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De retour à Périgueux, je lis. Quelques extraits de « L’Å“uvrette » de Yannick Liron (qui écrit en ce moment un texte pour l’édition « Partition » : )
Dans l’interprétation que j’en fais, ce livre, tout comme « Sans effet personnel », est proche du projet que je développe en ce moment. Ce sont deux livres de partitions amoureuses : instrument de lecture du discours amoureux, écriture de l’incapacité de deux pronoms à exister l’un par rapport à l’autre, où l’absence d’un texte sur l’autre est formellement assumés (l’un et l’autre livre fonctionnent ensemble – fonctionnant étant le mot le plus sec que l’on puisse utiliser pour cette relation qui lie les deux ouvrages).
Les textes posent la question du rapport entre travail et expérience intime. Quand le travail me sert, quand il devint un moyen de formuler correctement un sentiment ou un ressentis, quand d’un seul coup, le sentiment devient une idée, ainsi acceptable. Et qu’à ce moment là, la situation se retourne et je me retrouve à nouveau au service de mon travail et non l’inverse…

En voici quelques extraits. Je n’ai pas mis les textes dans l’ordre d’apparition du livre (ils sont tous tirés de « L’Å“uvrette ») mais dans l’ordre de mes préférences dans une lecture non-linéaire. J’ai gardé les retours de ligne, qui semblent importants, mais la police n’est pas respectée.

28  Le corps de la lettre. Unité nomade complète possédant ses membranes, présentant ses ouverture et ses orifices ; à brancher directement sur « en prise directe ».

2  Tout les sépare donc. Répéter trois syllabes et buter ;
il tout elle ne partagent pas avec nous. Point. Et pas
de fuite. Il a la largeur de deux lettres, elle de quatre.
La première version, dite « de la différence de quatre »
peut se fabriquer simplement : il diffère d’elle par un
« i », puis un « e », puis un « l » suivit d’un deuxième
« e ». Quand à la seconde, dire « de la différence de trois »,
elle peut se construire tout aussi simplement : il ne
ressemble pas à elle étant donné le « i » précédemment
cité, suivi des deux « e » également présents dans la
première version. Dans cette version, dite « de la
différence de trois », le « l » disparaît selon le principe
qu’un « l » répète un même « l », seulement déplacé et
reconduit. Cependant dans la typographie ici choisie
(du nom de Gill sans), on remarquera que le « i »
majuscule répète un « l ». D’où cette interrogation : ce
« il », comment le prononcer : « il »? ou bien « elle
elle »?

7  lltéralement stricto autobio.

8  El. le susceptible d’être ôté. Tout encore les sépare.
Et qu’écrire d’ile, ou depuis ile, ou de quel non-site
désormais?

11  Faudrait-il d’un pronom se soucier de ses dessous,
songeant aux moyens de les lui ôter?

17  Quelque soit l’énoncé, quelque soit ce qu’il dit,
quelque soit ce qui peut venir, voire, insoupçonné, se
maintenir en lui quelque soit ce qu’il peut saisir : inexprimé.

26  Les modèles collent. Comment se débarrasser de cette consistance, crever la bulle? Comment interroger ce soi-disant donné d’unité de mesure? Comment qui? Comment quoi? Comment quand? Comment où? Comment comment? Comment qu’il dit : « Cela arrive bien quelquefois dans les livres. » Comment qu’elle répond : « Eh bien, que cela arrive à quelqu’un d’autre. »

Dans son laconisme répétitif je t’embrasse est une image
surdéterminée par une profusion de renvois, volontaires
ou non, des permutations et des déplacements qui
affectent les figures qui l’habitent et rendent sa lecture
interminable.

Ces textes sont publiés chez Action Poétique.

Néon & musique & braille

En faisant des recherches (assez peu fructueuses) sur la relation que pourraient entretenir néon et musique – cela me paraissait évident mais à part les signes lumineux représentants bière et guitares électriques, pas grand chose…- je n’ai vu que sur cette image de la pochette d’Arcade Fire, musique qui m’a donc finalement accompagnée aujourd’hui.
> Virgin Mary Highway
Puis je suis passée sur les connexions possibles entre néon et braille et je suis tombée sur Braille Ligado de Detanico & Lain dont le travail me touche toujours beaucoup dans ce qu’il entretient avec l’écriture, la traduction et la transformation quasi systématique qu’ils opèrent entre différents signes langagiers.

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La fabrique du commun au 104, les 26/27/28 mai 2010

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Dans le cadre de « la fabrique du commun » organisée par Kom.post et Relais Culture Europe, je suis en train de mettre au point le livret pour le programme, ainsi que la signalétique qui doit à la fois s’intégrer dans le lieu mais aussi s’en démarquer. Il faut qu’elle soit repérable immédiatement par les utilisateurs de la Fabrique du commun qui chercheraient leur chemin – car les lieux pratiqués sont aux 4 coins du 104….
L’ouverture de la fabrique donnera aussi lieu à une conférence Upgrade! Paris, le 26 mai à 16h30 (Atelier 11), avec le collectif 1.0.3, et Benjamin Cadon, Adelin Schweitzer et Cédric Lachasse.

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cover

Dire que quelque chose est impossible alors qu’on n’a même pas tenté de le faire.
Ne pas essayer serait une cruelle excuse, une abdication, une résignation (abandon volontaire d’un droit) ou une résiliation (acte par lequel on met fin à un contrat).
Et tout est à double sens, et à double tranchant (qui est dur et effilé, peut diviser, couper).

Couverture partition – test#2

partition_Julie_morel

Avant/après, versions et changement d’échelle

Le projet partition est un travail dont le processus joue et se base sur une transition constante : celle de la partition originale vers sa traduction, via Sharpeye, en fichier son Midi, puis celle du fichier Midi obtenu vers son interprétation visuelle dans le logiciel de musique Live, et dans Live, d’une visualisation à 100% vers un zoom important pour pouvoir recomposer un morceau sonore. Et si j’envisage son projet dans sa globalité, il y aura encore nombre de transferts et transformations, la dernière étant effectuée dans l’installation même : le passage à une image musicale, celle des néons et de la traduction des déplacements du spectateur faisant varier la bande son.

Depuis ce matin, je passe d’une image à l’autre. Car il s’agit bien d’image ici, malgré le fait que je travaille de la matière sonore.
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> Le morceau midi brut, résultat du scan de la partition et le morceau-démo une fois retravaillée dans Live :

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> Visualisation dans Live du fichier global, et d’un zoom sur une partie du morceau. Ce changement constant d’échelles a été ce qu’il y a eu de plus difficile a gérer pour moi aujourd’hui : je passe constamment d’une vision globale à une vision fragmentaire du morceau (du coup je repense à la conversation avec David avant-hier sur les différents types de détection visuelle du cerveau… ; ) . A chaque fois que j’opère un zoom, je sens réellement l’effort que produit mon cerveau pour analyser ce nouveau schéma abstrait et l’effort pour remettre en place les sons qui correspondent aux signes…

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Texte + T_T = TxT, du 8 au 30 avril, Galerie de l’école supérieure d’art, Lorient

J’ai reçu hier les invitations que j’ai réalise pour l’exposition TXT qui débutera jeudi 8 avril à la Galerie de l’école des beaux-art de Lorient, et dont j’ai assuré le commissariat. Cette exposition clôture le cycle 2010 des résidences Géographies variables à Lorient (prochaine résidence au printemps 2011).

Seront présentés les travaux de Art of Failure, Christophe Bruno, Collectif 1.0.3, Reynald Drouhin, Derek Jarman, Etienne Pressager, Martha Rosler, Antoine Schmitt, et un espace de consultation d’œuvres vidéos et interactives sur internet.

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La lettre et le mot sont indissociables des productions de l’art moderne (dadaïsme, futurisme, Sécession viennoise…). L’art contemporain est lui aussi ponctué de travaux d’artistes qui ont utilisé le texte comme support, de Joseph Kosuth à Jenny Holzer, de Lawrence Weiner à Doug Aitken.
Depuis le développement de l’ordinateur, et encore plus avec l’apparition d’internet, le texte qui se contentait auparavant d’investir l’aspect formel de l’œuvre est maintenant présent dans la structure même de celle-ci. Les langages informatiques ont, de par leur nature spécifique (discrète, fragmentaire & modulable, etc.), produit des pièces à l’esthétique particulière qui se sont peu à peu propagée dans les autres domaines des arts visuels.

Cette exposition dresse un panorama non exhaustif et souligne la textualité comme entité commune à – et permettant des passerelles entre – art contemporain & art numérique, design graphique, cinéma d’animation. Elle se développe sous forme de parcours qui prend sa source dans le texte virtuel et structurel pour aller vers le texte image ou en volume.

Facebook as a symbolic fiction.

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Facebook as a symbolic fiction /// Spectators 2.0 as the feeding material of that fiction.

So we all know that fiction is a way to structure reality. It enables me to perceive the reality and is a condition of my accepting it. And we use fiction as a way to interrogate it.
Ex : Like when an event is too traumatic or too violent, (whether it is overly happy or horribly sad), it shatters the coordinate of our reality, so you  have to fictionalized it.
If on the contrary you take away from our reality the symbolic fictions that regulate it, you can’t get hold of reality anymore… you lose ground

Facebook is for me a machine for fiction, or I should rather say, it is a machine that process events into a strange form of fiction. A kind of written (or multimedia, but not as often) fiction that is unstable and that fluctuates all the time. And a fiction without authors.
Variable & interactive narrations is often seen as a way to get to the structure of narration itself (instead of being an occurrence of a story). It reveals the archetypes and also enriches the questioning by multiplying it. But here, we are beyond variable, and as Camille noticed, we are in a totally instable fiction, that rearrange itself all the time.

So I am asking myself : if a fiction rearrange itself all the time, how can it fulfils its regulating role?

Finally, if I have enough distance and observe Facebook, it becomes a tool that allows me to perceive, not the reality behind the illusion but the reality in illusion itself. Facebook is like Wonderland: if you stay an outsider (a spectator) you can see reality “through the looking glass”, that is to say you can read reality that is contained into illusion. If you become an actor, then you are fucked! You become the thing Facebook feeds on.

Keywords

Hier après-midi, pour mettre en place une méthodologie de production, Kom.post s’est interrogé sur ce qu’un spectateur observe et relève de son environnement lorsqu’il assiste à un spectacle vivant. Les réponses ont fusées et l’on a tenté de n’en retenir que des mots génériques qui constitueraient des catégories pour la proposition liée à Facebook.

Potentiality / The Expectation – before the beginning / Creativity / Bugs / The Costumes / Occupation of Space / Physical point of view / Other spectators / Space / Technical / Judgment / Reference / Am I surprised? / Do I have the opportunity to be alone / Rhythm / Time / Superficial / The outside / The absence

Sonde & morts vivants

Aujourd’hui, premier contact avec les sondes de la Chartreuse, avec Camille Louis et Emmanuel Guez.

Ce matin avec Camille, discussion autour de la thématique catastrophe qui sera explorée par l’une des sondes (qui n’est pas la thématique dont nous allons traiter, puisque nous nous poserons la question du spectateur 2.0, mais la lecture du texte « invention de la catastrophe au XVIIIe » qui nous avait été envoyé m’a interpelée…).

Le texte parle de cette dissociation entre dénouement et catastrophe, qui avant le XVIIIe siècle signifiait la même chose.

Donc : le dénouement marque une fin / La catastrophe est la conséquence du dénouement.

De manière très basique, dans une tragédie, quelle catastrophe est la plus commune, je me le demandais ? Et par catastrophe, je parle d’un dénouement de nature dite complexe (donc pas une catastrophe naturelle, mais plutôt un renversement lié au personnage agissant). Quel évènement force au dénouement, sans retour possible ?

La catastrophe ultime pour une fiction, c’est la mort du héros. Et logiquement la mort arrête la dramaturgie. Dans ce cas, il n’y a plus d’histoires possibles après cette mort.

Ou bien?

Alors que l’on est dans une société de flux, ou la fiction repose sur les flux (voir internet, voir les séries télévisées…) d’évènements et de catastrophes continuels, comment continuer l’histoire ? Et quelle est la figure la plus à même de représenter cette idée de flux ?
Je me demandais si ce « système » de catastrophes n’était pas rendu obsolète ou inversé, et que l’on est aujourd’hui juste dans une succession de catastrophes, qui finalement repoussent l’issue, le dénouement, continuellement.

Du coup je me disais que logiquement, la figure la plus proche est celle du mort-vivant. Le mort-vivant n’étant qu’une succession de catastrophes qui s’enchainent dans un flux ininterrompu…
On a beau tuer un mort-vivant, il se relève toujours. Il tombe, il se relève, indéfiniment.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Zombi_%28mort-vivant%29

Et bien sûr, je ne peux pas résister à poster ce vieux lien de Derren Brown, ce showman anglais qui a réalisé une de ces émissions (franchement contestable !) pour Channel 4…

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Résidence Kom.post à la Chartreuse

Du 19 au 23 mars 2010, je suis en résidence invitée par Camille Louis / Kom.post à la Chartreuse – Centre National des écritures du spectacle dans le cadre des sondes.

« Internet, expression contemporaine d’un théâtre global, où tout le monde est susceptible d’être acteur, a comme conséquence la dissolution du quatrième mur du théâtre. Afin de mettre à jour la face cachée des spectacles (les spectateurs), la sonde 03#10 – Spectateur 2.0. propose de mettre en place un dispositif qui permettra de recueillir par la voie électronique (pour cette session, les spectateurs utiliseront Facebook) les regards et analyses de groupes de spectateurs (lycéens, étudiants, …) qui seront présents lors de la sonde 03#10- Chartreuse News Network Session 2. Ces données seront ensuite traitées par Kom.post »

Je participerai donc dans ce cadre à la ré-écriture dramaturgique pour Speech Space #8, une nouvelle lecture et présentation du spectacle « Speech » créé à Berlin en 2009. Pour plus d’infos sur Speech, télécharger le pdf.

speech

From 19 to the 23 march, I am in residency at la Chartreuse – Centre National des écritures du spectacle, taking part in the  sondes projects.

Internet, contemporary expression of a global theater, where everybody may be an actor, has for consequence the dissolution of the fourth wall of the theater. To update the dark side of the shows ( the spectators), the probe 03*10 – Spectator 2.0. Suggest setting up a device which will allow to collect by the electronic way (for this session, the spectators will use Facebook) the glances and the analyses of groups of spectators (high school students, students) who will be present during the Chartreuse news network. The datas will be treated by a collective of artists just after.

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Julie Morel, partition & néons
Test de visuel pour l’installation

C’est ma dernière semaine de résidence aux Archives Départementales de la Dordogne. Je serai de retour en Juin pour un mois environ. J’ai rencontré beaucoup de musiciens classiques de la région qui sont prêts à s’investir sur le projet, notamment Stéphane Séjourné (pianiste), le Centre Culturel de la Visitation et son école de musique ainsi que Dominique Lagarde à l’IMR. Le but de ces collaborations est de retourner à la source de ces partitions avant de continuer à les réinterpréter grâce à l’ordinateur.
Cette dernière semaine, je me suis interrogée sur le principe d’écoute (interactif) de ces morceaux : pour l’exposition aux Archives, je suis restée sur l’idée que les morceaux s’échapperont des casiers de l’entrée des Archives. Mais pour les expositions à venir (Allemagne en septembre, Paris à l’automne) j’avais envie de quelque chose de plus plastique, de modules autonomes qui soient liés à l’écriture, aux titres des morceaux même. Mes recherches m’ont menées à intégrer plus en avant l’écriture braille que je suis en train de mettre en place pour un projet d’édition.

Le dispositif à venir sera donc constitué de 12 mots ou phrases en braille, sous forme de néons accrochés au mur. Ces néons seront «en négatif» (les lettres sont recouvertes de peinture noire sur leur côté apparent, les mots en braille apparaissant donc par contraste sur le mur, formant un halo blanc très lumineux et s’effaçant graduellement).

Chaque néon définit sa propre zone lumineuse. Ces 12 zones lumineuses seront les seules sources d’éclairage dans la salle d’exposition, pour que les visiteurs s’y dirigent naturellement.
Quand un spectateur s’approche à moins d’un mètre d’un néon, un morceau de musique est déclenché (grâce à un capteur de distance situé au mur, prêt du sol). S’il choisit de s’éloigner du néon, le morceau faiblira petit à petit jusqu’à devenir inaudible. Et si deux spectateurs se succèdent devant deux différents néons, il s’opère un fondu-enchaîné entre les deux morceaux correspondants, ce qui permet une transition douce.
L’appartenance d’une musique à chaque néon laisse supposer que l’inscription sur le néon est vraisemblablement le titre du morceau joué (c’est le cas).
De même, on fait le rapprochement entre la «zone d’écoute» du morceau et la zone lumineuse.

Dans les prochaines semaines, je vais faire réaliser un néon test. La suite une fois que j’aurais l’objet sous la main.

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Les casiers à l’entrée des archives

⠗⠑⠉⠓⠑⠗⠉⠓⠑⠎ ⠏⠕⠥⠗ ⠉⠁⠞⠁⠇⠕⠛⠥⠑

Je suis en train de faire quelques recherches sur l’écriture braille pour un projet d’édition…
http://libbraille.org/alphabet.php

Résultat :

partition

julie M

my life

Et aussi un lien très chouette sur la génération de musique en fonction du code d’une page en ligne, avec pour exemple, ce blog :
http://www.codeorgan.com/?url=http://incident.net/users/julie/wordpress/

« You’ve Been Chosen as an Extra in a Movie Adaptation of the Sequel to your Life »

Titles for ever. Les titres à nouveau. En anglais à nouveau. Parce que c’est sûrement plus cool ; ) …ou plus certainement parce que la langue anglaise à fait partie de ma vie pendant longtemps, et qu’elle revient me hanter épisodiquement dans ce qu’elle produit immédiatement de la fiction.

Retour en arrière :
La semaine dernière, Daniel Suter, commissaire & créateur de l’espace Marks Blond m’a demandé de penser une exposition pour avril. Le délai est court, sachant que la seule chose réellement imposée est que la proposition raisonne au niveau de l’espace public, dans cette rue passante à la croisée du Kino Kunstmuseum, galeries commerciales d’art contemporain et du centre d’assistance social….

Mais d’emblée, puisque c’est la façade qui est mise en avant, c’est les titres qui me prennent d’assaut. Mais quelle est la/les fonctions d’un titre ? Le titre, façade d’un projet ? Non, pas la façade : le titre = le projet. Mais en façade tout de même, puisque j’ai décidé d’en faire un rempart à ce que l’on voit à l’intérieur de la galerie. Le titre : une chose qui se dresse entre moi et la proposition, jusqu’à en devenir la proposition elle-même.

Il faut donc imaginer comment les phrases déterminées à partir du titre principal « You’ve Been Chosen as an Extra in a Movie Adaptation of the Sequel to your Life » peuvent être mise en place pour occuper les 2 vitrines de la galerie, et comment elles nomment la problématique développée : celle de la citation.

– « You’ve Been Chosen as an Extra in a Movie Adaptation of the Sequel to your Life ».
Ceci est une ex-pro-position-post-moderne.
Ceci est une proposition qui ne fait que façade, littéralement.
Ceci est une proposition qui ne fait que citer.
Cité, le titre tiré d’une chanson du groupe Pavement, parce qu’il se reforme cette année,
Cité, parce qu’il se réfère et répond à My Life is an Interactive Fiction.
Citée, l’intention, celle de montrer le fait d’éprouver un ravissement religieux à l’idée de notre propre existence, Peter Sloterdijk.
Citée, la forme, celui du papier, de la lettre, du mot, de la police de caractère choisie.
Citer, c’est faire une proposition mais à basse résolution, avec perte de qualité, parce que ce ravissement de la vie ne peut que s’accompagner de ce soupçon que peut-être ce ravissement est artificiel.

Matériaux : Lettres découpées en styrofoam (bleu clair ou jaune), hauteur et largeur variables, épaisseur 20cm.

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Résidence Géographies Variables à Lorient

Samedi 23 janvier, ce sera le lancement de la résidence « L’Enclos du Port » à Lorient, dans le cadre du programme d’échanges croisées Géographies Variables. Elle accueillera pour sa première session les artistes :
Art of Failure (France) et Cécile Martin (Québec).

Si vous êtes en Bretagne, venez faire un tour à Lorient !

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Fidelity revisited, and in progress

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Je commence à l’envers. Je fais des digressions. Le projet partition est en train de se développer lentement et je cherche une méthodologie de travail. Notamment en ce qui concerne la construction des morceaux d’après les fichiers midi issus des partitions. Je fais des piles : ce son avec celui-ci, celui là, sur cette pile, celui-là, là… Des tas de sons qui iraient ensemble donc, comme on classerait des tissus de couleurs, ou des familles conceptuelles…. j’échantillonne des morceaux que j’aime, d’autres qui ont attirés mon oreille, et j’essaye de comprendre…

Définir une famille sonore m’est difficile avec les partitions trouvées aux Archives Départementales, puisque les fichiers midi générés d’après ces partitions sont sans reliefs, juste une suite de notes monotones et plates. Les morceaux que j’écoute tous les jours et que j’échantillonne pour le moment semblent eux déjà contenir un son, qui peut être détourné et transformé par l’échantillonnage…
Artheist, qui développe en ce moment la partie technique du projet (et qui est plein de bonnes idées sur la conception aussi !) m’a envoyé ce passage de « Microsound » de Curtis Road, qui résume bien la situation :

« Certain composers design a complex strategy as prelude to the realization of a piece. The electronic music composer may spend considerable time in creating the sound materials of the work. Either of these tasks may entail the development of software. Virtually all composers spend time experimenting, playing with material in different combinations. Some of these experiments may result in fragments that are edited or discarded, to be replaced with new fragments. Thus it is inevitable that composers invest time pursuing dead ends, composing fragments that no one else will hear. This backtracking is not necessarily time wasted; it is part of an important feedback loop in which the composer refines the work. »

Thanks Artheist pour la réf. : )

En attendant de pouvoir démêler cette histoire de famille sonore, j’ai expérimenté hier soir avec le morceau « Fidelity » de Régina Spectors…
In progress et à écouter au casque.

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Neige

J’ai commencé la semaine dernière une petite animation qui accompagnera le morceau « Les étoiles filantes » pour l’exposition aux Archives Départementales de la Dordogne. En voici un extrait.

De plus en plus, je commence à voir que le projet partition s’éloigne musicalement de mon intention première. Les partitions ont leur propre vie que l’interprétation et le ré-échantillonnage que je leur fais subir ne peut totalement effacer…
Cette semaine, lors d’une petite séance de travail avec David Bideau sur Live, je me suis aperçue de la manière dont, très rapidement, il arrivait à imprimer sa marque sur le morceau contenu dans la partition originale. N’ayant pas ses connaissance ni sa dextérité musicale, j’expérimente à ma façon.
Cela faisait très longtemps que je n’avais pas produit tout en apprenant un nouveau logiciel. C’est une pratique qui rend humble ! Et je trouve cela, malgré les frustrations, très agréable car je n’ai pas encore de réflexes, pas de bonnes ou mauvaises habitudes, pas d’a priori. Je me retrouve un peu dans la configuration des storms sessions, qui devraient reprendre leur cours cette année !

WJ-Spot / Vendredi 18 dec. 09 à 18h30, Maison des métallos – Paris

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Dans le cadre de l’entretien que j’ai réalisé pour le hors-série de « Musique Culture Digitale » :
WJ-Spots #1 new publication on « 15 years of artistic creation on the Internet »
WJ-Spots #1 nouvelle publication on « 15 ans de création artistique sur Internet »

> Télécharger l’entretien

Jeudi 17 décembre 2009 / Thursday December 17th 2009, 18h30/20h
Mezzanine de la Maison des Métallos
94, rue Jean-Pierre Timbault
75011 Paris
M° Couronne ou Parmentier

>>> Venez rencontrer les participants à l’événement WJ-SPOTS#1 et découvrir
le Hors série de MCD « 15 ans de création sur Internet »

120 pages, 44 interviews en français et en anglais + 1000 liens internet
http://www.wj-s.org/WJ-SPOTS-1-15-years-of-internet

>>> Come and meet the participants of WJPSOTS#1 and discover the Special edition of MCD on
« 15 years of artistic creation on the Internet »

120 pages, 44 interview in French and in english + 1000 weblinks

http://www.wj-s.org/WJ-SPOTS-1-15-years-of-internet
http://www.digitalmcd.com/

Conf̩rence 16 d̩c. 2009 Р16h, Mus̩e des Beaux-arts, Orl̩ans

Conférence « Archivés-chavirés » du 16 décembre 2009 – 16h00
École Supérieure d’Arts et de Design / Auditorium du Musée des Beaux-arts, invitation Sophie Monville.

« Le titre choisi pour la conférence renvoie à un projet récent développé au cours d’une résidence d’artiste, questionnant les processus d’archivage, ainsi qu’à une pratique de l’auto-archivage immédiat proche des hypomnemata de Michel Foucault (L’écriture de soi), et à l’intérêt de l’artiste pour les jeux de mots comme embrayeurs de projets. La conférence abordera également l’idée d’une production artistique qui développe des modes relationnels et narratifs sous diverses formes d’extension. »

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Mael Mail

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« Mais je voulais noter autre chose qui est en train de foutre le camp. C’est marrant je vois la forme de l’idée. E dans l’O. comme dans Edgar Poe. C’est le fait d’avoir parlé à fond sur la saloperie des histoires de divorce avec JJ qui m’a déclenché. (…) Une boule comme l’O dans l’E. Une boule de familiarisme pour retenir la bride des flux du désir, de l’étrange, du « on va crever », tout ça ne tient pas à grand-chose, un déclic et puis tout fout le camp, un accident d’auto, une agonie à la con dans un fossé loin de tout le monde, les autos qui foncent dans la nuit.
Partie l’idée ! Tant pis. »

p.372 > je fonce à la bibliothèque dès mon retour…

Les titres des autres

Après quelques jours de workshop avec les étudiants de 4/5ème année à l’ESAC de Pau, le blog spécifique à cet atelier que nous avons mis en place commence à prendre forme, et un angle de vision (à la fois individuel et collectif) des choses commence à émerger. Les questions soulevées (l’archive, le rapport méditation-écriture-lecture-action, la reprise, la question du choix, etc.) semblent commencer à produire du sens pour chacun.
Cette phase instable de questionnement commence à être prise en main par l’écriture des articles sur le blog, et l’incertitude de la « feuille blanche » est peu à peu remplacée par le discernement du désir face à ces questions et la construction de percepts. Les articles permettent, à quelques exceptions près, de passer du questionnement à l’appropriation de certains choix puis vers une mise en action.

Pourtant, alors que la construction bat son plein, subsiste des traces de l’inquiétude première : dans les titres.
Spontanés, les titres des articles conservent cette fragilité du début : décompte des  jours, description des étapes où l’on en est – comme pour se rassurer, questions franches (que faire ?), ou échappatoire du sans-titre ou du simple chiffre.
Les titres parlent, ils racontent la genèse de l’atelier.
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3
Jour 3 / la reprise
Qu’est-ce donc ?
Mise en place de scénarios dans les pages mode de la presse féminine
recherches#2
Avancée des travaux
mal-entendu
âž½ Premiers essais
SREVNE #2
Régénération
2
1
âž½ Two days
Jour 2: Que faire?
Proposition / jour 2
Forever United
SREVNE
Que choisir et que faire ?
recherche #1
chantier
Premier post
et-change
jour 1
Analyse
début du chantier
RÉFLEXION
Mes dossiers
Premier jour
Intro
Workshop Archivage

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Workshop à l’école supérieure des arts et de la communication de Pau, dans le cadre du festival Access

L’archive comme création numérique, festival Access, du 7 au 11 décembre 2009

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Workshop de Julie Morel – collectif incident.net. Approche théorique et réalisation collective d’une archive numérique dans le cadre du projet pédagogique de l’école supérieure des arts et de la communication de Pau.

L’art numérique a profondément transformé le principe et les modalités de l’écriture. La trace écrite emprunte des supports polymorphes de plus en plus interactifs. L’utilisation des blogs par les artistes au cœur même du processus de création tend à réduire la distance qui sépare la création de l’archivage. Le blog peut être une archive et une œuvre à la fois, une archive en reconstitution permanente sur laquelle le lecteur peut interagir. L’archive n’est plus figée, elle est une interface, un atelier ouvert, un processus de création. A travers cette évolution, on voit émerger une esthétique de l’auto-archivage fondée sur le réseau, l’interactivité, le flux, le fragment, la pluralité des discours.

 

See you there!

Partition & mémoire

Tu m’écris souvent et je t’en sais gré, car ainsi tu te montres à moi par le seul moyen dont tu disposes. Chaque fois que ta lettre m’arrive, nous voila tout de suite ensemble.
Si nous sommes contents d’avoir les portraits de nos amis absents (…) comme une lettre nous réjouit d’avantage, puisqu’elle apporte des marques vivantes de l’absent, l’empreinte authentique  de sa personne. La trace d’une main amie, imprimée sur les pages, assure ce qu’il y a de plus doux dans la présence : retrouver. »*

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Dans quelques jours, je pars pour Pau, où je vais travailler à un atelier de l’école d’Art, dans le cadre du festival Acces-s. Cet atelier portera sur l’archive, et notamment sur un exercice que je pratique quotidiennement ici : l’auto-archivage immédiat.
Cette question de l’archive, sous la forme spécifique d’hupomnêmata, est récurrente dans mon travail et je suis toujours surprise quand on me propose une résidence, ou de donner une conférence (dans 2 semaines au musée des beaux-art d’Orléans), un workshop sur ce thème, car il me semble que je me trouve à 10000 lieux de l’archive en tant que stockage et de la conservation d’informations.
Pour ma part, ce type d’archive a une durée de vie limitée (comme une Å“uvre d’art d’ailleurs, notamment numérique – voir la thèse d’Anne Laforêt) et je ne m’intéresse pas à sa conservation ou à rendre compte d’une certaine mémoire de manière didactique (j’envisagerai plutôt la conservation d’une Å“uvre d’art numérique comme un accompagnement vers sa disparition).
Me balader cet automne dans les quelques 20km de couloir d’Archives à Périgueux a été une expérience étrange… Généralement, on n’accède pas aux archives par leur matérialité (un lecteur se rend rarement dans les étages où elles sont stockées) mais par leur index, par la recherche dans une base de données, cette matérialité reste très présente dans son absence. L’ impression très pesante de ces milliers d’informations disponibles m’a fait me poser une fois de plus la question de cet auto-archivage que je mets en place dans mon blog : pourquoi produire plus d’archives, dans quel but ?

La réponse serait que l’auto-archivage permet une pratique qui se déploie dans le partage. Parfois, il fait Å“uvre (un peu à la Jonas Mekas finalement) et il en découle une certaine esthétique. Je reste convaincue que ce travail quotidien appartient bien à une sorte de réactivation et non à la conservation classique.

Je relis ce soir le texte « l’écriture de soi », ce très beau texte de Foucault.
« Il ne faudrait pas envisager ces hupomnêmata comme un simple support de mémoire, qu’on pourrait consulter de temps à autre, si l’occasion s’en présentait. Ils ne sont pas destinés à se substituer au souvenir éventuellement défaillant. Ils constituent plutôt un matériel  et un cadre pour des exercices à effectuer fréquemment : lire, relire, méditer, s’entretenir avec soi-même et avec d’autres, etc. Et cela afin de les avoir, selon une expression qui revient souvent, prokheiron, ad manum, in promptu. « Sous la main » donc, pas simplement au sens où on doit pouvoir les utiliser, aussitôt qu’il en est besoin, dans l’action. Il s’agit de se constituer un logos bioéthikos, un équipement de discours secourables, susceptibles – comme le dit Plutarque – d’élever eux-mêmes la voix et de faire taire les passions comme un maître qui apaise le grondement des chiens. Et il faut pour cela qu’ils ne soient pas simplement logés comme une armoire aux souvenirs mais profondément implantés dans l’âme, « fichés en elle » dit Sénèque, et qu’ils fassent ainsi partie de nous-mêmes : bref, que l’âme les fasse non seulement siens, mais soi.
L’écriture des hupomnêmata est un relais dans cette subjectivation du discours. »

misscollante

*Sénèque. Livre 4, lettre 40.

Partition (suite)

shooting_stars

Début du projet partition.
Après une moment chez Marielle (Marie Heuln) cette après-midi, me voila rentrée pour me remettre à apprendre Abelton Live et à travailler avec le premier morceau du projet Partition.
« Les étoiles filantes », que j’ai pu déchiffrer et transposer ce week-end en format midi (grâce à Noteflight, une application en ligne) m’était apparu potentiellement comme un morceau assez proche de ce que j’imaginais être une illustration musicale d’une nuit de vacances où l’on regarde les d’étoiles filantes.
Marielle m’a envoyé en fin d’après-midi une version beaucoup plus affinée de la partition, et j’ai tout juste commencé à expérimenter… résultat :

Partition #1

etoilesfilantes

« Les étoiles filantes » est la première partition du projet éponyme que je viens tout juste de commencer pour ma résidence aux Archives Départementales, après plusieurs de semaines de remise au lendemain…

Il s’agit de réactiver des chansons populaires du 19ème siècle. J’ai donc choisi plusieurs titres parmi le fond de partitions musicales que j’ai exploré en septembre à Périgueux. Il y en a huit pour le moment, mais j’aimerais bien atteindre la dizaine (on verra en fonction du nombre de casiers des vestiaires aux archives, endroit où je vais installer ces bandes-sons).

Ces archives sont aussi consultables en ligne :
http://pleade.cg24.fr/sdx/pl/search-s.xsp?base=fa&q=partitions&x=0&y=0

D’ici quelques jours, ce sera le lancement du projet et je convierai deux artistes/musiciens, David Bideau & Marie Heuln, à travailler avec moi sur ce premier morceau…

Exposition de Noël – au Magasin – CNAC Grenoble, à partir du 6 déc. 09

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Je présente « Oz » et « Feel Like my Heart Was Thrown into a Blender and Somebody Switched it on » – ainsi que trois autres dessins de la série « Organs » lors de l’ Exposition de Noël, au Magasin du 6 déc. 2009 au 3 jan. 2010.
Vernissage samedi 5 déc. 2009 à 18h.

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MAGASIN – Centre National d’Art Contemporain
Site Bouchayer-Viallet
155 cours Berriat
38000 Grenoble