eu cette histoire « désastreuse », qu’il ne soit pas devenu un lieu de mémoire de plus à Paris et qu’il puisse être dédié à des pratiques contemporaines.

C’est pour parler de cette expérience que mardi je suis retournée sur place, à la Gaîté Lyrique, pour participer à une interview qui sera retransmise sur France Culture le mardi 1er mars à 9:00, un documentaire d’Anaïs Kien, réalisé par Anne Fleury. J’y ai aussi rencontré Isabelle Foucrier qui prépare l’emission Métropolis (Arte) sur ce sujet.
Enfin, Elisa Mignot a fait cette petite interview, ou l’on peut voir des dessins et photos de la Gaité ancienne version : ici.

À la visite du lieu (qui n’a pas tant changé que ça – une impression surement due au fait d’avoir à traverser l’entrée d’origine), j’ai remarqué un côté vitrine (surprise par exemple de voir que l’on a rénové l’ancienne salle de balle telle qu’à son origine plutôt que de lui avoir donné un nouveau souffle), et les espaces d’expositions m’ont paru difficiles à investir… j’espère que les artistes auront quartier libre pour s’en emparer réellement. En revanche, j’ai trouvé que les lieux de production (ateliers, lieux de résidence, etc.) étaient réussis, agréables et l’on a envie d’y passer du temps et d’y travailler.
L’inauguration de cette nouvelle Gaîté aura lieu le 1er mars à 20:30 et j’espère que la programmation héritera de cette liberté que j’y ai connue.
See you there! : )

Rheum Nobile – Résidence à la maison populaire, Montreuil

Dans le prolongement de mon exposition au Bon accueil à Rennes où je montrais des néons et un dispositif liés à la lumière, me voici maintenant (j’en ai eu la confirmation pas Jocelyne Quélo la semaine dernière : ) en résidence in Situ à la Maison Populaire pour 1 an…
J’y développerai un projet en trois volets, intitulé Rheum Nobile.
« Rheum nobile » est un principe de travail qui permettra d’expérimenter un ensemble de dispositifs interactifs qui interrogent la matérialité du réseau, par le biais de la lumière artificielle. Si pour Marshall McLuhan la lumière artificielle est un médium qui ne dit rien mais qui est « capable de créer un environnement par sa seule présence », elle est aussi, pour peu qu’on l’éteigne un instant, révélatrice de l’absence liée à la pratique du réseau.

Lors de cette résidence de recherche, qui sera dans un premier temps très expérimentale, trois installations principales seront développées, qui interrogeront nos mécanismes de perception et la façon dont la lumière peut influencer l’appréhension des lieux que nous pratiquons. Ces installations couvriront divers territoires :

– une proposition dans l’espace public : Rheum Nobile, des photos de cette plante éponyme et des expérimentations plastiques dans des sucettes JC Decaux… Sachant que cette plante ne pousse qu’à plus de 4000m d’altitude et dans certaines conditions, je suis en train de me renseigner sur la meilleure période pour aller au Népal !
– une proposition dans un espace d’exposition : où je voudrais me lancer dans la production d’images en encre phosphorescente grand format ou directement à même le mur de la salle d’exposition. Et qui utiliserait un dispositif lumineux on/off (que j’avais voulu mettre ne place au Bon accueil, mais le temps nous a manqué). Cette installation devrait s’appeler « Light my Fire » – parce que j’ai horreur des Doors ; )
– la dernière dans un espace privé : probablement une réactivation de mon projet « Sweet Dream« , et là tout est encore à construire.
Le projet s’accompagnera aussi d’une extension sous forme de site internet et d’une publication, qui viendront vers la fin de la résidence (au printemps 2012).

Bivouac 2.0 à l’école d’art de Lorient

Cette semaine, j’ai invité Laurent Tixador (entre autre, car c’était une semaine très riche : il y avait aussi un atelier d’Antonin Fourneau et Sandra Lachance) à venir faire un atelier à l’école des Beaux-arts de Lorient.

Comme Xavier de Mestre, Laurent Tixador aime voyager. Même cantonné à l’espace d’une chambre ou d’un atelier, le fantasme de l’expérience aventurière persiste, et il s’adapte ou se perverti, bref se redéfini.
Le workshop “bivouac 2.0” à L’école supérieure d’art de Lorient est l’occasion d’habiter réellement un espace de travail : pendant 4 jours et 3 nuits, l’atelier de 5ème année servira de contexte, de “camp de base” à cette aventure intérieure. Ce workshop interroge le processus plutôt que la restitution, la discussion dans une pratique artistique, le travail collectif versus les envies individuelles, le rôle des outils, de la technique, de l’expérimentation ou du bricolage dans une pratique d’artiste.
Avec la participation de Rozen Andreatta et : Alexander, Barbara, Coralie, Delphine, Doriane, Eddy, Fabienne, Guillaume, Gwendal, Jérémy, Laura, Laure, Lola, Marion, Morgane, Perrine, Simon, Sylvain, et tous les électrons libres qui se sont greffés au fur et à mesure…
Le workshop a commencé par la prise d’un espace encerclé (la mezzanine de l’atelier des 4ème années) par un montage de barricades « anti-administration » ; ). Depuis ce matin, on est passé à la vitesse supérieure : le confort moderne…
Au delà de l’expérience du bivouac, avec l’énergie et les idées de Laurent et des étudiants, et sur un contexte plus global, ce qui me marque le plus c’est le fait qu’habiter une école d’art est devenu exceptionnel, une fête. Pour nous, pour moi, quand j’étais étudiante à Lyon puis à Paris (mais je pense que c’était le cas dans majorité des écoles avant 2000) c’était la norme. Le fait de pouvoir travailler tard et ne pas s’arrêter dans son élan, de pouvoir dormir là car il y a un matelas à disposition, ou ne pas dormir du tout. Exit aussi le soupçon d’un accident, d’un vol, d’un incendie qui décimerait le quartier entier (j’exagère à peine) ou autre qui ne planait jamais… C’était finalement très responsabilisant, dans le sens ou nous avions la charge de nos outils, de notre temps, de notre espace. J’ai retrouvé cela dans le bivouac cette semaine, et je dois dire que le travail n’était pas au centre du projet, ce qui était principal, mais néanmoins de taille, c’était la reconquête d’un espace de travail en tant qu’espace habité.
L’aventure se suit sur un blog à part :
BivouacLorient
ou
par les photos d’archives

Et quelques photos des workshops de Sandra, et Antonin :

04-06-00 / Le virus s’appelait I Love You – Résidence au Bel Ordinaire

Le mois prochain, je commencerai ma résidence au Bel Ordinaire (l’espace d’art contemporain aux Abattoirs, Pau).

Pour cette résidence dans l’espace public, j’ai fait une proposition en volume dans le parc du château d’Idron. Cette production prendra la forme schématique d’un robot, d’environ 5 mètres de haut et de 2 mètres de large.
Ce qui frappe immédiatement le promeneur ou le spectateur, c’est la différence plastique entre les 2 matériaux utilisés pour celui-ci : du bois rugueux et brut pour la structure du Robot, et un néon, fragile, brillant sur le devant de celui-ci.
On peut aussi voir, sur l’un des pieds du robot, une petite inscription qui est probablement un n° de série, ou une date de fabrication : 04-06-2000. Sur le devant, on peut lire l’inscription en néon : LOVE.

La proposition, qui au premier abord peut être envisagée sous une simple forme poétique, est en réalité un déplacement de langage & de médium.
«I love you» est le nom d’un ver informatique apparu pour la première fois le 4 mai 2000. Il s’est répandu en quatre jours sur plus de 3,1 millions de machines dans le monde, et l’on estime les dommages liés à ce virus à plusieurs millions de dollars. Ce virus est ce que l’on appelle en langage informatique un «bot» (contraction de Robot). Un bot est un agent logiciel automatique ou semi-automatique, qui permet d’automatiser des tâches et de se reproduire rapidement. La proposition joue avec ce virus et le matérialise dans l’espace, ce qui en multiplie les interprétations possibles et brouille les pistes.
Le robot apparaît clairement comme un élément anachronique dans le parc du château : c’est un cheval de Troie – terme également utilisé dans le jargon des virus informatiques – sa fonction est d’introduire une porte dérobée entre un univers codé, & inconnu dans le lieu de son implantation.

Ce qui est intéressant pour moi, c’est à travers ce projet d’explorer un genre (le « Néon » – ce que j’avais commencé avec mon dernier projet : Partition), et une thématique de l’art contemporain souvent considéré comme mineur et banal : la relation amoureuse, et de la lier avec un autre genre considéré encore comme mineur (à tord ; ) : l’art numérique et le hacking.
Mon but n’est pas de faire un projet de hacking (ou alors si, mais sous forme low-tech & non technologique – un cheval de Troie dans un Manoir du 19ème siècle !) mais de voir comment ces deux vilains petits canards de l’art actuel peuvent procréer ; )…
A ce sujet, je m’étais mise à dessiner des robots très low-techs, très basiques : en carton, type Intergalactic. Mais je voulais un robot fille… Je suis tombée au fil des recherches sur ce phénomène au Japon : Danboard, d’Azuma Kiyohiko …


Et puis récemment, mon frère a imprimé un catalogue d’exposition lié à ce sujet : « Emporte-moi » au Mac Val que j’ai trouvé très belle : sans complications pour rajouter du sens, donc simple et droit au cÅ“ur. J’y ai trouvé de nombreuses de références, notamment dans la production de néon. Mais il y en a aussi beaucoup dans les livres consacrés à ce genre, et sur internet, les ressources sur les néons sont sans fins.

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Abramovitch et Ulay, une de mes performances préférées.


« You forgot to kiss my soul » Tracey Emin


« And if I don’t meet you no more in this world », Cerith Wyn Evans


« please… », Tim Etchells


« Please come Back », Claire Fontaine (à noter ce néon est interactif, il s’éteint quand on s’approche..)


« Néons avec programmation aléatoire poétique-géométrique », François Morellet


Christian Robert-Tissot, « Less playboy is more cowboy »


« I do not own snow white », Pierre Huyghe

Lacs, récifs, ravins

C’est armées de post-it et de crayons que Marie de Quatrebarbes et moi-même nous sommes attelées à la tâche d’adapter ses textes pour le livre cubique des éditions volumiques…

Sur la masse de textes écrits par Marie, nous en avons sélectionné plusieurs qui allaient dans la même direction : de part leur titre, par les images qu’ils créent à la lecture ils formaient un ensemble que nous avons d’abord appelé Limnologie, puis Limnographie (je ne savais pas si ce mot existait, mais il correspond bien au côté graphique du texte…).
À la fois très fragmentés et malgré cela dynamiques (comme si l’on était toujours propulsé vers l’avant), les phrases semblaient idéales pour la navigation à l’intérieur du livre labyrinthe. Cette navigation se décline maintenant en trois parties :
– Lac
– Ravins
– Récifs
Notre difficulté est bien sûr de combiner les phrases pour qu’elles continuent à avoir un sens quelques soient les pages que l’on ouvre en premier.
Un vrais casse tête ! (merci Étienne ; )

Graphiquement, j’ai commencé à travailler sur la typographie (toujours sur le même principe du nombre d’occurrences de lettres dans le texte), et j’ai repris le déplié de l’iceberg qui avait servit pour mon projet « dérives » comme motif de base.

C’est donc ce motif qui constitue les lettres et se répète en fonction du nombre de fois qu’une lettre apparait dans le texte.
Dans l’idée (très littérale, mais qui visuellement fonctionne bien), la couleur de la page s’assombrira au fur et à mesure que l’on avance dans les profondeurs de l’histoire, jusqu’à se confondre avec la couleur du texte (bleu très foncé), rendant l’histoire illisible.

Une image des tests, et celle d’une fausse manip, qui rend le dessin plus végétal…

Phosphorescente

Phosphorescente, c’est l’encre utilisée pour une grande sérigraphie produite par l’atelier la presse purée (Rennes) pour l’exposition Partition au Bon accueil. Cette sérigraphie en blanc sur blanc (car l’encre phosphorescente est blanche) ne peut se voir que dans l’obscurité. Des images et détails de ce que l’on voit lorsque l’on éteint la lumière.

Exposition « Partition » au Bon Accueil – Rennes, du 7 janvier au 27 février 2011

Vernissage le jeudi 6 janvier à partir de 18h30
Rencontre autour du travail le samedi 8 janvier à 17h
Exposition du 7 janvier au 27 février 2011

« Avec « Partition », le Bon Accueil initie une nouvelle série d’expositions intitulée «Le caractère fétiche de la musique » proposant de découvrir des artistes pour qui la musique, soit comme objet d’écoute, soit comme objet matériel, joue un rôle important dans leur travail.  La première exposition de cette série s’intéressera à la représentation de la musique.

Les œuvres proposées par Julie Morel sont le fruit de la découverte fortuite de partitions du 19ème siècle appartenant à un fonds d’archives. Après avoir opéré une sélection de douze chansons parlant de la séparation amoureuse, Julie Morel les a réinterprétées et créé des versions au goût électro-pop, et translittéré les titres de ces chansons en braille que l’on retrouve dans l’exposition sous forme de néons.
« Partition » s’appuie également sur la plurivocité du mot qui en français désigne à la fois la notation d’une composition musicale mais aussi le fait de diviser un disque dur en plusieurs parties. Le thème de la séparation amoureuse fait écho, non sans humour, à cette division, séparation en plusieurs « morceaux », d’un disque dur.
Une exposition à découvrir comme une mix-tape que n’aurait peut-être pas réfuté le héros de « Haute Fidélité » du romancier anglais Nick Hornby,  et surement destinée au « Sad Mac » du musicien  Stephan Mathieu ».
Damien Simon.

Merci à :
Damien Simon, Yuna Amand, ABnéon, Sylvain Lebeux, Stéphane Morel, ACDDP & DRAC Aquitaine.

LE BON ACCUEIL
74 canal st martin
35700 Rennes
09 53 84 45 42
contact@bon-accueil.org

Conférence-rencontre à l’École des Beaux-arts de Nantes / Mardi 14 déc. 2010, à 13h

Le mardi 14 décembre, je serai à l’École des Beaux-arts de Nantes pour une conférence « Archive/réactivation », suivie d’une discussion-rencontre avec les étudiants.
Cette intervention portera sur la réactivation d’archives. Je présenterai notamment le projet « Partition », construit sur une pratique de réactivation des archives par la transgression. C’est à dire de ne pas simplement réinterpréter ou organiser des archives pour mettre en lumière leur caractère historique, sociologique, etc, mais pour s’en emparer comme matériaux de base pour une proposition plastique autonome.

Dans le cadre du projet de recherche Plugin.
Sera aussi présent lors de cette conférence : Adolfo Vera.
Invitation : Véronique Verstraete.

De l’archive et de l’auto-archivage immédiat comme œuvre

Dans quelques jours, je commencerai à travailler sur le projet de recherche « De l’archive et de l’auto-archivage immédiat comme Å“uvre ». Ce projet de recherche a été accepté par le conseil scientifique de la recherche et des études de la DAP et il est porté par l’École supérieure d’art de Lorient et l’association des écoles d’art de Bretagne. Il regroupera plusieurs artistes, critiques, tous enseignants. Notre première réunion de travail aura lieu vendredi prochain !

Une présentation du contexte de la recherche et du projet aura lieu mercredi 17 novembre 2010, au matin, à la DAP, lors du séminaire consacré à la recherche.
Le projet a émergé au fil des rencontres et des expériences que j’ai pu avoir cette année dans le domaine des archives. Notamment lors de l’atelier à L’ESAC (Pau) pendant le festival Access, la conférence à l’IAV (Orléans) et surtout lors de mon séjour aux Archives départementales dans le cadre des résidences de l’art en Dordogne.

En voici la note d’intention :

L’art numérique et la textualité d’internet ont profondément transformé le principe et les modalités de l’écriture qui emprunte des supports de plus en plus interactifs. L’utilisation des supports artificiels de mémoire par les artistes au cœur même du processus de création, tend à réduire encore la distance qui sépare l’acte de création et sa restitution finale.
Le blog, notamment, a été investi par de nombreux artistes numériques et contemporains, jusqu’à en faire œuvre : à la fois interface, atelier ouvert, c’est un processus de création partagé qui se rapproche d’une pratique de notation quotidienne comme peut le faire Jonas Mekas ou encore aux «hypomnémata» tels qu’évoqués par Foucault dans «l’écriture de soi».
L’apparition des blogs a permis un nouveau type d’archivage : l’auto-archivage immédiat, qui, non figé, se reconstitue en permanence, et sur lequel le lecteur peut interagir. Ainsi, l’oeuvre-archive inclut sa genèse, ses hésitations, ses retours, ses commentaires, ses silences, sa réception. Cette émergence produit de nouvelles formes plastiques et esthétiques fondées sur le réseau, l’interactivité, le flux, le fragment, la pluralité des discours.
A ce jour, les blogs, que ce soit comme outils pour les créateurs, comme moyen plastique pour les artistes, ou dans le milieu des étudiants en art, sont extrêmement répandus. Or, il n’existe aucune recherche qui rende compte de l’étendue et de la qualité de ce phénomène. Encore moins de retour critique et d’expériences concrètes & conscientes de cette pratique.
Cette recherche s’inscrit de manière générale dans un large mouvement contemporain qui regroupe l’archive comme objet média, et l’archivage comme oeuvre & comme principe relationnel.
Une partie de cette recherche sera donc consacrée aux différents principes de documentations comme projet. Car il ne s’agit pas ici de lister un nombre d’expérimentations ou d’espaces d’archivages d’artistes dont le contenu serait intéressant, mais bien de s’emparer de ces outils et les transformer en matière à pratiquer une recherche jusqu’à en faire œuvre, tout en y portant un regard critique.

Responsable scientifique : Julie Morel
Équipe : Reynald Drouhin, Sylvie Ungauer, Dominique Moulon, Grégory Chatonsky, Gwenola Wagon, Karine Lebrun.
Financement : DAP / Association des écoles d’art de Bretagne.

Test sur La do ré

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J’ai commencé à faire des tests de typo dont la structure serait déterminée par la récurrence des lettres dans un texte donné. Une typo unique au texte donc, qui ne pourrait pas être réutilisée.
A chaque fois que je me lance dans un nouveau projet, j’aime bien commencer par ce que j’appelle pour moi-même le « minimum syndical » : c’est à dire essayer la solution la plus simple, basique, car souvent c’est celle qui permet de faire les choix les plus radicaux, ou en tout cas de ne pas se perdre dans une complexité qui pourrait être régie par le discours.
Le premier essai a donc été construit sur une base de la typo « Digital« , pour le texte « La do ré » (avant de me lancer dans le texte de Marie pour le livre cube qui donnera une toute autre version). Chacune des lettres de cette version est constituée d’un nombre de points qui correspond au nombre d’occurrence de la lettre dans le texte. La grosseur des points est aussi la conséquence du pourcentage d’apparition de chaque lettre dans l’ensemble du texte (plus une lettre apparait souvent plus les points sont nombreux, et petits).



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Agent

Depuis plusieurs mois, j’ai peu produit.
Une des raisons de ce ralentissement est un changement de mode de relation au travail et la conséquence du déséquilibre auquel j’ai dû faire face quand à la réalisation de cet état de fait qui s’est imposée petit à petit… Un changement de mode esthétique, car c’est peut-être de cela dont il s’agit ?
Je sais que depuis plusieurs années (comme pour nombre de personnes) mon travail artistique était une manière de me constituer, de me construire (je viens de faire un lapsus incroyable, je viens d’écrire « contredire » au lieu de « construire » ; ). Je me suis d’abord construite par le commun, via le collectif incident.net, puis par la rencontre d’autres individus ou dans mes rencontres affectives – toujours liées à la rencontre et au partage, à la fascination et/ou acceptation d’une certaine esthétique qui ne m’appartenait pas.
Récemment, mon mode de relation au travail s’est inversé, et j’ai l’impression d’être de plus en plus dans un rapport de type : « Ãªtre au service de ». Je suis au service de mon travail, et cela me paraît à la fois très intense et incroyablement solitaire comme manière d’envisager la vie. Pourtant je n’ai pas l’impression d’être dans une forme d’aliénation par le travail. Je suis plutôt un agent de mon travail (j’adore le mot agent, si souvent mal utilisé : un agent, c’est « l’être qui agit », dont l’opposé est patient, qui subit l’action).

Dans le train du retour de l’école mes lectures m’ont menées vers  le texte « Ã€ propos de la généalogie de l’éthique : un aperçu du travail en cours » (Dits et écrits, Foucault. p.1202), qui commente entre autre l’écriture du souci de soi.
Je crois que cette lecture tombe à point nommée, en tout cas elle raisonne comme étant proche des questions que je me pose sur ce changement d’état. Un extrait, mais tout le texte pose question…

Les Grecs étaient austères parce qu’ils recherchaient à avoir une belle vie et nous, aujourd’hui, nous cherchons à nous réaliser grâce au support de la psychologie.
-  Exactement. Je pense qu’il n’est pas du tout nécessaire de lier les problèmes moraux et le savoir scientifique. Parmi les inventions culturelles de l’humanité, il y tout un trésor de procédures, de techniques, d’idées, de mécanismes qui ne peuvent pas vraiment être réactivés mais qui, au moins, constituent ou aident à constituer une sorte de point de vue qui peut être utile pour analyser et pour transformer ce qui se passe autour de nous aujourd’hui.
Nous n’avons pas à choisir entre notre monde et le monde grec. Mais puisque nous pouvons observer que certains des grands principes de notre morale ont été liés à un moment donné à une esthétique de l’existence, je pense que ce genre d’analyse historique peut être utile. Pendant des siècles, nous avons eu la conviction qu’il y avait entre notre morale, notre morale individuelle, notre vie de tous les jours et les grandes structures politiques, sociales et économiques, des liens analytiques et que nous ne pouvions rien changer, par exemple, dans notre vie sexuelle ou dans notre vie familiale sans mettre en danger notre économie ou notre démocratie. Je crois que nous devons nous débarrasser de l’idée d’un lien analytique et nécessaire entre la morale et les autres structures sociales, économiques ou politiques.

Mais quel genre de morale pouvons-nous élaborer aujourd’hui lorsqu’on sait qu’entre la morale et les autres structures il n’y a que des conjonctions historiques et pas un lien de nécessité ?
– Ce qui m’étonne, c’est le fait que dans notre société l’art est devenu quelque chose qui n’est en rapport qu’avec des objets et non pas les individus ou la vie ; et aussi que l’art est un domaine spécialisé fait par des experts qui sont des artistes. Mais la vie de tout individu ne pourrait-elle pas être une Å“uvre d’art ? Pourquoi une lampe ou une maison sont-ils des objets d’art et non pas notre vie ?

Bien entendu, ce genre de projet est très commun dans des lieux comme Berkleley où des gens pensent que tout ce qu’ils font – de leur petit déjeuner à la façon dont ils font l’amour ou à la façon dont ils passent une journée – devrait trouver une forme accomplie.
– Mais j’ai peur que, dans la plupart de ces exemples, les gens pensent majoritairement que ce qu’ils font, s’ils vivent comme ils vivent, c’est parce qu’ils connaissent la vérité sur le désir, la vie, la nature, le corps, etc.

Mais si l’on doit se créer soi-même sans le recours à la connaissance et aux lois universelles, en quoi votre conception est-elle différente de l’existentialisme sartrien ?
– Du point de vue théorique, je pense que Sartre écarte l’idée de soi comme quelque chose qui nous est donné, mais grâce à la notion morale d’authenticité, il se replie sur l’idée qu’il faut être soi-même et vraiment soi-même.  À mon avis la seule conséquence pratique et acceptable de ce que Sartre a dit consiste à relier sa découverte théorique à la pratique créatrice et non plus à l’idée d’authenticité. Je pense qu’il n’y a qu’un seul débouché pratique à cette idée du soi qui n’est pas donné d’avance : nous devons faire de nous même une Å“uvre d’art. Dans ses analyses sur Baudelaire, Flaubert, etc., il est intéressant de voir que Sartre renvoie le travail créateur à un certain rapport à soi – l’auteur à lui-même – qui prend la forme de l’authenticité ou de l’inauthencité. Moi je voudrais dire exactement l’inverse : nous ne devrions pas lier l’activité créatrice d’un individu au rapport qu’il entretien avec lui-même, mais lier ce type de rapport à soi que l’on peut avoir à une activité créatrice.

– Cela fait penser à un cette remarque de Nietzsche dans le Gai Savoir (290), qui dit qu’il faut donner du style à sa vie « au prix d’un patient exercice et d’un travail quotidien ».
Oui. Mon point de vue est plus proche de Nietzsche que de Sartre.

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Étrangement, après la lecture de ce texte, j’ai repensé à cette fascination qu’exerce sur moi le travail de Chris Burden, que j’ai toujours trouvé incroyablement pudique (ce n’est pourtant pas premier qualificatif qui viendrait à l’esprit, j’en conviens), mais je me suis dit que ce qualificatif était assez juste, car la force du travail de Burden c’est de s’éloigner du spectaculaire (alors que son sujet en traite sans arrêt) et de résider sûrement dans cette mise à disposition de son être, dans le fait d’être un agent – jusque dans sa chair – de son travail, dans une grande maîtrise et en même temps dans une extrême fragilité.

Nouveau projet, et test d’après « La Do Ré »

Un nouveau projet : une collaboration avec Marie de Quatrebarbes (qui va écrire les textes) pour le développement du contenu d’un livre cubique, à lectures combinatoires, conçu par Étienne Mineur dans le cadre de ses éditions volumiques.
Ce livre, pour le moment vierge, est construit sur une base de trois pages que l’on peut déplier et qui donnent chacun un chemin de lecture différent.

J’ai décidé de relire le livre très rigolo de Simon Singh, »l’invention des codes secrets », car après quelques discussions autour du texte de Marie, j’ai pris une piste de recherche graphique qui tourneraient autour du secret, et plus précisément du chiffrage et du déchiffrage d’un secret, ce qui me permet d’explorer une fois de plus des questions d’illisibilité/lisibilité dans le texte, de systèmes de signes reconnaissables comme étant de l’écriture, mais ne pouvant être lus. Cela me permet aussi de travailler sur une chose qui m’habite depuis longtemps : la récurrence des lettres et ponctuation dans un texte (que j’avais déjà exploré dans le générateur de texte « I Scream, You Scream, We all Scream for an Ice Cream« .
Il y a tout un chapitre dans le livre de Singh qui est consacré à cela…

L’idée qui se profile serait donc de produire une typographie spécifique à ce texte, et dont la structure se baserait sur une grille déterminée par la récurrence des lettres dans celui ci…
J’ai commencé à tenter l’expérience sur un texte assez court (avant de me lancer sur le texte très loooong de Marie ; ) celui que Yannick Liron a écrit pour un autre de mes projets, et qui s’intitule « La do ré ».

– Nombre de lettres de A à Z :
81-12-24-36-186-5-17-2-12-10-5-52-12-62-33-77-56-30-13-76-75-72-81-8-2-1

– Visualisation des lettres de A à Z :
aaaaaaaaaaaaaaaaAaaaaaaaaaaaaaAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
bbbBbBbbbbbb
ccccccccccccccccccCccçcc
dddddddddddddddddddddddddddddddddddd
Eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee
eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee
eeeeeeeeeeeeeeeeee
ffffffffffff
gggggggggg
hhhhh
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiIî
jjjjj
lllllllllLllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllLllllLlllLll
mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmMmm
nnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn
oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooOOOOooooô
pppppppppppppppppppppppppppppp
Qqqqqqqqqqqqq
rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
Sssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss
tttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttt
uuuuuUuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
vvvvvvvv
x xy

Little Big bang, du 24 septembre au 8 octobre 2010 / Plateforme – Paris

C’est le titre de l’exposition à laquelle je contribue ce soir, qui marque l’ouverture de « Plateforme« .
> Vernissage le 24 septembre 2010 à 18h

Plateforme est un lieu de diffusion, de création et de ressource pour l’art contemporain qui fonctionne comme un espace partagé et fédérateur au sein duquel les artistes se réunissent dans la volonté d’une synergie des potentiels imaginatifs, créatifs et des compétences de chacun pour proposer une expérience alternative. Ce projet de lieu d’échange entre artistes, commissaires et publics est porté par L’entreprise, structure parisienne qui regroupe une cinquantaine d’artistes internationaux. Chaque mois Plateforme présente une exposition d’environ deux semaines suivie d’une programmation plus évènementielle (performances, projections…) tournée essentiellement vers l’expérimentation et la recherche. La sélection est orientée vers des pratiques artistiques exigeantes. Elle propose des projets d’artistes confirmés, nationaux et internationaux et ceux de la scène émergente. Plateforme s’inscrit dans la ville comme une passerelle pouvant rapprocher les disciplines et les formes pour construire au fil des rencontres et des découvertes les échanges indispensables à une expérience artistique et sociale intellectuellement et humainement stimulante.

Plateforme
73 rue des Haies
75020 Paris
Métro : Avron ou Nation
Tel : 01 40 09 71 84

Partition, exposition aux Archives départementales de la Dordogne, 15 sept 2010

Du 15 septembre au 5 novembre 2010 – Archives départementales de la Dordogne
Vernissage : Jeudi 16 septembre 2010 à 18h

Sur la Pelouse © Julie Morel 2009-2010

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« Julie Morel a découvert la partothèque des Archives départementales et le fond de partitions d’Elie Dupeyrat, éditeur de musique de bal, implanté à Ribérac à la fin du XIXème siècle. Elle en a sélectionné douze titres tels que Sur la pelouse, CÅ“ur brisé, En revenant de Bourgogne, Étoiles filantes… et en propose une interprétation contemporaine, via l’outil informatique, qui mêlera écritures & notations et production de morceaux électro-pop.
Ainsi, aux Archives départementales, elle sonorise les casiers servant aux utilisateurs à déposer leurs affaires personnelles avant d’entrer en salle de lecture. Aux visiteurs, elle propose la projection d’une vidéo réalisée à partir des signes graphiques de partitions et une application lumineuse : des néons reprenant sept titres dans un caractère proche de l’écriture en braille.
Des Å“uvres qui réactivent une partie du domaine historique par le biais de programmes informatiques. Nous voilà au cÅ“ur de multiples formes de langage où la recherche sonore acquière une dimension plastique. »

Hyperpropre / Performance au CAN

Hyperpropre, au CAN, Neuchâtel.
Ces derniers jours, mon projet de couleurs hyperactives a glissé d’un projet d’installation assez formel vers une proposition plus performative. J’étais partie sur la traduction des couleurs des additifs alimentaires qui sont censés rendre hyperactif, et je voulais installer ces couleurs dans les vitrines du port.
Ces vitrines ont été abandonnées puis utilisées pour nombres de performances d’artistes cette semaine et sont dans un sale état. La chose logique était donc de les nettoyer pour pouvoir installer mon projet. Et puis ces derniers jours, réfléchissant à l’absurdité de nettoyer systématiquement un lieu pour installer une proposition artistique (de plus), je me suis mise à réfléchir – assez superficiellement – au nettoyage en général, et au nettoyage en particulier dans l’histoire de l’art. J’ai bien sûr pensé en premiers lieux aux conneries racistes du président français, aux côtés policés des choses dans la vie occidentale, à la campagne de publicité pour se laver les mains contre le H1N1, et aussi à cette ville si propre qu’est Neuchâtel (à tel point que ces vitrines seraient le dernier bastion d’un abandon « urbain »), au côté territorial du nettoyage ou du souillage.
Je me suis mise au travail, d’abord avec l’aspirateur (un boucan pas habituel dans ce port tranquille) ce qui m’a laissé le temps de penser, en vrac, à l’inutilité de l’effort (Francis Alÿs) et à ses barenderros, et aussi à sa phrase toute bête “Sometimes doing something poetic can become political and sometimes doing something political can become poetic”, au nettoyage à l’envers, et au nettoyage d’os de Marina Abramovitch.
Aujourd’hui 3ème jour de nettoyage, je me suis rendue sur place avec un seau d’eau savonneuse et des éponges. Au fur et à mesure que je nettoyais, c’est la dimension plastique du matériau qui a commencé à ressortir. Et cette nuit, quand j’ai allumé la lumière, le projet a, à nouveau, glissé vers un domaine plus formel, plus plastique.
Suite demain…

hypercolor

Aujourd’hui durant le forum, discussion assez échauffée avec le groupe zürichois Bury the Jumbo, qui  emploie des moyens ultra-libéraux et toujours très spectaculaires pour diffuser des artistes, mais sans en avoir conscience… ni réaliser que c’est surtout leur auto-promotion qu’ils font par le biais de leurs dispositifs. La discussion a donc porté sur l’annulation de la critique quand il y a spectacularisation des propositions artistiques dans l’espace public. C’était un peu difficile car nous n’avions aucunes références communes. C’est dommage, j’aurais bien voulu pouvoir échanger des idées sur ce sujet…

Pour les projets vus aujourd’hui, ceux que j’ai le plus appréciés sont : « Revolve around » de Massimiliano Baldassarri, et le « Money tree » de Cris Faria.

Et j’ai ensuite eu le temps d’imprimer la série de tests pantones qui me semblait la plus efficace.

Artifices

Hier, Fête Nat. à Neuchâtel. Comme toutes les villes aux alentours du lac y vont de leur feux, ça donne un effet de profondeur assez étrange, pas du tout visible sur ces photos ; )

Colorant & additif

Quelques photos de la promenade et du port de Neuchâtel où je vais intervenir dans le cadre de « Hyperactivity ». En plein milieu d’un espace très passant, dédié au loisir et au tourisme, les vitrines du port sont laissées à l’abandon, elles s’allument le soir et dispensent une lumière quand le lieu se vide (cet endroit de Neuchâtel est pratiquement mort le soir).

En arrivant, j’avais envie de travailler avec ces vitrines (d’abord avec du grillage, à utiliser comme grille pour du texte, puis je suis partie sur autre chose…) et de les utiliser de façon minimaliste et presque invisible, peut-être simplement avec de la couleur).

Hier en faisant quelques recherches sur l’hyperactivité, je suis tombée sur la liste des colorants et additifs alimentaires que l’on trouve principalement dans les bonbons, et qui sont censés augmenter l’hyperactivité et l’impulsivité des enfants, et favoriser les troubles de l’attention. Ces colorants sont listés par des numéros (E 110, etc..), et peuvent donc être traduit en code couleurs Pantone (j’avais envie d’utiliser des Pantones depuis le début, clin d’Å“il à la Suisse – pays du design ;-)
Demain, je fais quelques tests de couleur, ensuite je me rends au port pour faire des tests, puis course au magasin de peinture avec Julian, le technicien du CAN.

Arrivée

Après un court passage à Berne, me voici depuis ce matin au CAN à Neuchâtel sous un déluge de pluie hyperactive. Images de l’espace de travail, avant la discussion de midi avec les autres artistes. Cet après-midi, après la promenade pour aller voir le travail d’un des artistes, j’irai faire un repérage des lieux où monter mon projet.

Légendes

Ce matin avec Camille, nous avons réfléchi au dispositif scénique et à la dramaturgie pour le spectacle Speech qui aura lieu ce soir (on est en retard !). Nous avons mis en place le début et la fin de la représentation, mais il manque un lien… L’idée serait de travailler à partir d’un extrait de texte que j’avais écrit pour un article intitulé « je est un autre sur internet », car cet extrait traite de la légende, et depuis le début nous semblons tourner autour de cette idée sans vraiment la nommer.

De la légende
La légende, c’est une petite phrase courte, en tout petit, parfois en italique, en dessous d’une image, qui nous donne l’explication, la date ou le contexte de la-dite image.
Tout le monde le sais, une légende, (de l’adjectif legenda, «qui doit être lu»), c’est aussi « un récit mis par écrit pour être lu publiquement ».
Dans Facebook, les deux sens du mot légende se retrouvent mêlés: la petite phrase écrite en bas de l’image devient grande, elle acquière son autonomie, et l’anecdotique est livrée à une audience, au spectateur 2.0.

C’est donc par cette petite porte qu’aujourd’hui nous écrivons et décrivons nos vies (parfois en plus grand qu’elles ne sont ?). Nous avons besoin de fictionnaliser nos propres vies, nous avons besoin de les légender. C’est un mouvement naturel qui n’est pas dû à l’émergence du réseau : la fiction a toujours servie de régulateur de la réalité et toute famille, ou tout groupe d’individus, possèdent sa ou ses légendes, ses héros, ses traitres, ses challengers.. Ces récits qui participent au bon fonctionnement psychique et ont pour fonction de transmettre au groupe des éléments conscients et inconscients, bref de faire d’une chose individuelle une chose partagée, d’une chose commune une chose partagée.
Mais dans les réseaux sociaux, ce partage est étrange. C’est le flux qui y domine, les légendes s’empilent les unes sur les autres, les légendes se compilent les unes avec les autres. Parfois, les commentaires ralentissent les flux, parfois les compilations fédèrent des groupes…

Mais l’étrangeté et la nouveauté résident surtout dans le fait que l’histoire globale n’est la même pour personne. Personne n’a accès à la même légende : l’histoire est customisée, et le commun variable, chaque spectateur voit défiler une histoire différente.

Langages numériques & arts visuels : rencontre au musée des B-A de Nantes le 17 juin

Jeudi 17 juin 2010 à 18h30, PiNG propose en collaboration avec le Musée des Beaux-Arts de Nantes la 3ème rencontre du cycle « Histoire(s) de l’art numérique », dans le cadre du chantier reNUM.
J’interviendrai donc sur le thème : « My life is an Interactive Fiction » : langages numériques et arts visuels ».

Depuis quelques temps dans mes recherches, il semblerait que le texte ai pris le dessus, dans sa dimension plastique, pour laisser de côté le système de langage qui lui était affecté – celui de l’ordinateur. J’espère que cette conférence sera l’occasion de me ré-interroger sur ma pratique liant le mot et l’ordinateur, l’occasion aussi de faire le point.

À ce jour, les deux projets en cours, « partition » et « You’ve Been Chosen as an Extra in Movie Adaptation of the Sequel to your Life », se concentrent sur des dispositifs. Et le texte (dans son contenu ou dans sa forme) est le porteur de ce rapport de force contingent à tous types de dispositifs…
Dans mes expérimentations, l’idée de dispositif a émergé assez récemment et naturellement puisque j’ai souvent envisagé une proposition plastique comme un mécanisme à même de révéler les forces à l’Å“uvre, agissantes, fonctionnelles ou passives à l’intérieur de relations (qu’elles soient plastiques-formelles ou humaines d’ailleurs).
J’aime beaucoup le mot dispositif, et disposition qui viennent du mot préparer et choisir. De même que les mots mécanisme, fonction, et appareil. Tous ces mots qui nous font croire que nous avons le pouvoir (alors que le dispositif se joue sans cesse de nous, qu’une fonction n’est qu’un système fermé qui doit sans cesse être détourné et corrompu – profané, mais avec quels moyens ? -, qu’un appareil demande une alimentation constante, et qui la lui donne ? ).

Alors cette phrase « My Life is an Interactive Fiction » prend là aussi son sens. Celui de mise à disposition. Oui, ma vie, ma subjectivation, par le biais des mots notamment, n’est que de la fiction, un appareil fictionnel qui demande qu’à être nourrit, un ensemble de dispositifs visuels qui permettent et essayent de tester le réel.
… À disposition de quoi ?

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